29 mai 2008

Ce soir, je dors chez toi

Ce soir tu viens peut-être dormir chez moi, mais en ce qui me concerne ce soir je vais pas au bout de ton film. J'ai dû mater à tout casser la moitié du film en vitesse x1, normale, et c'était déjà aller trop loin. Je me suis même senti obligé de venir fusiller sans sommation ce pied-d'œuvre atroce pour pouvoir passer à autre chose et ne pas être totalement dégoûté du 7ème art. Olivier Baroux, "acteur derrière la caméra" tel que t'a taggué Allociné, ton film ne vaut pas tripette. Avec une vanne par phrase et une phrase à la seconde t'es pas foutu de réussir ton coup une seule fois, chaque blague tombe inévitablement à l'eau et on se surprend à chialer devant ta comédie. Et puis mettre l'adagio pour cordes de Barber dans une scène de cul aquatique fallait oser, ou plutôt fallait pas ! Ré-évalue ta passion. Oh oui cette phrase est étonnante, mais j'applique les procédés de l'écriture automatique comme tu appliques les procédés du pilotage automatique, imposteur ! Ta mise en scène vaut que dalle, désolé de te le signaler, à l'instar de J-P Rouve dans ton film, infoutu de jouer à peu près juste, décidément complètement égaré depuis qu'il a abandonné sa troupe des Robin des bois. Faut dire qu'il a cessé de voler aux riches pour donner aux pauvres, maintenant il vole directement aux pauvres pour s'en foutre plein la gueule.




Et en l'occurrence les pauvres c'est moi, et il m'a chourave 45 minutes de mon précieux temps que j'aurais pu passer à me renseigner pour savoir dans quelle salle est censé se dérouler mon partiel de demain matin à 8h30. Dans ce naufrage, je ne sauve rien.


Ce soir, je dors chez toi d'Olivier Baroux avec Jean-Paul Rouve, Mélanie Doutey et Kad Mérad (2007)

28 mai 2008

Coffee and Cigarettes

Il était temps, voici venir l'article tant attendu, celui pour lequel vous avez voté en masse dans le premier sondage : "Lequel de ces films aimeriez-vous voir chroniqué dans ces pages ?" de notre blog.
 
Il faut savoir que pour Jim, Coffee and Cigarettes c'est le projet de toute une vie. Dès 1986 il tournait le sketch avec Roberto Benigni pour la télévision, puis il relançait la machine sans trop savoir où il foutait les pieds avec Steve Buscemi en 1989, et en 93 il repartait de plus belle sur l'épisode réunissant Iggy Pop et Tom Waits. Il ne savait pas encore que ces sketchs, augmentés d'une poignée d'autres, allaient un jour être réunis dans un seul et même film. On pouvait bien se douter que quelque chose se tramait doucement, qu'il se passait probablement un truc louche avec ces histoires toutes tournées en noir et blanc, Jim lui-même devait bien imaginer qu'il allait arriver quelque chose à tous ces petits sketchs totalement indépendamment les uns des autres et pourtant tous très naïvement axés littéralement sur le café et les clopes.



Que Jarmusch daigne l'avouer ou non, ce film est l'œuvre de toute une vie. C'est aussi bien une œuvre de jeunesse, un premier film en somme, qu'un film-testament, un opus posthume. Mais le résultat, sans mériter la cour d'assise, une geôle et des chaînes, n'est pas l’œuvre phare de son auteur. Jarmusch réunit des gens tous plus cool les uns que les autres dans des hangars délabrés, les filme en noir et blanc, met une table au milieu avec clopes et cafetières en vrac, trois dialogues et emballé c'est pesé. Le vétéran Bill Murray, qui joue son propre rôle grimé en serveur au milieu de trois gars du bronx qui l'ont adoré dans Groundhog Day, même sans la moindre vanne, c'est cool, vu que Bill Murray est l'incarnation vivante du cool, d'autant qu'ils évoquent un film effectivement génial qu'on a tous vu et beaucoup aimé. C'est le sempiternel écueil consistant à se satisfaire à bon compte sur le dos de références communes et autres affinités de goûts que l'on croit follement originales et qui nous donnent le sentiment de faire partie d'une communauté avisée. Tendance largement répandue au début des années 2000 dans mille et une comédies dites indépendantes et produites par la Warner, la Fox, Tristar et la Columbia réunies, pour caricaturer. Le pire demeure qu'on se surprend à préférer ces sketchs plutôt faibles réunissant des têtes d'affiches à d'autres, a priori plus audacieux, comme celui où Cate Blanchett joue deux rôles à la fois (deux sœurs, une brune et une blonde, aux caractères diamétralement opposés : performance) grâce à de subtils effets de montage.



A noter cependant que si le scénario n'est pas fantastique, les dialogues quant à eux sont une mine d'or. chaque sketch fourmille de répliques qui sont autant de références bien senties au titre du film, et on ne sait que faire face à ces dizaines de réparties étonnantes dont je vous laisse, pour finir, un petit aperçu :

- T'aurais pas une clope ?
- Non mais j'ai du café.

- Quoi de meilleur qu'un bon café ?
- Rien. Ou alors une clope.

- Ah j'ai envie de quelque chose avec mon café mais je sais pas quoi...
- Une cigarette ?

- J'adore fumer une clopinette avec mon café.
- Moi pareil mais l'inverse.

- Toi tu dis "un" clope ou "une" clope ?
- J'sais pas mais je dis "du" café, alors laisse moi boire mon café.

- T'as pas ton froc qu'a brûlé ?
- Si mon pantalon-cigarette a pris feu la dernière fois que j'ai renversé du café brûlant dessus.

- Toi tu mets du sugar dans ton café ?
- Non je trempe directement mon cigare dans mon café.

- T'as pas un âne qui s'appelle Coffee ?
- Si, Garreth.

- Y'aura qui à la réunion de l'ONU ce soir ?
- Si Garreth est là y'aura forcément Coffee Annan.

- T'es plutôt clope ou cafetard toi ?
- Je suis plutôt cametard.

- Tu vois le type là-bas avec sa clope au bec ?
- Celui qui boit son café ?

- Putain tu te rends compte que si on pouvait acheter du café au tabac-presse du coin, on appellerait ça Coffee & Cigarettes ?
- On appelle ça un bar-tabac.

- Toi je vais te passer à tabac.
- Mec laisse moi d'abord finir mon café.

- Tu connais cette chanson de Stéphane Eicher, "Petit déjeuner en paix" ?
- Celle où le parolier soutient mordicus qu'il veut petit-déjeuner tranquille à base de marlboro light et de ristretto ?

- Fume, fume, fume cette cigarette !
- Tu peux préparer l'café noir, tes nuits blanches et même ton mouchoi-a-ar.

- Hé vieux tu viens de rater la toute dernière pub Nescafé !
- Ah désolé j'étais sur le balcon, je fumais ma clope.

- T'es allé m'acheter mes cigarettes chéri ?
- Ah non je suis resté scotché devant Bagdad Café.

- Oh ! Mot compte triple : "Café" !
- Merci, tu m'enlèves une épine du pied, il ne me manquait plus que le C pour écrire "Cigarette", mot compte simple mais je te passe devant à deux longueurs.

- Hé t'as entendu causer de la nouvelle interdiction sur les cigarettes ?
- Ouais manquerait plus qu'ils interdisent le café et je serai bien dans la merde.

- Fumer tue, la caféine tient éveillé. Vu que je vais clamser tôt à force de cloper je bois à balle de café histoire de ne pas pioncer. L'un dans l'autre je perds autant de temps que j'en gagne.
- Pas con.
 
- C'est quoi ton Jarmusch préféré ?
- J'aurais tendance à dire Coffee and Cigarettes.


Coffee and Cigarettes de Jim Jarmusch avec Bill Murray, Tom Waits, Iggy Pop et Cate Blanchett (2004)

Les Deux Mondes

Restaurateur d’œuvres d’art parisien sans histoire, Rémy Bassano n’a décidément pas de chance : le jour où il découvre son atelier de travail complètement inondé et que son assureur lui fait comprendre que les dégâts ne seront pas couverts, sa femme lui annonce brutalement qu’elle le quitte pour un autre homme. Jusqu’alors effacé, ignoré de tous et souffrant d’un cruel manque de confiance en lui, Rémy Bassano va voir sa personnalité enfin s’épanouir lorsqu’il se retrouvera régulièrement projeté dans un monde parallèle exotique, où il sera considéré par ses habitants comme le Sauveur tant espéré ! Voici le pitch, simple et efficace, du film Les Deux Mondes de Daniel Cohen. Malgré cette idée de départ somme toute très sympathique et attirante, je ne pouvais m’empêcher de craindre une énième comédie française rarement drôle et débordante d’effets spéciaux, auquel on a trop souvent droit depuis maintenant quelques années. Contre toute attente, ce film injustement passé inaperçu à sa sortie a été une sacrée bonne surprise !




