On avait drôlement envie de s'enthousiasmer sans réserve et de défendre encore avec ardeur le deuxième long métrage de Justin Benson et Aaron Moorhead, ce jeune duo dont nous avions déjà si vivement salué les remarquables débuts. Hélas, force est de reconnaître que, si l'on y retrouve bien des qualités qui en font un nouveau film de genre tout à fait recommandable et au-dessus du lot, Spring n'est pas tout à fait à la hauteur de Resolution. Nous suivons cette fois-ci Evan, un jeune homme qui fuit la Californie après y avoir perdu sa mère, seule famille qu'il lui restait, et, accessoirement, son job, pour atterrir en Italie. Là-bas, il fera la rencontre d'une étrange mais charmante fille dont il tombera rapidement amoureux, découvrant peu à peu son monstrueux secret...
Encore une fois, un scénario au premier abord très simple offre la possibilité aux deux américains de mêler les genres et de jouer avec les attentes du public. On ressent cette même volonté de surprendre et de désorienter l'audience qui semblait dicter continuellement l'étonnante progression de Resolution, même si c'est cette fois-ci un peu moins déroutant. Spring se présente comme une romance, faite de longues scènes de dialogues intimes entre les deux personnages, progressivement parasitée par des éléments horrifiques de plus en plus envahissants, eux-mêmes situés dans un décor inhabituel pour notre héros comme pour nous-mêmes. La ville italienne fantasmée par nos deux américains est réellement filmée comme s'il s'agissait d'une nouvelle planète. Benson et Moorhead réussissent assez bien à y faire naître un sentiment d'étrangeté, légèrement angoissant, par de simples inserts répétés sur des insectes et autres végétaux qui grouillent sur les murs et sous les pavés. Par des moyens très simples, Spring développe une ambiance assez originale et captivante.
En outre, le duo ose et ose encore, quitte à proposer des effets parfois limite, à commencer par cette première rencontre dans les rues italiennes, au ralenti et accompagnée par la musique de Jimmy Lavalle (plus connu sous le nom de The Album Leaf). Ça passe ou ça casse, ici ça passe tout juste. Une fois n'est pas coutume, les effets spéciaux numériques, lors des transformations horrifiques, sont globalement réussis. Ces mutations morbides et incontrôlables tendent tour à tour vers le zombie, le loup-garou, le vampire ou, moins banal, la créature lovecraftienne, innommable et tentaculaire, Benson et Moorhead s'attachant, là encore, à faire en sorte que le spectateur ne puisse jurer de rien. Aussi, certaines scènes parviennent à instaurer une tension sourde de façon très originale et inattendue, ce qui était déjà l'un des atouts de leur premier film. Je pense par exemple à ce moment dans l'église où la jeune femme, se transformant sans qu'elle en ait conscience, menace malgré elle son compagnon d'un tentacule épineux que nous voyons se tendre en direction de son cou dans le fond de l'image. Notre binôme a également ce petit souci du détail qui fait souvent tout le sel de l'horreur au cinéma, comme ce dernier plan sur un tentacule encore gesticulant suite à une mutation avortée.
Chose aujourd'hui rare et d'autant plus agréable, Moorhead et Benson prennent vraiment leur temps pour installer leur personnage principal. Ils ont bien conscience qu'il est indispensable que nous l'apprécions pour que leur film ait une chance de fonctionner. Ils ont toujours le même talent pour dépeindre des jeunes protagonistes auxquels nous avons aucun mal à croire et à nous attacher. Ils sont toujours doués de la même acuité dans le choix et la direction de leurs acteurs. Lou Taylor Pucci dégage une douceur agréable, une vulnérabilité attachante et une belle sincérité. Nadia Hilker, sa compagne à l'écran, s'en tire plutôt bien dans un rôle vraiment pas évident, elle apparaît d'abord comme une beauté tapageuse avant de dégager un charme plus subtile. Notons qu'au début du film, nous recroisons avec bonheur la grosse tronche barbue de Jeremy Gardner, l'acteur-réalisateur qui nous a récemment offert The Battery, autre perle récente de l'horreur indé US.
Encore une fois, un scénario au premier abord très simple offre la possibilité aux deux américains de mêler les genres et de jouer avec les attentes du public. On ressent cette même volonté de surprendre et de désorienter l'audience qui semblait dicter continuellement l'étonnante progression de Resolution, même si c'est cette fois-ci un peu moins déroutant. Spring se présente comme une romance, faite de longues scènes de dialogues intimes entre les deux personnages, progressivement parasitée par des éléments horrifiques de plus en plus envahissants, eux-mêmes situés dans un décor inhabituel pour notre héros comme pour nous-mêmes. La ville italienne fantasmée par nos deux américains est réellement filmée comme s'il s'agissait d'une nouvelle planète. Benson et Moorhead réussissent assez bien à y faire naître un sentiment d'étrangeté, légèrement angoissant, par de simples inserts répétés sur des insectes et autres végétaux qui grouillent sur les murs et sous les pavés. Par des moyens très simples, Spring développe une ambiance assez originale et captivante.
