
Il est facile de torcher un papelard à partir d’un film comme ça. Un film qui en dit plus que ce qu'il montre, un film âpre et dégoulinant. Dire qu'à cause du titre (
Law Abiding Citizen, en version originale), je m'attendais à un long-métrage sur la loi Veil... Moi je prends le taureau par les cornes, je mets les pieds dans le plat et je m'avance la bouche en cœur. Je ne ferai pas dans la simplicité, je vais seulement me contenter de vous conter l’histoire, avec mes propres mots. Toute l'histoire. Préparez-vous à parcourir le pitch que F. Gary Gray a vendu à des producteurs tétanisés devant cette énième histoire de Vigilante cherchant à venger la mort d'un proche contre vents et marées tandis que la police ne daigne mouvoir son auriculaire bardé de cérumen. Première scène du film : Gérard Butler, l’acteur écossais au charme très rural et au talent inexistant (« the rough blue-eyed scottish moron » d'après Ralph Fiennes) , est peinard dans sa cuisine en train de préparer l’un de ces clafoutis aux cerises dont il a le secret. Il est en compagnie de sa fille qui s'amuse avec amour à confectionner des colliers et bracelets de perles à ses parents, le genre qu’on porte deux minutes puis qu’on jette aux chiens une fois que le gosse qui nous l’a donné nous a enfin lâché la grappe. Elle en fait un avec écrit « Daddy » qu’elle tend à son père. Grandiose. Tout ça est filmé avec un halo lumineux qui est là pour nous faire comprendre que ce bonheur total ne va pas durer...
Toc toc toc. Même pas le temps de répondre « Qui est là ? » que Gérard Butler, dont on apprendra plus tard qu’il est une sorte d’agent spécial surentraîné, se prend un coup de batte de baseball dans la tronche et derrière le genou. KO (« Knives Out » en anglais), il assistera impuissant au viol et à l’assassinat de sa femme ET de sa fille, auxquels il faut ajouter le recel de quelques-uns de ses bibelots par deux hommes apparemment coutumiers du fait. Les méchants sont de sacrés salops, des pourris, des tarés. Fondu au noir. Nous suivons Jamie Foxx dans le rôle d’un avocat véreux, en plein travail, accompagné de son assistante incarnée par l’actrice blonde en plastique déjà vue dans
Talladega Nights et
Iron Man qui porte le doux nom de Leslie Boobs et qui
ranked #51 on the Maxim magazine Hot 100 of 2008 list devant la famille Kardashian mais derrière Dustin Hoffman. Jamie Foxx est procureur dans l’affaire Butler, il se réjouit d’avoir trouvé un accord avec l’un des deux méchants qui, en reconnaissant ses crimes, s’en sort avec une courte peine de prison, tandis que son compère écope de la peine capitale. Allez comprendre. Avant que le verdict ne soit rendu, Jamie Foxx décide tout de même d’en toucher deux mots au principal intéressé : Gérard Butler, que nous retrouvons amaigri, les yeux rougis par le chagrin, errant dans les rues de Boston, Détroit, Philadelphie, que-sais-je ? Ce dernier ne déborde pas d’enthousiasme à l’annonce de la trouvaille juridique de Foxx, et il s’ensuit une violente dispute faite de bastons de regards durant laquelle Butler tapera trois fois du poing sur la table en s’écriant « Qu’est devenue la justice ? Qu’est devenu le peuple ? Qu’est devenue la loi ? ». Foxx décide de faire fi de ces remarques et, lors du procès, tout se déroule comme il l’a programmé. A la sortie du tribunal, Gérard Butler adresse un bras d’honneur à un Jamie Foxx assis sur ses principes et droit dans ses bottes. C’est ainsi que se termine la première partie du film, laissant le spectateur exsangue, littéralement.

Ten years later... Dix mois plus tard donc... Jamie Foxx et son assistante sont conviés à la mise à mort du meurtrier malheureux. Celle-ci se passe mal puisque là où le condamné à mort aurait dû s’éteindre sans douleur, il est soudainement pris de convulsions et de spasmes affreux. L’audience est abasourdie et le Coyote est victime de son succès (ça fait deux heures que j'attends mon maxi-raclette). De son côté, Gerarld Butler s’est fixé pour seul but dans la vie de rétablir la justice lui-même en mettant au point une vengeance calculée au millimètre. Il a pris 17 kilos de muscle (voir photo ci-dessus) en usant d'anabolisants interdits même au Viet-Nam. Du coup, il choisit de piéger le deuxième meurtrier puis de se filmer en train de le découper en apéricubes. Il envoie ça par colissimo suivi avec accusé de réception à Jamie Foxx. Ça lui coûte un bras mais il est content de lui. Il s'en fiche parce que son tour de bras est maintenant équivalent au tour de cuisse de Roberto Carlos lorsqu'il était au faîte de sa gloire. Ensuite, comme il a mis sans réfléchir l'adresse de l'expéditeur et qu'il a fait assurer le bien par la poste, il se fait vite repérer par la police, il décide donc de retirer son t-shirt et d'attendre de se faire cueillir chez lui, histoire de ressortir la tête haute, et d'arborer ses biscotos sculptés à force de soulever de la Viet tout en bandant les muscles de son cou. Butter se laisse donc mettre en taule et interrogé par Jamie Flaxx pour mieux commander sa vengeance à distance et montrer à quel point il est malin. Raaaaaaaaaaaah j’en ai trop marre, j’arrête et je vous laisse mariner avec ce suspense de tous les diables ! Je m’étais fixé de tout vous raconter, de tout vous faire partager, mais ça fait mal et j’en peux plus. En plus on est qu’au tout début là. Je vous ai seulement conté la première demi-heure ! J’ai l’impression de revoir ce con de film, en tout cas sa première demi-heure. Voir ça une fois, c’est déjà trop. La raconter, c'est un calvaire, là je suis Jésus sur sa croix en train de me prendre un coup de lance par Saint Thomas. Si vous êtes moins débiles que moi, vous avez arrêté de me lire depuis un bail. Je ne sais pas pourquoi j'ai eu envie de faire ça, de vous faire un peu revivre mon calvaire, mais c'est mal, c'est égoïste, et je ne recommencerai plus, promis. Je suis comme Indiana Jones dans le temple de Petra, je suis le pénitent... Le pénitent doit le passer, le pénitent doit le passer, le pénitent... Le pénitent est humble devant Dieu, le pénitent s’agenouille devant Dieu ! A genoux !
Que justice soit faite de F. Gary Gray avec Jamie Foxx et Gerard Butler (2009)