J'ai passé une nuit en garde à vue à cause de ce film. Vous allez dire que je suis un habitué de l'incarcération et vous n'aurez pas tort. Je vous raconte. Gérard Jugnot est mon voisin. Il est assez procédurier et se déplace exclusivement en scooter. Il le gare souvent pile en face de la porte d'entrée de mon immeuble. Après avoir téléchargé son dernier film, j'ai eu l'idée d'aller chier directement sur la selle de son motobécane. Dans mon énorme merde il y avait tout : mes 8 derniers repas, sans doute un peu de sang... je crois que je suis malade mais peu importe. Si vous tenez vraiment à avoir une idée plus précise de l'allure de ce "mini-moi", fiez-vous donc au titre du film. Comme si mon intestin grêle était au courant de ce que je mate... nawak. J'ai fait ça au beau milieu de la nuit, et au petit matin la police sonnait à ma porte pour me coffrer. J'ai dû m'expliquer. J'ai même pas vu le film en entier, alors j'ai passé une nuit en taule. Si je l'avais vu en entier, je crois qu'ils m'auraient laissé, estimant que j'avais déjà purgé ma peine.
Sérieusement, rien de tout ça n'est arrivé. Vous vous dîtes que mon imaginaire tourne en rond et que je peux décidément pas m'empêcher de parler d'étrons et du fait d'aller aux cabinets là où il n'y a pas de cabinets. C'est vrai que je n'ai pas beaucoup d'idées et que j'en reviens souvent aux excréments dans mes conversations, mais pour une fois c'est de circonstance. L'une des premières séquences du film repose sur le gag ô combien éculé du héros constipé qui lâche pet sur pet. Jurard Gégnot est sur le trône, derrière un rideau, et il cague tous ses morts dans un brouhaha de pets immondes, certainement glissés là, dans cette séquence interminable, pour nous faire rire. D'où : bouton arrêt, mépris, haine, et volonté de se faire justice en violentant quelqu'un au hasard. Mais que faire ? Où vomir ou aller chier ? Qui descendre ou attaquer ? Je garde sous verre les quelques mèches de cheveux arrachées à Danièle Thompson lors de la montée des marches à la dernière cérémonie des Césars. J'ai vraiment voulu lui arracher la gueule à la volée. Six mois de cabane. Cette fois-ci, je veux donc être "réglo". J'ai déposé une main courante contre Gérard Jugnot, à défaut d'une grosse baffe dans la tronche. On peut faire ça. Je le sais parce qu'on me l'a fait. Il suffit d'aller au premier commissariat venu puis d'effectuer la procédure, assez simple et rapide, avec un gendarme. Ils sont pas tous complètement cons, mais là ça a aidé, vu que celui auquel j'ai eu affaire ne connaissait pas Gérard Jugnot. Je l'enviais. Il a tapé son nom sans moufeter. Mais à quoi bon ? Ça n'a aucune conséquence. J'ai pensé à la pétition... Tu parles...
Comment, légalement, écourter la vie d'un autre homme ? Trop envie.
Rose & Noir de Gérard Jugnot avec Gérard et Arthur Jugnot, Bernard Le Coq et Juan Diego (2008)