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13 mars 2022

Son

Je me suis laissé tenter par l'un de ces petits films d'horreur indé sortis l'an passé et remarqués des amateurs (il n'y en a pas eu tant que ça, il me semble, alors autant essayer). On le doit à un réalisateur irlandais spécialisé dans le genre, Ivan Kavanagh, lointain cousin d'Anthony, dont il s'agit déjà du sixième long métrage. J'y ai longtemps cru, m'imaginant même avoir déniché un cinéaste dont j'allais me faire un malin plaisir de découvrir en vitesse le reste de la filmographie, composée de westerns et de films d'horreur. Hélas, après un début en fanfare, le tristement intitulé Son ne tient pas ses promesses et glisse vers la petite série B, somme toute correcte, certes, mais anecdotique et rapidement oubliable. La faute à un scénario fumeux, dont on déduit aisément tous les ressorts trop usés et se délite progressivement sous nos yeux... Il y est a priori question d'une secte qu'une jeune femme enceinte fuit en catastrophe. Lors de l'excellente scène d'ouverture, nous la voyons prendre la route sous une pluie battante, suivie de près par des individus menaçants qu'elle finit par semer avant d'accoucher, seule dans sa voiture, en ayant l'air de redouter le fruit de ses entrailles... Le générique est à peine terminé que l'on y est, scotché ! Puis le film continue sur cette bonne lancée et l'on est amené à s'interroger sur la nature exacte de cet enfant que nous retrouvons, quelques années plus tard, vivant seul aux côtés de sa maman. Nous pouvons l'imaginer victime de possession démoniaque ou vampire en devenir, il occasionne en tout cas une bonne paire de scènes réussies où, par des moyens très simples et une bonne gestion du suspense, la trouille nous saisit brutalement. Sérieusement, cela faisait un bail que je n'avais pas ressenti une telle volonté de secouer le spectateur et un tel savoir-faire pour y parvenir.


 
 
Les choses se gâtent quand le duo mère-fils prend la route et s'engage dans une équipée sanglante bien plus convenue et prévisible. On essaie alors de nous faire douter de la santé mentale du personnage principal, cette maman aimante incarnée avec une conviction évidente par Andi Matichak, actrice que l'on avait croisée avec moins de bonheur dans les Halloween de David Gordon Green. Dans cette laborieuse deuxième partie, le récit se corse au détriment de strictement tout le reste et le désintérêt guette... En parallèle des aventures de notre petite famille monoparentale à l'appétit féroce, nous suivons l'avancée de l'enquête d'un flic énigmatique (Emile Hirsch) dont on doute immédiatement des véritables intentions. La conclusion, en deux temps, est à l'image du film, tantôt réussie tantôt ratée, elle a pour effet de nous conforter dans notre opinion. D'abord, la peur repointe timidement le bout de son nez tandis que nous sommes suspendus à une apparition cruciale où le cinéaste fait durer le plaisir. Puis, dans les ultimes minutes, qui se déroulent dans le décor le plus triste du monde, à savoir le coin d'une chambre d'hôpital anonyme, Kavanagh nous sert ce que l'on ne peut même pas appeler un twist tant c'était couru d'avance. Reste le choix, toujours appréciable, d'aller à l'opposé du happy end, qui contribue, passée la déception légitime de ne pas avoir eu davantage, à faire de Son un film d'horreur au-dessus de la moyenne (que je place donc bien bas). Et c'est franchement dommage qu'il ne soit que ça car Ivan Kavanagh a des intentions louables, un respect évident pour le genre et, surtout, un vrai talent de metteur en scène. Ces qualités pourraient le porter à réaliser de bien meilleures choses. En tout cas, je lui laisserai volontiers une nouvelle chance, dans l'agréable souvenir que m'auront laissé les premières minutes, d'une redoutable efficacité, de ce film-là.
 
 
Son d'Ivan Kavanagh avec Andi Matichak et Emile Hirsch (2021) 

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