Pour commencer, deux films tournés par des cousins éloignés de la Nouvelle Vague, deux films avec Jeanne Moreau, deux films sortis en 1963, donc sûrement tournés en 62, année de la déclaration d'indépendance de l'Algérie, et qui traitent, eux, de la dépendance. La Baie des anges, de Jacques Demy, raconte une dépendance au jeu (un peu plus de dix ans avant The Gambler, de Karel Reisz, avec James Caan, adapté de Dostoïevski, dont vous parlera bientôt mon collègue, sorti quant à lui en 74, un an avant la fin de la guerre du Viet-Nâm). Le Feu follet, de Louis Malle, raconte une dépendance à l'alcool. Jeanne Moreau tient quasiment le rôle principal du premier, et le tient très bien, alors qu'elle n'a qu'un rôle très secondaire dans le second. A ses côtés, dans les deux films, un homme crève l'écran, Claude Mann chez Demy, nouveau joueur, encore assez intact pour pouvoir s'en sortir, mais bien incapable de sauver sa camarade de jeu dépendante au dernier degré (Jeanne Moreau donc), et Maurice Ronet, acteur principal du film de Malle, buveur suicidaire, las des vanités du monde et de ses propres faiblesses. Les deux acteurs ont une présence folle, un charisme triste, une sorte de charme brisé, que partage d'ailleurs Anders Danielsen Lie, l'acteur principal d'Oslo 31 août, sur lequel je reviens plus bas.
Ces deux films contemporains sont d'ailleurs assez proches dans leur portrait au plus près des personnages, malades errant dans leur chambre dans l'attente agitée ou anxieuse d'aller jouer ou d'aller se saouler, se tuer ou se ruiner, en commençant par sombrer dans un oubli de soi vertigineux. Les joueurs sont plutôt gais en apparence, effervescents, entre deux stases apathiques, le buveur, lui, est carrément morne (et comparé par ses proches, très délicats, à un cadavre...), mais le sordide l'emporte dans tous les cas, à travers une forme de fatigue de l'addiction, une exténuation physique. Elle passe indirectement par la blondeur poussive, les traits fiers mais tirés, la voix traînante et les pieds meurtris par les allers-retours du Casino à la gare et de la gare au Casino de Jeanne Moreau, ou, de façon très directe, par le corps droit mais inconsistant dans son costume figé, les épaules rentrées et le visage terne, lent, de Maurice Ronet, dandy cynique et nihiliste dont la fatigue est comme essentielle et émane à chaque instant d'un regard terriblement sombre. Quand il n'est pas en ville, visiblement oppressé par un Paris excité et épuisant, le personnage est reclus dans la chambre encombrée qu'il occupe au sein d'un centre de désintoxication, et c'est alors son bras étendu hors du lit qui vaut pour signe d'abattement, et sa veste qui s'écroule toute seule dans la penderie, événement que le malade et son docteur font semblant de ne pas avoir vu, dans un moment vide particulièrement inquiétant.
Dans les deux films, une scène représente à elle seule le mal incurable du personnage. C'est, à la fin de La Baie des anges, cette scène très belle, la plus belle du film, où Jeanne Moreau demande à Claude Mann de l'abandonner à son jeu, avant de se reprendre, de courir vers son amant pour le rejoindre dans le hall de l'établissement. Demy tourne un plan très rapide, et d'autant plus fort que fugace, où l'actrice se reflète à toute vitesse dans une suite de miroirs alignés les uns à côté des autres, son reflet apparaissant et disparaissant en une fraction de seconde pour se recomposer et se dématérialiser à nouveau, à l'arrière-plan d'un espace vide, jusqu'à ce que l'actrice surgisse en gros plan face à nous. Puis, dans un plan d'ensemble pris depuis l'intérieur du Casino, elle tombe dans les bras de Claude Mann, et le cinéaste réalise un brutal travelling arrière, la caméra reculant dans le Casino tandis que le couple semble s'éloigner vers la sortie. En deux plans, tout est dit. Le joueur est menteur : il est multiple, aussi inconstant qu'insaisissable, et Jeanne Moreau a beau quitter les lieux, le mouvement de la caméra l'y retient, l'y enfonce paradoxalement. Le travelling arrière final boucle la boucle du film, qui s'ouvrait, de façon très étrange a priori, sur un même travelling arrière, avec en son centre la même Jeanne Moreau seule sur la Promenade des Anglais (l'actrice ouvrait l’œuvre pour n'y réapparaître que bien plus tard). La vie du joueur est ainsi placée sous le signe de l'éternel retour, de l'éternelle fin, et le Casino, symbole du jeu et de la dévotion hasardeuse à un Dieu tout-puissant (le personnage de Jeanne Moreau compare ce temple du hasard à une église), achève d'exercer son inexorable puissance d'attraction et d'écrasement.
