14 mai 2009

Step Brothers

Il y a fort longtemps que Félix et moi souhaitions vous parler de Will Ferrell. Cet homme fait partie de ces gens-là que nous avons mis du temps à aimer. Il fait partie de ces gens qui réclament de la patience, de l'attention et un abandon total. Un peu comme, en musique, le groupe Nine Inch Nails, qu'on exècre aux premières écoutes et qui finit par nous prendre à revers, à rebours. Au départ nous haïssions réellement Will Ferrell et puis tout d'un coup nous avons saisi l'homme et la noblesse de son humour vibrionnant, pour aussitôt regretter amèrement nos premiers jugements hâtifs. Désormais nous portons un amour et une admiration sans limites à cet homme. Avec Jim Carrey (dans Dumb & Dumber, Ace Ventura, Disjoncté ou Fun With Dick & Jane), Will Ferrell est notre plus grande passion comique du cinoche américain contemporain. Peut-être même que Ferrell est en train de dépasser Carrey, ou de le remplacer (quid du déclin de l'ancien roi du rire dans Yes Man). Il faut dire que Will Ferrell a les moyens de se surpasser, lui qui est entouré d'une troupe solide de joyeux drilles hilarants (Will Arnett, Paul Rudd, Steve Carell ou encore David Koechner, pour ne citer que les plus célèbres), ainsi que d'une équipe de production fidèle et d'un réalisateur attitré en la personne d'Adam McKay. Là où Carrey faisait son chemin en solitaire et ne pouvait que se répéter avec ici et là de vagues digressions dans un jeu d'acteur particulier soumis à des univers très différents, Will Ferrell semble davantage impliqué dans le choix et la récurrence de thèmes suggérés par lui-même et toute sa bande de bras cassés au fil d'improvisations continues. Parce que Ferrell travaille avant tout en équipe, il ne monopolise jamais les caméras. Une de ses grandes qualités c'est aussi son talent pour faire jouer les autres et pour les faire briller, parfois à sa place, tandis qu'on le voit dans le cadre s'effacer un moment, sourire mal réprimé, pour permettre à ses camarades de s'exprimer et de faire rire à leur tour. C'est un mec en or !



Au point que de film en film son travail se fait de plus en plus précis, efficace et génial. Les temps morts des premières œuvres disparaissent, l'humour se fait plus permanent et se veut d'une liberté absolue. Ferrell semble toujours opter pour l'essentiel, l'évident, et il pousse les situations à leur maximum avec une finesse de jeu et une justesse de mise en scène qui confinent au raffinement le plus total. Les mêmes thèmes reviennent sans radotage et les personnages, fondus sur le même moule de grands enfants fondamentalement bons et redoutablement grossiers, prennent chacun leur tour des couleurs et des traits uniques pour façonner une galerie de portraits inoubliables. Il y a en somme un esprit Will Ferrell, commun à tous ses films. Un esprit très fin dans sa grossièreté (car il ne s'agit pas de vulgarité) apparente. Aucune bassesse dans ces films. Will Ferrell est un gosse de deux mètres de haut doté d'un torse anormalement velu et il la tronche de Ron Perlman. Il est si laid qu'il en est beau. Un peu comme son acolyte John C. Reilly qui, après une demi-carrière de seconds rôles sérieux dans des films plus ou moins bons, s'est laissé aller à faire ce qu'il fait apparemment le mieux : rire. Je parle surtout de Will Ferrell mais si ces deux-là continuent de jouer côte à côte (Talladega Nights et Step Brothers jusqu'ici), on pourra parler du plus grand duo comique sur grand écran depuis un fameux bail. J'ai un amour inconditionnel et aveugle pour ces deux cons !



Je considère Will Ferrell comme un auteur, dont l'œuvre, cohérente à souhait, est à considérer dans son ensemble. C'est le plus grand cinéaste américain actuel, même s'il n'a jamais mis les pieds derrière une caméra, trop occupé à crever l'écran en se plaçant devant. J'exagère peut-être (quoique...). Will Ferrell, auquel sied mieux qu'à personne l'expression "trop con, trop bon", incarne dans chacun de ses films des personnages touffus, fouillés, entiers, très différents et à la fois toujours attachants, qu'il respecte immensément. Il fait des films véhiculant toujours un message sincère et simple, aussi discret qu'évident, glorifiant l'amitié et l'enfance. Le souffle de vie de Will Ferrell, qui crée des personnages auxquels on s'identifie toujours, dont on a envie d'être l'ami intime, l'oppose à bien d'autres soi-disant comiques du moment. Je pense par exemple à Ben Stiller. J'ai bien envie de terminer cet éloge de Will Ferrell par un pet rapide et fulgurant sur Ben Stiller. Ben Stiller est à Will Ferrell ce que Daniel Moreira est à Didier Drogba. Il est à Ferrell ce qu'un pigeon voyageur aveugle et amputé d'une aile est à MSN live messenger. Ben Stiller est à Will Ferrell ce que mon relevé de banque est à mon relevé de notes, et si je suis bon élève niveau finances je suis vraiment à payole !

Je n'ai pas beaucoup parlé de Step Brothers en tant que tel. Mais que dire sinon résumer l'histoire que raconte le film, parler de l'immense drôlerie du script et des situations déployées et énumérer les scènes qu'on se repassera en boucle pendant des lustres en riant toujours aussi franchement. Que dire enfin sinon clamer le talent fougueux et racé de Will Ferrell et de son acolyte de rêve John C. Reilly.


Step Brothers d'Adam McKay avec Will Ferrell, John C. Reilly, Richard Jenkins et Mary Steenburgen (2008)

7 commentaires:

  1. Il était temps que vous leur rendiez l'hommage qui leur est dû, mais si vous voulez mon avis, il en manque une, deux, trois couches, un pasito padlante Maria !

    RépondreSupprimer
  2. Un bel article hommage pour un acteur pas encore mort. Cependant, il a une épine dans le pied ce type, et ça s'appelle l'incroyable destin d'harold crick. C'est son yes man à lui, c'est sa croix, son seau à vendanges plein à ras-bord de raisin pourri.

    RépondreSupprimer
  3. Un hommage qu'on lui devait depuis bien longtemps, en effet.

    Moi j'ai même maté Elf. Pour vous donner une idée de l'amour que je porte à ce type... Harold Crick, pas en entier, j'avoue... :D

    RépondreSupprimer
  4. Ceci dit Elf, il est matable, il est même plutôt sympatoche.

    RépondreSupprimer
  5. Et vivement son prochain film en duo avec Mark Wahlberg je crois !

    RépondreSupprimer
  6. Il y aura un Step Bro 2, mais il faut être patient...
    http://collider.com/step-brothers-2-adam-mckay-the-big-short/

    RépondreSupprimer