L'autre soir je rejouais tout seul à un jeu de société de David Gentle, un party game
 intitulé "La boîte à quizz", et je m'estramassais en particulier tous 
les quizz de la section "Cinéma et télévision", étant à peu près sûr de 
cartonner, en ma qualité de blogueur ciné. L'un des quizz portait sur 
les accroches de films : "Identifiez les films à partir de ces 
accroches". L'énoncé est clair. Objectif à atteindre : en reconnaître 7 sur 12. J'en ai trouvé 4, dont l'efficace "Ne rien oublier,
 ne rien pardonner, ne rien oublier", issue de La Mémoire dans la peau, "Sept péchés 
capitals, sept façons de crever", tirée de l'affiche de Se7en, la 
fameuse "Houston, on a un souci" d'Apollo 13 (toujours pas vu les 12 premiers) et la géniale "Ils étaient 
sept et se sont battus comme sept cents", l'accroche mythique des 12 salopards. Il y en a 
encore sur lesquelles je bute comme un fou, notamment "Dans l'espace, 
personne ne vous entend crier", que j'aurais tendance à attribuer au 
film Papa de Maurice Barthélémy, aka Pue-le-pipi, car je crois me 
souvenir que le film se déroule presque entièrement dans un Renault 
Espace, mais il me faudra vérifier.
Une symbolique très fine.
Bref, tout ça pour
 dire que je me suis retrouvé devant Si j'étais un homme, le dernier 
film en date d'Audrey Dana, qui avait déjà commis l'irréparable avec 
Sous les jupes des filles, et qu'avant même de le regarder, j'ai 
contracté une rage énorme devant l'affiche et sa tagline, son accroche : 
"Un matin, elle s'est réveillée avec un truc en plus", qui suppose que 
les hommes auraient quelque chose de plus que les femmes, pas autre 
chose, pas un autre organe génital, différent de celui des femmes qui en
 ont un aussi, non, un truc en plus, parce qu'avant l'héroïne, en tant que femme, avait donc
 un truc en moins. Si le personnage interprété par Audrey Dana (pour ne 
pas dire Audrey Dana elle-même, car je ne veux pas tomber dans ce petit 
jeu) a quelque chose en moins, c'est une case, ou deux maximum, mais pas
 un zgeg. Donc déjà, rien qu'avec l'affiche et l'accroche, j'avais envie
 de tout faire flamber chez moi et de lancer le film dans mon salon en 
brûlant avec.
Hommage à Robert Aldrich et à la scène de l'ouverture de la valise dans Kiss me Deadly, un modèle assumé pour Audrey Dana.
Mais j'ai vu le film sans tout faire 
cramer, même si j'avais le briquet allumé en permanence, tendu à un centimètre du rideau de ma baie vitrée, du 
début à la fin. Et le film est à l'image de l'annonce. Ignoble. Voulant 
évoquer la question des différences entre l'homme et la femme et la 
théorie du genre à travers une comédie, noble projet s'il en est, Audrey Dana se vautre et inspire
 la pitié. Ne portant aucun véritable discours, le scénario se perd dans
 des clichés exaspérants, par exemple quand l'héroïne, parce qu'elle est
 désormais dotée d'un pénis, éprouve une sorte de désir insatiable, 
permanent et incontrôlable pour toutes les femmes qu'elle croise, y compris sa meilleure amie, quand 
bien même elle est encore, pour tout le reste, une femme hétérosexuelle ; ou encore 
quand elle se révèle soudain une "femme" à poigne, disons qui a des 
couilles, au boulot, comme par magie, par la grâce de sa verge. Sérieusement ? Audrey Dana veut peut-être (on l'espère) critiquer notre société patriarcale et phallocratique en montrant qu'il lui suffit d'être tout à trac équipée d'un zizi pour que cela impacte l'image que l'héroïne se fait d'elle-même, mais elle dit tout l'inverse. Sa révolution personnelle semble entièrement physique, naturelle : un homme, c'est comme ça. Et tout ce binz de se boucler comme il se doit : retour à la "normale" grâce à une intervention du ciel, et la dame de finir heureuse en couple avec un homme, entourée de mille enfants.
Christian montre à Audrey comment marche l'asperge en ressortant le vieux grimoire du mage Eusæbius. Per Horus et per Rha et per solem invictus, duceres ! Entre parenthèses, l'héroïne se plaint d'avoir une "bite" (mot qui rend Clavier complètement taré à plusieurs reprises), mais à sa place je m'inquièterais plutôt d'avoir la jambe à moitié blanche à moitié black.
Mais plus globalement, Audrey Dana a le tort de prendre pour pivot un personnage complètement débile sans, et c'est là que le bât blesse, car c'est souvent quitte ou double, sans qu'il soit jamais drôle. Son héroïne est donc profondément inintéressante quand elle n'est pas embarrassante. Ses questions autour de son nouveau jouet (par exemple quand son gynécologue, interprété par Christian Clavier, lui conseille de se masturber aussi souvent que possible (!) et qu'essayant elle demande "C'est normal que ça ne se relève pas ?") sont dignes d'un enfant de moins de deux ans, alors qu'elle est censée avoir eu deux gosses. Et tout est à l'avenant, rien n'étant crédible, jusqu'au prénom de la voisine et meilleure amie du personnage principal, interprétée par Alice Belaïdi, qui se prénomme Marcelle... Marcelle !... On est quand même content pour Audrey Dana à la fin du film, car elle semble s'être fait un petit plaisir perso dans la scène où elle s'adonne à un strip-tease intégral sous l'orage. Et puis, si l'on veut essayer de sauver les meubles, on peut saluer la performance de Christian Clavier en gynéco surexcité. L'éternelle Fripouille parvient à nous faire décrocher quelques rires dans les scènes où il intervient comme souvent en électron libre, y allant à l'instinct, tout à l'impro, bien conscient d'être seul capable (car il ne fallait pas compter sur Elmosniño...) de dérider le spectateur devant un tel naufrage.
Si j'étais un homme d'Audrey Dana avec Audrey Dana, Christian Clavier, Eric Elmosnino et Alice Belaïdi (2017) 
 




 


































