Deux jeunes frères vivent seuls avec leur père dans une vieille baraque perdue dans le sud des États-Unis. Déscolarisés depuis la mort de leur mère, ils consacrent leur quotidien à aider leur paternel dans son petit élevage de cochons ou dans l'entretien de la maison. En pleine adolescence et doté d'un fort caractère, l'aîné des deux frères (Jamie Bell) a régulièrement des problèmes avec les autorités du coin et entretient des rapports assez conflictuels avec son père (Dermot Mulroney). Quant au cadet (Devon Allan), tout juste âgé d'une petite dizaine d'années, il souffre d'une drôle de maladie qui le fait avaler tout et n'importe quoi pour le vomir dans la foulée. Plus fragile et rêveur, il passe son temps à lire quand il n'est pas occupé avec son grand frère. Leur petite vie va être bousculée par l'arrivée impromptue de leur oncle (Josh Lucas), fraîchement sorti de prison, et dont on comprendra assez vite qu'il est très intéressé par d'anciennes pièces d'or mexicaines dont aurait hérité son frère... Voici donc le point de départ de ce film dont j'ignorais totalement l'existence jusqu'à ce que je tombe par hasard sur l'extrait de la critique signée Mia Hansen-Løve tirée des Cahiers du Cinéma de janvier 2005 : « L'Autre Rive balance entre sagesse et férocité. Mais ce qui ne bouge pas, c'est la transparence poétique de ses personnages. Transparence unifiant la matière hétérogène d'un film hanté par les mythes et les récits primitifs ; et qui permet de prendre en charge le dialogue avec un "grand classique" (La Nuit du Chasseur) en l'articulant à un inconscient aussi chargé que dans le plus atteint des David Lynch. » Quelques lignes écrites par une cinéaste pour laquelle j'ai beaucoup d'estime et qui m'ont donc aussitôt donné envie de voir le film de David Gordon Green...
En le découvrant, je n'étais pas déçu et, surtout, j'étais tout à fait persuadé qu'il s'agissait du premier long métrage de son auteur. On a en effet typiquement l'impression d'être face à l’œuvre d'un jeune cinéaste américain sous influence, à la recherche d'un style propre, et tâtonnant un peu, essayant des choses et d'autres, parfois avec bonheur, d'autres fois un peu moins... On est en tout cas en présence d'un réalisateur assez audacieux, désireux d'affirmer son caractère et visant à donner à son film une identité visuelle forte et originale. Dès les premières minutes du film, nous sommes servis, et nous avons droit à quelques dérèglements inattendus dans la mise en scène. Arrêts sur images, inversions des couleurs, effets de solarisation, ralentis, longs fondus au noir... Des effets assez osés et surprenants, qui donnent immédiatement un cachet très particulier à L'Autre Rive. Durant le reste du film, ils se feront un peu plus rares et ne réapparaîtront que lors de moments clés, souvent pour appuyer la tension des situations, toujours avec un certain à-propos et sans jamais tomber dans l’esbroufe. Dès le générique, et à la vue du grain de l'image, on a également la nette impression d'être devant un film d'un autre âge, d'une autre époque, lorgnant surtout vers les glorieuses années 70 du cinéma américain. Rien de très désagréable, finalement... Rien de véritablement génial non plus, mais des petites idées largement suffisantes pour donner une vraie singularité à ce film et faire en sorte qu'il ressemble à très peu d'autres, malgré une filiation assez évidente et pleinement assumée. Produit par Terrence Malick, le film de David Gordon Green rappelle clairement les premières œuvres du vieux texan, en particulier Badlands (ce qui, soit dit en passant, n'est pas du tout pour me déplaire tant le premier long métrage de Malick occupe une place à part dans ma trajectoire cinéphile personnelle). Plus évident encore, et comme vous l'aurez peut-être remarqué dès la lecture du pitch, l'ombre du classique de Charles Laughton plane sur ce film, sans pour autant lui donner l'air d'un remake déguisé.
