12 février 2008

11'09"01 September 11

Le 13 janvier 2004, un an jour pour jour après la tragédie du 11 septembre 2001, sort un film collectif, mis en scène par douze réalisateurs d'origine et de culture différentes, douze courts métrages qui se rapportent de près ou de loin aux événements tragiques survenus à New York le fameux 12 septembre.


- Samira Makhmalbaf a paraît-il été surprise quand, alors qu'elle sirotait tranquillement son thé à la menthe dans son salon du 15ème arrondissement, le directeur Pathé Gaumont l'a appelée pour lui demander de réaliser le premier opus de ce film collectif. "Pourquoi moi ?" aurait aussitôt demandé Samira. "Parce que t'as un nom d'Arabe !" a hurlé dans le combiné l'illustre producteur avant d'aussitôt raccrocher. Commence donc ce premier chapitre, avec une institutrice Afghane qui tente de faire la classe à ses élèves, lesquels fabriquent des briques de boue pour bâtir des abris anti-aériens. Elle essaie de leur expliquer ce qui vient d'arriver à New-York mais ils ne comprennent pas et s'en foutent un peu de sa minute de silence. Elle leur apprend finalement à se mordre la lèvre en regardant la tour (en fait la cheminée du four qui cuit les briques) pour s'empêcher de parler. Plutôt bien vu.



- Pour le second court métrage, le même producteur appelle Michaël Gondry qui lui demande sur le même ton : "Pourquoi moi ?". Et le producteur de répondre : "T'as jamais écrit que des scripts de moins de trois pages c'est ce qu'il nous faut !". Gondry a immédiatement appelé son ami de toujours Gael Garcia De La Francesca Juan-Maria Panenka Paella Pietragala Stadio Bernabeu Bernal, qui n'est pas de reste dans mon panthéon des plus gros enculés du septième art. Cet épisode nous raconte l'histoire d'un jeune Américain d'origine Amérindienne affublé d'un sombrero qui, alors qu'il était simplement en week-end à Guadalajara pour ses vacances, se retrouve coincé à la frontière à son retour le lundi matin. Le dernier plan du film c'est Gael Garcia Bernalé, gracieusement invité par des autochtones dans leur cabane en bois, qui regarde les deux tours tomber à la télé et qui trinque dans le vide avec un sourire jusqu'aux oreilles. Efficace...

- Claude Lelouch est le plus grand canular humain que la nature mère nourricière aie jamais enfanté. Que ce soit dit. Alors lui le producteur de Pathé l'a contacté en composant un faux numéro après avoir sauté une ligne dans son carnet d'adresse. Dieu seul sait s'il avait prévu de contacter Claude Berri ou Claude Pinoteau. Comme il avait déjà réalisé son épisode au cas où on le lui demanderait, Lelouch Claude a quand même accepté. Dans son film une française sourde et muette vit à New-York avec un Américain qui travaille au World Trade Center. Lelouch fait un film muet. Le gars part au boulot, elle lui écrit une lettre de rupture pendant qu'à la télé les tours tombent (elle n'entend pas et ne regarde pas l'écran), le mari revient couvert de poussière etc. Un peu facile, et il va pas au bout, il remet le son au milieu pour pas perdre son public de cons, faut-il croire. C'est Lelouch quoi. Pas totalement dégueulasse ceci dit.

- Le patron de Pathé a appelé Mira Nair un soir et lui a affirmé qu'elle avait été choisie parmi tous pour réaliser le remake de Héros malgré lui. Elle s'est retrouvée dans le collectif 11'09"01 avec un long métrage sabré par les monteurs aguerris du studio mythique qui ont fait de son oeuvre une collection de scènes coupées : elle filme la famille de Salman Quelquechose, qui a disparu le 11 septembre et qu'on a considéré comme le terroriste principal du bordel à pistons, on a persécuté sa famille et tout ça, avant de se rendre compte après coup qu'il était allé secourir les gens sur place avant de mourir avec eux. Après quoi on lui a refilé tous les honneurs. Sans moi Mira, j'attends la version Director's cut.



- Dans son film Youssef Chahine revient lui-même de New-York après l'attentat, il fait la rencontre d'un des soldats américains morts dans l'attentat de Beyrouth en 83 et il lui explique que les américains n'ont rien fait d'autre que massacrer, en Corée, au Vietnam, en Iran, en Afghanistan, en Irak. Puis il rencontre le kamikaze qui a fait sauter le bâtiment en 83... A qui mieux mieux, je déclare mon pied au cul à Youssef Chahine.

- Idrissa Ouedraogo faisait par chance partie des terroristes qui ont détourné l'avion qui est allé s'écraser à côté du Pentagone, et comme il est aussi metteur en scène, il s'imposait. Il signe une comédie qui réduit le buzz anti-musulman à un petit village Ouest-Africain. On aurait souhaité qu'il se serve de son statut d'acteur de l'événement pour nous faire un témoignage un brin plus précis.



