Pour commencer, je tiens à dire que je ne connais pas le comics dont le film est inspiré. Si certains d'entre vous ont vu ce "film" et connaissent bien la bd alors je les incite à venir nous en parler. Je ne jugerai donc le film que pour ce qu'il est, sans autres référence que les précédents navets de Keanu Reeves et de Rachel Weisz, déjà réunis ensembles pour le pire dans
Poursuite un film de courses-poursuites tout pourri où les deux acteurs passaient pour des chercheurs scientifiques super-crédibles. Quant au réalisateur, il paraît que c'est un réalisateur de clips renommé notamment pour Britney Spears et Will Smith (putain la classe !), dont un de près de deux heures intitulé
Je suis une légende. Ma critique sera de mauvaise foi, elle n'ira pas très loin dans l'analyse des motivations des personnages ou bien dans la symbolique des divers sujets abordés ou objets/parties du corps touchés par les acteurs. De toute façon, je me souviens plus beaucoup de
Constantine (à part que c'est nul) et en plus j'aime pas critiquer. Je vous résume l'histoire brièvement : y'a un gars qui s'appelle John (?)
Constantine et c'est Keanu Reeves. Son truc c'est de chasser les démons de l'enfer qui viennent de temps en temps tourmenter les humains en se mettant dans leur corps (souvent des jeunes filles, parce que c'est plus facile il paraît).
Un regard ténébreux et perdu, une bouteille de vin tout juste achevée, un paquet de clopes sur le point d'être terminé : ce type est bien au fond du trou.
Constantine, il est super fort pour désenvouter, il y en a pas deux comme lui. Même si à chaque fois il en ressort usé comme une vieille tronçonneuse, il garde toujours son air blasé (à moins que ce ne soit le jeu d'acteur de Keanu Reeves limité à trois expressions faciales qui m'amène à croire que cet air est blasé). Mais
Constantine a un lourd secret (le pauvre). Bon là, y a des spoilers, alors pour les fous qui veulent encore voir ce film et qui ne connaissent rien à
Constantine, tracez votre chemin.
Constantine a voulu mettre fin à ses jours lorsqu'il était ado mais il a été sauvé de justesse. Malgré tout, il a été officiellement mort durant deux minutes. Il est donc allé en enfer parce que le suicide c'est mal pour les catholiques, donc tu vas en enfer quand tu te suicides, parce que c'est pas bien. Mettons déjà de côté cette vision rétrograde et manichéenne des choses et admettons qu'il faut respecter la religion catholique. Donc, jeune
Constantine a passé deux minutes en enfer, et deux minutes là-bas, c'est une éternité. Il a donc pu se rendre compte que ce qu'on lui a dit au catéchisme c'était tout vrai, et il s'est probablement fighté avec tous les démons qui traînent pendant ces deux minutes. Il a donc acquis de l'expérience. Mais il a un problème. L'ange Gabriel (une actrice androgyne avec un strap sur les seins et des ailes de cormoran scotchées dans le dos) lui a bien clairement fait comprendre que quoiqu'il arrive il ira en enfer à sa mort parce que il s'est suicidé (c'est péché, c'est mal). Et l'enfer, il connaît, c'est pas cool. Malgré tout,
Constantine chasse les démons et exorcise à tout va en espérant qu'à un moment dieu sera clément et lui accordera le paradis. Par dessus tout, il se moque de sa santé puisqu'il sait finalement qu'il n'aura aucune rédemption et que "quitte à aller en enfer de toute façon, autant y aller le plus vite possible". Par conséquent
Constantine fume comme un pompier (le message est clair : "fumer tue" et si on a pas compris, le réalisateur nous propose un gros plan de la tranche du paquet de clopes pour qu'on lise bien "smoking can permettre diseases like cancer, impuissance, bad haleine et j'en passe". Il a donc un cancer des poumons très avancé et il ne lui reste au mieux que quelques semaines à vivre d'après son médecin (une top modèle de 25 ans très crédible dans ce rôle).
Impassiblement con, même à terre...
