On a vu 1h48 des 2 heures que dure
40 ans, toujours puceau, on a vu 10 minutes d'
En cloque, mode d'emploi, je suis allé au bout (abandonné de tous) de
Superbad, et nous venons de subir
Sans Sarah rien ne va dans sa totalité, dans la totalité des 2 plombes qu'il dure. Il s'agit là des films signés Judd Apatow. Grosso modo j'ai donc perdu 6 heures de mon temps, et si j'écris ce soir à propos de
Sans Sarah rien ne va, ce n'est certainement pas parce que j'ai changé d'avis sur le matricule d'Apatow, ni parce que ce film relève la moyenne de sa carrière de plomb, mais bien pour avoir le sentiment d'enfin tirer quelque chose de tant d'heures passées le couteau sous la gorge devant les œuvres insipides de ce bourgeois gentilhomme. C'est uniquement afin que la montagne de fèces des films de Judd Apatow accouche d'une souris malingre.
C'est assez égoïste ce que je fais là, c'est certainement pas très intéressant pour vous, mais perso ça me fait un bien de fou. Que chacun s'accorde à situer Apatow au sommet de la hiérarchie du rire américain est une sorte d'insulte à ceux qui, dans l'ombre, n'ont pas encore oublié ce qu'est l'humour. Pour ne pas les citer : Jim Carrey, Will Ferrell, Adam Sandler, toujours les mêmes, certes, et c'est regrettable en soi d'avoir tant de difficulté à en trouver d'autres. Voilà des gens qui sont capables (pas toujours mais régulièrement) de nous faire rire dans n'importe quel film, sous la direction de n'importe quel réalisateur (cf. Jim Carrey dans
Fun with Dick & Jane, ou Will Ferrell dans
Step Brothers, qui font de ces films les leurs, bien que produits par, je vous le donne en mille, le nouveau taulier de la rigolade aux États-Unis, Judd Apatow). Et ils sont rares ces comiques drôles en toute occasion. Même un type comme Steve Carrell, pourtant terriblement drôle dans la série
The Office, peine à échapper à une certaine transparence au cinéma et d'autant plus dans une œuvre pocharde et inachevée telle que
40 ans, toujours puceau.
Le problème de Judd Apatow et de sa triste troupe, c'est qu'il confond rires et larmes. Perso j'ai chialé pendant deux heures. Mais c'est pas la question. La question c'est qu'au lieu de faire une comédie, ou un film comique, il fait des comédies romantiques. Le genre est bien connu, il a accouché de quelques bonnes choses, comme
Quand Harry rencontre Sally, mais surtout de milliards de films putrides. Là où Apatow croit renouveler le rire américain, il ne fait que tourner des comédies romantiques qui, contrairement aux habitudes du genre, sont davantage comiques que romantiques. À priori seulement, vu que, je vous le rappelle au passage, perso, j'ai chialé pendant tout le film. Apatow ne sait pas me faire rire.
La patte Apatow, c'est un coup de griffe dans le visage doré du cinéma américain. Ça consiste tout d'abord à réunir une bande originale indé pop, puis à raconter les déboires amoureux et sexuels de nerds, pas crédibles une seconde (nerds parce qu'ils restent chez eux sans faire le ménage à regarder la télé, mais plus trop nerds quand ils s'envoient en l'air avec la ville entière en levant le petit doigt, étonnants personnages), pour qu'on se retrouve au final avec des films de deux heures et demi bourrés de références dont tout le monde se fout, et parsemés de deux ou trois malheureux dialogues à peu près croustillants. En général une jolie comédienne est affichée au casting, Apatow croyant accrocher l'œil fatigué du spectateur qui se plante devant ce genre de massacre du cinéma américain classique et parlant. En l'occurrence, ici, Kristen Bell.
Soucieux de se forger une carte d'identité, des papiers, des papelards d'identité en fait, Judd Apatow ressasse dans ses films les mêmes tristes ingrédients : des seconds rôles miséreux, une certaine crudité sexuelle assez pathétique (aussi bien orale que visuelle : on se croit malin en nous ingligeant la bite de l'acteur principal, les seins des figurantes), des références permanentes à l'actualité la plus immédiatement oubliable (séries télé, films de série B pourris ou même carrière passée des acteurs en présence), des clichés accablants, une indigence comique consternante, une durée absolument inadaptée au genre comique... Apatow ne sait pas différencier le bien du mal et ça fait de lui un vraisemblable sociopathe selon les dictionnaires les plus pointus.
Sans Sarah rien ne va ! de Nicholas Stoller avec Jason Segel et Kristen Bell (2008)