
Regarder le film à la lanterne du souvenir de ce matraquage promotionnel devient alors comique, ou tragi-comique, puisque le film est une des "choses" les plus conventionnelles, plates, convenues et bêtes sorties au cinéma. De la mise en scène au récit en passant par la palette des personnages jusqu'au dénouement sans oublier le discours, tout est un immense cliché navrant. Ce qui fait de Josiane "Grotte de" Balasko la cinquième roue du carrosse d'un Cinéma Français populaire dont tous les pneus étaient déjà bien crevés.

Le film raconte l'histoire d'une bourgeoise de 50 ans pleine aux as et présentatrice de télé-achat qui se paye les services d'un escort-boy (ou gigolo) pour se faire mettre quelques fois par semaines par ce jeune prolo hideux qui fait ce boulot de trainé dans le dos de sa femme qui le croit charpentier et à qui il permet d'ouvrir le salon de coiffure dont elle a toujours rêvé avec l'argent de ses coups de queues... La bourgeoise ne croit pas à l'amour mais en l'argent et elle vit en se payant ses plaisirs éphémères... Sa collègue de travail, jouée par Josiane Kosovo elle-même, est une dépressive en quête d'amour qui finit par trouver son paradis sous les traits d'un énorme Indien d'Amérique (le vrai nouveau mari de Balasqaw qu'elle a tenu à foutre dans le film pour que chacun puisse témoigner de son nouveau bonheur et se dire que tout est possible)... Le gigolo et sa femme sont mal coiffés et ils vivent avec la mère et la petite sœur hystérique en pleine crise d'adolescence (interprétée par l'insupportable Mariloops Berry)... Y'a un noir aussi dans le tas, histoire que tout le panel de la société ait un petit morceau à se tailler dans le gras du film de Balascrocs... La femme du gigolo (Isabelle Carré) finira par découvrir qu'il est gigolo, elle voudra le quitter, puis finira par lui demander de recommencer pour ne pas foutre la clef sous la porte, sans pouvoir pour autant supporter la situation... Le gigolo (Eric Caravaca, le jour où celui-là sera payé pour se foutre à poil, il fera chaud) finit par se tirer avec sa vieille riche qu'il aime bien mais il revient avec sa femme... Ils sont tous très différents mais on ne se mélange pas trop pour autant. La bourgeoise reste seule et les prolos retournent ensemble.

Ce qui est intriguant c'est qu'une fois de plus, l'imaginaire morbide du cinéma Français dominant décrit le couple comme irrémédiablement lié à l'argent. Cliente succède à Hors de prix, Le prix à payer ou encore Combien tu m'aimes. Dans les cerveaux confits des réalisateurs populaires Français, l'amour se monnaye, le couple s'achète. Tristes sires. Pauvre France.
Cliente de Josiane Balasko avec Nathalie Baye, Eric Caravaca, Isabelle Carré et Josiane Balasko (2008)
Cliente de Josiane Balasko avec Nathalie Baye, Eric Caravaca, Isabelle Carré et Josiane Balasko (2008)