Bon, je crois que je vous ai conté tout le background psychologique du personnage (j'emploie ici des termes cinématographiques, ça me gêne un peu car je n'aime pas tomber là-dedans) et je vais à présenter mieux vous raconter l'histoire. Mexique. De nos jours. Deux autochtones grattent la terre sèche et aride près d'une route défoncée de ce pauvre pays. Ils sont habillés avec un pyjama et un vieux t-shirt délavé parce qu'ils sont pauvres comme tous leurs compatriotes et ils ont une moustache comme Zapata parce que ce sont des mexicains. Leur rêve ultime est sûrement de passer la frontière et d'aller réussir comme leur cousin Pancho qui a ouvert une usine de confection de pyjamas à San Diego. Les Mexicains ont dû beaucoup apprécier la façon dont ils sont vus à Hollywood. Il manque plus que le chapeau de paille aux acteurs, et qu'ils disent "caramba !" à chaque phrase. C'est insultant et rétrograde, comme tout le reste du film d'ailleurs. L'un des deux hommes, à force de fouiller, tombe sur une plaque en bois (je sais plus vraiment) et dessous il y a un drapeau nazi (croix gammée sur fond rouge, et là on sait que c'est très mal ce qu'il a trouvé, très vilain et plein de malice). Enveloppé dans ce drapeau, José (je l'appellerai ainsi dorénavant, en vous précisant qu'il s'agit de l'acteur Jesse Ramirez dont aucune photo n'est disponible sur le net) trouve une grosse dague fichtrement moche. Dès qu'il la prend dans sa main tremblante, quelque chose change en lui et il se met à tracer tout droit direction Los Angeles. Bon, au passage dès qu'il a fait 5 mètres il prend un 4x4 en pleine gueule mais le fait qu'il porte la dague le rend invincible, et aussi il saute la clôture grillagée de la frontière avec l'aisance du bouquetin des Alpes lorsqu'il est à flanc de falaise.
Un exorcisme à couteaux tirés ! Remarquez que Keanu Reeves désigne quelque chose avec son index gauche
Durant ces scènes, le réalisateur ose des plans foireux issus des tics clippesques de ses débuts. Bref, c'est insupportable. Ensuite, je crois qu'on voit une fille se suicider du haut d'un hôpital (rappelez vous, le suicide c'est mal), elle se jette dans le vide, elle casse une verrière. Enfin c'est nul, mais c'est important pour la suite, donc je vous le dis. Après y a la première scène avec
Constantine : il effectue un exorcisme sur une jeune fille (mexicaine encore, mais vivant à LA -il leur arrive que des tuiles aux mexicains).
Constantine est accompagné d'une tête à claque qui lui sert de chauffeur joué par le mec qui jouait dans "La Guerre des Stevens" sur France 2, un con appelé Shia LaBeouf, dans un rôle similaire à celui qu'il interprète dans
I, Robot. J'en sais pas plus sur ce type, j'essaie d'éviter tout ce qui se rapporte à sa gueule :
Une tête à claque pour un rôle de sidekick de service, qui finit d'irriter le spectateur qui n'en demande pas tant.
Pour faire bref, la scène d'exorcisme est très physique, on sent Keanu Reeves très investit dans son rôle. Les mexicains jouent très mal, Keanu aussi, ils hurlent et agitent des croix partout. En dehors de ces réactions moyenâgeuses, le réalisateur nous gratifie pour la ènième fois de plans foireux ("je filme Keanu Reeves de haut et complètement à la verticale, et plusieurs fois de suite"). Et donc, enfin, on aperçoit le démon qui s'est introduit dans le corps de la jeune fille et en ressort par l'anus, dont voici une photo ci-dessous.
Un monstre au design très recherché...
En dehors du fait que le design de cette chose est une catastrophe artistique, un naufrage esthétique digne de
Godzilla,
Independence Day et tous les films de Michael Bay, la bête ne fait pas bien peur, elle fait rigoler tellement elle est naze, ou bien soupirer très fort si la patience du spectateur est déjà à bout. C'est l'un des nombreux démons qui peuplent "l'enfer". L'enfer est donc très moche, mais on aurait dû s'en douter, c'est pour ça que les gens veulent pas y aller (enfin, ceux qui croient encore que ça existe). Au passage, j'en profite pour expliquer que, dans
Constantine, l'enfer et le paradis sont des sortes de mondes parallèles au monde dans lequel vivent les vivants. L'enfer c'est finalement comme le monde réel mais avec un filtre rouge, des flammes en 3D partout, de l'orage et des éclairs, des carcasses de voitures carbonisées, des arbres en feu, des immeubles à moitié démolis et en combustion permanentes et bien sûr des démons très nombreux et vils. Quant au paradis, c'est comme le monde réel avec des nuages qui bordent l'écran, une musique composée d'un chœur qui chante d'une voix éthérée, une caméra "planante", pas âme (ou ange) qui vive et un filtre couleur sépia du plus mauvais goût. Manque plus que l'escalier roulant tout blanc. Enfin, deux représentations bourrées des clichés les plus putrides dont on nous chauffe les oreilles depuis 2000 ans, deux représentations qui sont là encore de dignes témoins de la valeur esthétique et artistique de
Constantine : minable et méprisable. Penser que des gens ont reçu de l'argent pour mettre ce film en image m'empêche parfois de trouver le bien-être dont tout le monde à droit n'importe quand dans une journée ordinaire.
