Frankenhooker, de Frank Henenlotter (étrange comme le titre ressemble à son nom), est une reprise du mythe de Frankenstein, plutôt 
fauchée, vaguement gore, légèrement sexy et un peu conne sur les bords. C'est 
l'histoire d'un jeune type, Jeffrey Franken, savant fou du dimanche, qui broie sa 
fiancée avec une tondeuse à gazon télécommandée de son cru, sans faire 
exprès. Du coup, le garçon, déprimé et à moitié fou, très bavard aussi 
(il parle tout seul dans plusieurs scènes), va essayer de ramener sa 
chère et tendre à la vie. Il a conservé le joli minois de sa bienaimée 
décapitée, et dîne régulièrement en tête-à-tête avec elle. Pour la 
réanimer, il décide d'aller se servir
 en organes et en membres féminins de choix dans le bar à putes 
(d'où le titre) d'un quartier malfamé de New-York. L'idée, c'est de 
neutraliser les prostituées avec des pilules de crack augmenté, sauf que
 cette drogue a finalement la vertu étrange de faire littéralement 
exploser ses victimes.
Le résumé ci-dessus donne un bon aperçu du grand n'importe quoi du scénario. Mais tout ça passe sans problème. La seule vraie 
bizarrerie dans cette affaire, ce sont les scènes où le héros utilise une 
perceuse pour se "vriller le cerveau", quand il commence à dérailler. On 
le voit s'enfoncer la mèche de sa perceuse dans le crâne, prendre son 
pied, et retrouver une sorte de stabilité aussitôt après. Pourquoi pas. 
Mais il ne saigne pas en se perçant la tête, la tige d'acier enfoncée 
dans son ciboulot jusqu'à la garde ne laisse aucune trace, pas la moindre 
plaie. Et ça, j'y crois pas une seconde. Ces scènes fichent toute ma 
croyance de spectateur en l'air. On accepte sans ciller les morceaux du 
cadavre de la fiancée conservés dans une glacière pleine de liquide 
violet, les cachets de drogue qui font exploser, la foudre qui ranime un être fait de membres disparates cousus grossièrement, la femme
 ravivée dont la personnalité est un pot-pourri de celles des putes démembrées qui lui servent désormais de châssis, et le reste. Mais la crédulité a des 
limites. Comme quand les enfants écoutent des histoires complètement 
folles et absurdes sans broncher mais butent face à un détail qui ne fait pas vrai.
Mais
 ça n'empêche pas d'apprécier l'ensemble, pour ce qu'il est. Quelques 
scènes restent bien en mémoire : celles où le jeune savant dessine patiemment les 
plans de sa future créature ; celle, assez longue, où les putes volent en
 éclat sous l'effet de la drogue surpuissante (la caméra s'amusant à suivre le trajet d'une jambe tranchée) ; celles où la fiancée 
ressuscitée (la jolie 
Patty Mullen, playmate de profession, qui avait dévoilé ses charmes 
avant de jouer dans ce film, je laisse à chacun le soin d'aller 
vérifier) déambule dans New-York, affublée d'une démarche et de mimiques
 délectables ; le moment où Zorro, le maquereau bodybuildé vexé d'avoir paumé ses employées, dévisse la tête de la 
Frankenputain d'un coup de poing ; et l'ultime scène du film, où les 
morceaux de putes non utilisés s'amalgament et forment des monstres 
répugnants (pas si loin de certaines créations de Rob Bottin pour The 
Thing), sortes d'amas de femmes déstructurés, concupiscents et hilares, prêts à se venger du gros bœuf qui les avait marquées au fer rouge d'un Z qui veut dire Série Z.
Frankenhooker de Frank Henenlotter avec James Lorinz et Patty Mullen (1990)
 




 
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