Suite au succès aussi important qu'inattendu d'Easy Rider, le studio Universal permit aux deux acteurs vedettes de réaliser un film chacun, en leur promettant l'entier contrôle artistique. C'est ainsi que fut lancée la production chaotique de The Last Movie avec un Dennis Hopper totalement fou et imprévisible aux manettes. De son côté, le plus posé Peter Fonda jeta son dévolu sur un scénario signé Alan Sharp, The Hired Hand (devenu en VF L'Homme sans frontière), un western minimaliste dans lequel un cowboy taciturne, lassé de sa vie d'errance, retourne chez sa femme, qu'il a quittée depuis près de 10 ans, accompagné par son ami et fidèle compagnon de route. Ce dernier est incarné par Warren Oates et, bien qu'il s'agissait de la première des trois collaborations entre les deux hommes, une vraie alchimie se dégage déjà de ce duo d'acteurs. Il y a une sorte de confiance mêlée de respect dans leurs regards plein de pudeurs, qui fait que l'on a aucun mal à croire au long passé que partagent les deux personnages. Peter Fonda offre quant à lui une incarnation très mémorable du cowboy solitaire, avec son corps malingre et sa barbe mal entretenue, sa présence fragile et abîmée impressionne discrètement.
Pour son premier film en tant que réalisateur, Peter Fonda a su s'entourer, puisque l'on retrouve également à ses côtés le grand Vilmos Zsigmond, l'un des chefs opérateurs emblématiques du Nouvel Hollywood, dont le talent éclate déjà à l'écran. Bruce Langhorne, guitariste surdoué qui a travaillé sur les meilleurs albums de Bob Dylan, compose quant à lui une musique magnifique où se mêlent les instruments à cordes pour le plus bel effet. Sa musique inspirée participe pleinement à l'ambiance particulièrement envoutante du film, dès ses premières secondes. On croise également dans l’œuvre de Fonda un personnage de femme étonnamment moderne, parfaitement incarné par Verna Bloom qui jouera dans L'Homme des hautes plaines de Clint Eastwood deux ans plus tard.
Le montage étonnant du film atteste que l'on devait fumer pas mal de joints en salle de montage, mais ils étaient fumés par le bon bout, ça je vous le dis ! La fascinante séquence d'ouverture vous émerveillera forcément. Nous assistons à une scène a priori très banale du quotidien des cowboys, nous les voyons se baigner dans la rivière et pêcher quelques poissons pour le repas. Mais cette ouverture est sublimée par un montage étrange et complexe, fait de fondus et de ralentis étonnants, et par des plans de toute beauté, baignés de jeux de lumière magnifiques. Les premières minutes du film créent ainsi immédiatement une ambiance singulière et comme hors du temps. Les rares paroles échangées entre les hommes plantent parfaitement le décor et les enjeux. Un drôle de sentiment nous envahit aussi lorsque survient cette apparition macabre qui conclut la scène, comme un mauvais présage pour la suite des aventures des trois hommes, qui ne seront bientôt plus que deux.
L'Homme sans frontière apparaît finalement comme une très belle et émouvante histoire d'amitié, qui est le cœur même du film et met bien du temps à abandonner nos cœurs après sa découverte. Très rapidement retiré de l'affiche à sa sortie, c'est seulement en 2001, grâce notamment à l'intervention de Martin Scorsese, qu'une version restaurée de ce western élégiaque put sortir en salles puis en DVD. Le film de Peter Fonda put enfin être reconnu à sa juste valeur. D'une beauté de chaque instant, L'Homme sans frontière est une merveille de western que d'aucuns pourraient qualifier de révisionniste ou de psychédélique, mais dont la puissance et la splendeur poétique intemporelle font que l'on se fiche assez des diverses étiquettes qu'on pourrait lui accoler. Un film terriblement envoûtant, une méditation sur l'amitié d'une délicatesse rare et touchée par la grâce, que je vous recommande chaudement.