Je vois que je m'égare de l'histoire. Puisque j'en ai ma claque, je vais vous résumer la suite très vite (le scénario tenant sur un post-it®). Une inspectrice de police (Rachel Weiz, rarement plus laide et repoussante que dans ce film, et si ce physique disgracieux était une volonté du réalisateur, il aura réussi au moins une chose) se trouve être la sœur jumelle de celle qui s'est suicidée. Sûre du fait que sa sœur n'aurait jamais mis fin à ses jours (parce qu'elle croit en jésus, donc elle sait que c'est PAS BIEN de faire ça), elle cherche à savoir qui l'a poussée à commettre cet acte. Le hasard lui faisant croiser Constantine (une chance dans une ville de 20 millions d'habitants), elle lui demande son aide non sans très grandes réticences de la part de ce dernier. Le jeu d'acteur de Keanu Reeves se situe alors à un niveau de la réticence que même Schwarzenegger doit lui envier. Quand Constantine décide de bien vouloir l'aider, les emmerdes commencent pour lui. Ses potes se font trucider les uns après les autres (mais proprement et furtivement, on n'aime pas le sang à Hollywood), les "associés du diable" lui mettent des bâtons dans les roues. Le sous-fifre de Satan est grimé en homme pour passer inaperçu. Bien sûr, il ressemble à un mafioso proxénète parce que c'est vrai que ces gens là représentent le malin, le méchant, le pas-bien. On note encore et toujours que l'originalité et l'invention n'étaient pas une priorité dans ce navet.
Au passage, une preuve de la laideur de Rachel Weisz dans ce film, à tel point qu'on dirait que le réalisateur vient de lui mettre un coup de pied dans la gueule,
puis la montre du doigt.
A la fin, on se rend compte que toute cette histoire était un jeu entre Gabriel et le fils du diable (parce que le diable a un fils lui aussi comme le petit-jésus pour dieu), Gabriel voulant que tout le monde crève pour que seul ceux qui savent souffrir soient sauvés et puissent vivre dans un monde parfait. Oublions la morale nauséeuse et rétrograde qui se dégage de cet argument. L'ange Gabriel a donc fait des choses de son propre chef, a comploté derrière dieu, le fils du diable a fait pareil vis-à-vis de son papa. Le mexicain du début a servi à amener la dague moche jusqu'à la fille (Raquel Welch) car cette dernière est soit-disant la seule personne qui peut permettre au fils du diable de passer dans la dimension "notre monde à nous mortels". Mais grâce à Constantine qui veille au grain, la seule scène qui aurait pu être digne d'intérêt (un éventrage interne de l'actrice pour qu'enfin elle dégage du film) ne se réalise pas. Constantine sauve la fille et Gabriel se fait brûler ses ailes de cormoran asthmatique.
L'homme ci-dessus au premier plan s'appelle Francis Lawrence, il est responsable de ce merdier. Je le hais. Je te hais Francis. Notez qu'il désigne encore quelque chose du doigt, c'est une manie.
Et pour finir tout le film, le clou du spectacle, le passage qui enterre tous les espoirs, la scène qui fait qu'on passe du mépris pour ce film à la haine pure et simple : l'arrivée du diable. Ce n'est pas que la scène est pire qu'une autre dans le film, elle est aussi ridicule que tout le reste. Non, ce qui est regrettable, c'est de voir que le diable est interprété par le scandinave Peter Stormare. N'importe qui, je m'en fiche mais pas lui ! Pas le Karl Hungus de The Big Lebowski, pas cette idole, non, tout mais pas lui. Snif. Et en plus il surjoue, il cabotine, il se fait appeler "Lulu", on dirait une drag-queen et en plus il enlève gentiment son cancer à Constantine, qu'on aura donc même pas le plaisir de voir mourir définitivement. C'est donc avec tristesse, lorsque le générique de fin a débuté que j'ai quitté ma place de ce cinéma underground de Montauban, le seul qui possède encore une copie de ce film rempli de fumier. Je suis encore abasourdi par tant de nullité, déçu par Peter Stormare et tous les autres, peiné par ces deux heures et mes 9 euros perdus à jamais. J'avais en effet choisi de payer ma place au prix fort pour venir en aide à ce cinéma en perdition à la programmation originale et obsolète. Je me suis fait enculer.
Au revoir.
Constantine de Francis Lawrence avec Keanu Reeves, Rachel Weisz, Shia LaBeouf, Peter Stormare (2005)