En outre, le duo ose et ose encore, quitte à proposer des effets parfois limite, à commencer par cette première rencontre dans les rues italiennes, au ralenti et accompagnée par la musique de Jimmy Lavalle (plus connu sous le nom de The Album Leaf). Ça passe ou ça casse, ici ça passe tout juste. Une fois n'est pas coutume, les effets spéciaux numériques, lors des transformations horrifiques, sont globalement réussis. Ces mutations morbides et incontrôlables tendent tour à tour vers le zombie, le loup-garou, le vampire ou, moins banal, la créature lovecraftienne, innommable et tentaculaire, Benson et Moorhead s'attachant, là encore, à faire en sorte que le spectateur ne puisse jurer de rien. Aussi, certaines scènes parviennent à instaurer une tension sourde de façon très originale et inattendue, ce qui était déjà l'un des atouts de leur premier film. Je pense par exemple à ce moment dans l'église où la jeune femme, se transformant sans qu'elle en ait conscience, menace malgré elle son compagnon d'un tentacule épineux que nous voyons se tendre en direction de son cou dans le fond de l'image. Notre binôme a également ce petit souci du détail qui fait souvent tout le sel de l'horreur au cinéma, comme ce dernier plan sur un tentacule encore gesticulant suite à une mutation avortée.
Chose aujourd'hui rare et d'autant plus agréable, Moorhead et Benson prennent vraiment leur temps pour installer leur personnage principal. Ils ont bien conscience qu'il est indispensable que nous l'apprécions pour que leur film ait une chance de fonctionner. Ils ont toujours le même talent pour dépeindre des jeunes protagonistes auxquels nous avons aucun mal à croire et à nous attacher. Ils sont toujours doués de la même acuité dans le choix et la direction de leurs acteurs. Lou Taylor Pucci dégage une douceur agréable, une vulnérabilité attachante et une belle sincérité. Nadia Hilker, sa compagne à l'écran, s'en tire plutôt bien dans un rôle vraiment pas évident, elle apparaît d'abord comme une beauté tapageuse avant de dégager un charme plus subtile. Notons qu'au début du film, nous recroisons avec bonheur la grosse tronche barbue de Jeremy Gardner, l'acteur-réalisateur qui nous a récemment offert The Battery, autre perle récente de l'horreur indé US.
Sur le thème archi rebattu de l'amour impossible, Spring fait preuve d'un romantisme naïf ma foi plutôt rafraîchissant et plaisant. En voyant ce jeune couple débattre des habitudes féminines ou masculines, se livrer l'un à l'autre, et exprimer la complexité des sentiments tout en déambulant dans les rues d'une métropole européenne, il est vrai qu'on ne peut s'empêcher de penser à la trilogie amoureuse de Richard Linklater. Ces dialogues sont pour la plupart réussis, ils semblent naturels, crédibles et spontanés. Malheureusement, il leur arrive aussi de tomber dans une certaine lourdeur et, une fois le film terminé, on pourrait d'ailleurs s'interroger sur l'image qui est ici donnée des femmes à travers ce portrait d'un personnage monstrueux, condamné à enfanter pour espérer mener une existence normale... Plaçons ceci sur le compte d'une simple maladresse juvénile et préférons retenir le beau personnage d'amoureux total que Benson et Moorhead mettent ici en scène. L'essentiel est que la conclusion, que l'on sent bien venir, atteint son but, tout simplement car nous sommes attachés à notre jeune amoureux et qu'il s'en dégage une réelle sincérité.
Avant cela, nous pouvons clairement regretter que le film de Benson et Moorhead nous perde dans son dernier acte, quand le scénario se risque à une explication scientifique de la situation de la jeune fille, par des dialogues difficiles à suivre, assez mal écrits et sans grand intérêt. Cela donne un peu l'impression que Justin Benson, scénariste attitré, a trouvé son inspiration dans un article de vulgarisation accrocheur déniché au hasard de ses errements sur la toile, et que celui-ci lui est monté à la tête. Cette histoire de cellules souches à remplacer tous les 20 ans est à dormir debout. Il aurait franchement été plus judicieux de ne pas dévoiler le pourquoi du comment et de nous laisser avec cette créature bâtarde sans grande explication... C'est dommage car cela nous sort un peu du film et nous empêche de nous sentir pleinement concernés par son dénouement. Si Spring s'avère donc moins maitrisé et laisse comme un goût d'inachevé, il confirme néanmoins les belles intentions et le talent évident d'un duo de cinéastes ambitieux et amoureux du fantastique dont nous continuerons à suivre la carrière de très près.
Spring de Justin Benson et Aaron Moorhead avec Lou Taylor Pucci, Nadia Hilker et Jeremy Gardner (2015)
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