21 septembre 2009

Welcome

Après le succès phénoménal de Je vais bien ne t’en fais pas, Philippe Lioret avait suffisamment d’argent pour se permettre une incursion dans le petit milieu du brûlot social. On le croyait cousin germain de Christophe Baratier et de Cédric Klapish, il est aussi le pupille malade de Ken Loach et Stephen Frears. Lioret crèche donc au sein d’une famille de cinéastes dont les dvds formeraient une dvdéothèque infernale, un aller sans retour direction l’enfer sociétal, Machiavel aux manettes du 7ème Art, ou si Dante avait tourné. Il en faut deux grosses pour s’opposer à Sarko. Catherine Corsini en a deux belles, qu’elle a déballées dans Partir sans que personne ne l’ait demandé. On se rappelle aussi d’Emmanuelle Cuau et son portrait au vitriol de la société ultra sécuritaire actuelle dans son Très bien merci de sobre facture. Au tour de Lioret de nous honorer de l’exhibition façon Patrice Loko* de ses deux roustons de contestataire. Et ce pour les besoins d’un film qui s’attarde sur le triste sort des réfugiés. Ces sans-papiers auxquels le gouvernement Sarkozy refuse le droit d'asile. Ici je place une pique revancharde au gouvernement en place. Libre à moi. Et bientôt plus puisqu'on va en taule pour moins que ça. Encore une fois c’est un film légèrement cafardeux. Est-ce utile de réaliser de tels films grisâtres, véritables tracts militants sur la situation nauséabonde d'un pays taiseux, dont la qualité intrinsèque est à mettre en doute ? On peut voir le bon côté des choses et se dire que Lioret est le Voltaire de l'an 2000. Cette pensée me fout toutefois le cafard. Bref on retombe dans le débat classique de la place de l'artiste dans la société et de son contrepoids face aux dérives de la pensée unique, débat souvent soulevé puis calfeutré par le fabuleux Taddéï tous les soirs sur la 3 dans une émission qui reste miraculeusement à l'antenne grâce à la paire de guiboles unique de son présentateur vedette.


Comment se libérer de la pesanteur d'un sujet aussi critique et moribond que celui dont Lioret fait ici son cheval de bataille ? Peut-être en nous attardant, une fois n'est pas coutume, sur l'affiche du film, resucée inavouée et inavouable du poster mythique de Danse avec les loups, où un Kevin Costner alors à l'apogée de son charisme rentre-dedans fléchit les genoux pour humer son propre fumet au-devant d'un troupeau de bisons fendant le paysage.

Peut-être aussi en plaçant un mot sur cet acteur, Vincent Lindon, le monument aux morts du cinéma français, surnommé "ma petite entreprise" par tous les producteurs qui voient en lui un acteur ultra bankable, le bestiau d'interview télévisées, adulé de Taddéï, amant illégitime de Daphné Roulier et parrain d'Anne de Petrini, ce mystérieux bonhomme et immense acteur qui perd tous ses tics quand il joue la comédie et qui m’en fait gagner tout autant, tandis que je me transforme en dynamo humaine devant ses facéties. Quelle idée de faire jouer un maître nageur à un comédien qui a manifestement peur de l’eau.

J'ai quand même vite arrêté Weldom. Je tenais pas à me « faire les veines » ce soir.

*Le footeux qui sortait ses burnes à l’entrée des vestiaires et qui est encore en procès pour ça.


Welcome de Philippe Lioret avec Vincent Lindon et Audrey Dana (2009)