Si vous avez récemment vu David Koepp s'afficher un sourire jusqu'aux oreilles aux côtés du comédien Greg Kinnear, c'est tout simplement parce qu'ils viennent de collaborer pour le film Ghost Town. David Koepp, originaire du Mexique, accepte de n'être payé qu'avec une poignée de pesos et du riz complet. Main d’œuvre malléable et docile, ne demandant uniquement la mise à disposition d'un burro pour ses déplacements personnels, il est actuellement le véritable chouchou des producteurs hollywoodiens. C'est pour cela qu'on a croisé son nom au générique de la plupart des films américains sortis récemment. Il officie le plus souvent en tant que scénariste, comme par exemple dans le piètre Indiana Jones 4. De la bouche de notre oncle Steven Spielberg, David Koepp se sert de son stylo de scénariste comme d'une baguette magique, il le surnomme même "David Koepperfield", visiblement très fier de sa trouvaille. Nous, nous le sommes beaucoup moins.
Sachant parfois avec talent et efficacité adapter à l'écran des œuvres littéraires complexes (par exemple Jurassic Perk), le bât blesse inévitablement lorsqu'il décide d'écrire une histoire originale tout droit issue de son cerveau malade et limité. Quand, en plus, il se positionne derrière la caméra, c'est la cata et ça s'appelle Ghost Town. Ce film nous raconte l'histoire d'un type irascible (Ricky Gervais) dont on ne veut pas être l'ami et qui, suite à une opération de l'anus qui tourne mal, développe le don d'interagir avec les morts de la ville de New York. Malgré ce don, il reste toujours aussi peu aimable. Durant tout le film, justement, le type ne fait pas un geste pour que le spectateur ait le moindre élan de sympathie envers lui. Greg Kinnear, décrit par le tout-hollywood comme le "fantôme des plateaux", un acteur dont on ne se rend jamais compte de sa présence mais qui est bel et bien là et assure son rôle, qui n'en fait jamais plus ni moins que ce qu'on lui demande, joue ici l'un des fantômes. Rappelez-vous, Greg Kinnear c'est Gladiator. Il s'acoquine du personnage principal et le pousse dans les bras de sa veuve (incarnée de pied en cap par Téa Léoni, seul intérêt de ce film) sise à l'appartement jouxtant le sien et prête à se remarier avec un sociopathe. David Koepp décide de ne pas nous faire aimer son film. Il le ponctue d'effets spéciaux que l'on croirait sortis d'une quelconque saloperie du début des années 90. C'est réalisé avec la même fascination puérile et l'envie obsolète de nous en mettre plein la vue. L'histoire piétine et n'a ni queue ni tête. Dans le rôle principal, Ricky Gervais, censé être un mec drôle (il est le créateur de The Office et peut se montrer très inspiré en stand up), est d'une tristesse qui plonge le spectateur à un niveau d'affliction nous rappelant le Viêt-Nam. Le film hésite entre le comique de situation et la situation comique du spectateur, le cul entre deux chaises.
Quand il rentre chez lui, David Koepp salit sa moquette avec ses chaussures toutes crottées. Quand il sort son chien, celui-ci s'applique à faire sa crotte sur le perron de son immeuble. Au retour de balade, c'est sur cette même crotte que David Koepp marche du pied droit. A Noël, David Koepp offre à ses amis des "Mon chéri". C'est ce genre de type qui fait pleurer les enfants et n'a pas un bon feeling avec les animaux domestiques, voire un très mauvais contact avec les bêtes sauvages. Il oublie l'anniversaire de ses parents. Si Léon Tolstoï a écrit Guerre et Paix, David Koepp n'a guère écrit que des pets.
Ghost Town de David Koepp avec Greg Kinnear, Téa Leoni et Ricky Gervais (2008)