Dans Le Feu follet, il s'agit de la scène très célèbre du Café de Flore (encore une fois le lieu d'incarnation de l'addiction, son temple), où le héros, après une conversation stérile avec deux amis engagés dans l'OAS, autrement dit engagés dans l'histoire, contrairement à lui qui s'y refuse, reste attablé un moment et observe les passants et les clients, extérieur à ce Paris qui défile, à ces gestes du quotidien, aux rires et aux conversations des gens, jusqu'à cet instant où il cède à la tentation et boit le premier d'une longue suite de verres. La scène doit beaucoup à la musique d'Erik Satie et au jeu de Maurice Ronet, qui se met à sourire quand il attrape finalement son opium, sourire qui semble dire le mélange de tristesse et de joie d'un pur abandon, d'une sortie de l'angoisse existentialiste (le personnage suait et suffoquait de voir une vie mesquine déambuler devant lui), d'une exclusion volontariste du monde.
Cette séquence du bistrot, aussi émouvante soit-elle, a été sublimée par le norvégien Joachim Trier dans le récent Oslo 31 août, nouvelle adaptation du roman du collaborationniste Drieu la Rochelle où l'enjeu de la scène est cependant légèrement déplacé puisque l'addiction à l'alcool du personnage est transformée en addiction à la drogue. La séquence du bar ne tend donc plus vers ce sombre suspense de la tentation du premier verre, et demeure entièrement consacrée à l'observation du monde par un être extérieur, tour à tour intrigué, attendri ou défait par les conversations alentour. Dans cette nouvelle version, le travail sur le son, avec l'arrière-plan sonore du bistrot, les conversations en sourdine ou superposées, l'impression de zoom sonore, le surgissement d'un véhicule qui détourne l'attention sur l'extérieur ou la bulle du café qui se referme et étouffe les rêves des clients (il y a cette jeune femme qui dresse à son amie la liste des choses qu'elle voudrait faire avant de mourir) quand le personnage principal, témoin de la vie des autres, en sort ; le travail sur le flou excluant le personnage du champ, celui sur la mise au point drainant les flots de parole quotidiennes d'un point à un autre ; le jeu sur les dédoublements des figures via les reflets et les miroirs, quand un jeune passant se confond soudain avec un vieillard ; et celui sur le montage, qui nous transporte complètement ailleurs, au-delà du bar et de la rue, chez les gens, dans la vie trop rangée, réelle ou fantasmée, de quelques uns de ces êtres aperçus, à peine croisés, sur lesquels le personnage porte un regard aussi bienveillant que compatissant et projette ses hantises, poussent la scène vers une autre poésie et vers d'autres profondeurs.
Ces deux films contemporains sont d'ailleurs assez proches dans leur portrait au plus près des personnages, malades errant dans leur chambre dans l'attente agitée ou anxieuse d'aller jouer ou d'aller se saouler, se tuer ou se ruiner, en commençant par sombrer dans un oubli de soi vertigineux. Les joueurs sont plutôt gais en apparence, effervescents, entre deux stases apathiques, le buveur, lui, est carrément morne (et comparé par ses proches, très délicats, à un cadavre...), mais le sordide l'emporte dans tous les cas, à travers une forme de fatigue de l'addiction, une exténuation physique. Elle passe indirectement par la blondeur poussive, les traits fiers mais tirés, la voix traînante et les pieds meurtris par les allers-retours du Casino à la gare et de la gare au Casino de Jeanne Moreau, ou, de façon très directe, par le corps droit mais inconsistant dans son costume figé, les épaules rentrées et le visage terne, lent, de Maurice Ronet, dandy cynique et nihiliste dont la fatigue est comme essentielle et émane à chaque instant d'un regard terriblement sombre. Quand il n'est pas en ville, visiblement oppressé par un Paris excité et épuisant, le personnage est reclus dans la chambre encombrée qu'il occupe au sein d'un centre de désintoxication, et c'est alors son bras étendu hors du lit qui vaut pour signe d'abattement, et sa veste qui s'écroule toute seule dans la penderie, événement que le malade et son docteur font semblant de ne pas avoir vu, dans un moment vide particulièrement inquiétant.
