28 avril 2024

Sick

Les amateurs semblent d'accord sur ce point et j'aurais plutôt tendance à les rejoindre : avec John Hyams, artisan appliqué déjà auteur de l'efficace Alone, c'est bien simple, on a ce que l'on est venu chercher, ni plus ni moins. Scénarisé par Kevin Williamson qui, rappelez-vous, avait totalement relancer le genre en écrivant Scream, Sick est un slasher au temps du COVID. Deux amies s'isolent dans une immense baraque à la campagne où elles sont prises en chasse par un tueur soucieux de les exterminer tout en rappelant l'intérêt de respecter les gestes barrières. Inutile d'en dire plus sur un film court et direct qui, comme tout bon slasher, s'ouvre par une scène de meurtre assez intense lors de laquelle le cinéaste, décidément à l'aise dans cet exercice, annonce la couleur : cela sera sec et brutal. C'est en effet la mise en scène énergique de John Hyams qui fait ici toute la différence, le scénario de Kevin Williamson s'avérant efficace, certes, mais sans grande surprise, trouvant seulement dans la pandémie un prétexte pour, attention au spoiler, motiver les actes de tueurs remontés comme des pendules (oui, tueur de nouveau au pluriel, Kevin Williamson aimant décidément user de ce ressort scénaristique tout bête qui avait déjà contribué au suspense du film à succès de Wes Craven). Après une mise en place qui aurait encore gagné à être plus rapide, on se laisse donc prendre à un pur jeu du chat et de la souris plutôt bien mené et ma foi divertissant. Les deux héroïnes, incarnées par Gideon Adlon et Bethlehem Million) ont le mérite de ne pas être trop agaçantes et leurs physiques, pour une fois très ordinaires, ne constituent guère un point d'ancrage de la caméra (les temps ont décidément changé). Le décor, un grand chalet isolé au bord d'un lac, est plutôt astucieusement utilisé. Et le film parvient à monter en tension jusqu'à un final qui scotche convenablement au fauteuil et a le bon goût de se clore sur une combustion au petit matin du plus bel effet. Rien d'extraordinaire, donc, mais un slasher qui fait le job et, en se contentant seulement de cela, parvient déjà à se distinguer du tout-venant. 


Sick de John Hyams avec Gideon Adlon, Bethlehem Million et Marc Menchaca (2022)

21 avril 2024

Alone

Je pensais avoir affaire au premier long métrage plutôt prometteur d'un jeune cinéaste à suivre, désireux de se spécialiser dans le cinéma de genre. Je croyais aussi être devant une création originale, un film au scénario si minimaliste et familier qu'il ne pouvait pas s'inspirer d'une œuvre antérieure dont la singularité aurait été jugée suffisamment grande pour justifier une copie américaine. J'avais tout faux ! Alone est le remake d'un thriller suédois sorti en 2011 et a été mis en boîte par John Hyams, le fils de Peter (Outland, Capricorn One, Relic...), c'est un réalisateur de 56 ans déjà assez chevronné (il signe là son sixième film) qui a surtout œuvré dans le cinéma d'action (deux suites d'Universal Soldier au compteur). En fin de compte, heureusement que j'ignorais tout ça car, animé d'un dédain plutôt compréhensif pour la filmographie peu ragoûtante de Hyams et un énième remake US, je n'aurais peut-être pas laissé sa chance à ce film. Or, Alone s'avère être une petite bobine horrifique tendue comme une arbalète et ma foi plutôt pas mal, dans sa modeste catégorie.




Le pitch est archi simple, ou quand un thriller routier classique se transforme en un survival pur jus : une jeune femme prenant la route seule se retrouve aux prises avec un pur taré qui la harcèle en bagnole avant de la séquestrer dans une cabane au fond des bois. La victime parvient à s'échapper et doit alors survivre dans la forêt tout en échappant au psychopathe, toujours à ses trousses. Trois acteurs, deux bagnoles, une cabane... c'est à peu près tout ce qu'il faut à John Hyams pour pondre une série b efficace qui parvient rapidement à nous choper par le colbac. Le cinéaste peut s'appuyer sur la prestation convaincante de son actrice principale, Jules Willcox, mise face à un Marc Menchaca qui peut quasi faire une croix sur les rôles de chics types tant il est crédible dans la peau de ce salopard XXL.




J'ai peut-être préféré la première partie du film, sur les routes, où l'on peut encore douter, quand on est très naïf, de la dangerosité du maniaque en présence, à la deuxième, plus prévisible et gâchée par quelques facilités et autres petites incohérences gênantes dont aurait très bien dû pouvoir se passer un scénario si rudimentaire. Malgré tout, j'étais plutôt scotché tout le long, et les films de ce genre-là qui parviennent à me captiver se font de plus en plus rare. Je ne sais pas si c'est gage de qualité, mais force est de reconnaître que John Hyams se montre parfois très habile pour mettre en place une tension palpable, certaines scènes sont d'une efficacité redoutable, et la toute fin est à la hauteur. Artisan appliqué, il va droit au but et nous propose exactement ce que l'on attendait en lançant son film, ni plus ni moins. C'est déjà ça...
 
 
Alone de John Hyams avec Jules Willcox, Marc Menchaca et Anthony Heald (2020)