Quand j'ai découvert l'affiche de ce film j'étais sur le cul. J'avais entendu dire qu'un remake d'
Anthony Zimmer était sur les rails mais j'y croyais pas. Aussitôt dit aussitôt fait. C'est vrai qu'ils sont allés vite pour le torcher ce film-là. Avec un tel matos de base aussi... une vraie mine d'or. Je vous le remets en mémoire : dans l'original, Yvan Attal, au top de sa forme, marchant sur l'eau, prend le TGV Paris-Marseille. C'est une nouvelle ligne, et il prend son pied parce que c'est la première fois qu'il va aussi vite. En face de lui, en 1ère classe, vient s'asseoir celle qu'on ne présente plus : Sophie Marceau. Sophie Marceau en quelques chiffres : membres de son fan-club ?
In counting... Chaque seconde c'est mille fans de plus.
Braveheart, 36 oscars, elle fait la nique à Mel Gibson, rien que ça, rien que lui !
La Boom,
La Boom 2, le
3, le
4, autant de "boom" dans le box office mondial. 36 000 couvertures du magazine Elle, dont la moitié tapissées de microbes et de semence dans les salles d'attente des bons dentistes. Oubliez Garbo, Bardot, Romy Schneider et toutes ces starlettes d'un soir. Marceau c'est Anna Karénine, c'est les plus grands rôles, les plus grands personnages de la littérature écrits plusieurs siècles avant sa naissance rien que pour elle. C'est Camille Claudel, c'est Laure Adler, c'est le
Décalogue. En bref, Sophie Marceau c'est une bonne actrice, et on oublie trop souvent de mentionner son talent, parce qu'elle joue vraiment mal, même quand elle est dans son propre rôle en interview. Elle est chiante comme la pluie, rarement vu quelqu'un d'aussi creux, mais on l'adore.
Bref dans Anthony Zimmer c'est Marceau qui vient s'asseoir pile en face du siège d'Attal, genou contre genou. Croyez-moi, Attal voit rouge et passe tout le reste du film à essayer de se sortir de ce guêpier. Qu'un gars comme Attal se fasse draguer par Marceau, mais moi j'achète, j'ai marché, je marche, je cours. Et ce scénario cousu de fil de blanc, j'étais persuadé que les ricains allaient bientôt nous le voler. L'exception culturelle française mon cul ! Tout ce qu'ils achètent on le leur vend... Et si encore ils faisaient leur boulot, ces photocopieuses de mes deux...
Revenons donc au cas
The Tourist. Et concentrons-nous peut-être sur le choix du couple vedette : Angelina Jolie et Johnny Depp. Erreur au casting. Yvan Attal est interprété par Angelina Jolie et Sophie Marceau par Johnny Depp. Ils se sont trompés de sièges dans le teoz, et se sont aussi trompés sur l'affiche, matez voir les blazes, ils sont pas du bon côté. La vieille règle de l'ordre alphabétique, il faut parfois s'asseoir dessus, amis graphistes à la noix. Y'a aussi le "O" de "Tourist" qui est ressorti en noir à l'impression mais je suppose que c'est un détail à côté de l'inversion des rôles qui nous rappelle
Volte-face, le chef-d'œuvre de John Woo, réunissant les deux stars les plus brillantes d'Hollywood : John Travolta et Nicolas Cage, de quoi peut-on rêver de mieux ? Quand t'as deux phénomènes comme ça, deux monstres, tu poses ta caméra, tu les bloques devant, et t'attends l'étincelle. Mais retournons à
The Tourist parce que j'arrête pas de foutre le camp de cette critique mais faut s'y coller,
The Tourist donc, ce goof diffusé à grande échelle, volontaire ou pas ? J'en sais que dalle. L'idée de ces cons de ricains : inverser les sexes. L'idée se tient. Jusque là tout va bien. Mais les acteurs en présence posent question.
