Revu ce film récemment. Ou plutôt enfin vu ce classique. Je n'en avais aperçu que
quelques extraits un soir que mes parents le regardaient à la télé, à
l'époque. Mais cette fois-ci je l'ai vu et bien vu. C'était important.
Je me souviens, il y a une quinzaine d'années, d'un vendeur de la fnac vociférant dans son rayon qu'il était scandaleux que "le plus grand
film français" n'existât pas en dvd... Bon. Le plus grand vigilante
français, à la rigueur ? Et encore, ça m'étonnerait. Mais soit. Robert Enrico a fait son travail, il faut le reconnaître. Je ne
dirais qu'une chose sur ce film : il porte mal son titre. Le vieux
fusil éponyme c'est celui que Noiret utilise pendant une bonne partie du
film pour dégommer un par un les SS de la division Das Reich qui peuplent son château du
Quercy et qui, sentant venir la débâcle, ont massacré tout le village en
contrebas, mais aussi la jeune épouse et la fille du chirurgien montalbanais.
Mal leur en a pris car l'autre a décidé de devenir un serial killer, une machine de mort, le Rambo du Tarn-et-Garonne, de se venger et de tous les fumer, avec donc son vieux fusil.
Mais la pétoire du père Noiret n'a finalement que peu
d'intérêt en soi. Non, l'arme qui prend toute la place dans ce film,
c'est le lance-flamme des nazis. C'est avec lui qu'ils ont foutu le feu à
Romy Schneider après l'avoir violée (cf. l'affiche). On le sait grâce à un des mille
(pénibles) flashbacks qui scandent le film. Un flashback du reste incohérent
car si tous les autres montrent des souvenirs de Noiret (la rencontre avec sa femme, les bons moment passés au château, etc.), celui-ci lui
vient de nulle part quand il découvre les cadavres de sa femme et de sa
fille à quelques pas des SS qui s'échinent à réparer leur véhicule semi-blindé, étant donné qu'il était absent au moment des meurtres, mais peu
importe. C'est avec ce même lance-flamme que les assassins traquent
Noiret dans les sous-sols et catacombes de son château sans parvenir à
lui mettre le grappin dessus. Et c'est toujours ce lance-flamme que Noiret
récupère à la fin du film, après avoir oublié son vieux fusil près du
puits où il vient de noyer les deux derniers soldats de la compagnie, pour s'en aller finir le travail : il se retrouve derrière le miroir sans teint du salon, qui laisse voir la pièce depuis une coursive secrète creusée dans le mur (installation qui révèle chez le personnage de Noiret un probable malade vicieux espionnant ses invités en douce...), et observe face à lui, de l'autre côté du miroir, l'officier ennemi responsable de la
chienlit, incapable de le voir quant à lui, occupé à s'ôter un bout de rôti d'entre les dents avec une fourche de paysan décrochée du mur du salon.
Noiret déclenche le lance-flamme, fait fondre le miroir et crame son ultime ennemi à travers la vitre explosée, foutant le feu à tout le château par la même occasion. Tout ça
pour dire que si j'avais été Robert Enrico, j'aurais appelé mon film Le Gros lance-flamme plutôt que Le Vieux fusil.
Et, quinze ans en arrière, écoutant le vendeur de la fnac complètement à cran
hurler à qui ne voulait pas l'entendre : "C'est une honte que Le Gros lance-flamme, plus grand film français de tous les
temps, n'existe pas en dvd !", je n'aurais peut-être pas attendu quinze piges pour rejeter un œil à l'affaire.
Le Vieux fusil de Robert Enrico avec Philippe Noiret et Romy Schneider (1975)
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