Pour son premier film en tant que réalisateur, Peter Fonda a su s'entourer, puisque l'on retrouve également à ses côtés le grand Vilmos Zsigmond, l'un des chefs opérateurs emblématiques du Nouvel Hollywood, dont le talent éclate déjà à l'écran. Bruce Langhorne, guitariste surdoué qui a travaillé sur les meilleurs albums de Bob Dylan, compose quant à lui une musique magnifique où se mêlent les instruments à cordes pour le plus bel effet. Sa musique inspirée participe pleinement à l'ambiance particulièrement envoutante du film, dès ses premières secondes. On croise également dans l’œuvre de Fonda un personnage de femme étonnamment moderne, parfaitement incarné par Verna Bloom qui jouera dans L'Homme des hautes plaines de Clint Eastwood deux ans plus tard.
Le montage étonnant du film atteste que l'on devait fumer pas mal de joints en salle de montage, mais ils étaient fumés par le bon bout, ça je vous le dis ! La fascinante séquence d'ouverture vous émerveillera forcément. Nous assistons à une scène a priori très banale du quotidien des cowboys, nous les voyons se baigner dans la rivière et pêcher quelques poissons pour le repas. Mais cette ouverture est sublimée par un montage étrange et complexe, fait de fondus et de ralentis étonnants, et par des plans de toute beauté, baignés de jeux de lumière magnifiques. Les premières minutes du film créent ainsi immédiatement une ambiance singulière et comme hors du temps. Les rares paroles échangées entre les hommes plantent parfaitement le décor et les enjeux. Un drôle de sentiment nous envahit aussi lorsque survient cette apparition macabre qui conclut la scène, comme un mauvais présage pour la suite des aventures des trois hommes, qui ne seront bientôt plus que deux.
L'Homme sans frontière apparaît finalement comme une très belle et émouvante histoire d'amitié, qui est le cœur même du film et met bien du temps à abandonner nos cœurs après sa découverte. Très rapidement retiré de l'affiche à sa sortie, c'est seulement en 2001, grâce notamment à l'intervention de Martin Scorsese, qu'une version restaurée de ce western élégiaque put sortir en salles puis en DVD. Le film de Peter Fonda put enfin être reconnu à sa juste valeur. D'une beauté de chaque instant, L'Homme sans frontière est une merveille de western que d'aucuns pourraient qualifier de révisionniste ou de psychédélique, mais dont la puissance et la splendeur poétique intemporelle font que l'on se fiche assez des diverses étiquettes qu'on pourrait lui accoler. Un film terriblement envoûtant, une méditation sur l'amitié d'une délicatesse rare et touchée par la grâce, que je vous recommande chaudement.
L'Homme sans frontière de Peter Fonda avec Peter Fonda, Warren Oates et Verna Bloom (1971)
Excellent "acid western" comme ils disent. La scène d'introduction est une vraie petite merveille hypnotique et poétique, avec ces fondus enchaînés au ralenti, ce chatoiement de l'image, ces silhouettes de cowboys dédoublées remplies de vagues bleues et noires et l'apparition onirique de la petite fille. C'est presque dommage que ce travail formel, qui doit sans doute pas mal aux oinjs comme tu dis et au travail du grand Vilmos Zsigmond, ne s'étende pas davantage dans la suite du film. Mais on ne perd pas tant que ça au change puisqu'on a droit au très touchant quoique plus classique portrait d'une belle amitié, évidente et fusionnelle, qui pourrait aussi bien s'appeler de l'amour, comme toutes les véritables amitiés.
RépondreSupprimerTon article me donne fortement envie de le voir ! Vive Pierre Fonda ! Meilleur que son padre ! Dommage que ce soit un gros camé.
RépondreSupprimer"meilleur que son padre"... !? non mais tu dis n'importe quoi mon grand, là, hein ?
