11 juillet 2014

The Game

The Game de David Fincher est un labyrhinthe, une mise en abyme, bref un film de ouf avec Michael Douglas et Sean Penn. Parler de The Game me rappelle que j'ai un ami, je dirais plutôt un Mentor, surnommé Le Tank, de son vrai nom Konrad O'Toole, vétéran du Viet-Nâm, "espion" à la solde de la CIA et "addict" à toutes les drogues légales et illégales répertoriées par la FDA (Food and Drug Administration). Le Tank a en effet la particularité d'avoir un gros faible pour Sean Penn (qu'il orthographie Shawn Penn) depuis qu'il a vu Outrages, à tel point qu'il avait nommé son premier chien Shawn Penn, qui fut suivi de Shawn Penn II, Shawn Penn III etc... Il est aussi atteint d'un certain fanatisme par rapport à l'oeuvre de David Fincher, Fight Club et Seven étant parmi ses films de chevet, le premier parce qu'il lui rappelle le Viet-Nâm, le second parce qu'il lui rappelle l'Indochine. Alors quand j'ai vu que The Game commençait à peine l'autre soir à la télé, je me suis empressé d'envoyer un sms au Tank : "TheGame frnce4 maintnt SeanPenn!". La réponse du Tank ne se fit pas attendre : "Suis devant. Terrible. DommageVF". Puis plus de nouvelles pendant quelques jours, normal car le Tank a besoin d'un moment pour "digérer" une séance signée Fincher, d'autant plus quand c'est avec Sean Penn. Puis il m'a envoyé un long mail que je vous retranscris tel quel ci-dessous.




Salut petit con,

Il m'a fallu du temps pour t'écrire ça, tu sais que je suis pas très littéraire comme gars, je préfère le face-à-face pour exprimer mes idées, surtout qu'un coup de latte est souvent plus efficace qu'un long discours. Comme le dit le proverbe, "ne fais pas confiance aux mots, fais confiance aux actions". Je voulais te raconter une de mes petites "escapades", rapport au film The Game. Tu sais, le cinéma de David Fincher et moi, c'est une histoire amour-haine, rappelle-toi quand on a maté ces merdes-la, Social Network et Zodiac. Fincher il se plante quand il veut raconter un truc compliqué, il est bon quand il raconte que dalle comme dans Fight Club, ou Seven qui m'a rendu fou à l'époque. J'ai failli devenir serial-killer après ça ! Alors quand The Game est sorti, j'étais à cran, il fallait que j'aille le voir dès sa sortie ciné, question de vie ou de mort.




Pour "en profiter pleinement", j'avais économisé, mis de côté pour pouvoir me payer la séance en VO de ce film, une séance qui m'a presque foutu sur la paille, rapport au supplément "version originale" qu'ils tarifaient le prix de deux places, les salops. Un jour, je me ferai un de ces exploitants qui nous prennent pour des vaches à lait pour "faire un exemple". Quand je pense aux exploitants, j'ai mon "membre fantôme" qui me démange, ça me rappelle le Viet-Nâm, et c'est pas un compliment ! Tu sais, il faut de la tristesse pour comprendre la joie, du bruit pour apprécier le silence et surtout l'absence d'un bras pour s'apercevoir du manque de sa présence.




Pour en revenir à mon histoire, je suis allé au ciné de la grande ville la plus proche de chez moi, le seul qui passait la VO, à Troyes, dans un multiplexe flambant neuf, le Ciné City, trop beau comme endroit : un bowling, un MacDalle et un ciné, tout ça au même endroit ! J'ai dû prendre le bus de mon village, celui qui passe une fois par semaine, ce qui tombe mal ! Le bus passait le mardi et le film était diffusé uniquement le jeudi :( Résultat, j'ai aussi pris ma tente Igloo Quechua pour aller camper en bord de Seine, pas loin du multiplexe. Le problème, c'est que mon fauteuil roulant a eu un mal de chien à rentrer dans le bus et personne n'a pu m'aider vu qu'il y a que des vieillardes qui prennent ce bus. Ça a été une galère, mais comme me le disait feu mon père (lui qui a fait le D-Day sur une jambe) au sujet de son cinéaste favori "À en perdre haleine, je foncerai toujours voir le dernier Woody Allen". C'était un putain de poète mon père, accro à Woody Allen comme je le suis de Shawn Penn. Il a trépassé devant Celebrity, c'était le film de trop pour lui. On n'a pas réussi à le sortir de son fauteuil tellement il s'était accroché aux accoudoirs. Il parait qu'on meurt comme on a vécu, c'est totalement exact pour mon père, il est mort "à cran"... On l'a enterré avec son fauteuil, ça a fait des frais supplémentaires pour ma pauvre maman. Fumiers d'exploitants...