Dans les deux films, une scène représente à elle seule le mal incurable du personnage. C'est, à la fin de La Baie des anges, cette scène très belle, la plus belle du film, où Jeanne Moreau demande à Claude Mann de l'abandonner à son jeu, avant de se reprendre, de courir vers son amant pour le rejoindre dans le hall de l'établissement. Demy tourne un plan très rapide, et d'autant plus fort que fugace, où l'actrice se reflète à toute vitesse dans une suite de miroirs alignés les uns à côté des autres, son reflet apparaissant et disparaissant en une fraction de seconde pour se recomposer et se dématérialiser à nouveau, à l'arrière-plan d'un espace vide, jusqu'à ce que l'actrice surgisse en gros plan face à nous. Puis, dans un plan d'ensemble pris depuis l'intérieur du Casino, elle tombe dans les bras de Claude Mann, et le cinéaste réalise un brutal travelling arrière, la caméra reculant dans le Casino tandis que le couple semble s'éloigner vers la sortie. En deux plans, tout est dit. Le joueur est menteur : il est multiple, aussi inconstant qu'insaisissable, et Jeanne Moreau a beau quitter les lieux, le mouvement de la caméra l'y retient, l'y enfonce paradoxalement. Le travelling arrière final boucle la boucle du film, qui s'ouvrait, de façon très étrange a priori, sur un même travelling arrière, avec en son centre la même Jeanne Moreau seule sur la Promenade des Anglais (l'actrice ouvrait l’œuvre pour n'y réapparaître que bien plus tard). La vie du joueur est ainsi placée sous le signe de l'éternel retour, de l'éternelle fin, et le Casino, symbole du jeu et de la dévotion hasardeuse à un Dieu tout-puissant (le personnage de Jeanne Moreau compare ce temple du hasard à une église), achève d'exercer son inexorable puissance d'attraction et d'écrasement.
Dans Le Feu follet, il s'agit de la scène très célèbre du Café de Flore (encore une fois le lieu d'incarnation de l'addiction, son temple), où le héros, après une conversation stérile avec deux amis engagés dans l'OAS, autrement dit engagés dans l'histoire, contrairement à lui qui s'y refuse, reste attablé un moment et observe les passants et les clients, extérieur à ce Paris qui défile, à ces gestes du quotidien, aux rires et aux conversations des gens, jusqu'à cet instant où il cède à la tentation et boit le premier d'une longue suite de verres. La scène doit beaucoup à la musique d'Erik Satie et au jeu de Maurice Ronet, qui se met à sourire quand il attrape finalement son opium, sourire qui semble dire le mélange de tristesse et de joie d'un pur abandon, d'une sortie de l'angoisse existentialiste (le personnage suait et suffoquait de voir une vie mesquine déambuler devant lui), d'une exclusion volontariste du monde.
Cette séquence du bistrot, aussi émouvante soit-elle, a été sublimée par le norvégien Joachim Trier dans le récent Oslo 31 août, nouvelle adaptation du roman du collaborationniste Drieu la Rochelle où l'enjeu de la scène est cependant légèrement déplacé puisque l'addiction à l'alcool du personnage est transformée en addiction à la drogue. La séquence du bar ne tend donc plus vers ce sombre suspense de la tentation du premier verre, et demeure entièrement consacrée à l'observation du monde par un être extérieur, tour à tour intrigué, attendri ou défait par les conversations alentour. Dans cette nouvelle version, le travail sur le son, avec l'arrière-plan sonore du bistrot, les conversations en sourdine ou superposées, l'impression de zoom sonore, le surgissement d'un véhicule qui détourne l'attention sur l'extérieur ou la bulle du café qui se referme et étouffe les rêves des clients (il y a cette jeune femme qui dresse à son amie la liste des choses qu'elle voudrait faire avant de mourir) quand le personnage principal, témoin de la vie des autres, en sort ; le travail sur le flou excluant le personnage du champ, celui sur la mise au point drainant les flots de parole quotidiennes d'un point à un autre ; le jeu sur les dédoublements des figures via les reflets et les miroirs, quand un jeune passant se confond soudain avec un vieillard ; et celui sur le montage, qui nous transporte complètement ailleurs, au-delà du bar et de la rue, chez les gens, dans la vie trop rangée, réelle ou fantasmée, de quelques uns de ces êtres aperçus, à peine croisés, sur lesquels le personnage porte un regard aussi bienveillant que compatissant et projette ses hantises, poussent la scène vers une autre poésie et vers d'autres profondeurs.
