19 février 2008

I Heart Huckabees

Vous connaissez l'histoire de Romain Gary qui avait pris pour pseudonyme Émile Ajar histoire de recevoir deux fois le prix Goncourt, d'abord sous son pseudonyme habituel, pour Les Racines du ciel, en 1956 et la seconde fois donc sous le pseudonyme d'Émile Ajar, pour La Vie devant soi, en 1975. Eh bien Michel Gondry a voulu faire pareil. Après avoir tourné des films à succès tels que Eternal sunshine of the spotless mind ou La science des rêves, il a donc choisi de se déguiser sous une nouvelle identité, David O. Russell, pour sortir un nouveau film : I heart Huckabees. Et si après avoir su la vérité sur la double identité de Romain Gary on devait découvrir que Gary et Ajar signifiaient respectivement "brûle !" et "la braise" en Russe, force est de constater que la supercherie chez Michel Gondry tient par des ficelles un peu moins solides, puisque d'après certains spécialistes ès Gondry, ce dernier aurait choisi le prénom David en hommage à David contre Goliath, le héros préféré de Gondry, petit et maigre comme lui, puis le nom Russell en guise de clin d'œil à Russell Crowe, son acteur fétiche, petit et maigre aussi. Quant à la lettre O. les chercheurs sont encore sur le coup. D'aucuns pensent qu'elle pourrait faire référence à O.J. Simpson aussi bien qu'à Wilson Oruma, les deux pygmallions officiels du réalisateur de clips.



Il n'était pas bien difficile de démasquer le coupable. Cependant le principal intéressé n'a pas encore avoué, et je pense même être le premier à mettre publiquement le doigt sur son crapuleux subterfuge. Mais la vérité ne saurait tarder à éclater au grand jour. Il n'y a pas beaucoup de place pour le doute. On retrouve dans ce film tous les éléments chers à l'univers de Michel. Un personnage principal disgracieux dont la tignasse ignoble lui assure la liberté de déambuler à sa guise sur les trottoirs que les passant désertent à son passage. Un bonhomme sympathique, fondamentalement gentil, en contentieux avec ses parents comme avec ses collègues de bureau et chèrement attaché aux bonnes manières ainsi qu'à la protection de l'environnement. Un univers décalé où urbanisme coloré et fantaisies mignonnes font bon ménage. Des seconds rôles tous plus improbables les uns que les autres baignant dans une folie douce et propices à un humour gentillet permanent. Enfin bref une escroquerie, une friponnerie, une malversation, une filouterie, un abus de confiance. Gondry nous prend pour des cons.



Pourquoi un pseudo ? Peut-être par peur de surprendre son audience habituelle rodée à des actrices aussi douées que Charlotte Gainsbourg ou à des acteurs aussi brillants que Gabriel Garcia Macdal . En effet on retrouve à côté des abominables malfrats que sont Jason Shwartzman et Jude Law des gens intéressants comme Dustin Hoffman, Naomi Watts, et Isabelle Huppert. Mais ne vous méprenez pas. Tous ces acteurs se sont vus confier des rôles si chiants qu'on en oublierait presque leur talent. À l'exception de Mark Wahlberg qui trouve enfin un rôle qui ne soit pas une insulte radicale à sa personne autant qu'au spectateur, un rôle assez marrant qui plus est. Peut-être aussi que Michel Gondry a choisi de prendre un pseudonyme pour remporter deux fois la Palme d'Or à Cannes, comme Gary avec le Goncourt, c'était oublier un peu vite qu'il n'a jamais reçu aucun grand prix à ce jour, hormis les Oscars du meilleur décorateur et du meilleur photographe de plateau pour sa publicité de la Smirnoff Ice, spot publicitaire qui a fait de Gondry le Méliès d'aujourd'hui.


I Heart Huckabees de David O. Russell avec Mark Wahlberg, Naomi Watts et Isabelle Huppert (2005)