Passionné par la fonctionnalité infrarouge de sa première caméra DV qu’on lui a offerte à ses 12 ans, le premier et seul projet du réalisateur espagnol Paco Plaza a longtemps été de consacrer un long-métrage entier à l’utilisation de cette vue infrarouge. Pour cela, l’inventif Paco Plaza a très vite mis au point une histoire minimaliste, mettant en scène seulement cinq personnages, tous plongés dans le noir total et évoluant dans une grande pièce inconnue, à la recherche de l’interrupteur magique qui leur rendra la lumière et leur permettra de trouver enfin la porte du réfrigérateur, source de nourriture et donc de survie. Il s’agissait évidemment de trouver ici un simple prétexte pour pleinement utiliser toutes les possibilités offertes par l’option infrarouge et ainsi filmer, dans le noir complet, les mouvements gauches et maladroits d’acteurs littéralement en roues libres et livrés à eux-mêmes, qui avaient pour seule consigne donnée par l’audacieux Paco Plaza de se tendre des pièges mutuellement afin de parsemer le film de quelques rebondissements mais surtout pour qu’il atteigne la durée minimale d’un long-métrage. Seul film entièrement tourné en infrarouge, L’Enfer des Loups, intitulé ainsi sans aucune raison apparente, a surpris le petit monde du cinéma ibérique à sa sortie et enregistra hélas de bien tristes recettes en salles sombres malgré un twist renversant que j’ose enfin vous dévoiler entre parenthèses (les personnages, désespérés, crèvent l’un après l’autre, morts de faim, alors que le dernier plan, un cruel travelling arrière tremblotant car réalisé caméra à l’épaule, nous apprend qu’il leur aurait suffit de simplement tirer un rideau très épais, cachant une baie vitrée exposée plein sud, frappée par un soleil au zénith, avec cette lumière si aveuglante qu’on retrouve seulement dans ces régions arides du Sud de l’Espagne). Le spectateur ressort de la salle tout retourné, endolorie par cette sensation qu’on ressent également lorsqu’on écrase un animal sur la route qu’on aurait très bien pu éviter, enrichie d’une nouvelle soirée gâchée au cinéma. Cependant, L’Enfer des Loups (renommé ensuite L’Enfer du Dimanche pour lui donner une nouvelle chance à sa sortie en location ; sans succès, le titre étant déjà pris et n’étant pas plus aguicheur que le premier) est depuis devenu l’une des attractions les plus réputées du très peu fréquenté Musée d’Art Contemporain de Valladolid, soit dit en passant une très jolie ville de Castille souvent associée par erreur à la chanson Ride like the Wind dont le titre, tel qu’il est chanté dans le refrain, est il est vrai très proche de la réelle prononciation du mot « Valladolid ».
Paco Plaza ressortait donc perplexe de cette première expérience cinématographique mais néanmoins bien déterminé à remettre le couvert en exploitant à nouveau la vue infrarouge de sa caméra DV, mais aussi le spot lumineux, dont il avait toujours ignoré l’existence car il n’était jamais passé devant sa caméra ou ne l’avait jamais braquée sur lui, et dont le seul défaut était de vider la batterie à vitesse grand V, l’obligeant par conséquent à filmer constamment adossé à une prise électrique, caméra directement branchée au secteur. Il lui manquait toutefois un prétexte, une raison nouvelle pour se servir de sa fameuse caméra DV, une histoire plus fouillée que la précédente. Le résultat d’une heure de réflexion lors d’une soirée arrosée en compagnie de son pote de lycée Jaume Balaguero est le scénario de Rec : seulement 10 pages, mais un effet garanti sur le spectateur grâce à l’utilisation systématique de la vue subjective. Il ne reste plus qu’à trouver des acteurs. Thierry Henry ne jouant plus dans son club du FC Barcelone, Paco Plaza lui propose de jouer dans son film. Le footballeur refuse, le cachet promis est trop juste, et il précise qu’il ne joue jamais en dehors du gazon et sans ballon. Jamais à court d’arguments, Paco lui rétorque qu’il peut très bien déplacer l’action du film sur un jardin public et qu'il peut aussi lui coller au pied un ballon qui restera hors cadre. L’attaquant français champion du Monde répond à nouveau par la négative et recommande à Paco Plaza d’aller voir ailleurs. Il y va, et débusque une tripotée d’acteurs non professionnels, dont un joueur de hockey sur glace interdit de stade et un fameux joueur de poker chassé des casinos pour cause de tricheries répétées.
