23 février 2011

Gainsbourg (vie héroïque)

Ce matin je me lève, j'ouvre mon placard, dis-donc mon pote sur qui que je tombe ? L'amant de ma femme ! Je lui dis : "Dis-donc mon pote qu'est-ce que tu fous là ?". Il me répond : "Je fais comme toi, je baise ta femme". Non blague à part ce matin je me lève, et je me mets à chanter : "Rien ne t'arrête, quand tu commenceeeeeees, si tu savais comme j'ai ennnnnvieeee d'un peuuuu de sileeeeeeence". Je chantais ces paroles d'une chanson que je ne connais même pas, je chantais ça en louchant, et cette saloperie de virus qui s'emparait de moi venait peut-être du film que j'avais maté la veille au soir, le Gainsbourg (vie héroïque) de Joann Sfar. Joann Sfar, parlons-en. Ce type est un dessinateur de bédé qui a un melon gros comme ça. Il gribouille dans un style hideux qui se veut unique et il n'en peut plus de trouver ça génial. Rien ne lui fait peur. Même pas l'idée de réaliser un long métrage venu de nulle part, un film de deux heures et dix minutes, car sa mégalomanie n'a pas de limite, le biopic d'une icône nationale, rien que ça. Dans ce film on apprend ce qu'on savait déjà, à savoir que Serge Gainsbourg a voulu être peintre avant de se lancer dans la variétoche. Aussi Sfar lui prête son propre coup de crayon, s'alléguant ainsi le génie incommensurable qu'il attribue au chanteur à la tronche de choux. Sfar le considère à ce point comme un surdoué absolument génial qu'il le filme enfant déblatérant comme un adulte cynique et prodigieusement éclairé. Or ce modèle d'intelligence et de génie artistique voit son imaginaire confondu à celui de Joann Sfar dans une (auto)biographie exécrable. Car la chose ne s'arrête pas là, d'un bout à l'autre du film Gainsbourg est visité par son double, Gainsbarre, dessiné à la palette graphique, représenté à l'image par les croquis minables de Sfar tout en dessins animés. Et c'est d'un crispant... 
 
 
C'est entre autres pour ça que j'aimerais truffer Joann Sfar de pruneaux
 
Ce film ridicule, qui s'ouvre sur la mention ô combien ronflante : "Un conte de Joann Sfar", est donc une suite de sketches bruyants et désolants, mal filmés, qui nous racontent bêtement le parcours de Gainsbourg et qui parviennent à nous rendre l'artiste inintéressant au possible, voire détestable. Pour couronner chaque étape de cette fable biographique de mes deux, autant d'exercices pathétiques d'imitation. Eric Elmosnino est sûrement remarquable dans sa façon d'imiter le monstre sacré, n'empêche que les imitateurs m'ont toujours flingué... Partant d'une vague ressemblance avec Gainsbourg, ce triste perroquet paré de fausses grandes oreilles grotesques imite la diction du chanteur, ses gestes... Passionnant. Laetitia Casta s'en tire plutôt pas mal en Brigitte Bardot, faut dire qu'elle partage naturellement ses gros nichons, mais ça n'est jamais qu'une autre actrice qui joue à la célébrité, et ce que nous regardons comme des cons c'est Casta qui s'amuse, voilà ce qu'on mate, on mate une paire de nichons qui joue à en être une autre, on mate pas un personnage. Il n'y a aucun personnage dans ce navet. 
 
 
Casta semble prendre autant de plaisir que Bardot à se trimballer les nibards en vrac
 
Je m'en prends un peu violemment à Casta alors que c'est sans doute celle qui le mérite le moins. Que dire de cette potiche d'Anna Mouglalis qui pose en robe Chanel et qui clope comme un putois pour aggraver sa voix de baryton, et qui fait du Anna Mouglalis pour interpréter Juliette Gréco ; que dire de feue Lucie Gordon qui reprend scolairement l'accent de Jane Birkin et qu'on a pourtant du mal à identifier comme telle vu qu'elle est à peu près aussi lisse et jolie que Birkin était ingrate et singulière ; que dire surtout du triste Philippe Katerine dans la peau de Boris Vian... Et c'est sans parler de celle que j'appellerais la cerise sur le gâteau, Sara Forestier, qui nous fait un numéro de catafalque humain lorsqu'elle tente vainement d'imiter France Gall en chantant insupportablement mal et en hurlant comme une trépanée avec son immense gueule grande ouverte et vue sur ses amygdales démoniaques... C'est le numéro d'actrice le plus lamentable que j'ai jamais vu. Jouer ça au premier degré et trouver ça chouette, ça me bute. 
 
 
France Gall avait de la classe, non ?
 
J'ai failli crever devant les élucubrations de Sfar sur la vie de Gainsbourg et devant ce spectacle horrible d'acteurs poisseux et d'actrices nues, tous et toutes plongés avec conviction et passion dans leurs risibles exercices d'imitation. Le pire c'est que le film nous aguiche et joue sur notre côté vicelard en accumulant platement les multiples histoires de cul impliquant Gainsbourg et toutes les célébrités de l'époque (Bardot, Gréco, Brassens, Birkin, etc.). On a le sentiment de lire un Oops animé et on attend niaisement de voir la prochaine victime du grand Gainsbourg et d'avoir un aperçu de ses parties fines avec telle ou telle star en décolleté. J'ai fini le film en vitesse accélérée puis j'ai regardé Tamara Drewe. Je cherchais une idée pour conclure cette critique en chantant dans ma tête "Who let the dogs out, wouf wouf wouf", et ça me faisait penser à Frank, dans MIIB, dans la scène où il chante cette chanson. Idem, je repensais à la scène où il chante "I will Survive". Pour moi ce sont ces scènes mythiques qui font de M2IB un meilleur film que M1IB.
 
 
Gainsbourg (vie héroïque) de Joann Sfar avec Eric Elmosnino, Laetitia Casta, Anna Mouglalis, Sara Forestier et Philippe Katerine (2010)