Il était temps qu'Hollywood réchauffe un peu la guerre froide. C'est chose faite avec ce remake d'un film de propagande anticommuniste oublié de John Milius, sorti en 84, avec Patrick Swayze et Jennifer Grey (le couple phare de Dirty Dancing) mais aussi Charlie Sheen, Léa Thompson (l'éternelle maman de Marty McFly) et Harry Dean Stanton. L'aube "rouge" du titre ne désigne donc pas les menstruations de Légola, l'elfe de Peter Jackson, qui dans le 2ème épisode du Seigneur des Anneaux annonçait fièrement à ses camarades la venue de ses premières règles par cette phrase inoubliable : "Une aube rouge se lève, beaucoup de sang a été versé dans la nuit". Le "rouge" de "l'aube" du titre désigne bien la grande menace coco. Au début du film, la Corée du Nord envahit les États-Unis avec l'aide de la Russie. Au départ c'était censé être un coup des Chinois, mais les droits de
distribution faisant loi, la production a préféré se donner la Corée comme
ennemie, mieux vaut se fâcher avec 24 millions de spectateurs
potentiels qu'avec un 1 milliard et demi.
Tout au long du générique d'ouverture, un petit topo réalisé à partir d'images réelles nous explique que les USA sont affaiblis par la crise économique et que l'armée américaine est disséminée dans le monde entier pour résoudre des tas de conflits internationaux. Les très belliqueux Coréens, alliés aux Russes, en profitent pour lancer une grande opération d'invasion et d'occupation des États-Unis. Des parachutistes pleuvent sur le pays et en un coup de baguette à riz la "bataille" est terminée. On ne saura rien de la réaction européenne, ni de toutes les complications en chaîne qu'un tel événement pourrait provoquer. Trop compliqué. Le film se concentre sur une petite ville du Nord-Ouest des USA, et plus précisément sur une poignée de lycéens, nommés les Wolverines, du nom de l'équipe de football locale, qui vont former la résistance...
Tout au long du générique d'ouverture, un petit topo réalisé à partir d'images réelles nous explique que les USA sont affaiblis par la crise économique et que l'armée américaine est disséminée dans le monde entier pour résoudre des tas de conflits internationaux. Les très belliqueux Coréens, alliés aux Russes, en profitent pour lancer une grande opération d'invasion et d'occupation des États-Unis. Des parachutistes pleuvent sur le pays et en un coup de baguette à riz la "bataille" est terminée. On ne saura rien de la réaction européenne, ni de toutes les complications en chaîne qu'un tel événement pourrait provoquer. Trop compliqué. Le film se concentre sur une petite ville du Nord-Ouest des USA, et plus précisément sur une poignée de lycéens, nommés les Wolverines, du nom de l'équipe de football locale, qui vont former la résistance...
Les Américains n'ont aucune histoire personnelle de résistance à l'envahisseur à mettre en images à grand renfort de drapeaux sanctifiés et d'auto-masturbation patriotique. Ils ont péroré sur l'attaque subie à Pearl Harbor, et sur celle du World Trade Center, mais, dans sa courte et dense histoire, leur pays n'a jamais subi l'occupation. Il ne leur reste donc plus qu'à fantasmer. Fantasmer la jeunesse rebelle, le maquis, les embuscades, le sabotage, les représailles, les camps de concentration, les messages radio codés ("John a de longues moustaches !"), la guérilla urbaine, les collabos, etc. Et qui sont leurs héros imaginaires ? Des adolescents, évidemment, miroirs de ceux, assis dans la salle, que le film se tue à abrutir. Des sportifs et leurs copines pom-pom girls (tous incarnés par des sous-acteurs majoritairement fort laids, le bien nommé Josh Peck en tête), dirigés par un ancien soldat de retour d'Irak (Chris Hemsworth, qui trimballe toujours sa gueule de gigantesque abruti), lui-même fils d'un flic héroïque (opposé au maire noir de la ville qui est un vendu, et dont le fils, le seul membre noir des Wolverines, sera bien sûr la brebis galeuse sacrifiée avant la fin).
Finalement c'était pas si con cette guerre en Irak : toute une génération de formée en cas d'invasion, et prête à former les gamins du pays. Pas un mal non plus que tous les enfants du pays jouent en masses à Call of Duty (le jeu manque même à l'un d'eux dans la montagne, alors qu'il le vit en vrai), car ces petites gens, hauts comme trois pommes, manient la mitrailleuse de guerre comme des chefs avant même d'avoir siroté leur première bière. De toutes façons ils préfèrent le coca, pour accompagner leurs repas quotidiens au fast food, c'est donc également une chance que le pays fourmille de Subways, puisque les résistants peuvent s'y ravitailler discrètement, le service étant particulièrement rapide et les prestations peu onéreuses. Et puis une veine qu'on trouve tout un arsenal de guerre dans le moindre chalet de vacances dans ce beau pays pas du tout paranoïaque que sont les États-Unis, c'est idéal pour faire face au potentiel débarquement des armées de l'envahisseur communiste.
Finalement c'était pas si con cette guerre en Irak : toute une génération de formée en cas d'invasion, et prête à former les gamins du pays. Pas un mal non plus que tous les enfants du pays jouent en masses à Call of Duty (le jeu manque même à l'un d'eux dans la montagne, alors qu'il le vit en vrai), car ces petites gens, hauts comme trois pommes, manient la mitrailleuse de guerre comme des chefs avant même d'avoir siroté leur première bière. De toutes façons ils préfèrent le coca, pour accompagner leurs repas quotidiens au fast food, c'est donc également une chance que le pays fourmille de Subways, puisque les résistants peuvent s'y ravitailler discrètement, le service étant particulièrement rapide et les prestations peu onéreuses. Et puis une veine qu'on trouve tout un arsenal de guerre dans le moindre chalet de vacances dans ce beau pays pas du tout paranoïaque que sont les États-Unis, c'est idéal pour faire face au potentiel débarquement des armées de l'envahisseur communiste.