Après une semaine de tournage marathon, l’affaire est dans le sac. Le film comporte bien un nombre de ratés impressionnants mais ils seront évidemment accordés au personnage censé filmer l’action : le maladroit caméraman d’une émission télé s’intéressant à la vie nocturne d’une caserne de pompiers et qui se retrouve pris au piège dans un immeuble infesté de zombies, mis en quarantaine. La caméra DV est mise à rude épreuve, toutes ses capacités sont utilisées à 100%, jusqu’à la fin du film où elle est réellement détruite à la suite d’une malencontreuse chute face à un zombie zélé. Hélas, la bande est sauvée de justesse par Paco Plaza. Le film devient culte avant même sa sortie et gagne tous les prix au Festival de Gerardmer. Tout ça n'est pourtant qu'une heure et quart d'un nouveau genre de crash-test automobile adapté à un camescope numérique. Une belle escroquerie.
[Rec] un film de Paco Plaza et Jaume Balaguero (2007)
Paco Plaza ressortait donc perplexe de cette première expérience cinématographique mais néanmoins bien déterminé à remettre le couvert en exploitant à nouveau la vue infrarouge de sa caméra DV, mais aussi le spot lumineux, dont il avait toujours ignoré l’existence car il n’était jamais passé devant sa caméra ou ne l’avait jamais braquée sur lui, et dont le seul défaut était de vider la batterie à vitesse grand V, l’obligeant par conséquent à filmer constamment adossé à une prise électrique, caméra directement branchée au secteur. Il lui manquait toutefois un prétexte, une raison nouvelle pour se servir de sa fameuse caméra DV, une histoire plus fouillée que la précédente. Le résultat d’une heure de réflexion lors d’une soirée arrosée en compagnie de son pote de lycée Jaume Balaguero est le scénario de Rec : seulement 10 pages, mais un effet garanti sur le spectateur grâce à l’utilisation systématique de la vue subjective. Il ne reste plus qu’à trouver des acteurs. Thierry Henry ne jouant plus dans son club du FC Barcelone, Paco Plaza lui propose de jouer dans son film. Le footballeur refuse, le cachet promis est trop juste, et il précise qu’il ne joue jamais en dehors du gazon et sans ballon. Jamais à court d’arguments, Paco lui rétorque qu’il peut très bien déplacer l’action du film sur un jardin public et qu'il peut aussi lui coller au pied un ballon qui restera hors cadre. L’attaquant français champion du Monde répond à nouveau par la négative et recommande à Paco Plaza d’aller voir ailleurs. Il y va, et débusque une tripotée d’acteurs non professionnels, dont un joueur de hockey sur glace interdit de stade et un fameux joueur de poker chassé des casinos pour cause de tricheries répétées.
Après une semaine de tournage marathon, l’affaire est dans le sac. Le film comporte bien un nombre de ratés impressionnants mais ils seront évidemment accordés au personnage censé filmer l’action : le maladroit caméraman d’une émission télé s’intéressant à la vie nocturne d’une caserne de pompiers et qui se retrouve pris au piège dans un immeuble infesté de zombies, mis en quarantaine. La caméra DV est mise à rude épreuve, toutes ses capacités sont utilisées à 100%, jusqu’à la fin du film où elle est réellement détruite à la suite d’une malencontreuse chute face à un zombie zélé. Hélas, la bande est sauvée de justesse par Paco Plaza. Le film devient culte avant même sa sortie et gagne tous les prix au Festival de Gerardmer. Tout ça n'est pourtant qu'une heure et quart d'un nouveau genre de crash-test automobile adapté à un camescope numérique. Une belle escroquerie.
N'oublions pas que Paco Plaza est l'inventeur du fameux "placo". Il l'a inventé spécialement pour son film, anyant un budget limité, tout étant dépensé pour avoir payé un billet aller-retour pour Londres pour voir la fille de Thierry Henry. En vain. Il a donc inventé cette structure peu couteuse mais salement fragile pour son film. Il en a fait sa fortune et compte bien la dépense dans d'autres films inspirés de touches du magnétoscope, tel le triptique(Play-Pause-Stop). Il a appelé Jeff Kaparka pour installer les fenètres. Le budget du film a donc été sauvé grace à cette idée de génie, et vousn n'auriez peut etre jamais vu ce film sinon
RépondreSupprimerMerci Vincent pour toutes ces informations essentielles qui complètent bien ma critique.^^
RépondreSupprimerLe passage avec Thierry Henry est de toute beauté. Tu penses que cette critique peut me faire gagner des EL ?
RépondreSupprimerJe viens de le voir et j'ai trouvé ça pas mal du tout. Si il y a un film avec lequel on peut le comparer, c'est Cloverfield qui est une grosse merde sur laquelle je ne poserais même pas my left foot.
RépondreSupprimerIl m'a fait peur ce film !
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