- L'épisode de Danis Tanovic est chiant. Le patron de Pathé se défend d'avoir jamais contacté Danis Tanovic pour faire partie de l'aventure. L'histoire en quelques mots : Nate descend à Los Angeles pour poursuivre Cristabel, la femme qu'il aime depuis sa plus tendre enfance, et il découvre que son plan, courtiser Cristabel, présente comme un hic : Que faire de June, la meilleure amie de Cristabel, omniprésente et plutôt moche. Et c'est sans compter sur les sentiments de Nate pour le clebs de June qui commencent à émerger. C'est donc un triangle amoureux que nous offre Danis Tanovic, qui nous en fait voir de toutes les couleurs.

- La partie de Ken Loach est assez bonne bizarrement. Un chilien qui vit à Londres écrit une lettre aux familles des victimes du 11 septembre 2001, dans laquelle il raconte son 11 septembre à lui. Le 11 septembre 1973, quand Pinochet, soutenu par Kissinger (les USA), a fait assassiner Allende (élu démocratiquement par les Chiliens) pour éviter un gouvernement communiste, ce qui a conduit à des dizaines de milliers de morts et à masses de crimes contre l'humanité. Même très bon cru de Loach, son meilleur film, et ça en dit long sur lui.



- Alejrandro Gonzalez Inarritu est un nul. Dans son film de merde on entend le son des télés et des radios avec un écran noir et juste quelques images subliminales des gens qui ont sauté des deux tours. Pendant un long moment. Et à la fin un inter-titre: "Does God's light guide us or blind us ?", avec une musique larmoyante par-dessus. Nul. Je le condamne sans sommation à regarder sa propre filmographie en s'enculant maman Gonzalez Inarritu (ce qui représente la durée somme toute équivalente à trois jours passés sur le dos de sa génitrice en ayant perdu toute sorte de sensation au niveau de sa queue).

- Quand il a appelé Amos Gitaï, le producteur éponyme de Pathé s'est encore entendu dire : "Pourquoi moi ?". "Parce qu'il nous faut un gitan pour nous jouer de la guitare entre les prises, parce que ta caravane servira de chiottes à toute l'équipe technique et parce que ça sera le plus gros salaire de ta vie" lui a-t-il répondu tout de go Monsieur Gaumont avant de lui raccrocher au nez. Convaincu, Gitaï s'est lancé dans le projet les yeux bandés et a écrit ce qui restera comme le premier et le dernier script inspiré d'une simple liste de courses. Il nous montre le reportage d'une équipe télé sur un attentat à Tel Aviv le 11/09/01. La journaliste insupportable met du temps à comprendre qu'il vient de se passer quelque chose à New-York et que son reportage ne sera donc jamais à l'antenne. Nul à chier.



- Le film de Sean Penn est pourrave. Il filme un vieux dégueulasse, gros comme le World Trade Center, qui vit dans l'ombre des tours jumelles et se trouve être assez con pour parler encore à sa femme décédée. Quand les tours tombent la lumière entre enfin dans sa baraque suiffeuse, les fleurs sur le bord de la fenêtre renaissent aussitôt grâce à un effet morphing du fond des âges digne du vieillissement du gamin dans Jumanji ou de la résurrection des géraniums dans E.T. et qui trahit bassement l'amour naissant de Shaün Penn pour tout ce qui est des plantes, amour passionnel qui prendra son envol dans son dernier film en bois : Into da wild. Avec cette lumière qui entre pour la première fois dans le taudis du vieux gros, ce dernier prend enfin conscience que sa femme est morte. Shaün fait de jolis plans et il balance les violons et son film sent la merde. C'est ennuyeux parce que c'était le gros nom de l'affiche et il pas fait mieux que ses camarades, voire pire. À signaler que son film se conclut par cette citation écrite noire sur fond blanc, qui laisse songeur : "Il déclara que son braquemart était d'une taille olympique et s'en alla à cloche-pied, refermant la porte d'un coup d'espadrille idéalement placé" - Malraux.



- Shohei Imamura nous filme un jeune militaire japonais revenu de la guerre (39-45) sous forme de serpent. Enfin il a toujours forme humaine mais c'est un serpent quoi. C'est la guerre qui l'a rendu fou. Un officier l'a frappé dans un trou d'obus en lui demandant ce qu'il faisait de la guerre sainte. A la fin, un inter-titre dit : "Les guerres saintes ça n'existe pas !!". C'est méga con mais c'est grandiose. Le film se conclut en apothéose après un flot infini de conneries.



Certains collègues m'ont signalé que j'avais peut-être vu une version non-officielle car l'épisode de Michel Gondry ne leur disait rien. J'en crois pas un mot.


11'09"01 September 11 de Claude Lelouch, Sean Penn, Shohei Imamura, Ken Loach etc. (2002)

4 commentaires:

  1. De civilisation, bien entendu.

    Toute la partie sur Gabriel Fabriel Mabriel Garcia Barcia Bernal est le génie.

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  2. Pour une fois je suis d'accord avec piquick mais je n'emploierai pas son expression "est le génie" que je trouve faite de bois pour palettes. Toute cette critique est géniale, elle m'a remonté le moral.

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  3. Le 11 septembre >> 11 réalisateurs.

    Une chance que ça n'est pas arrivé le 30 du mois...

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