Je me suis laissé tenter par l'un de ces petits films d'horreur 
indé sortis l'an passé et remarqués des amateurs (il n'y en a pas eu 
tant que ça, il me semble, alors autant essayer). On le doit à un 
réalisateur irlandais spécialisé dans le genre, Ivan Kavanagh, lointain 
cousin d'Anthony, dont il s'agit déjà du sixième long métrage. J'y ai 
longtemps cru, m'imaginant même avoir déniché un cinéaste dont j'allais 
me faire un malin plaisir de découvrir en vitesse le reste de la 
filmographie, composée de westerns et de films d'horreur. Hélas, après 
un début en fanfare, le tristement intitulé Son ne tient pas ses 
promesses et glisse vers la petite série B, somme toute correcte, 
certes, mais anecdotique et rapidement oubliable. La faute à un scénario
 fumeux, dont on déduit aisément tous les ressorts trop usés et se 
délite progressivement sous nos yeux... Il
 y est a priori question d'une secte qu'une jeune femme enceinte fuit en
 catastrophe. Lors de l'excellente scène d'ouverture, nous la voyons 
prendre la route sous une pluie battante, suivie de près par des 
individus menaçants qu'elle finit par semer avant d'accoucher, seule 
dans sa voiture, en ayant l'air de redouter le fruit de ses 
entrailles... Le générique est à peine terminé que l'on y est, scotché ! Puis le film continue sur cette bonne lancée et l'on est amené à 
s'interroger sur la nature exacte de cet enfant que nous retrouvons, 
quelques années plus tard, vivant seul aux côtés de sa maman. Nous 
pouvons l'imaginer victime de possession démoniaque ou vampire en 
devenir, il occasionne en tout cas une bonne paire de scènes réussies 
où, par des moyens très simples et une bonne gestion du suspense, la 
trouille nous saisit brutalement. 
Sérieusement, cela faisait un bail que je n'avais pas ressenti une telle
 volonté de secouer le spectateur et un tel savoir-faire pour y 
parvenir. 
 
Les choses se gâtent quand le 
duo mère-fils prend la route et s'engage dans une équipée sanglante bien
 plus convenue et prévisible. On essaie alors de nous faire douter de la
 santé mentale du personnage principal, cette maman aimante incarnée 
avec une conviction évidente par Andi Matichak, actrice que l'on avait 
croisée avec moins de bonheur dans les Halloween de David Gordon Green. 
Dans cette laborieuse deuxième partie, le récit se corse au détriment de
 strictement tout le reste et le désintérêt guette... En parallèle des 
aventures de notre petite famille monoparentale à l'appétit féroce, nous
 suivons l'avancée de l'enquête d'un flic énigmatique (Emile Hirsch) 
dont on doute immédiatement des véritables intentions. La conclusion, en
 deux temps, est à l'image du film, tantôt réussie tantôt ratée, elle a 
pour effet de nous conforter dans notre opinion. D'abord, la peur 
repointe timidement le bout de son nez tandis que nous sommes suspendus à
 une apparition cruciale où le cinéaste fait durer le plaisir. Puis, 
dans les ultimes minutes, qui se déroulent dans le décor le plus triste 
du monde, à savoir le coin d'une chambre d'hôpital anonyme, Kavanagh nous sert
 ce que l'on ne peut même pas appeler un twist tant c'était couru 
d'avance. Reste le choix, toujours appréciable, d'aller à l'opposé du 
happy end, qui contribue, passée la déception légitime de ne pas avoir 
eu davantage, à faire de Son un film d'horreur au-dessus de la moyenne (que je place donc bien bas). 
Et c'est franchement dommage qu'il ne soit que ça car Ivan Kavanagh a 
des intentions 
louables, un respect évident pour le genre et, surtout, un vrai talent 
de metteur en scène. Ces qualités pourraient le porter à réaliser de 
bien meilleures choses. En tout cas, je lui laisserai volontiers une 
nouvelle chance, dans l'agréable souvenir que m'auront laissé les 
premières minutes, d'une redoutable efficacité, de ce film-là.
Son d'Ivan Kavanagh avec Andi Matichak et Emile Hirsch (2021)  
 

 
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