21 janvier 2011

Toy Story 3

Y'a bien aimer et bien aimer. Moi aussi j'ai plutôt "bien aimé" Toy Story 3, mais jamais il foutra le bout d'un pied dans un de mes classements de fin d'année... Qu'il apparaisse dans le Top 2010 des gens qui n'ont rien à foutre du cinéma, ok, on s'en branle, y'a beaucoup de gens qui vont au cinéma trois fois dans l'année, ils ont vu Toy Story 3 pour se niquer une bonne soirée et ne surtout pas se prendre la tronche, ils ont passé un bon moment et le mettent en tête de leur wish list de Noël prochain ? Fort bien. L'étonnant, et je dis pas que c'est criminel, juste que c'est surprenant et peut-être parlant, en tout cas ça pose question, c'est plutôt qu'il apparaisse haut placé dans les classements d'un certain nombre de critiques. Par exemple dans celui des Cahiers du cinéma de décembre 2010. Pourquoi ? On peut hasarder tout un tas de réponses plus ou moins fallacieuses... Si c'est parce que Toy Story 3 est effectivement meilleur que tout un tas de films américains bidons, soit, mais pourquoi faudrait-il à tout prix du cinéma hollywoodien dans un top de fin d'année ? Si ce n'est que ça on peut en trouver des bons films ricains sortis cette année, ne serait-ce que Bad Lieutenant... Ou alors c'est parce qu'il est de bon ton d'aimer les films à priori pas importants, de trouver de grandes qualités cinématographiques à des films qui ne cherchent pas à en avoir et qui de fait n'en ont pas et de pousser l'élucubration jusqu'à puiser un double sens étonnamment profond dans un film pour gosses dont la portée se limite à l'effleurement des thèmes de l'abandon et de la solidarité dans une apologie agréable de l'enfance par l'intermédiaire d'une histoire de jouets dont le propriétaire atteint l'âge de la majorité. Ce fut déjà le cas avec Ratatouille à une autre époque : on a l'impression que dès qu'un animé fait pour les gamins peut éventuellement déceler un deuxième niveau de lecture pour adultes, ça en fait un chef d'œuvre incroyable. C'est exactement ce que font encore les Cahiers du cinéma quand ils mettent sur un pied d'égalité franchement regrettable les jouets de Toy Story 3 et les moines du film de Xavier Beauvois Des hommes et des dieux...




Pour en revenir au film, si vous aussi vous l'avez "bien aimé", je vous recommande de pousser le bouchon jusqu'à la fin du générique de fin, parce que tout le long du générique on a droit à de petites scènes 'en plus' qui sont un vrai régal d'humour et de légèreté, des pépites de tendresse trop trop mignonnes. Et ces petits sketches 'bonus' défilent astucieusement dans un petit cadre qui trouve sa place juste à gauche de la liste de noms du "casting & crédits", laquelle est savamment décalée pour défiler sur la droite de l'image, une belle et riche idée des studios Pixar/Don Bluth/Walt Disney qui ont certainement signé là LE générique de fin de l'année 2010. Quitte à me renier je place Toy Story 3 au sommet de mon classement des meilleurs génériques de fin de l'année qui vient de s'écouler ! Dès que le générique a été fini de chez fini j'ai enfin lâché l'écran du regard pour foncer dans ma chambre en glissant à travers toute la baraque, j'ai enfilé un slip puis quelques vêtements de ma meuf dans la hâte (ce qui veut bel et bien dire que j'ai regardé ce dessin animé Walter Disney pour enfants en tenue d'Adam), j'ai fermé mon appart à clé avec ma meuf à l'intérieur, j'ai sauté dans ma Fiat et j'ai tracé sur l'autoroute à 135km/h, limite autorisée par les marges laxistes de la loi, une heure durant, zigue-caguant à contre-sens entre les bagnoles qui me fonçaient dessus. Étais-je dans le mauvais sens ? Sont-ce ces milliers d'autres usagers qui se sont trompés de côté ce jour-là ? Je ne l'ai jamais su. Peu importe, j'ai poursuivi ma course vers la maison de mon paternel. Arrivé là-bas, ni bonjour ni merde j'ai couru dans la remise pour récupérer une pelle et une pioche, j'ai foncé dans le jardin, sous l'arbre centenaire qu'on a dû scier à la souche parce qu'il empêchait de mater chez les voisins, et j'ai pas attendu, j'ai creusé tant que j'ai pu, zaï zaï zaï zaï. C'est là que mon papa a enterré tout ce qui pouvait représenter mon enfance, il a fait ça un jour de colère encore plus terrible que le Jour de colère d'Adrian Rudomin dont l'affiche présentait pourtant un Christophe Lambert très en colère au strabisme plus convergent que jamais. Planqués sous une énorme écorce tortueuse de feu ce maudit chêne, j'ai retrouvé ma chaise haute, mon doudou à l'effigie d'un gros toutou sur lequel je collais mes plus beaux mokos faute de mouchoir avant de m'endormir, le grand pneu de poids-lourd qui fut mon lit quand financièrement c'était un peu just pour mes darrons, un gros oeuf fossilisé, qui devait être un oeuf en chocolat parce que ce fameux jour où mon père a pété un plomb c'était un jour de Pâques et il s'est justement foutu dans une rage pas possible parce que je pigeais que dalle à ses devinettes pour le jeu de piste, et enfin, j'y viens, j'ai retrouvé mes playmobils. Je les ai sortis de terre et je les ai serrés contre mon cœur. Merci tonton Pixar !

P.S. La voix de Woody, c'est Tom Hanks. Je le précise uniquement pour citer Tom Hanks, mon artiste préféré, et pour le faire grimper dans la liste des libellés.


Toy Story 3 de Lee Unkrich avec la voix de Tom Hanks (2010)