Bien heureusement, les effets spéciaux ne sont ici pas du tout envahissants, ils sont d’ailleurs très réussis, car ils ne sont jamais tape à l’œil. En outre, ils sont entièrement mis au service d’un film intelligent, qui ravira tout particulièrement les enfants, puisqu’il parvient à joliment mettre en image l’un des plus grands fantasmes humains, celui d’être doté de pouvoirs divins. Car le héros du film, sous les traits et l’allure attachante d’un Benoît Poelvoorde impeccable, aura dans ce Deuxième Monde, en retard sur le nôtre, quasiment le rôle d’un Dieu : il y apportera ses innovations, il mènera son peuple au doigt et à l’œil, lui ordonnant de mettre en application tous ses désirs de construction et il deviendra aussi un véritable maître de guerre. Un fantasme dont les jeux vidéos étaient déjà brillamment parvenus à tirer partie et auxquels Daniel Cohen adresse un bel hommage à travers ce film. Doté de ses pouvoirs tout puissants, Benoît Poelvoorde nous fait en effet souvent penser à quelqu’un prenant du plaisir à jouer à l’un de ces jeux du type Populous ou Age of Empire, notamment lors d’une scène fameuse où, face à son paysage, il montre du doigt les choses qu’il compte construire ici ou là, et que ces choses apparaissent instantanément sous nos yeux.




Tour à tour drôle, émouvant, burlesque et touchant, Benoît Poelvoorde trouve dans ce film un très joli rôle. Il parvient avec un grand talent à rendre l’évolution de son personnage subtile et crédible, celle-ci s’effectue très progressivement, au cours des allers-retours successifs entre les « deux mondes ». Le film met un certain temps à démarrer, mais une fois lancé, il se regarde avec un réel plaisir et il est ponctué par quelques scènes très drôles, qui doivent évidemment beaucoup à l’acteur principal. Les Deux Mondes apparaît donc comme une vraie réussite et, à l’instar de School of Rock, comme un de ces rares films récents de qualité qui devraient énormément plaire aux plus jeunes.


Les Deux Mondes de Daniel Cohen avec Benoît Poelvoorde, Augustin Legrand et Florence Loiret-Caille (2007)

27 mai 2008

Indiana Jones et Le Royaume du Crâne de Cristal

Que deviens-tu Steven Spielberg ? Que deviens-tu Tonton Spielby ? Que deviens-tu oncle Steven ? Que deviens-tu toi que je prenais vraiment pour le frère de ma mère ? Que deviens-tu toi que je m'étonnais de ne jamais voir aux repas familiaux et autres réunions de famille ? Toi à qui je pensais que Jacques Tati avait consacré un film : Mon oncle. Toi que je prenais pour le plus grand producteur et exportateur de riz du monde, toi que j'appelais Oncle Ben's.

J'ai ma réponse : tu deviens un vieux con. C'était déjà mal parti avec The Terminal, où j'attendais enfin une suite à Terminator, ça sentait le gaz avec La Guerre des Mondes, où j'attendais une adaptation d'Aldous Huxley, ça puait le sapin avec Munchen, où j'attendais un film historique sur le club de football Allemand Bayern Munchen Gladbach, je te réservais la place du mort dans ma bagnole après avoir maté le making of promotionnel Shooting Indiana Jones 4 sur TPS Star. Et j'avais pas tort.



Je ne m'attaque pas de façon exhaustive à ton film vu que chaque plan me coûterait dix minutes d'insultes. Ta passion pour les animaux animés par Pixar a eu raison de toi. Toi qui t'es cru épaulé par ton nouveau scénariste fétiche David Koepp, tu as signé ton arrêt de mort en réunissant essais nucléaires en Zone 51, surprise party chez des Péruviens endiablés, lignes de Nazca, temples Incas, voyages interdimensionnels et extra-terrestres extra-lucides. Tu t'es complètement foutu dans la merde. Tu t'es laissé empester par les effets spéciaux les moins chers sur le marché. Tu t'es laissé emboucaner par une Cate Blanchett en fin de course à l'apogée de sa carrière. Qui peut encore être fan d'une telle femme, en dehors de pathétiques vieillardes féministes qui enseignent l'anglais en lycée et vénèrent ce vieux mec efféminé prêt à donner ses traits ingrats à la Reine Elizabeth. Il suffirait de mettre la perruque de Blanchett sur le crane du grand soldat Russe aux épaules pare-chocs qui l'accompagne pour échanger les rôles sans choquer personne. D'ailleurs ta vision des communistes russes bêtes et méchants et des villageois Péruviens réduits à l'état de clébards monstrueux est un peu limite. Sans parler des dizaines de goofs qui polluent ton film, de la fainéantise d'un John Williams qui s'est résolument contenté de ressortir ses anciennes soundtracks pour y insérer quelques partitions "d'action" bruyantes et bas de gamme comme il en a désormais le secret, sans s'étendre sur tes scènes de dialogues insipides et soporifiques longues comme le bras et sans consacrer un chapitre à ton histoire sans queue ni tête dont on voit bien qu'elle n'est qu'un patchwork des supposées meilleures scènes tirées des mille scénarios pondus pour le film.



Quid de la disparition de ce qui faisait peut-être l'originalité majeure d'Indiana Jones dans le bain des serials du même genre (outre la qualité intrinsèque de la série due à l'époque à ton grand talent), à savoir l'humanité du héros, qui finissait chaque épreuve épuisé, minable, couvert de boue et de bleus, ruiné, et qui ici conclut ses péripéties propre comme un sou neuf, en pleine bourre, prêt à remettre le couvert sur demande alors qu'il est censé avoir pris un coup de vieux terrible. Quid des dizaines de minutes de dialogues sans le moindre intérêt qui pèsent lourd dans la balance face au silence absolu quand il s'agirait d'expliquer la résolution du film qu'une pluie d'effets spéciaux suffit à établir sans qu'on ne comprenne rien à ce qui se passe sur l'écran, résolution jamais évoquée plus largement que par deux ou trois termes lâchés à la dérobée, comme l'éloquent : "C'est l'espace entre les espaces" ou encore l'inoubliable : "Le trésor c'était la connaissance". Quid du sempiternel fils caché venu sonner l'heure de la retraite. Quid des clichés exaspérants typiques du genre, des blagues foireuses et des running gags affligeants. Rappeler la belle bien que désormais fripée Karen Allen sous les drapeaux ne te sauve pas mon vieux.



Inutile de revenir là-dessus. Inutile d'énumérer les ingrédients du massacre. Je te prenais pour mon oncle. Je t'appelais tonton. Je te pardonnais ton irrémédiable absence que j'attribuais à un légitime train de vie de star soucieuse de mener à bien et à terme sa carrière. Je ne m'étonnais plus de ne jamais recevoir le moindre cadeau de ta part pour Noël ou pour Pâques. Je me faisais une raison en constatant que tu ne répondais jamais à la moindre des millions de lettres que je t'écrivais à ton adresse postale dévoilée dans la rubrique "Écrivez-leur, ils ne répondront jamais" de TéléPoche. Je ne m'étais pas formalisé en remarquant que tu ne faisais jamais l'effort de prendre un billet d'avion pour nous rendre visite dans les circonstances les plus graves, comme l'enterrement de quatre de tes frères suite à un accident de Bobsleigh dans le Val d'Isère, ou la naissance de celui que ma famille, bienveillante et complaisante, m'avait dit être ton fiston. Je parlais sans arrêt de toi en ces termes : "Mon tonton Spielby", et voilà que tu t'avères être une tête de con. Tu files un sale coton, comme ta poularde aux œufs d'or Bob Zemeckis ou celui qui se réclame de toi et que certains considèrent comme ton chiard, j'ai nommé Manoj Nelliyattu Shyamalan.


Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal de Steven Spielberg avec Harrison Ford, Karen Allen et Cate Blanchett (2008)

16 mai 2008

School of Rock

Pour moi Jack Black c'était King Kong. Pour moi Jack Black c'était High Fidelity. Pour moi c'était Soyez sympas, rembobinez, steupl. Pour moi Jack Black c'était Kung-Fu Panda. Pour moi Jack Black c'était un gros lard hideux pas foutu de me faire marrer. Jusqu'à ce soir. J'attendais rien de ce film, j'attendais qu'il me fasse chier. Et c'est une bonne surprise, une très bonne surprise. Je ne savais rien du script et m'attendais à un genre d'Almost Famous faussement drôle réservé aux groupies "indés" en attente de blindtest "indé". Finalement c'est presque une comédie pour enfants suffisamment bien faite pour ravir tous les publics. Disons en tout cas, si ça n'est pas précisément un film pour enfants, qu'il est fait de telle sorte qu'il ne peut que leur plaire.




Jack Black joue le rôle d'un jeune type, éternel adolescent, passionné par le rock, les solos de 20 minutes et rien d'autre, incapable de travailler et d'abandonner son rêve. Il en fait tellement qu'il se retrouve viré par les membres du groupe qu'il a lui-même fondé. Et comme son meilleur ami le presse de trouver un job pour enfin aider à payer le loyer il finit par se faire passer pour cet ami et accepte un job de professeur des écoles remplaçant. Il passe d'abord ses journées à ne rien foutre et à exhorter les gosses à en faire aussi peu, puis quand il s'aperçoit durant leur cours de musique qu'ils sont tous plutôt doués, il décide de créer un groupe de rock avec eux en leur apprenant la base : Deep Purple, Black Sabbath, AC/DC, Led Zep, Pink Floyd, Motörhead, The Who et consorts (que du bon, que du vrai rock).




Il faut rendre à César ce qui lui appartient, Jack Black est pour beaucoup dans la qualité de cette comédie. Il fait des siennes tout au long du film et à un très haut niveau (qui rappelle quelques fois Jim Carrey, décidément la source principale d'inspiration de tous les bons comiques américains actuels). Il colle très bien à son personnage et parvient plus d'une fois à nous faire éclater de rire. Le film dans son ensemble est une comédie infantile assez commune et très académique, mais une comédie réussie, qui a le mérite de nous épargner les clichés habituels épuisants quand il s'agit de réunir une masse d'enfants à l'écran et qui, forte d'un acteur principal inspiré et bien servi, s'en tire avec les honneurs.




P.S. Un grand bras d'honneur aux distributeurs français de ce film qui l'ont intitulé Rock Academy, titre piteux et tout à fait inadéquat qui évoquait non seulement la Star Academy mais aussi l'idée d'un film d'adolescents plutôt que d'enfants, et donc rien de bien ragoutant pour nous autres qui préférons les.


School of Rock (Rock Academy) de Richard Linklater avec Jack Black (2004)

15 mai 2008

Peur Primale

« En France, je suis un metteur en scène, en Grande Bretagne, je suis un réalisateur, aux États-Unis, je suis un yes man, à la maison, je suis un sale con ! » C’est souvent par cette phrase explosive que Gregory Hoblit se présente lors des interviews, s’amusant ainsi de la relation tendue qu’il semble entretenir avec sa femme. Cette citation, pleine d’humour et d’aigreur, résume fidèlement l’individu qu’est Gregory Hoblit. Car Hoblit n’est pas ce genre de businessman que vous verrez bientôt monter les marches au Festival de Cannes. Vous ne le trouverez jamais sur un tapis rouge habillé en costard et portant des ray ban, en train de frimer devant une meute de photographes excités. Hoblit ne fait pas partie de ceux-là. Gregory Hoblit se décrit lui-même comme un épicurien et un simple artisan. Pour lui, une journée de travail commence à 8 heures du matin et finit à 8 heures du soir, et si tout a déjà été tourné avant le temps imparti, Hoblit en profitera pour avancer dans son prochain projet. C’est grâce à cette méthode qu’Hoblit parvient à mettre en boîte souvent plus de trois films par an.


Gregory Hoblit est un personnage qui a rapidement été apprécié dans le métier, mais il a paradoxalement bien mis du temps à gagner une certaine reconnaissance. On l’a d’abord aimé pour sa bonhomie, pour la joie de vivre qu’il dégage même lors des moments les plus difficiles. Il s’est très tôt fait remarquer sur les plateaux où il officiait en tant que simple assistant car il avait la particularité de nettoyer les gros carreaux de ses énormes lunettes à l’aide de son slibard, il prétextait que c’était là le seul tissu adéquat (sans doute le seul contenant assez d’acidité pour parvenir à dégraisser les verres embués du gaillard). Ensuite, on a apprécié sa polyvalence, du fait qu’il est capable de tout filmer de la même façon, sans jamais y mettre sa touche personnelle. Greg Hoblit représentait par conséquent une sacrée roue de secours en cas de pépin, sa mise en scène sans aucune personnalité a fait de lui la cinquième roue du carrosse la plus utilisée à Hollywood. Il était connu comme étant le seul et unique director croque-mort, puisqu’à chaque fois qu’un réalisateur crevait en plein tournage, on faisait appel à Hoblit pour non seulement se débarrasser du macchabée et organiser les funérailles en accord avec la famille du défunt, mais aussi pour reprendre en main le film et achever le tournage en bonne et due forme. Hoblit est donc un véritable guide du routard hollywoodien doublé d'un vieux briscard qui a longtemps été habitué à exécuter ses tâches sans rechigner et qui connaît par cœur tous les rouages du système. Gregory Hoblit a vu sa carrière prendre enfin son envol grâce au succès surprise de Peur Primale, un film dont il préfère le titre dans sa version française, « pour sa sonorité ».




Peur Primale est un thriller où Richard Gere campe le rôle d’un avocat têtu chargé de défendre un retard, un déficient intellectuel, joué par Edward Norton, accusé d’un crime affreux. Lors de la première scène du film, on assiste à l’arrestation virile d’Edward Norton, encore présent sur les lieux du drame, les mains toutes ensanglantées. Les analyses médicales ne font aucun doute : le sang qu’il a sur les mains est bel et bien celui du pasteur dont on a retrouvé la tête au bout d’une pique et le reste du corps trempant dans l’eau bénite de l’église. Alors qu’on prépare déjà la chaise électrique pour un détenu qui ne comprendra de toute façon pas ce qui lui arrive, un avocat décide de prendre l’affaire en main et de défendre l’indéfendable. Cet avocat a les cheveux blancs, le regard rieur, la démarche chaloupée et appelle au boycott des Jeux Olympiques de Pékin : il s’agit bien évidemment de Richard Gere, le "Silver Fox", on l’aura reconnu au premier coup d’oeil. Le reste du film s’apparente à un documentaire sur le système juridique américain, dont Hoblit pointe du doigt les nombreuses failles. Ces mêmes failles qui permettront à Edward Norton d’éviter l’incarcération à perpétuité et qu’Hoblit explorera à nouveau avec le film Fracture (intelligemment nommé La Faille en VF), où Anthony Hopkins s’en tire avec un casier judiciaire vierge après avoir pourtant donné la mort à 12 innocents. Mais même si cette critique au vitriol est brillamment menée par Hoblit, qui dans le civil est un père meurtri par la disparition de sa fille dont l’assassin court toujours, et quand bien même cette critique tombe à point nommé, là n’est pas l’intérêt de Peur Primale et là n’est pas la raison de son succès retentissant en vidéo-club. Pour comprendre pourquoi Peur Primale est devenu un classique du petit écran, régulièrement diffusé par TF1 les dimanches en première puis en deuxième partie de soirée, il faut voir vu la toute dernière scène du film, celle où on assiste tétanisé au terrible retournement de situation final.




