On débarque après la tempête sur ce coup. On peut pas toujours être sur la brèche, écrire sur les films à même les accoudoirs des fauteuils UGC, on fait ça bénévolement, c'est une passion, un loisir, on peut pas tout couvrir. Ceci dit on l'a quand même vu au cinéma à sa sortie sur écran géant. Et c'est peut-être pas pour rien qu'on n'en parle que 16 mois après la bataille. Néanmoins on se sent obligés d'en parler, et on doit le faire maintenant parce qu'après on s'en souviendra plus du tout. Là, déjà c'est limite... Faut dire qu'on fait tout pour l'oublier et que le film n'a pas les armes pour s'imposer. Pourtant on en attendait beaucoup, comme avant toute sortie d'un nouveau film de Polanski, on y allait la fleur au fusil, la bouche en cœur, les bras en croix et la tête sur les épaules. Quelle déception que de tomber nez-à-nez sur ce thriller politique ultra bavard, laborieux, jamais excitant, morne, gris, fade et voué à élaborer un suspense qui ne décolle jamais ! Vers la fin du film, quand McGregor essaie d'échapper à ses poursuivants en montant sur un ferry avant d'en ressortir difficilement, il manque de tomber à l'eau et on aimerait presque qu'il glisse, qu'il se prenne le pied dans un cordage et passe par dessus le bastingage. On n'a vraiment rien à foutre du destin de ce personnage et on se fout encore plus de ceux qui l'entourent, de cette intrigue pseudo-politique bourrée d'échos autobiographiques et de références à l'actualité (notamment à Tony Blair Witch). Ce qui a valu tous les honneurs, une palanquée de récompenses, une presse unanimement élogieuse et un César à Polanski, c'est non seulement son âge avancé et sa gloire passée mais surtout sa situation judiciaire nauséabonde au moment du tournage. Rappelons que Polanski lui-même a affirmé : "J'ai fini le montage en taule entre deux co-détenus qui s'intéressaient plus à la face cachée de ma lune qu'à mon métrage".
L'absence du metteur en scène au stade terminal de la confection de ce film explique peut-être sa qualité douteuse et sa fin en dents de scie. Dans la dernière séquence du film, McGregor résout une énigme digne du jeu Les Chevaliers de Baphomet (fabuleux jeu de Playstation au scénario tortueux signé par le Père Fourras), il vient à bout d'un casse-tête chinois hardcore qui consiste à construire une phrase clé à partir d'un bouquin de 300 pages à l'aide d'un indispensable stabylo et d'un tippex (c'est pas vraiment du blanco, c'est un de ces correcteurs très pratiques, roulants car doté d'un système de poulie ingénieux, qui a le mérite d'être précis, discret, de ne pas faire de grumeaux et de pouvoir être recouvert d'encre tout de suite après application si on n'appuie pas trop fort, et ça déroule une fine bande blanche de béton très dilué ; j'ignore le nom de cet appareil de rêve indispensable à tout fournisseur de fournitures de bureaux, qui fait rêver les étudiants et qui ne finit pas une journée de collège en un seul morceau), tippex que le héros déroule de façon frénétique sur 99% du pavé qu'il s'est échiné à ghost writer pour n'en garder que les malheureux mais précieux termes de la phrase mystère dans une scène digne de Joao César Monteiro. Fort de sa découverte, il la soumet à la femme du Prime Minister, dont il était le nègre et qui s'est fait descendre, car c'est elle que cette découverte incrimine, chose dont on se doute dès le moment où cette dame se met à poil dans le lit du héros sans aucuns pourparlers préalables dès la 37ème minute du film.
Au fond du dernier plan de ce film qui vous prend littéralement par le cou pour ne plus vous lâcher la carotide, vous pouvez apercevoir ce qu'il reste de notre héros trop arrogant : sa chaussure en plein vol plané.
Après cet exploit, le héros roule des mécaniques et tord du cul vers la sortie d'une réception mondaine en claquant la porte dans son dos à la manière de Jacquouille dans Les Visiteurs. Là, plan fixe sur une rue de New-York (New-Jersey), McGregor passe, fier comme Artaban, devant le champ avec son manuscrit sous le bras, les mains tout au fond des poches de son baggy, au niveau des genoux, et il s'éclipse hors-cadre, apparemment doté d'un sentiment du devoir accompli exacerbé au vu de l'érection qu'il a du mal à cacher sous son falzar taille basse manifestement pas assez large ; puis dans le fond du champ apparaît une Peugeot Safrane noire qui met soudainement la gomme dans un crissement de pneus tétanisant : le dernier son qu'entendra McGregor, littéralement cueilli par le pare-buffle d'un assassin peu discret et connu par ses amis pour être un peu lourd en soirée. Après avoir déjoué toutes les machinations criminelles fomentées contre lui, notre héros se fait avoir en marchant au milieu de la route. Le plan s'achève sur toutes les pages du manuscrit qui s'envolent une à une, le genre de truc qui te fout la rage si ça t'arrive quand t'es encore vivant, une chance pour le personnage d'être mort donc. C'est nous qui avons le déplaisir de voir ces milliers de feuilles se faire la malle en désordre dans un plan-séquence de haut vol. De quoi nous mettre sur le cul. Sauf qu'après deux heures de léthargie, perso j'avais pas le cœur à me laisser éblouir. Tout ça pour dire que le contexte difficile dans lequel Polanski a terminé son film aurait dû permettre à la critique d'en pointer les grandes faiblesses tout en dédouanant le cinéaste septuagénaire que nous aimons tant. Au lieu de ça on a pu assister à un phénomène de masse inversement proportionnel qui consista à cirer les bottes de Polanski et à s'émerveiller devant ce film ma foi fort anodin. Le genre de film que j'attribuerais volontiers à Doug Liman. Sauf que si c'est lui qui l'avait fait je l'aurais pas vu, mais ce serait un joyau dans sa filmo entre Jumper et Fair Game.