En le découvrant, je n'étais pas déçu et, surtout, j'étais tout à fait persuadé qu'il s'agissait du premier long métrage de son auteur. On a en effet typiquement l'impression d'être face à l’œuvre d'un jeune cinéaste américain sous influence, à la recherche d'un style propre, et tâtonnant un peu, essayant des choses et d'autres, parfois avec bonheur, d'autres fois un peu moins... On est en tout cas en présence d'un réalisateur assez audacieux, désireux d'affirmer son caractère et visant à donner à son film une identité visuelle forte et originale. Dès les premières minutes du film, nous sommes servis, et nous avons droit à quelques dérèglements inattendus dans la mise en scène. Arrêts sur images, inversions des couleurs, effets de solarisation, ralentis, longs fondus au noir... Des effets assez osés et surprenants, qui donnent immédiatement un cachet très particulier à L'Autre Rive. Durant le reste du film, ils se feront un peu plus rares et ne réapparaîtront que lors de moments clés, souvent pour appuyer la tension des situations, toujours avec un certain à-propos et sans jamais tomber dans l’esbroufe. Dès le générique, et à la vue du grain de l'image, on a également la nette impression d'être devant un film d'un autre âge, d'une autre époque, lorgnant surtout vers les glorieuses années 70 du cinéma américain. Rien de très désagréable, finalement... Rien de véritablement génial non plus, mais des petites idées largement suffisantes pour donner une vraie singularité à ce film et faire en sorte qu'il ressemble à très peu d'autres, malgré une filiation assez évidente et pleinement assumée. Produit par Terrence Malick, le film de David Gordon Green rappelle clairement les premières œuvres du vieux texan, en particulier Badlands (ce qui, soit dit en passant, n'est pas du tout pour me déplaire tant le premier long métrage de Malick occupe une place à part dans ma trajectoire cinéphile personnelle). Plus évident encore, et comme vous l'aurez peut-être remarqué dès la lecture du pitch, l'ombre du classique de Charles Laughton plane sur ce film, sans pour autant lui donner l'air d'un remake déguisé.
David Gordon Green s'accorde d'abord un temps rare et précieux pour nous dépeindre la vie de cette petite famille et la personnalité des différents protagonistes, en s'appuyant sur des acteurs impeccables, à commencer par le jeune Jamie Bell, tout bonnement excellent. Dans cette première partie qui s'étend longuement, le cinéaste parvient à développer une ambiance très captivante, mise en évidence par une photographie sublime et par la musique très inspirée de Philip Glass, dont le style participe lui aussi à rappeler le cinéma de Terrence Malick. Suite à une scène décisive, très attendue mais néanmoins très réussie durant laquelle L'Autre Rive prend temporairement des allures de thriller d'action ultra efficace, le récit bifurque vers une sorte de road movie intimiste où nous suivons la fugue improvisée et l'errance fragile des deux frères livrés à eux-mêmes. Le réalisateur démontre alors un vrai talent pour filmer des populations délaissées, ces marginaux que croise le duo en fuite, traversant un univers tout en décalage, où semble se cacher un drame derrière chaque mur, chaque être. La fin indécise, dont on ne peut pas vraiment dire s'il est résolument pessimiste ou clairement optimiste, entretient l'impression curieuse à laquelle le cinéaste s'est appliqué à donner vie durant tout le film.
Plutôt emballé par cette découverte et désireux de savoir ce que David Gordon Green avait fait d'autre, je suis donc allé me renseigner sur internet. J'ai alors appris avec stupeur que j'avais déjà vu trois de ses films : All The Real Girls, qui est, d'après mes souvenirs, une banale romance indé baignée dans une lumière instagram, et le combo Délire Express/Votre Majesté, deux insupportables comédies estampillées "Apatow". Après avoir notamment produit le remarquable Shotgun Stories de son très doué ami Jeff Nichols, David Gordon Green s'est donc tourné vers la comédie potache... Sans doute aveuglé par l'appât du gain, il est ainsi simplement devenu l'un des yes-men de la galaxie Apatow (ou plus précisément de son autre pote Danny McBride, présent dans tous ces films). Je n'avais pas tenu un quart d'heure devant Délire Express et à peine plus longtemps devant Votre Majesté. J'apprenais également que L'Autre Rive n'était pas son premier film mais le troisième. Drôle de filmographie... Espérons à présent que David Gordon Green revienne au cinéma plein de belles promesses de ses débuts. Sait-il que ses modèles ne se sont jamais laissés aller à de telles égarements ? Nous voulons vraiment croire aux échos positifs qui entourent ses deux nouveaux films, Prince of Texas et Joe, et nous les regarderons avec espoir !
L'Autre Rive de David Gordon Green avec Jamie Bell, Devon Allan, Josh Lucas et Dermot Mulroney (2004)
Film très étrange, qui n'a pas m'air d'intéresser grand monde.
RépondreSupprimerBonjour,
RépondreSupprimerQui est la fille bien roulée sur la troisième photo de cet article?
Je ne sais pas. Par contre, je me souviens qu'il y a Kristen Stewart, toute jeune et assez mignonne.
SupprimerHâte de découvrir ce film !
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