A la toute fin du film, le spectateur a l'estomac sens dessus dessous quand il voit Edward Norton avouer à Richard Gere en lui riant littéralement au nez qu’il n’est pas du tout attardé mais qu’il est seulement très bon acteur ; il en profite aussi pour le remercier d’avoir réussi à lui faire éviter la peine capitale. Ce twist est d’une efficacité redoutable, mais ce que peu de personnes savent c’est qu’il n’était pas du tout prévu dans le scénario initial et qu’il est simplement dû à une improvisation d’Edward Norton jugée « géniale, ahurissante » par Hoblit malgré les réticences de Richard Gere qui voyait-là l’héroïsme de son personnage en prendre un sérieux coup. A la vue du résultat, on applaudit des deux mains le flair du cinéaste, mais on ne peut s’empêcher de regretter qu’Hoblit n’ait pas gardé les autres improvisations d’Edward Norton, seulement visibles sur l’édition DVD collector. On peut y voir un Ed Norton, décidément en grande forme, profitant de son rôle d’attardé mental pour rendre la vie impossible à un Richard Gere qui faillit plus d’une fois en oublier sa philosophie bouddhiste. Tour à tour roué de coups, traîné dans la boue, insulté et menacé à l’aide d’une queue de billard lors d’une scène coupée mythique dans un bar… le Dr T en voit littéralement de toutes les couleurs et c’est pendant le tournage, a-t-il reconnu plus tard en conférence de presse, qu’il déclara avoir réellement enculé toutes les étapes menant au nirvana et qu’il se félicita d’avoir su rester fidèle aux 15 préceptes de l’éthique bouddhiste.




Malgré ces scènes manquantes qui auraient fait de Peur Primale un chef d’œuvre intemporel, on a tout de même droit à un thriller bien ficelé, où j’ai oublié de préciser qu’on a aussi l’occasion d'admirer une Laura Linney alors au zénith de sa carrière, dans le rôle de l'avocate opposée à Richard Gere, le rôle de la gentille donc.




Depuis le succès de Peur Primale, Gregory Hoblit est désormais capable de choisir ses scénarios, un privilège qu’il ne pouvait pas s’accorder dans le passé, quand il était plus soucieux de remplir son frigidaire. Hoblit a ainsi décidé de se bâtir une filmographie uniquement constituée de thrillers. On l’appelle le nouveau Hitchcock. Modeste, Hoblit rectifie, et dit qu’il est simplement « le nouveau Hoblit ». Il enchaîne les thrillers, raffole des faits divers. Il a récemment réalisé Intraçable, où l’on voit Diane Lane prise au piège par un tueur qui filme ses meurtres pour les mettre ensuite sur Youtube. Une histoire sordide. Une histoire qui a immédiatement plu à Hoblit, qui trouvait là l’occasion de critiquer les dérives d’internet. Et finalement un film de plus à ajouter à la filmographie d’Hoblit. C’est à voir si on aime ce non-genre, si on apprécie la patte de ce cul-de-jatte. C’est du Hoblit.


Peur Primale de Gregory Hoblit avec Richard Gere, Edward Norton et Laura Linney (1996)

Détrompez-vous

L'affiche a tout dit. Quatre personnes, deux couples, un adultère. Roschdy Zem et Alice Taglioni sont mariés et ont une fille, c'est un couple pépère plongé dans les affres du quotidien. De leur côté François Cluzet et Mathilde Seigner sont mariés et ont un garçon, c'est un couple rangé des voitures, stagnant dans les habitudes des faux-semblants. Les enfants respectifs de ces deux couples sont camarades de classe à l'école primaire. C'est comme ça que Roshdy Zem rencontre Mathilde Seigner qui devient aussitôt sa maîtresse. Et puis François Cluzet étant le gynécologue d'Alice Taglioni, les deux amants éplorés vont vite se rendre compte que leurs conjoints les trompent l'un et l'autre, et ensemble de surcroît. Alors va commencer une longue lutte qui aura pour visée de reconquérir l'époux et l'épouse adultères.



Enfin bref, le scénario de ce film tient dans la poche de mon k-way alors qu'il a été écrit à quatre mains par un couple en effervescence se croyant touché par la grâce du spiritus, génie de l'inspiration. C'est tout au plus le script de cent milliards d'autres films, tout au moins celui d'un porno raté. Vous l'aurez compris, au fil de leur quête amoureuse les deux amants éconduits useront de divers stratagèmes (dont la remise en cause de leur hygiène de vie et de leur libido), et au final, en guise de grand renversement théâtral, en matière d'incroyable bouleversement dramatique, les deux personnages qui tâchaient jusque-là de reconquérir la considération et l'amour exclusif de leurs bienaimés vont tomber amoureux l'un de l'autre pile au moment où ils venaient d'avoir gain de cause. Inutile d'en rajouter, ce que raconte ce film est assez bas de plafond. C'est un semblant de resucée un peu désuète des comédies d'antan avec Doris Day et Rock Hudson. Et pourtant ça se laisse regarder avec un malin plaisir. Pourquoi ? Pour les acteurs, bien entendu.



Commençons par Roshdy Zem, celui que l'on surnomme dans le métier "Zemmy Awards", "Dans ma Zoum Zoum Zem", "Ferreroshdy Zem" ou encore "Salman Roshdy", "Zemedine Zidane", "Zemedine Soualem" et "Roshdy Zemeckis". Vous n'êtes pas sans savoir qu'il y a des acteurs tristement condamnés à un seul rôle. Considérons le cas Paul Bettany, célèbre acteur falot au profil de footballer Ukrainien. Paul Bettany est définitivement condamné au rôle peu prisé du simili cartographe marin. Il ne pourra jamais jouer que des de passionné par les cartes, éternellement parti à la recherche d'un trésor caché et dans sa quête encadré par de gros et robustes pirates prêts à encaisser les estocades au sabre blanc pour le couvrir en cas d'agression. Paul Bettany fait du même coup partie de ces acteurs condamnés à déchiffrer des cartes à fond de cale entre deux manipulations de sextans, reluqué par un misérable chimpanzé dévoué et peu regardant sur la marchandise (vous noterez qu'il y a toujours un petit singe à bord des bateaux de pirates, embarqué entre autres choses pour servir d'exutoire aux cartographes bigleux). Mais pour revenir à Roshdy Zem (qui s'orthographie également Rosh Dyzem selon les dires de l'acteur), Roshdy ne fait justement pas partie de cette catégorie d'acteurs fadasses et étriqués, même si l'on serait tenté de le croire. On pourrait bien penser Roshdy limité aux rôles de ténébreux séducteur, viril et vigile de métier, un peu macho et cocaïnomane. Mais ça n'est pas vrai. Et il l'a prouvé plus d'une fois, par exemple en jouant dans Indigènes, encore que... là aussi il séduisait la jeune française délaissée à tout va. Bref Roshdy est un acteur multi-facettes. Il peut tout jouer. Et dans le film dont il est question ici, il s'entiche dévotement de son personnage, pas de problème là-dessus, ce mec devient ce qu'il joue, c'est pas la question, la question c'est que dans ce film précis, et une fois n'est pas coutume, il chie les dialogues. Mais tous les dialogues. Il les chie tous somptueusement. Que s'est-il passé ? On sent bien qu'il a pensé : "je ne suis pas dans un grand film, celui-là ne sera pas applaudi en standing ovation à Cannes pendant six plombes, j'aurai jamais le moindre prix d'interprétation sur ce rôle, lâchons le fauve". Et du coup il chie tout ce qu'il a à dire, mais le tandem de réalisateurs a bien dû admettre que l'acteur donnait à leurs dialogues miteux une couleur et une substance qu'ils n'auraient même jamais osé espérer à l'écriture du scénario, au point même qu'ils gardent finalement quelques improvisations de Roshdy, dont un curieux : "Je vais te retourner le cul", lâché au téléphone à Mathilde Seigner en tournant le dos à la caméra pour éviter les regards déçus des deux metteurs en scène et des spectateurs. Rien pigé à cette scène.