J'en reviens à mon histoire. Durant mon petit séjour en bord de Seine, j'ai fait la connaissance de quelques personnalités troyennes, tu sais, celles que les troyens respectables préfèrent ignorer. Certaines de ces personnes sont à éviter, crois-moi, heureusement que j'avais mon flingue à portée de main ; j'ai toujours mon flingue, il me sert de bras droit de substitution. Un de ces "originaux", qui trainait autour de ma tente, s'en souviendra toute sa vie... S'il a survécu à cette balle que je lui ai envoyé droit dans son rein gauche... Dans sa fuite sanglante, il a laissé son chien. Qui est devenu mon chien, Trafalgar. Ça tombait bien car je venais de perdre Shawn Penn VI dans un bête accident de ski. Trafalgar ! Dès que je l'ai vu ce nom a tilté dans mon crâne, faut dire que j'étais "blindé" à ce moment-là. Et donc Trafalgar parce que je suis un fan de l'amiral Nelson (comme moi il a perdu de nombreux morceaux de son corps mais il n'a jamais cessé de se battre !). Enfin, quand est venu le jour et l'heure de ma séance de The Game, je m'y suis rendu avec mon désormais fidèle Trafalgar. Il a fallu un peu que je le "travaille" avant qu'il m'obéisse, ça a été court et intense, mais il s'est soumis. Je ne sais pas s'il a été heureux avec moi mais il a été soumis...




Pour continuer mon histoire, je suis arrivé au multiplexe avec une heure d'avance, de peur de ne plus avoir de place et pour profiter du meilleur emplacement handicapé de la salle (dans notre communauté d'handicapés on se connait bien et je savais qu'il y en avait deux ou trois du côté de Troyes qui avaient planifié d'aller voir le film uniquement pour me faire chier. En parlant de notre fière communauté, je connais bien Oscar Pistorius, c'est un pote, je lui ai tout appris sur le maniement des armes et sur ce qu'il faut faire en cas d'intrusion de cambrioleurs...). Et là j'apprends que le film ne passe qu'en VF ! Pas VO mais VF ! J'ai procédé à la méthode Coué pour ne pas sortir mon flingue et écrire l'Histoire... Donc, bon, pas grave, même si je me faisais un plaisir d'écouter la voix de baryton de Shawn Penn et la voix de crécelle de Michael Douglas... J'ai utilisé les sous supplémentaires pour acheter une place à Trafalgar parce qu'ils n'ont pas voulu croire que c'était un chien d'aveugle. Faut dire qu'il est borgne, mais je continue à croire que ça aurait pu passer si j'avais été dans la file de gauche, celle du caissier qui avait l'air sacrément con. J'ai préféré la file de droite, avec une puuuuure bonnasse à la caisse. Elle avait des einss, je t'en parle même pas ! Tellement gros et ronds qu'elle devait les poser sur le comptoir pour soulager son dos ! Et une tronche de puuuuuure s******, à tel point que même Trafalgar en a été ému, tant et si bien que j'ai dû faire croire qu'il avait 5 pattes. C'était un peu gênant quand même mais on s'est bien rincé les mirettes au moment de payer. J'ai fait faire le beau à Trafalgar pour qu'il puisse la voir de plus près. Ça a été une erreur presque fatale, on a failli se faire embarquer par la sécu, tout ça parce que je pensais qu'on aurait droit à une ristourne si on faisait assez pitié. Quelle femme sans coeur :(




