Believe it or not : La fille de Monac' c'est le Sliver français. Première phrase de cette double critique, j'annonce la couleur. Sliver c'est ce film repère du cinéma Hollywoodien du milieu des années 90, avec un Tom Berenger à peine sorti de "rehab", un Alec Baldwin tâchant bec et ongles de se faire un prénom au sein de la seconde plus grande famille du cinéma après celle des Lumière, et surtout, surtout, une Sharon Stone dont le seul nom en tête d'affiche suffisait à faire dresser les foules. Même les malheureux qui n'auront eu internet qu'en 2005, à une époque où Mariah Carey et Christina Aguilera étaient les nouvelles coqueluches des gros fumistes, même ceux-là auront tapé le nom de cette star sur Google Image. La beauté de ce casting faisait de Sliver un petit bonheur d'analyse filmique, trop souvent rencardé au triste rang de porno tout public ou de thriller érotique façon Hollywood Nights.
Côté côte d'azur, la star est une miss météo à l'élocution problématique quand il s'agit d'en faire sortir des dialogues intelligibles. Je me contenterai quant à moi d'évoquer l'affreux cas de ce film, remake non-reconnu et moribond d'un doublon américain qui forçait le respect. Côté clients, les deux pôles opposés : l'avocat chétif, grisonnant, baveux et plein aux as ; l'agent de sécurité bronzé, sportif et analphabète doté d'abdos dodus. C'est ainsi que le fessier rebondi et travaillé en salle de muscu d'un Baldwin motivé à mort pour "faire la diff" avec son frère est troqué contre le goût surdopé du verbe d'un Pat' Luchini sous viagra. Par ailleurs un Roshdy Zem souffreteux a manifestement bien du mal à nous faire tirer un trait sur le Tom Berenger de Platoon.
Rien, jamais rien ni personne ne nous fera oublier cette scène où, en plein restaurant, Sharon Stone se retrouvait sans culotte et invitait Alec Baldwin à chatouiller son fort intérieur du bout des pompes avant d'y enfiler sa gambas jusqu'à la garde dans un plan séquence de tous les diables, sommet du cinéma horrifique, totalement traumatisant. Jamais rien ni personne ne nous fera oublier cette scène où Baldwin copule avec Sharon Stone contre un des piliers de son vaste appartement, instantané de l'Histoire du cinématographe où Philip Noyce parvint littéralement à "faire pleurer la pierre" tandis qu'un gros pilier de béton chialait à l'image dans le dos d'une actrice survoltée trop occupée à marabouter son partenaire de jeu, ce diable de Baldwin, dans la position dite du "crabe".
La Fille de Monaco d'Anne Fontaine avec Fabrice Luchini, Roshdy Zem et Louise Bourgoin (2008)
Sliver de Phillip Noyce avec Sharon Stone et Alec Baldwin (1993)