13 janvier 2015

How do you know

Je me suis franchement demandé pourquoi ce film apparaissait dans tant de tops de fin d'année en 2011 (pas tant que ça en réalité, mais même si peu c'était mystérieux). Ne voulant surtout pas être passé à côté d'une grande comédie romantique américaine contemporaine de merde, je me suis dit "vois-le, y'a peut-être moyeeeen...". Je l'ai donc lancé comme on va au boulot. Si je devais essayer d'expliquer de façon organisée et respectable la raison du succès relatif de ce film auprès d'une certaine frange de la cinéphilie française, je dirais, aidé dans ma quête de sens par mon acolyte Félix, qui a lancé ce film de son côté longtemps avant moi et qui n'a pas tenu un quart d'heure devant, que c'est à cause de James L. Brooks, réalisateur, quatorze ans plus tôt, de Pour le pire et pour le meilleur, une comédie romantique plaisante, le haut du panier de ces vingt dernières années, ménageant la romance idyllique entre un vieux tocard plein de tics (Jack Nicholson) et une serveuse à gros nibards (Helen Hunt), avec un électron libre homosexuel entre les deux incarné par un Greg Kinnear à voile et à vapeur.




C'est assez typique de certains critiques français que de s'amouracher d'un ou deux auteurs de films populaires plus finauds que la moyenne et de vouloir dénicher à tout prix LA comédie ricaine maudite, incomprise, méprisée par le commun des mortels incapable d'en saisir tous les enjeux narratifs et de déceler un discours passionnant derrière des pirouettes légères, pour mieux lui rendre justice de façon tout à fait démesurée. Funny People, du triste Judd Apatow, a pu bénéficier du même traitement de faveur usurpé. On trouve une profondeur folle à des saloperies terribles qui, même si elles ont peut-être deux ou trois idées de plus que la base des films du genre, restent essentiellement laides, et sont une telle plaie à regarder qu'on devrait s'en foutre royalement. Quelques fans se sont extasiés sur la scène dont est tiré le photogramme ci-dessus, qui se veut un pur cadeau de James L. Brooks pour Owen Wilson (je ne dirai pas un mot d'insulte envers ce con dans cette critique), ici dans la peau d'un sportif plein aux as et totalement débile (personnage très "apatowien" d'ailleurs, en décalage par rapport aux autres protagonistes du film) qui passe le script à draguer Reese Witherspoon. Une fois arrivé avec elle en bas de l'hôtel qui lui sert de garçonnière, il recule aux côtés du portier pour laisser à sa conquête "de l'espace pour réfléchir" et prendre sa décision avec les coudées larges. Cette drôle d'idée donne lieu à une scène étrange, ni drôle ni franchement brillante, tout juste surprenante par son déroulement aussi improbable que sans intérêt, qui a suscité chez certains un engouement incroyable et les a poussés à parler pour James L. Brooks d'un génie du traitement de l'espace ! Rien que ça... C'est du délire mais franchement j'ai envie de saluer sincèrement, et sans ironie, les gens qui arrivent à se mettre en mode "analyse" devant un truc si naze, et à porter un jugement aussi excessivement enthousiaste sur des scènes merdiques au pire, complètement factices et faiblardes au mieux. Faut quasiment avoir un grain pour faire ça mais c'est cool d'être fan à ce point.




Bref, que voulez-vous, certains semblent avoir envie de trouver le film maudit du cinéaste populaire plus méticuleux qu'il n'en a l'air, réfléchi sous ses airs de yesman, reconnu par des esprits éclairés comme un véritable auteur à saluer, et à ne surtout pas ignorer, contrairement aux Américains, sous prétexte qu'il fait de la comédie. Apatow est un exemple idéal, James Leroy Brooks aussi désormais, voire même Woody Allen, qui pour le coup a un solide statut d'auteur, et qui a réalisé par le passé (ça remonte...) de très bons films, mais qui jouit quand même quelque part du privilège de ne pas plaire à ces-cons-d'Américains qui ne savent pas voir la qualité de leurs auteurs, alors que nous, spirituels européens, nous ne les comprenons que trop bien (y compris les films récents de Woody qui, et depuis déjà un paquet d'années, sont des purges horribles à côté desquelles même How do you know est un plaisir coupable de spectateur).