Passons à Alice Taglioni. Elle s'est vue confier le rôle d'une mère de famille lambda, ménagère de largement moins de 50 ans qui ne prend pas soin d'elle (physiquement). La femme qui se laisse un peu aller dans le mariage, qui a de la cellulite sur les cuisses, qui s'habille comme une étudiante attardée, qui dort en pyjama triple couche avec grosses chaussettes en laine et compagnie. Et il semblerait que pour le commun des mortels une très belle femme en pyjama avec de grosses chaussettes en laine et des lunettes constitue le portrait-robot idéal du tue-l'amour parfait. Je ne dois pas faire partie du commun des mortels. Mais alors bien sûr quand elle retire ses lunettes et qu'elle met un string qui dépasse de deux mètres au-dessus du pantalon, soudain elle est irrésistible... Face à Roshdy Zem et derrière Alice Taglioni, nous avons le privilège d'admirer le spectacle vivant François Cluzet. C'est un acteur qu'on a toujours plaisir à voir évoluer, qu'il soit au service de grands films (comme ce qui reste un de ses plus beaux rôles dans Fin août début septembre d'Olivier Assayas) ou qu'il se débatte dans d'atroces farces (comme Ne le dis à personne de Guillaume Canet). Cet homme-là (je parle toujours de François Cluzet) est souvent captivant. Ici son rôle est peut-être le moins étoffé des quatre et cependant chacune de ses apparitions est sujette à curiosité, ne serait-ce que le voir parler au téléphone, ou enlever puis remettre ses lunettes. Il interprète chaque geste, il incarne chaque idée. Durant toute une séquence il rédige une ordonnance (il joue donc je le rappelle un gynécologue), et la simple façon dont il tient son stylo, dont il écrit cette ordonnance, sa posture, le rythme de la main, tout y est, c'est de la mécanique de précision, c'est de la musique, c'est de la dentelle. Tous les dialogues qu'il prononce, aussi banals puissent-ils être, n'ont jamais été dits comme ça avant. A noter qu'il bat un record mondial d'apnée dans ce film, dans une scène de baignade avec Alice Taglioni qui avait oublié son maillot.


Détrompez-vous de Bruno Dega et Jeanne Le Guillou avec François Cluzet, Alice Taglioni, Roshdy Zem, Mathilde Seigner et Artus de Penguern (2007)

13 mai 2008

Et toi, t'es sur qui ?

Ce film c'est une histoire de premières fois. C'est le premier film de Lola Doillon qui, comme son père l'a souvent fait, filme l'adolescence, et précisément ce qui caractérise tout particulièrement cet âge-là, les premières fois, des premières amours au premiers rapports. Pour ce faire elle se penche précisément sur le cas de quatre jeunes gens: Élodie (Lucie Desclozeaux), sa meilleure amie gothique et pleine d'entrain Julie (Christa Theret), son meilleur ami Vincent (Gaël Tavares) et un ami de Vincent, un certain Nicolas, la grande gueule du collège (Nicolas Shweri).

Élodie et Julie décident de perdre leur virginité avant les vacances, ce qui ne leur laisse qu'une semaine. Les choses vont alors se précipiter pour les deux jeunes filles, surtout quand Vincent, dont les rapports amicaux avec Élodie frôlent les sentiments amoureux, va coucher avec la ravissante Julie, que ses camarades surnomment "Batman", dont il n'a cure et qui ne s'intéresse pourtant pas particulièrement à lui non plus. Vexée et déçue par le comportement de ses deux meilleurs amis, Élodie, pourtant passionnée par un jeune homme de 17 ans qu'elle ne connaît même pas, décide d'attirer Nicolas dans ses filets, le benêt de l'école qui a parié avec Vincent qu'il parviendrait lui aussi à sauter Julie "Batman" dans la semaine.



C'est donc un chassé-croisé d'adolescents de 15 ans plus vrais que nature auquel nous avons droit (hormis Christa Theret qui avait déjà joué la fille de José Garcia dans Le Couperet, la plupart des jeunes acteurs ont été engagés suite à un casting sauvage), qui parlent et agissent scrupuleusement comme les gens de cet âge-là et à travers lesquels on se reconnaît plutôt (encore faut-il avoir baisé à 15 ans et avoir été de ces jeunes gens qui, c'est apparemment courant, parlent sans la moindre gêne de leur virginité à perdre avec leurs camarades de classe). Pas un seul parent en vue, mais par opposition à l'absence totale d'adultes qui caractérisait Naissance des pieuvres, sorti deux mois plus tard, on en croise ici quelques uns, à savoir un professeur et les types chargés d'encadrer les jeunes dans leur stage de fin d'année (théâtre de bien des bouleversements), et finalement c'est le dernier lien avec la jeunesse, ces professeurs, qui parlent dans le vide mais qui ont le mérite de parler un peu à ces jeunes gens qui ferment leurs fenêtres de conversations msn au moindre mouvement des parents dans la maison pour se limiter au secret des textos.

Pas un temps mort dans ce film, on navigue en permanence et avec intérêt dans les méandres des drames adolescents, dans l'intimité éhontée et souvent foireuse des premiers rapports, dans les doutes et les délices de la naissance des premiers sentiments partagés. Il se dégage du film de Lola Doillon comme un air d'évidence, une délicatesse et une fluidité qui brodent un sentiment très enjoué de vérité.


Et toi, t'es sur qui ? de Lola Doillon avec Christa Theret, Lucie Desclozeaux, Gaël Tavares, Nicolas Shweri (2007)

12 mai 2008

Daredevil

Daredevil c'est l'histoire du super-héros le plus con de l'histoire du comic book. Daredevil à la ville c'est Matt Murdock un peu comme SpiderMan est Peter Parker, Batman est Bruce Wayne ou comme Flash est Barry Allen. Or quid de Matt Murdock, voila un type qui a eu une enfance peu commode. En effet le père de Matt le détestait carrément depuis sa naissance pour cause de délit de sale gueule. Il faut dire qu'avec sa tête de premier de la classe le petit Matt ne faisait pas tellement honneur à son boxeur de père, et je serais tenté d'écrire "boxer" tant le faciès disgracieux et anguleux du paternel de Matt évoque à brûle-poupoint la gueule baveuse et rageuse des clébards de cette espèce canine vouée aux coups de bâtons et autres traquenards dans les cages d'escaliers. Bref c'est comme ça que le vieux papa du petit Matt, après avoir passé la soirée de la veille dans un bar à tapas de Chihuahua, ville miteuse du Nouveau-Mexique (la vie de Murdoch Sénior portait déjà le sceau du chien et de l'infamie), où il s'était gavé de putes et de tout un assortiment de churros, chichis et autres chourossettes flambées au Grand Marnier, devait fêter le 8ème anniversaire de son cher fils en lui larguant, au levé du lit et sans prévenir, un pet monstrueux dans les narines. De fait, fort de son humour légendaire et de sa bonhommie rayonnante, Papa Murdock avait cru bon pour souhaiter un joyeux huitième anniversaire à son fils chéri assis sur le canapé et déballant joyeusement ses quelques cadeaux, de prendre sa petite tête innocente entre ses mains tout en lui tournant le dos pour mieux la coincer entre ses fesses nues remarquablement velues et lâcher un pet foireux venu tout droit du fond des âges et s'échappant de longues minutes durant dans le tissu rétinien du petit Matt, impuissant, condamné à subir cette indicible ignominie paternelle sans précédent.


Matt Murdoch Junior, souriant pour la dernière fois à la perspective de son huitième annif et ignorant que ses Ray-Ban lui seront indispensables après le pet flash aveuglant de son son père Jack "The Devil" Murdock

Le régime alimentaire du Père Murdock et la fermentation des dizaines de churros mal digérés toute la nuit durant dans l'abdomen purulent de ce boxeur professionnel impliquèrent un taux de méthane et de propane ahurissant contenu dans son seul pet matinal. Les radiations furent conséquentes pour les pauvres mirettes du petit Matt que le médecin de famille, appelé à la rescousse après l'évanouissement quasi instantané du gosse une fois son visage retiré du cul de son père, devait diagnostiquer comme "aveugle des suites d'une intoxication des pupilles et des deux globes oculaires complets suite à une trop longue exposition à une concentration de gaz zyklon B tout à fait considérable". Mais si Matt Murdock était condamné à la cécité par un père farceur et pétomane, il ignora tout d'abord que c'était un prêté pour un rendu. Car si ses yeux étaient réduits à l'état de petit globes bleus effrayants, ses cinq autres sens, l'odorat, l'ouïe, le toucher et le goût, allaient se voir par là même surdéveloppés. Enfin disons l'odorat, l'ouïe et le toucher, parce qu'il faut bien dire que le goût reste un sens bien peu usité, pas assez peut-être, dans les films de super-héros. Même si dans le cas qui nous concerne ici, Mark Steven Lindon Johnson, le réalisateur invétéré de ce long métrage, nous gratifie d'une sublime séquence faisant appel au goût extraordinaire de Daredevil lorsque ce dernier déguste un diabolo menthe à la terrasse d'un café, en tenue de travail (le costume à cornes de chèvre de l'affiche), dans une scène rendant directement hommage à celle de Quand Harry rencontre Sally où Meg Ryan en faisait des caisses pour simuler un orgasme sismique en plein restaurant.