Parlons du cas Angelina Jolie. Grande actrice ? Tous les goûts sont dans la voiture, comme dirait mon père, certes mais celui-ci doit venir d'un coin très reculé de notre écosystème. Elle remplace Yvan Attal. Or, Attal c'est l'homme qui a pris le cœur de Charlotte Gainsbourg, c'est Dom Juan... Elle a séduit qui, Jolie ? Brad Pitt ? Le plus bel homme sur Terre ? Dom Juan aussi, Jolie ? J'en sais rien. Je suis paumé.
Allez passons à Depp, sur lequel il y a tant à dire. Depp ! Depp... L'homme qui voulait vivre sa vie, une pure icône, une légende vivante urbaine, un idéal masculin, dire du mal de lui c'est s'attirer toutes les foudres, c'est se faire Judas. Mais Depp... L'homme connu pour choisir ses rôles... avec une liberté sidérante et avec un soin de maniaque en prime... Il choisit de tourner le remake d'
Anthony Zimmer ! Et après avoir tourné dans les 36 suites des
Pirates des Caraïbes, ahah !
Pirates de Caraïbes c'est quoi ? C'est l'adaptation cinématographique d'une attraction de Disneyland Paris. Je l'ai pas inventé ça ma parole, c'est connu, c'est dans toutes les bonnes encyclopédies consacrées au 7ème Art. Depp choisit si méticuleusement ses rôles qu'il a choisi de tenir le premier rôle de l'adaptation cinématographique d'un manège. Ma foi. Il faut de tout pour faire un monde. Le bonheur des uns fait le malheur des autres. C'est comme aller au parc du coin, faire un tour de balançoire, trouver ça géant, être gonflé à bloc de sensations et réaliser un film là-dessus où on verrait les gens se balancer. Après tout
Pirates des Caraïbes c'est jamais que des gens qui se balancent dans un bateau à l'épreuve des vagues et qui reçoivent un peu d'écume dans la gueule entourés de trois esclaves : Keira Knightley, Pénélopé Cruz dans le prochain, et l'inénarrable gueule d'ange Orlande Bloom. Dans le genre série sur les caraïbes je préfère de loin "Cœur Caraïbes" avec Vanessa Demouy. Marceau, Demouy, même combat. Donc Depp, revenons-y... il choisit ses films celui-là. Soit. Et pendant ce temps sa femme revient régulièrement en France nous susurrer des conneries dans un anglais qu'elle ne maîtrise pas et avec une voix de frein à main. A d'autres. A d'autres Depp. L'homme qui a appelé ses deux filles Lilly Rose et Wilson Oruma.
Vous avez vu ce look d'enfer ? C'est le dernier en date, qu'il se traîne aux avant-premières de sa dernière merveille... Costard deux pièces en tweed surmonté d'un foulard mauve, chapeau melon, bottes de cuir, lunettes aux verres teintés de mauve également, cheveux raides comme la justice, visage maquillé à la Michael Jackson et lisse comme un testicule, raie au milieu qui doit certainement mener tout droit vers un trou de balle impeccable parce que la seule raie comparable à ça c'est celle d'un cul. Ok il a été beau, il l'est toujours. Je suis pas en train de dire que Johnny Depp est laid, je ne suis pas fou, d'ailleurs j'accepte qu'il reprenne le rôle de Marceau, je trouve que c'est donnant-donnant. Il est peut-être beau le matin, il est peut-être du matin... Faut s'envoyer un tas d'antidépresseurs pour vivre avec les petites Lilly Rose et Nelson Mandela, ça l'a peut-être amoindri, abîmé. Il ressemble comme deux gouttes d'eau à mon cousin schizo. Ils ont la même trajectoire de vie. Ils étaient sublimes à moins de vingt ans, mais après... Y'a une mort après la vie.
Quelques mots sur le réal : Florian Henckel von Donnersmarck.
The Tourist de Florian Henckel von Donnersmarck avec Johnny Depp et Angelina Jolie (2010)