SupprimerBen, "padre" veut dire "père", mais c'est vrai que je mélange deux idiomes, ce qui rend la chose moins compréhensible.
SupprimerEn fait, je voulais dire que, selon mon sentiment, je trouve Peter Fonda meilleur que son père Henry Fonda. Il y a des arguments "pour" et des arguments "contre" vis-à-vis de ce que j'ose dire, et je suis sûr qu'il y aura des gens pour me soutenir et d'autres pour soutenir la thèse opposée. Attention, je ne précise pas en quoi il est meilleur. C'est du global.
Ouais c'est vrai qu'il a pas dû le bedaver du bon côté le stickos, lui. Non ami KonRad je vous taquine, mais réfléchissez 2 minutes, le rejeton du grand Riri (pas l'autre andouille qui a fait la guerre du Salvador hein, Riri, le vrai, qui Fonda l'acier de mon père, son grand-père et leur arrière-arrière-grand-père) il a fait quoi ? Un film de bécanes souassante-ouitard qui a pas mal vieilli, le superbe western chroniqué ici (mon préféré des 70's sans doute) certes. Il a (très bien) joué dans quelques (très bons) films, voui. Mais est-ce que ça tient vraiment la comparaison avec l'aveuglante carrière de son pôpa qui je le rappelle va depuis les années 30 (sans parler de ses débuts au théâtre) jusqu'à l'aube des années 80 avec une ribambelle de rôles extraordinaires tout du long. C'est un monstre sacré ce mec. Même dans le plus chiant des navetons il est génial, même quand il joue en mode "balai dans le cul" il en exprime cent fois plus que tous les fanfarons de l'actor's studio réunis. Non vraiment, Riri c'est ZE acteur.
SupprimerOui, oui. J'ai vu assez de westerns pour savoir que "padre" c'est de l'espagnol et que ça veut dire 'père".
SupprimerJ'avais très bien compris ce que tu voulais dire. C'est d'ailleurs pour ça que je me suis redressée sur ma chaise :
Quoi ?! Peter meilleur qu'Henry ??!!!!????
Alors là, je m'assois.
(ton message me rappelle un dialogue de "Chaînes Conjugales" de Mankiewicz, la scène où les invités écoutent la radio dans le salon. L'animateur, dans le poste, dit "Gracias" et une des invités traduit au reste de l'assemblée dans le salon " ça veut dire merci").
Bon. Sinon, je reste assise. Parce que "Peter meilleur que Henry", ça m'assomme.
Et puis il quand même LA PLUS BELLE démarche du cinéma mondial. Je pèse mes mots.
SupprimerFaut l'avoir vu grimper la colline dans Young Mister Lincoln!
Ou simplement se déplacer en crabe dans le duel Il était une fois dans loueste!
Il ondule sur un nuage. Il monte des escaliers en apesanteur, trois marches à la fois sans ciller du genou.
Ce mec, il est touché par la grâce.
Il est gentil le fiston.
Mais le père, il a reçu la bénédiction des fées et des dieux.
Le fils est une icône, le père est une légende...
SupprimerCa va.
Un western vraiment planant. Sur une trame classique, Fonda arrive à faire preuve d'originalité et de recherche plastique. Ces procédés techniques donnent une dimension inattendue au film. Comme vous dite, l'oeuvre envoûte jusqu'à fasciner!
RépondreSupprimerTrès joli film qui laisse une agréable impression :)
RépondreSupprimerJe comprends que cette histoire d'amitié ait ému...
Un très beau film, malheureusement trop peu connu.
RépondreSupprimerJe ne savais pas que c'était un des films préférés de John Carpenter.
Oui en effet, Peter Fonda peut être fier de son film, comme il l'a déclaré.
RépondreSupprimerSon Homme Sans Frontière est un très beau film ca ne fait aucun doute.
RépondreSupprimerJe signale un bel article sur ce film à lire ici : http://www.dvdclassik.com/critique/l-homme-sans-frontiere-fonda
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