C'est
joli puisque ça se passe, je dirais même que ça déambule, dans les Pyrénées, le Pays Basque puis le nord-ouest de l'Espagne jusqu'à Saint-Jacques de Compostelle.
Ensuite, n'importe qui suivrait Martin Sheen n'importe où, avec ses cheveux virevoltants, sa dégaine de vétéran du Viet-Nam et ses yeux constamment exorbités, même dans un
Lidl au milieu des clodos en train de charger à ras bord leurs cagettes de Finkbräu.
Martin
Sheen est ophtalmo en Californie lorsqu'il apprend au milieu de son
parcours de golf que son con de fils unique Emilio, avec lequel il est
légèrement en froid, vient de mourir victime du mauvais temps pyrénéen.
En effet, Emilio avait décidé, sans en référer à son père, de se taper
le chemin de Saint-Jacques de Compostelle. D'où l'étonnement
compréhensif de Martin Sheen quand Tcheky Karyo, se faisant passer pour
le capitaine de la gendarmerie de Saint-Jean-Pied-de-Port, lui apprend le
tragique mais banal accident dont a été victime son fils après seulement un jour de
marche. Éploré, Martin Sheen file dans ce petit village bucolique des
Pyrénées et débarque d'un TER, ce qui a dû l'éplorer un peu plus encore.
Tcheky Karyo joue parfaitement le gendarme lambda français, tout en douceur et retenue, parlant sans effort un anglais châtié en
faisant bien attention d'aspirer les h, ce que tout Français fait de
manière naturelle, on le sait tous.
Après avoir tergiversé quelques heures, Martin Sheen décide de faire cramer son fils et d'aller répartir ses cendres le long du chemin de pèlerinage jusqu'à Saint Jacques de Compostelle, d'où le titre du film! Durant son voyage, il est rapidement harcelé par un gros hollandais fumeur de weed qui fait le pèlerinage pour perdre du poids afin de pouvoir remettre un de ses vieux costards pour le troisième mariage de son frangin. Il rencontre ensuite une canadienne jouée par Deborah Kara Hunger qui est ici tellement maigre qu'elle n'a jamais aussi bien porté son nom, et qui ressemble maintenant à un transsexuel toxicomane, canadien donc. Un peu plus tard, il rencontre un écrivain irlandais colérique et en panne d'inspiration qui a eu juste le temps de faire le pèlerinage avec toute l'équipe du film avant de s'envoler pour la Nouvelle-Zélande jouer un nain. Les rapports entre les personnages passent de cordiaux à tendus, puis de tendus à cordiaux au fur et à mesure des beignes, des insultes ou des mots d'amour qu'ils se balancent.
Après avoir tergiversé quelques heures, Martin Sheen décide de faire cramer son fils et d'aller répartir ses cendres le long du chemin de pèlerinage jusqu'à Saint Jacques de Compostelle, d'où le titre du film! Durant son voyage, il est rapidement harcelé par un gros hollandais fumeur de weed qui fait le pèlerinage pour perdre du poids afin de pouvoir remettre un de ses vieux costards pour le troisième mariage de son frangin. Il rencontre ensuite une canadienne jouée par Deborah Kara Hunger qui est ici tellement maigre qu'elle n'a jamais aussi bien porté son nom, et qui ressemble maintenant à un transsexuel toxicomane, canadien donc. Un peu plus tard, il rencontre un écrivain irlandais colérique et en panne d'inspiration qui a eu juste le temps de faire le pèlerinage avec toute l'équipe du film avant de s'envoler pour la Nouvelle-Zélande jouer un nain. Les rapports entre les personnages passent de cordiaux à tendus, puis de tendus à cordiaux au fur et à mesure des beignes, des insultes ou des mots d'amour qu'ils se balancent.
Le tout est illustrée par une musique survoltée choisie
personnellement par Emilio Estevez! Pour notre plus grand désarroi,
Emilio ne peut pas s'empêcher de nous mettre sa playlist idéale de
ballade cheminantes tout au long de cette randonnée que l'on suit les yeux
rougis par l'effort, cette playlist qu'il a effectivement mise sur son
iPod Touch personnel et qu'il a fait subir à toute l'équipe du film le
long des 800 bornes jusqu'à Santiago. Et malheureusement, entre les
classiques instrumentales à la guitare, les solos violon enflammés et les ersatz de Bob Dylan gémissant des insanités nombrilistes, on a droit à
l'habituel New Slang des Shins, qui est toujours ressorti par les
réalisateurs à l'esprit étroit à chaque fois qu'un être humain chemine
avec émotion d'un point A à un point B, que ce soit à pied, à cheval ou
en voiture. Nick Drake est aussi de la partie, ce qui me fait soupçonner
une certaine accointance, voire une amitié avec le démoniaque Zack
Braff.
Pendant leur grande rando de plus de deux heures, nos quatre compères
rencontrent des Français, des Basques et des Espagnols, tous joués par
autochtones placides qui ont la particularité de parler anglais
avec la facilité et la délicatesse du premier Wayne Rooney venu, ce qui
leur facilite pas mal la route. On apprend aussi que l'Espagnol est
voleur puisqu'à peine Martin Sheen a posé son sac devant la cathédrale
de Burgos qu'il se le fait chaparder par un gamin présenté comme un Gitan.
Sympa les préjugés Émilio. Il essaie de se rattraper ensuite en faisant
ramener le gamin par le colbac par son père rouge de honte qui parle, lui
aussi, un anglais d'Oxford sans effort. Tout ça nous raconte une bien
jolie histoire, remplie de vignettes gastronomiques et de paysages
montagneux et tourmentés, probablement comme l'esprit d'Emilio Estevez,
qui se plait à apparaître tout le long du film, juste pour nous rappeler
qu'il a une sacrée tête de con. L'arrivée sous les violons et solos
guitares à Santiago de Compostela se fait par un jour gris et fade typique de la
Province de La Corogne. Chacun des quatre personnages est ému, parfois
jusqu'aux larmes comme notre Irlandais nain, et se fait tourner autour
en contre-plongée par une caméra survoltée. C'est un film très chrétien.
TélécableSat
nous dit candidement que ce film est plein d'humanité et qu'il nous
permet de jouir de beaux paysages. Je ne peux pas être plus d'accord,
mais j'y vois surtout la déclaration d'amour d'un fils à son père, un
fils qui se rêve en cadavre et qui force son propre père dans la vraie
vie à répartir ses cendres tout le long du chemin jusqu'à Saint Jacques
de Compostelle ! Assez bizarre quand on y pense, et je ne sais pas
comment Martin Sheen l'a pris quand son fils lui a présenté les grandes
lignes de son grand projet cinématographique après son film sur la mort
de Bobby Kennedy. Encore la mort, qui semble hanter Emilio Estevez,
alors qu'il pourrait, comme tout le monde rêver qu'il décide de changer
d'orientation professionnelle et devenir couvreur sous les ordres de
Youri Djorkaeff qui serait l'un des 14 artisans couvreurs
restants en France. Quatorze personnes pour plusieurs millions de toits! Au
départ j'avais cru que ce film était une autre adaptation du livre On
the Road de Jack Kerouac, car ça parle de route mais il n'y a pas Kristen
Stewart qui dévoile sa poitrine dedans. Mais non c'est l'adaptation du
livre Off the Road: A Modern-Day Walk Down the Pilgrim's Route Into Spain de Jack Hitt ! Un bon film d'ambiance, un bon film pour les fans des yeux fous de Martin Sheen. Pour les autres, je sais pas.
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