Dans ce flot d'idéologie gerbante, on trouve aussi quelques répliques, au milieu des scènes d'action à la con, qui laissent vraiment songeur, et qui parviennent à faire regretter l'original signé Milius, teen movie guerrier tourné sous Reagan par un type aussi fin et serein que le papa de Conan le barbare, et pourtant moins crétin, moins extrémiste et moins unilatéral que le remake qui nous est présenté aujourd'hui, encore plus pur dans sa propagande. En matière de réplique catastrophe, le grand discours de Chris Hemsworth à ses jeunes recrues, formées à l'art de la guerre en trois heures et quart, se place là : "On s'en sort pas mal pour une bande de gamins. On va se battre, et on va continuer à se battre, parce que c'est plus facile maintenant. On y est habitués. Vous autres par contre vous allez devoir faire un choix difficile. Parce qu'on ne va pas vous vendre la guerre. C'est trop laid pour ça. Mais quand on combat dans son propre jardin, quand on combat pour sa famille, c'est un peu moins douloureux, et ça fait un peu plus sens. Parce que pour eux, c'est juste un endroit. Mais pour nous, c'est notre patrie." On ne va pas vous vendre la guerre mais on va quand même vous la vendre un peu, et dans un film qui la montre quand même bien belle.
Après des lustres d'invasion, de colonisation et de guerres sales, l'Amérique rêverait-elle d'une guerre propre, légitime, défensive, héroïque ? Combattre enfin pour défendre dignement son beau pays et sa belle liberté, sans intérêts mal placés et sans arrières-pensées ? Il faut bien se donner des raisons d'être patriotique... Red Dawn assouvit le fantasme d'inverser les rôles et vient couronner sans détour l'entreprise de ce cinéma hollywoodien qui se donne bien du mal pour faire pleurer le monde sur le sort tragique (fictif) des États-Unis et faire régner la peur en prévoyant une apocalypse imminente venue d'un Orient quelconque, apocalypse rouge dont, in fine, la sacro-sainte Amérique increvable, elle et elle seule, finirait par nous sauver. Et le film se clôt très délicatement sur l'image d'un groupe de prisonniers courant au devant de leur liberté le Stars and Stripes dressé bien haut en évidence.
Le scénario pousse loin son désir de voir l'Amérique devenir la victime glorieuse de l'affaire et repousse les limites de la connerie dans une belle scène où Chris Hemsworth dit de sa voix d'outre-tombe poussée dans les graves pour se donner de l'aplomb, et du haut de son charisme de catcheur trépané : "Les viêtcongs nous ont appris comment la petite mouche peut rendre le buffle taré". Véridique. Et le pire c'est que le film pourrait devenir vaguement intéressant si ses auteurs osaient présenter ces chers américains comme des salopards de longue date conscients de ce statut et espérant qu'on les attaque vraiment afin de finalement obtenir l'opportunité rêvée de faire amende honorable et de renverser la vapeur. Mais dans une autre séquence, particulièrement émouvante elle aussi, Hemsworth, toujours lui, ajoute : "Avant nous étions les gentils en mission à l'étranger, maintenant c'est à nous de foutre le chaos dans leur organisation, c'est à nous d'être les méchants !" Et voilà que je saigne du nez.
Après des lustres d'invasion, de colonisation et de guerres sales, l'Amérique rêverait-elle d'une guerre propre, légitime, défensive, héroïque ? Combattre enfin pour défendre dignement son beau pays et sa belle liberté, sans intérêts mal placés et sans arrières-pensées ? Il faut bien se donner des raisons d'être patriotique... Red Dawn assouvit le fantasme d'inverser les rôles et vient couronner sans détour l'entreprise de ce cinéma hollywoodien qui se donne bien du mal pour faire pleurer le monde sur le sort tragique (fictif) des États-Unis et faire régner la peur en prévoyant une apocalypse imminente venue d'un Orient quelconque, apocalypse rouge dont, in fine, la sacro-sainte Amérique increvable, elle et elle seule, finirait par nous sauver. Et le film se clôt très délicatement sur l'image d'un groupe de prisonniers courant au devant de leur liberté le Stars and Stripes dressé bien haut en évidence.
Le scénario pousse loin son désir de voir l'Amérique devenir la victime glorieuse de l'affaire et repousse les limites de la connerie dans une belle scène où Chris Hemsworth dit de sa voix d'outre-tombe poussée dans les graves pour se donner de l'aplomb, et du haut de son charisme de catcheur trépané : "Les viêtcongs nous ont appris comment la petite mouche peut rendre le buffle taré". Véridique. Et le pire c'est que le film pourrait devenir vaguement intéressant si ses auteurs osaient présenter ces chers américains comme des salopards de longue date conscients de ce statut et espérant qu'on les attaque vraiment afin de finalement obtenir l'opportunité rêvée de faire amende honorable et de renverser la vapeur. Mais dans une autre séquence, particulièrement émouvante elle aussi, Hemsworth, toujours lui, ajoute : "Avant nous étions les gentils en mission à l'étranger, maintenant c'est à nous de foutre le chaos dans leur organisation, c'est à nous d'être les méchants !" Et voilà que je saigne du nez.
L'Aube rouge de Dan Bradley avec Chris Hemsworth, Josh Peck, Adrianne Palicki, Josh Hutcherson, Isabel Lucas, Jeffrey Dean Morgan et Edwin Hodge (2013)