
Ok c'est de la merde. Oui c'est de la merde. Vous le pensez, je le pense, nous le pensons. On sait tous que ce film à trois milliards de dollars la minute a plongé le monde dans la crise. Une crise sans précédent. Bien sûr le résultat, ce pensum anti-vieux ultra léché, n'est pas à la hauteur des promesses. Bien sûr qu'on a tous détesté. Évidemment qu'à Cannes ça n'a pas fait le foin escompté. Pour sûr que c'est le pire film flamenco-états-uniens. Mais bordel, mais putain de bordel, on est là en présence du premier long hollywoodien réalisé par un authentique handicapé mental. Jaco Van Dormael est de source sûre le premier déficient mental à s'être vu offrir dix années de tournage et trente milliards de dollars de budget pour torcher un film à la noix. J'ai bien un cousin trépané (Antoine de son prénom, mais on le surnomme J-P), qui vieillit dans le bel asile de Montfavet, et pour qui on organise régulièrement des "ateliers artistiques", où il s'agit le jeudi après-midi de gâcher des toiles en peignant avec ses mokos, façon Pollock dégénéré (le mardi, un jour sur deux, est consacré à l'art de la sculpture et en général ça se termine avec une demi douzaine de moules de bites en glaise en guise de porte-cigare). Bon, c'est pas mal, ça permet de canaliser les gens comme lui, et de focaliser leur énergie de dingue sur des trucs pas trop cons. Je suis pour. J'ai un cousin dans ce cas de figure, je côtoie le problème de près, ça me touche, ça me concerne, je me sens concerné et je prends parti. Je défends les handicapés à ma petite mesure. Mais laissons-là mon cousin et revenons au cas Jaco Van Dormael (mon cousin, qui en est fana, prononce son nom Jacbo Ban Bordel sans omettre de cracher sur tout ce qui l'entoure avec son élégance naturelle de génie pas fini), pour en revenir à lui donc, l'atelier artistique a pris des proportions inédites, de celles qu'on réserve aux seuls gosses de riche du tout Hollywood. Que vient foutre un belge bercé à même le mur à la tête d'une telle entreprise ? Je l'ai adoré quand il a joué son propre rôle dans
Le Huitième jour, son film, son bébé, je l'adore, c'est pas la question. Mais qu'on ait osé filer autant de blé à un déficient, ça ne laisse pas d'étonner... Quelque part c'est magnifique et ça redonne foi en l'humain.
Bien sûr, ça reste pas mal comme film, ça reste louable, quand on sait que c'est un invalide de guerre qui l'a réalisé. Mais à quoi bon, diront certains. Pour quoi faire ? A qui ça profite au final ? A part rendre heureux deux secondes un homme difficilement capable de faire la part des choses. Néanmoins c'est déjà beaucoup, et c'est quasi un chef-d'œuvre dans le monde parallèle de Montfavet. Je les ai vus se lever à la fin de la projo et applaudir, certains des deux pieds ! C'est une référence de choix dans l'éventail des "retard movies", il trône au milieu des œuvres de Canet, Tarantino et Nolan. Un autre Belge lui vole cependant la vedette : Denis Podalydès, avec sa trilogie des chambres vertes, jaunes et bleues. Enflure.
Mr. Nobody de Jaco Van Dormael avec Jared Leto (2010)