17 janvier 2021

Singapore Sling

Singapore Sling est le nom d'un cocktail et d'un film du grec Nikos Nikolaïdis, sorti en 90, un film noir, répondant à tous les codes du genre. Sous une pluie torrentielle, filmée dans un noir et blanc granuleux, un type blessé à l'épaule (Panos Thanassoulis) monte dans une voiture pour s'abriter et passer la nuit. Il nous explique, en voix off et en grec, qu'il cherche une certaine Laura, depuis longtemps, en vain. Il est bientôt recueilli par deux femmes qui l'emmènent dans leur manoir. Une mère (Michelle Valley) et sa fille (Meredith Herold) qui, elles, parlent anglais, et parfois français pour la mère. Elles sont tombées sur lui tandis qu'elles enterraient, par la même nuit diluvienne, à moitié nues sous leurs imperméables, leur chauffeur, qu'elles venaient de flinguer. On saura vite qu'elles n'en étaient pas à leur premier meurtre et qu'elles ont aussi raidi ladite Laura, qui fut servante chez elle. Et qu'avant de buter les gens et de les enterrer, elles ont régulièrement tendance à jouer avec, à les éviscérer notamment. 
 
 


 
Non sans se faire plaisir dans des jeux sado-maso. Elles ont par ailleurs des relations sexuelles incestueuses (entre elles et avec le papa quand il était là : un flash-back nous montre la fille, nymphomane pleine de tics et comme nerveusement dévorée par un appétit gargantuesque, se faire dépuceler avec entrain par son père sous les traits d'une momie enchaînée et contrainte) et paraissent relativement folles. Dans plusieurs scènes de repas, on les voit bâfrer de façon répugnante, ingurgitant et régurgitant tout à la fois, se nourrissant de viandes et de poissons que le noir et blanc rend monstrueux, sous le regard mi-halluciné mi-mort du détective qu'elles séquestrent et avec lequel elles s'amusent (il sera le jouet de leurs plaisirs et le réceptacle de divers fluides). 
 
 


 
Et, outre de nombreux ébats et corps érotiques, le programme est riche en viscères, vomi et pisse, dans des images très composées, parfois très belles, et dans un rythme un peu flottant. Probable que ce film, qui lorgne sur des classiques comme Boulevard du crépuscule ou Qu'est-il arrivé à Baby Jane ?, et peut même évoquer, en bien plus bizarre et glauque, le Misery de Rob Reiner sorti la même année, aura largement inspiré Bertrand Mandico, en particulier son court métrage Notre-Dame des hormones, où Nathalie Richard et Elina Lowensohn jouent deux actrices qui se détestent mais vivent ensemble et trouvent dans la forêt un corps extra-terrestre qui ressemble vaguement au pod d'eXistenZ, gros coussin mou, doté d'une sorte de doigt d'E.T. qui ressemble aussi à une verge, et s'amusent avec. Mais peu importe, toujours est-il que bizarrement, ce Singapore Sling, je ne l'ai pas détesté...
 
 
Singapore Sling de Nikos Nikolaïdis avec Panos Thanassoulis, Michelle Valley et Meredith Herold (1990)

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