La Baie des anges de Jacques Demy avec Jeanne Moreau et Claude Mann (1963)
Le Feu follet de Louis Malle avec Maurice Ronet et Jeanne Moreau (1963)
Oslo 31 août de Joachim Trier avec Anders Danielsen Lie et Ingrid Olava (2011)
Chouette idée cette triple-critique. Tu fais bien de revenir et de souligner toute la beauté de cette séquence du bistrot dans Oslo 31 Août, film que j'ai envie de revoir rien que pour elle. Il me faudra aussi mater Le Feu Follet que j'ai de côté depuis des lustres et que je m'étais justement procuré après avoir vu Oslo 31 Août.
RépondreSupprimerPareil, une scène qui n'a l'air de rien, mais qui retranscrit à merveille à la fois ces moments où l'on met son cerveau en stand-by dans un lieu public; et le sentiment du héros de sortir de "la vie" (voire d'être déjà hors de "la vie")
Supprimer"qui n'a l'air de rien" il faut le dire vite ! Mais on est donc complètement d'accord.
SupprimerCa me donne envie de voir le film de Malle. Je te re-conseille de voir "Les amants", que j'ai découvert il y a peu et qui risque de beaucoup te plaire, avec encore une autre Moreau (cette fois-ci prête à quitter le "Casino", au moins pour essayer). Il y aurait toute une filmo à se faire, d'ailleurs avec Malle, tant je n'arrive pas encore à voir quelle mesure donner à son oeuvre. Je n'ai vu de lui que Lacombe Lucien et Place de la République, ainsi qu'un bout de Zazie et c'est insuffisant, je crois, pour y voir clair.
RépondreSupprimerEn tout cas, pas mal le principe de la triple critique !
J'ai vu "Les amants", que j'ai bien aimé. C'est pour moi l'autre film particulièrement intéressant de ce cinéaste, même si "Ascenseur pour l'échafaud" a aussi des qualités. Je n'avais pas non plus détesté le plus tardif "Milou en mai", mais il me faudrait le revoir. Louis Malle, pris de façon plus générale, reste un auteur assez académique, et parfois douteux faut-il croire (en lisant Daney sur des films comme "Lacombe Lucien" ou "Au revoir les enfants").
SupprimerJ'ai vu Lacombe Lucien il y a longtemps et je ne sais donc plus trop ce que j'en avais pensé, mais son sujet (un milicien pendant la guerre) est forcément risqué, ouais. D'où mon envie d'en savoir plus.
SupprimerUn des films de sa période américaine était assez beau : 'Atlantic City', avec Burt Lancaster et Susan Sarandon (je m'avancerai moins sur 'Alamo Bay', qui me laisse un bon souvenir mais encore plus lointain).
SupprimerEn revanche, avant même que Daney ne pointe à juste titre la moisissure idéologique et la fausse complexité des films de Malle relevant de la « mode rétro » ('Lacombe Lucien', mais cela s'appliquerait également au 'Souffle au cœur'), Sébastien Roulet avait virtuellement tout dit dans une notule des Caillés du cinéma à propos du 'Voleur' (avec J.-P. Belmondo), à sa sortie en 1967 :
Georges Radal, alias 'Le Voleur', est un novateur. Il crée, en solitaire, un système de valeurs originales qu'il érige en conduite. Bourgeois, il viole la propriété, impose sa loi, s'affirme d'emblée hors du troupeau. Du moins côté Darien [Georges Darien, l'écrivain anarchiste qui écrivit le livre du même titre en 1897]. Car Malle désamorce cet homme libre, anarchiste écœuré, l'emprisonnant dans un film plaisant, sans risques ni inventions, ô comble, bourgeois — raccords bien élevés, boutons de portes respectés, pantins d'époque au garde-à-vous. La forme d'une œuvre est son sens. La modernité du Belmondo d''À bout de souffle' relevait plus de l'audace du film, du mouvement libre des choses et des êtres, que de la conception du personnage, de ses actes. Au contraire du 'Voleur', qui traite d'un hors-la-loi avec révérence, d'un anarchiste avec conformisme, d'un terroriste communément. Adaptant ainsi son propos à une clientèle déterminée, celle que cent ans plus tôt cambriolait Randal.