Une fois dans la salle, à cause de toutes ces émotions et les deux nuits précédentes à veiller pour protéger mes maigres biens, je me suis assoupi et j'ai rien vu du film. Mais pendant mon sommeil je l'ai ressenti tout au fond, ça m'a fait un drôle d'effet. Je l'ai pas vu avec mes yeux mais je l'ai vu avec mon coeur, toutes les émotions étaient là, prégnantes. Et Shawn Penn m'a encore ébranlé, à tel point que Trafalgar se mettait à aboyer quand il sentait que l'émotion me submergeait devant sa performance habitée. Ce type c'est un roc, si on l'avait eu au Viet-Nâm, on s'en serait mieux sorti, je te le dis.



 
Bon je te laisse, faut que je sorte Trafalgar III sinon il va encore saloper mon tapis. Tu sais, à l'époque de The Game j'en menais pas large et j'ai eu quelques "confessions intimes" avec mon flingue. J'avais perdu mon dévoué Shawn Penn VI, j'étais seul. Et Trafalgar a croisé mon chemin comme si c'était écrit. Ce chien m'a donné une nouvelle raison de vivre, de goûter à la joie de faire des promenades, de humer l'air frais et pas uniquement celui de mes pets. Heureusement que j'ai tremblé la première fois que j'ai vu ce chien, sinon il aurait une balle entre les deux yeux et je serais encore seul... Ou j'aurais utilisé mon flingue... Tu ne peux pas faire la même erreur deux fois, car la deuxième fois c'est pas une erreur c'est un choix. Bref, tout ça c'était écrit, c'est l'émotion qui a fait son taff.

Au fait j'espère que tu ne traînes pas autour du Stadium sinon tu vas passer un sale quart d'heure, y a "Petit Caramel" qui a été remis en liberté.

A+
Ton Mentor




PS. Une petite question pour toi : tu sais comment revoir le Canal Toofball Club sur internet ? J'ai pas mal cherché mais je ne trouve rien même si je suis sans doute la personne qui correspond le moins à la définition du gogol. Je suis sûr que cela ne pose aucun problème à un pro comme toi. Passe me voir à l'occase, j'ai trouvé des vidéos "borderline" pour ton anniversaire, historik chacal.


The Game de David Fincher avec Michael Douglas et Sean Penn (1997)

26 commentaires:

  1. Cette histoire me tétanise... Je viens de Troyes et j'ai parfois croisé des personnes peu recommandables, tout ceci ravive chez moi des souvenirs que j'aurais préféré enfouir au fond de mon subconscient.

    RépondreSupprimer
  2. C'est Andy Garcia qui joue dans The Game, pas Sean Penn. Mais ça n'enlève rien à la justesse de ce papier...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. If it's in The Game, it's in The Game.

      Supprimer
    2. Es -tu sérieux Tepepa?

      Supprimer
    3. "Tu m'as l'air d'un garçon sérieux !"
      C'est ce que m'a dit le père de ma copine le jour où elle m'a présenté à lui.
      Je ne sais pas si ça répond à ta question !?

      Supprimer
    4. Cela répond à ma question et tu viens de te racheter totalement à mes yeux !

      Supprimer
    5. Tepepa test !

      Supprimer
  3. Je m'insurge contre cet article! C'est une critique? Ça parle d'un film?
    Le Tank est-il toujours aussi charismatique?

    RépondreSupprimer
  4. Il y a un gros gros problème avec The Game : son titre.

    Vu que le film s'appelle "Le Jeu", on se dit que c'est un jeu. Et même lorsque tout semble se barrer en sucette, que ça canarde, ça menace, ça tue ou ça fait disparaitre, on se dit que cela ne reste qu'un jeu, car le film s'appelle "Le Jeu"..... Et à la fin, on apprend que tout cela n'était qu'un jeu.... Super.