The Ghost Writer de Roman Polanski avec Ewan McGregor, Pierce Brosnan, Olivia Williams et Kim Cattrall (2010)
J'avais déjà pas eu envie de le voir alors, j'ai encore moins envie maintenant :D
RépondreSupprimerJe pense qu'il te plairait pas !
RépondreSupprimerJ'adooooore !
RépondreSupprimerCe film est agréable à suivre. Il est stylé et mène son intrigue (certes prévisible) avec soins. Reste le coup du bouquin qui est un tour facile déjà utilisé par Polanski (voir La Neuvième Porte) mais qui n'a pas plus d'importance que cela ; il est clairement exposé qui est qui dès les premiers pas de McGregor/GhostWriter dans la maison des pseudo-Blair. Le rythme, la musique, le cadrage, le montage, le jeu d'acteur et les étapes vers la mort du nègre sont les éléments de plaisir que je retire de ce petit bijou.
RépondreSupprimerLa Fin est le truc le plus statistiquement improbable. La manière dont la vérité se dévoile sur les 680 pages du livres avec des mots clés et une phrase a déchiffrer laisser par l'ancien nègre pour faire voir la vérité avait aucune chance d'aboutir. On voit qu'au cinéma et c'est pour ça qu'il est un gâchis complet.
SupprimerBien d'accord avec vous deux. Votre résumé de la fin du film démonte :)
RépondreSupprimerD'accord avec la critique. C'est pas un film nul, c'est pas déplaisant, mais on s'ennuie quand même pendant 2 plombes. Un seul truc peut-être : vous ne rendez pas vraiment justice à la manière assez efficace dont Polanski joue des espaces de la maison. Mais bon, ça ne sauve pas le film.
RépondreSupprimerQuant à Ewan McGregor, il interprète un personnage de couillon. C'est pas la fin du film qui est débile, c'est le nègre. Qu'est-ce qu'il va aller se fourrer dans cette histoire ? Pendant tout le film, il y a des indicateurs qui lui permettent de voir qu'il n'a aucune de s'en tirer, que le milieu dans lequel il se trouve est tellement opaque qu'il faut mieux filer droit que de jouer au reporter au nez fin comme il le fait. The Ghost Writer raconte l'histoire d'un type qui met le doigt dans un engrenage qui le conduit à sa perte et qui ne s'en rend pas compte. Par orgueil et volonté de faire un coup professionnel, comme Corso dans La Neuvième Porte, il ne peut pas dire NON. Il continue de s'empêtrer. Et son roulage de cul à la fin, c'est le moment de triomphe d'un CON.
RépondreSupprimerPas faux du tout :)
RépondreSupprimerLe seul plaisir qu'on peut avoir devant ce film, c'est de s'imaginer vivre dans une baraque au bord de la plage aussi stylée. Autrement NADA !
RépondreSupprimerCarrément !!
SupprimerCeci dit, c'est plutôt situé dans un coin grisâtre et cafardeux, non ?
RépondreSupprimerJe capte pas trop l'engouement autour de ce film. L'intrigue est bidon, on rentre jamais dedans.
RépondreSupprimeritou !
RépondreSupprimerQuand on regarde ce film, on ne cesse de se dire : "putain je regarde un film, je ne sais même pas de quoi ça cause, je me parle en même temps, c'est pas bon signe"...
RépondreSupprimerPas faux, y'a de ça. ^^
RépondreSupprimerJe viens de regarder cette histoire sans fin. C'est désolant de voir à quel point Polanski est devenu un as pour décevoir sur la longueur.
RépondreSupprimerLa neuvième porte avait au moins le mérite d'être captivant pendant les 3/4 du déroulé. The Ghost Writer m'a ennuyé
100% d'accord avec ton commentaire. Début décembre nous ferons un dossier sur Polanski et je parlerai justement de "La Neuvième porte" :)
RépondreSupprimerJe suis en train de le regarder sur France 2. Ce truc si pratique qui permet de faire des corrections si nettes, il me semble que ça s'appelle une souris. Les collégiens les démontent, en retirent l'engrenage le plus imposant et en font une toupie BayBlade. Ensuite ils se prennent une heure de colle, n'en ont rien à foutre et sombrent lentement dans l'engrenage de la spirale scolaire.
RépondreSupprimerMerci d'avoir mis un nom sur cet objet de malheur !
SupprimerQu'est-ce qu'une toupie BayBlade ?
SupprimerTu taffes dans un collège, Tepepa ?
SupprimerNon je ne bosse pas dans un collège sinon j'aurais su écrire BeyBlade au lieu de BayBlade. Ce sont des toupies de combat hyper populaires. Vous verrez peut-être parfois des écriteaux affolés à Leclerc :"RUPTURE DE TOUPIES BEYBLADE ! ". Attendez vous à voir bientôt sur vos écrans: " Toupies BeyBlade: le film". Une folie...
SupprimerPour revenir au film: j'ai zappé sur Universal Soldiers 3.