Intéressant. On retrouve bien les mêmes attaques contre Louis Malle grand bourgeois chez Daney.
SupprimerPas vu ces deux films américains du cinéaste, mais j'ai vu "La petite" (1978),un vague sous-Lolita, avec Susan Sarandon dans le rôle d'une putain au poitrail mémorablement orgueilleux, et Brooke Shields, dans le rôle de sa fille enrôlée dans la même maison close à un âge très très tendre, mais encore plus dénudée que sa mère par le tendancieux Louis Mâle.
Alors oui, Oslo 31 Aout, encensé par la critique tout ça, mais à côté de ça on ne parle pas du film original dont Olso 31 Aout n'est que le pâle remake, je veux parler de Stockholm 1er Septembre.
RépondreSupprimerQu'il se fasse la malle, le Louis ! Son cinéma est globalement assez détestable et pas uniquement par ce qu'il sous-tend d'idéologie putassière. Et avec le temps, c'est un cinéma ennuyeux, chichiteux, complaisant, souvent bête.
RépondreSupprimerOn passe à aut' choz ?
Tudieu...
SupprimerOn jurerait moi quand j'cause de JLG. L'infâme démiurge de la niouève.
C'en est troublant.
En revanche, le rapprochement entre Louis Malle et Jacques Demy que suscite le texte de Rémi est intéressant. Le problème avec Malle, en gros, c'est qu'il est fasciné par des choses assez extrêmes, scandaleuses ou anticonformistes (tous azimuts : Miles Davis, Queneau, Drieu La Rochelle, l'anarchisme de droite, la Gestapo française, Mai 68, l'inceste, la pédophilie, etc.) que la plupart du temps il académise en les « traitant » filmiquement, étant pour sa part un cinéaste peu inventif et assez tiède. Alors certes, on peut reconnaître l'audace relative de la scène d'amour des 'Amants, et les beautés éparses du 'Feu Follet' (toutefois, même si je n'ai pas lu le livre, je mettrais ma main à couper qu'il est plus vif, troublant, radical). Je pense d'ailleurs que si certains des meilleurs films de Malle datent de sa période américaine, c'est qu'il pouvait moins y tenir sa posture de grand bourgeois audacieux — ajouter une cargaison de guillemets à ce dernier mot. ('Fatale', qui voudrait être sulfureux, est un film franco-britannique, et c'est une horreur.)
RépondreSupprimerPour évoquer l'abîme qui sépare Malle et Demy, prenons la question de l'inceste. Pour Malle, dans 'Le Souffle au cœur', il s'agit d'un « sujet-qui-choque-le-bourgeois » parmi d'autres : on le traite le temps d'un film et zou, on passe à un autre scandale le film suivant. Pour Demy, qui était pourtant le contraire d'un provocateur explicite, il s'agit d'une donnée tellement récurrente, consusbstantielle à son cinéma, que, dans son dernier film, l'inceste a lieu « comme une lettre à la poste », sans apologie mais sans non plus sanction d'aucune sorte. Au lieu de s'appeler 'Trois places pour le 26', cela aurait pu s'appeler 'Inceste sans châtiment' (ceci étant dit, cela n'empêche pas le film d'être un demi-ratage, avec et sans jeu de mots).
"Fatale" : Hu hu hu... Risible.
RépondreSupprimer"Les Amants : je ricane.
J'ai écrit "idéologie", et j'ai regretté.
C'est lui accorder l'honneur d'une pensée.
En fait, Il est gros comme une maison et lourd comme une grosse malle.
Tu dis "fasciné" Hamsterjo ? En vérité, c'est juste un mec tiédasse (bien vu) qui se rêve en subversif. On devine derrière chacun de ses films, la question qui les fait naître : de quoi je vais bien pouvoir parler pour qu'on en parle ?
Pauv' gars.