Pina Bausch peut aller se rhabiller !

Matt Murdock devient avocat pour coller un procès au cul de son vieux, mais il entend bien mettre à profit ses nouvelles aptitudes surhumaines. Avocat le jour, juge la nuit, il passe avec une facilité déconcertante du costard cravate au costume une pièce moulant en simili cuir avec cagoule à petites cornes façon vachette. Et le soir venu, il bastonne toute la ville à qui mieux mieux, l'acuité spectaculaire de ses cinq sens restants lui permettant de voir mieux que quiconque et d'éviter aussi bien les balles de 22 long rifle que les lampadaires insidieusement placés sur son chemin en pleine course poursuite. Adepte inconditionnel des méthodes draconiennes de l'Actors Studio, le brillant Ben Affleck avait exigé qu'on lui applique des lentilles opaques, totalement aveuglantes, durant toute la durée du tournage, depuis le début des repérages pour les décors jusqu'à la première publique, lentilles qu'il devait porter jour et nuit pour s'impliquer à mort dans son rôle et entrer dans la peau d'un véritable vigilante aveugle. C'est d'ailleurs dans ces conditions qu'il rencontra Jennifer Garner à l'aveuglette sur le tournage et qu'il l'épousa dans les 15 jours sans jamais l'avoir vue de vive vue, pour découvrir lors d'une avant-première à enjeu, plus risquée que jamais, qu'il venait de passer la bague au doigt de la troisième actrice au visage le plus chargé en angles droits (à 90°) du 7ème art après Angelina Jolie et Vin Diesel.


Ci-dessus la nuit de noces du couple le plus glam' d'Hollywood

Tout ça pour dire que ce choix de technique dramatique carrément casse-gueule nous vaudra des scènes relativement contradictoires. En fin de compte dans les scènes de combat, où Benny Affleck est doublé par des cascadeurs doués de vue ou par un simple double informatique articulé via toute une série d'iMac G5, Daredevil fait preuve d'une dextérité sans pareille, il saute de pipeline en pipeline dague au point, il évite les balles d'un peloton d'exécution composé de quelques soixante-dix tueurs des balkans armés de gatlings et faisant feu comme un seul homme vers la carcasse enveloppée de cuir fin du valeureux super-héros, qui, bien qu'attaché à triple tour à un pylône, leur tend ses deux majeurs en souriant et en se dandinant libidineusement sur lui-même pour éviter les milliards de cartouches longues comme le bras qui le défient, lancées à plusieurs milliers de kilomètres par heures droit sur sa jolie petite gueule de con... il saute encore en rappel depuis l'aile d'un Boeing 747 et retombe sur ses deux panards pile au-dessus du nichon droit de la Statue de la Liberté où l'attend pour un combat féroce un Colin Farrell plus ingrat que jamais dans le rôle de Bullseye, un personnage assez captivant dans le fond puisqu'il ne rechigne pas à filer des rencards sur les nibards de la Statue de la Libertad à son pire ennemi plutôt que de choisir finalement un simple café ou un parc sympathique comme ça se fait usuellement.


Colin Farrell, aka Bullseye, qui mime un pistolet avec sa main en dernier recours suite à un énième combat de rue perdu de peu

En revanche, et dans un tragique effet de contraste, les séquences tournées avec l'acteur en personne dans les baskets d'un Matt Murdock endimanché nous montrent un Benoit Affleck aveugle et peu sûr de lui, qui marche dans la rue à tâtons balançant sa canne d'infirme à tout va jusque dans la gueule des enfants, se ramassant lamentablement par terre en trébuchant contre les poubelles, ou se faisant littéralement écraser la jambe par un bus scolaire dont le chauffeur le traite de "chien d'aveugle" tandis qu'il tâche péniblement d'extraire ce qu'il reste de son genou (un moignon sanglant) d'en dessous l'énorme pneu chauffé à blanc du car. Les points d'orgue de ces tristes séquences étant d'abord celle où Ben Affleck, devant serrer la grosse paluche d'un Mickael Clarke Duncan certes un peu trop grand et s'attendant à lui en "serrer cinq" ne lui en serre finalement qu'un, et un gros. On sent bien que ça n'était pas prévu à l'expression faciale de Michael Clarke Duncan qui, très professionnel, se contente de dévorer sa lèvre inférieure de douleur sans broncher tandis que Ben Affleck empoigne fermement sa bite. Le réalisateur a dû penser qu'il pouvait compter sur l'effet de surprise et le comique de situation pour laisser cette scène au montage. Mais quelle n'est pas notre surprise en regardant Daredevil malaxer longuement, à travers un pantalon beige en soie très léger, le gros pénis de Michael Clarke Duncan, qui interprète tout de même le Caïd, l'ennemi personnel de Daredevil, le méchant par excellence, la terreur de New-York !


Michael Clarke Duncan plus concupiscent que jamais avec l'acteur de second rôle Erick Avari. L'immense acteur noir, futur Oscar du meilleur acteur dans le probable biopic de Barry White à venir un jour ou l'autre, a viré sa cuti après s'être fait malaxer le chibre par un Ben Affleck aveugle et regrettant de l'être

L'autre passage affreusement embarrassant du film tient dans une scène où Benjamin Affleck prend un pot avec un Joe Pantoliano plus chauve que jamais, qui interprète le chef de la police locale. Et on ne peut que compatir quand on voit l'illustre acteur Pantoliano discrètement pleurer de tristesse tandis que face à lui Ben Affleck lui sert à boire, en tenant le thermos dix centimètres à côté de la table, versant consciencieusement un demi litre de café brûlant sur le genou de Pantoliano l'acteur (car à cet instant Joe n'est plus du tout dans le rôle), dont le pantalon a fondu sous l'effet de la chaleur et qui voit sa cuisse attaquée à vif par le liquide ébouillanté, alors que son mollet brûle au 9ème degré.


Une pluie battante permet à Darédévil de placer un coup de pied millimétré dans les bourses de son ennemi juré, que la pluie rend quant à lui plus aveugle qu'une taupe dans le trou du cul d'une autre

Enfin et pour en finir évoquons une autre faiblesse du film, perdue parmi tant d'autres, mais tout de même notable. Dès le début, alors qu'il apprivoise lentement sa cécité nouvelle, Matt Murdock se rend compte qu'il peut finalement voir. Les sons se répondent, les bruits se répercutent sur les parois, les échos évoquent la profondeur des sons : autant d'éléments qui lui permettent de voir. L'effet de cette "vision sonore" nous en est rendu par de minables images bleues et noires où l'on distingue les formes auxquelles Daredevil fait face et qui lui apparaissent au gré des ondes sonores bloquées ou non par les obstacles matériels de la rue. Bref, Matt Murdock se rend bien à l'évidence : un des moyens les plus sûrs de distinguer presque aussi clairement qu'un voyant ce qui se trouve devant lui est encore de l'appréhender sous la pluie, les bruits incessants et concentrés que produisent les gouttes d'eau en tombant sur les objets permettant de parfaitement les observer. Cela nous vaut d'ailleurs la scène la plus romantique du film dans laquelle Matt demande à sa nouvelle fiancée (Jennifer Garner) de laisser la pluie tomber sur son visage pour enfin la voir vraiment. Les bruits des gouttes d'eau ne lui auront pas permis de constater la rudesse d'angle caractéristique du visage taillé au marteau et au burin de la jeune actrice montante condamnée aux rôles de spécialiste des arts martiaux et de pute de luxe. Mais passons. Autant vous dire qu'après le succès de cette approche, Matt Murdock décide de se balader partout avec un tuyau d'arrosage, ou au pire avec de simples gourdes remplies à rabord pour tapisser de jets d'eau les rues de New-York au gré de ses promenades et mieux voir où il fout les pieds. S'ensuivent quelques bagarres de rue plus ou moins longues (dont une émeute générale de 20 minutes) avec des passants peu enjoués à l'idée de se faire asperger de pied en cap par un aveugle, et qui de facto n'hésitent pas une minute à le passer à tabac en groupes.