Mais si je devais tâcher d'expliquer, de façon moins organisée, le petit succès dont jouit ce film, je ne dirais que deux mots (qui en appellent bien d'autres, affaire à suivre) : Reese Witherspoon. Moi-même, je vous l'avoue, je ne suis pas clean sur ce coup-là, et si je n'ai pas complètement détesté ce triste How Do You Know c'est uniquement grâce à la dénommée Reesy Witherspoon. Le film dure deux heures (c'est déjà une aberration pour une comédie romantique de ce genre), or mon "dvd" (notez les guillemets et faites moi un procès !) s'est arrêté net à 1h20 de film, sans raison apparente. J'ai relancé la lecture : idem. J'ai supprimé les fichiers image et son du "dvd" officiel du film, puis je les ai re-copiés sur ledit "dvd" "acheté" "35 euros" en "version simple" sans "bonus" à la "Fnac" du coin, j'ai relancé, rebelote. Comment expliquer mon comportement de malade mental méga maso ? Comment expliquer une telle dépense d'énergie, un tel acharnement pour aller au bout de How Do You Know ? Si ce n'est par la prise de pouvoir d'un calcif Bodywear sur mon cervelet (rendu HS il est vrai par le projet inique du film de Brooks).




Tout ça à cause de Witherspoon, cette actrice qui jusqu'ici ne m'évoquait absolument rien d'autre que quelques moqueries finement ciblées sur la partie inférieure atrophiée de son visage prognathe, qui lui a valu un rôle dans Mysterious Chin de Gregg Araki. Comme plein de gens je me suis foutu de son menton de malade, qui lui a aussi permis un caméo dans The Chin du diable de Guillermo Del Toro. Tapez "chin" dans google image et la tronche de Witherspoon apparaîtra sur toutes les images de la première page de résultats, véridique ! Je n'ai pas essayé de taper "face de pioche" parce que j'ai trop peur de tomber sur les mêmes photos, et comme désormais j'ai un passif avec cette actrice, je me préserve.




Et pourtant... Witherspoon... C'était pas du tout un de mes highlights... James L. Brooks m'a pris à revers, il m'a pris en traitre avec un "service calbar", je m'attendais à tout sauf à ça, et finalement c'est là son vrai, son seul talent sur ce film, c'est d'avoir su filmer une actrice à mi-chemin entre la belle et la bête (dur...) de telle façon que le spectateur mâle ait les yeux plus ou moins scotchés à l'écran. J'avais envie de partager les tenues faussement sportswear et réellement sexy que trimballe l'actrice dans chaque scène de ce film. On sent que le réalisateur aurait aimé être tout nu derrière sa caméra, pour être plus tranquille (ça a dû lui arriver une paire de fois à mon avis). Reese Witherspoon est elle-même dénudée sans l'être, épaule perçante, jambes aux quatre coins, du rouge à lèvre sur tous les orteils, et j'en passe. Le réal devait être au moins en short lui aussi, dans la même tenue que Reese sur l'image ci-dessus, pour diriger le film depuis le fauteuil de tournage floqué à son nom, je ne vois pas comment c'est possible autrement, on ne peut porter un falzar jusqu'aux chevilles dans ces conditions. J'ai maté ça sur ma télé et j'avais moi-même envie de trancher les manches de mon pull et de mon pantalon pour mater le film tel quel, je vous le dis à vous, je pourrais le dire à d'autres.


How Do You Know de James L. Brooks avec Reese Witherspoon, Owen Wilson, Paul Rudd et Owen Wilson (2011)

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