    Complétement con ce titre !!!!! Ils auraient dû appeler le film "Birthday Gift".... C'est un vilain titre, mais au moins cela ne m'aurait pas niqué tous le suspens du film.

    Cam_

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Kézaco bordel !15 juillet, 2014 20:11

      Complètement malade le mec, il vient de spoiler le film l'air de rien !

      Supprimer
    2. C'est en effet insensé. Puisque c'est comme ça, je spolie la fin de Haute Voltige: à la fin, on découvre que c'est Sean Connery l'agent d'assurance et Catherine Zeta Jones la voleuse (ou l'inverse)! Na !

      Supprimer
    3. Faux, la révélation c'est que Sean Connery est le PÈRE de Zeta-Jones! Ce qui a mis l'acteur dans une position intenable, en particulier celle de son "Gibraltar" dans son slip...

      Supprimer
    4. Juste pour la ramener un petit peu, "the game" ça veut dire "le jeu" mais aussi "la proie". Du coup le titre est pas si con.

      Supprimer
    5. Si on fait vraiment une traduction littérale, ça veut dire "Le gibier", et là, le titre redevient naze parce que j'ai du mal à imaginer Michael Douglas servi en sauce...

      Supprimer
    6. Putain, instant d'horreur, je viens d'imaginer la tronche à Douglas sous cloche, avec du persil dans le nez. Pas de quoi s'enthousiasmer c'est sûr.

      Supprimer
    7. Ça me donne envie de revoir The Deer Hunter. Est-ce normal ?

      Supprimer
    8. Ça me rappelle plus Le Cuisinier, le voleur, sa femme et son amant...

      Supprimer
    9. Pour savoir quel sens l'auteur du titre de ce film a voulu donner, il suffirait simplement de regarder le titre québécois car les québécois ont la facheuse tendance à traduire littéralement en français chaque titre de film étranger. Ceci nous permettra à coup sûr de mettre un terme à ce débat. Quelqu'un connait-il des québécois?

      Supprimer
    10. Je préfère laaaaargement la cohérence québecoise à cette manie horrible de créer de toutes pièces des titres anglais n'ayant aucun rapport avec le titre original ( un exemple : the hangover => very bad trip).

      Titre québecois : "Jouer avec la mort", ce qui implique un peu, quelque-part-si-on-tire-par-les-cheveux-pour-que-j'aie-raison, la notion de chasse.

      Supprimer
    11. Je suis bien d'accord, le summum étant Panic sur Florida Beach (de Joe Dante), titre en franglais bizarre pour un film dont le titre original est Matinee.
      Mais des fois on a de bonnes surprises, comme Peur bleue que je trouve supérieur à Deep Blue Sea...

      Supprimer
  5. faut être bigleux pour croire un instant que l'intérêt du film réside dans l'besoin de savoir si c'est un jeu, ou pas.
    j'abhorre absolument tous les films de Fincher, c'est donc d'un oeil morne que j'ai regardé celui-ci, y'a quelques semaines..
    un joli soufflet me fut retourné, j'en porte encore la marque!
    une telle maitrise de l'espace, un tel plaisir dans le maniement des décors...

    mpfeuh!

    RépondreSupprimer
  6. Superbe film! Mais c'est pas cette soi-disant critique qui m'a donné envie de le voir. Vous êtes quoi au fait? Des critiques de films ou des narcissiques qui parlent de leurs si splendides vies à longueur de billets de blogs?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Où as-tu lu qu'il s'agissait d'une critique ? ^^

      Supprimer
  7. Génial !
    J'adore quand vos articles ne sont pas des critiques normales.

    RépondreSupprimer
  8. Arnaud Laurent03 avril, 2015 18:53

    Dire du mal de King of California et du bien The game, il faut vraiment avoir un gout de merde en matière de cinoche.
    L'histoire de The game est tout simplement impossible à croire, voilà la raison de l'échec de ce film. Un bon réalisateur ne peut pas rattraper une intrigue aussi catastrophique (voire la fin qui bat tous les records en terme de ridicule).

    RépondreSupprimer