Colin Farrell n'a jamais aussi bien porté son surnom : asshole

Mais sachez-le, ces scènes-là sont un régal en comparaison de celle où Daredevil et sa bien aimée se retrouvent au lit pour la première fois. Oui parce que le film est aussi très porté sur des questions d'ordre plus graveleux. Le grand méchant ne s'appelle-t-il pas Kingpin (traduit ex-nihilo dans la version française par "Roi de la Pine"), alias Le Caïd ? Et son homme de main Bullseye, n'est-il pas mieux connu sous le doux sobriquet : Le Tireur ? Et ce dernier personnage, à qui Colin Farrell, maquillé comme une bagnole tirée, prête ses traits, ne porte-t-il pas une grande cible gravée au fer rouge à même le front qui ressemble comme deux gouttes d'eau à un gros trou de balle ? Et Daredevil n'aura-t-il pas raison de cet ennemi en pénétrant violemment son front, pile au milieu de ladite cible, au seul moyen de son diable de dard (Daredevil en VO) ? Enfin bref, revenons à nos moutons, ces séquences pas très tous publics ne sont rien comparée à celle où Matt Murdoch, faisant pour la première fois l'amour à sa fiancée, est bien décidé à l'admirer le plus clairement du monde et pour ce faire, en guise de tuyau d'arrosage, utilise, et n'utilise que ce que j'appellerai son tuyau perso dans une série de jets dramatiques.


Daredevil de Mark Steven Johnson avec Ben Affleck, Michael Clarke Duncan, Joe Pantoliano, Colin Farrell et Jennifer Garner (2003)

9 mai 2008

Antartica, prisonniers du froid

Je mets tout de suite les choses au clair : OUI, je fais effectivement partie des 100 chanceux qui ont eu le privilège d'assister à l'avant-première du film Antartica, dans un multiplexe Gaumont parisien. Et OUI, cette avant-première eut effectivement lieu en compagnie de l'équipe du film ! Et quelle joie ! Quelle joie de pouvoir regarder ce film unique entouré de ces 8 huskys d'exception, bel et bien présents dans la salle et qui ont même failli étouffer sous le poids de nos caresses, tandis que la starlette Paul Walker connaissait une soirée bien tranquille.

Les huskys étaient heureux, ils étaient beaux. Après avoir traversé le froid polaire, combattu des ours blancs lubriques, survécu aux terribles avalanches du grand Nord et tiré un trait sur leur libido pour temporairement dire "oui" à l'homosexualité, nos huit husky préférés étaient là, parmi nous, à fêter la sortie de ce film superbe retraçant avec fidélité leurs aventures (à partir de témoignages effectués par les huskys eux-mêmes et traduits du husky par un éleveur mondialement réputé pour chuchoter à l'oreille des huskys). Tout cela après 8 mois de tournage harassant, où ils durent chacun d'eux assurer leurs propres rôles, sans rechigner, et sans changer une ligne d'un scénario tragique qu'ils ne connaissaient que trop bien. Ainsi, vous trouverez leurs rôles mentionnés de la sorte sur les sites spécialisés en cinéma :
Ebu as Himself (Husky #1)
Ekoli as Himself (Husky #2)
Skoundar as Itself (Husky #3)
Kourou as Himself (Husky #4)
Leonidas as Himself (Husky #5)
Vlark the Grey as Himself (Husky #6)
Brise-le-vent as Himself (Husky #7)
Perce-neige as Herself (Husky #8 )


De gauche à droite : Paul Walker, Perce-Neige et Vlark the Grey

Comme je sais que vous êtes de gros gourmands, je vais tout de suite vous raconter le pitch du film. Paul Walker, aka le guide polaire John Sheppard, a besoin de huit chiens de traîneau de légende pour effectuer une mission scientifique de type 'extreme and loudness'. Effectivement, dans cette zone insalubre et hostile de notre planète, le seul moyen de locomotion possible est le traîneau, tiré avec enthousiasme par nos amis : les fameux huskys. Après une audition de 21 jours et 22 nuits, Paul Walker sélectionne huit huskys de feu et débute le voyage. Une nuit, Paul Walker subit l'assaut d'une bande organisée d'esquimaux rancuniers. Il en abat deux sur quatre mais voit les huskys fuir sous ses yeux, effrayés par tant de violence. Paul Walker regagne sa base et lance une grande campagne de recherche des huskys perdus, par des moyens modernes tels que des satellites. Pendant ce temps, nous suivons la survie de ces huit huskys qui, peu à peu, apprennent à vivre en société et s'organisent pour mieux lutter contre les dangers...


Habitué aux partenaires de charme dans les Fast & Furious, Paul Walker n'était pas en reste avec la belle Perce-Neige

Proche cousin du loup, merveilles au pelage blanc, gris, noir, beige et marron ; le husky est porteur d'yeux d'émeraude à la vue perçante (ils seraient capables de dégommer une otarie à 50m), d'un aérodynamisme rare ainsi que de 6 sens si éveillés qu'une célèbre anecdote raconte que ce sont eux qui auraient inspirés la série télévisée Le Sentinel (où un canadien sans talent parvient, à la seule gloire de ses huit sens exacerbés, à grimper les échelons de la police new-yorkaise, s'en foutre plein les fouilles et résoudre des énigmes "Godlike"). N'y allons pas par quatre chemins : le husky est clairement mon animal de type chien (c'est à dire avec 4 pattes et 1 truffe froide) préféré. J'ai à plusieurs reprises tenté d'en louer un, puis, suite au refus systématique des loueurs de husky, j'ai voulu en prendre un de force à une famille esquimaux dont l'animal représentait la seule richesse. Malgré la mise à feu de leur iglou, le vol de leur réserve en viande et la prise en otage de leur fille aînée, la famille esquimaude a résisté et j'ai dû momentanément dire adieu à mes espoirs. Je me suis alors retourné vers un chien de race bleu, d'un profil plus proche de l'aiglon mais dont la couleur du poil n'était pas sans rappeler celle du fameux husky, animal de mes rêves. La brave bestiole combla mon manque durant trois mois et, après l'avoir involontairement légué à une famille de gitans sur une aire d'autoroute, je n'eus plus jamais de nouvelles de mon bleu nommé Cascadeur (car il assurait ses propres cascades, même de périlleuses chutes dans les escaliers). Ce n'est que très récemment que j'ai pu acquérir un vrai husky, le bien nommé Iced Tea (car le thé glacé est la seule boisson qu'il daigne boire), pour la somme de 2000 € (ceci explique cela). Ça va bientôt faire 1 mois que nous vivons en harmonie, je le nourris de sardines et il me procure cette douceur et cette délicatesse dont j'avais tant besoin, et que je n'ai jamais pu trouver chez Cascadeur. Non, il n'y a vraiment pas à dire, le husky est un animal unique. On est très loin du labrador, vil et peureux, qui n'est mignon qu'à sa période chiot.


Le couple désormais inséparable, ici lors d'une avant-première où les flashs incessants gênaient l'animal

Revenons à présent au film. C'est le réalisateur Frank Marshall qui s'est attelé à la mise en image de cette histoire qui fait partie de ces "inévitables anecdotes" que les esquimaux se plaisent à raconter entre eux en dépeçant avec sauvagerie des baleines échouées sur la banquise. Un véritable mythe du cercle polaire. Frank Marshall, sans même le savoir, était cerné de toute part par des esquimaux à cran. Il a su faire fi de tant de pression et a bien assuré le boulot. Le film est bien écrit, bien exécuté et Paul Walker (qu'on avait déjà pu voir dans les incontournables Fast & Furious) trouve ici le rôle de sa vie. Un vrai régal d'1h30, un futur classique, un remake supérieur à l'original, à voir en famille ou entre chiens. On est tour à tour émerveillé, ému, effrayé mais surtout décontenancé. Une œuvre à part, définitivement culte et déjà inscrite dans le marbre. Les huskys sont formidables et, je le précise car ce phénomène est hélas très rare : à la fin, nous sommes pour une fois très content que le film se termine en happy-end.

Je fus honoré de pouvoir toucher le poil soyeux de Perce-Neige, leader de la meute, et je fis la fête à Iced Tea en rentrant chez moi. Le bougre m'avait fait une farce : il s'était amusé à éparpiller toutes mes chaussures.


Antartica, prisonniers du froid de Frank Marshall avec Paul Walker et huit huskys (2006)

8 mai 2008

21 grammes

Alejandro González Iñárritu a entendu dire un jour dans un bar malfamé du New Jersey par un borrachon connu pour être un pilier de l'établissement que d'après une étude scientifique très sérieuse qu'il venait d'inventer, l'être humain, en mourant, perdrait 21 grammes. Alors Ajerandro a décidé de faire un film là-dessus, en profitant de sa passion pour le Nouveau Testament pour imaginer que ces 21 grammes seraient le poids de l'âme s'évadant de l'habeas corpus humain pour s'envoler vers le Royaume des Cieux. C'était produire un film intolérable de 124 minutes en oubliant vite que le corps de l'Homme, et c'est bien connu, se vide de tous ses déchets et de toutes ses toxines en se raidissant pour mieux passer l'arme carrément à gauche. En somme on pisse et on chie tout son corps en clamsant. Rends ta copie Iñárritu, t'as zéro. Ce que le triste González Iñárritu croit être son âme au final c'est sa merde. Hé Alejandro González Iñárritu, va chier plus loin. Et laisse Naomi Watts en dehors de tout ça.



Quand il crèvera, dans quelques années, Alejandro González Iñárritu se videra de toute sa merde, et ce qu'on retrouvera sous lui ça sera le scénario de ce film, qui pèse tout juste 21 grammes.


21 grammes d'Alejandro González Iñárritu avec Sean Penn, Charlotte Gainsbourg, Benicio Del Toro et Naomi Watts (2004)

Jackpot

Je ne suis pas vraiment fier de vous l’annoncer après avoir vu Jackpot au cinéma, mais Tom Vaughan, le réalisateur de ce film, je le connais bien, il a fait ses études en France avant de partir pour Hollywood, et c’était un super pote de fac. Comme le film vient de sortir et que je suis allé le voir par simple amitié pour lui, je vais en profiter pour vous parler de Tom Vaughan et de son parcours du combattant.

Thomas Vaughan, vous ne le savez pas, mais c’est un type qui a beaucoup galéré avant d’en arriver là où il en est aujourd’hui. Et j’en sais quelque-chose : j’ai été son véritable confident jusqu’à ce qu’il quitte la France. Il me racontait tout sur tout ! Je l’ai connu en TD d'informatique. Son PC était en rade, je l’ai débranché, et on est aussitôt devenu meilleurs potes. Sa droiture faite de bric et de broc m'a tout de suite mis sous le charme. Il était plein d'avenir et son premier rêve, bien avant de devenir cinéaste, était de devenir agent de footballeur (il espérait en secret devenir l'agent de Lilian Laslandes ou, au pire, celui de Jean-Claude Darcheville). A l’époque où je l’ai connu, ce veinard avait même déjà un pied dans le monde du ballon rond puisqu'il officiait en tant que ramasseur de balles, bénévolement. Tous les week-ends, il était là au bord des terrains, il matait les matchs gratos et renvoyait les ballons qui partaient à côté. C’était cool parce que grâce à lui j’ai vu un grand nombre de matchs gratos.




Hélas le bonheur tout simple qu’il vivait en étant ramasseur de ballon n’a pas pu durer, et je vais tout de suite vous expliquer pourquoi. Les études de Tom à la fac étaient financées grâce aux bourses du CROUS, que je palpais avec lui. Mais un beau jour, ses parents divorcés ont eu l'idée de se remarier, ce qui lui a immédiatement fait perdre son droit aux bourses, qu'il obtenait pourtant à l'échelon maximal. Le remariage de ses parents a donc totalement compromis ses études, car ils étaient également bien décidés à ne pas lâcher un centime pour que leur fils décroche son Deug. Tom s'est donc soudainement retrouvé dans l'obligation de trouver un job pour remplacer les bourses, mais comme il ne voulait surtout pas quitter son poste de ramasseur de balles, il a décidé de concilier les deux en utilisant une méthode bien particulière : à chaque match, il parvenait à ne pas remettre en jeu tous les ballons qui lui parvenaient, pour ensuite les revendre 25% moins cher que le prix normal sur internet. Et comme il en volait plus d’une dizaine par week-end, ça lui suffisait amplement pour avoir un frigidaire bien garni.




Hélas, son petit manège a très vite été repéré et la ligue nationale de football française l’a interdit de terrain à vie ! Ma relation avec lui s’est alors un brin dégradée, vu que son humeur n’était plus la même. Nos rapports étaient un peu du type "je t'aime moi non plus". Il y avait certains moments où l'on se méprisait mutuellement, pour mieux se réconcilier avec chaleur quelques jours après. Une fois, notre discorde a duré plus longtemps qu'à l'accoutumée, je ne l'ai plus revu durant une semaine à la fac, la place de mon voisin était vide et je la regardais toujours avec chagrin et nostalgie. C'est alors qu'un jour, je l'ai croisé au McDonald, mais de l'autre côté du comptoir ! Ce salopard de Vaughan avait enfin suivi mon conseil de s’engager à McDalle pour gagner quelques ronds qui l’aideraient à payer son loyer. Et en plus Tom a très vite aimé son "petit" job, il faisait des heures supplémentaires, étant en aval et à l'amont de la production de sa nourriture préférée. A ce moment-là, Tom Vaughan a littéralement sombré dans le sandwich. Fin cuisinier, on dit qu'il était alors le meilleur confectionneur de Big Mac de l’Ouest. Il y travaillait 6 j/7, toujours avec le sourire aux lèvres et il avait totalement abandonné la fac. J’étais seul dans les amphis, mais je le voyais entre midi et deux au McDalle. Il y a même rencontré son âme sœur, une dénommée Peggy, une anglaise à la plonge et au fessier légendaires. Tom se vantait sans arrêt de son tour de cul, qui faisait plus de 95 cm d’après ses dires, tout en étant très gracieux avec l'ensemble du corps ! Il me faisait baver ce salop. Peggy c’était autre chose que Cameron Diaz, ça je vous le dis.




Hélas, encore une fois, son bonheur n’a pas duré, à l’instar du héros de Super Size Me, Tom a eu des graves problèmes de santé car son corps ne supportait plus d’ingurgiter des produits McDo matin midi et soir. Il a dû abandonner son activité vu qu’il était sans arrêt malade. Nos relations étaient alors en forme de montagne russe et je m’en plaignais souvent. Même quand Peggy l’a plaqué à cause de son obésité, il venait trop peu souvent chercher du réconfort à mes côtés. Après ça Tom a vécu pendant un long moment aux dépends de sa sœur, qu’il allait souvent voir, et elle ne manquait jamais de glisser un billet de 500 balles dans la poche trouée de sa veste en tweed. Ce billet ne l’aidait donc pas beaucoup car il finissait plus souvent perdu sur le trottoir ; alors Tom y a fini aussi. Ca m’a fait du mal quand j’ai compris qu’il était SDF ce con-là. Il était venu me chercher à la sortie de la fac, on se baladait tranquillos en centre-ville jusqu’au moment où il s’est mis à chialer tous ses morts quand j’ai donné un grand coup de pied dans un carton qui traînait par terre. Il m’a ensuite dit les larmes aux yeux que je venais de dégommer sa baraque. C’est pendant cette même promenade que Tom m’a fait part de son nouveau rêve, qui consistait à partir en Amérique, au pays de la Liberté, où il espérait pouvoir repartir depuis zéro et commencer une nouvelle vie, en se lançant pourquoi pas dans le cinéma. Soucieux de ne pas à nouveau le contrarier, je n’ai pas voulu calmer ses ardeurs, et je l’ai encouragé à essayer de traverser l’Atlantique, à la nage s’il le fallait.




Je n’ai ensuite plus revu Tom pendant de longs mois, jusqu’à ce jour où j’ai reçu une carte postale provenant du Mexique, où il me donnait de ses nouvelles dans un espagnol parfait dont je ne comprenais hélas pas un seul mot. Après avoir vu son nom au générique de Jackpot, j’imagine qu’il devait sans doute me dire qu’il envisageait de passer la frontière et de se lancer dans une carrière de metteur en scène. Je suis content qu’il y soit si bien parvenu, même si son film est une daube sans nom. Bien sûr, il peut aussi s'agir d'un homonyme, mais j'aime croire que le Tom Vaughan qui a signé ce film à Hollywood est le même que celui que j'ai quitté un soir d'hiver sous la pluie, s'apprêtant à passer sa nuit dans un abri bus Tisséo.


Jackpot de Tom Vaughan avec Cameron Diaz (2008)