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Denis Dercourt reprend deux des sujets favoris des millions d'émissions de Jean-Luc Delarue et de Sophie Davant aka Pikachu, à savoir les frères qui se bastonnent à mort d'une part, et ces gens appelés "rôlistes" d'autre part, des types un peu schizo sur les bords qui, tous les week-ends, enfilent de vieux costumes de l'époque napoléonienne et se caillassent dans des champs reculés du Massif Central ou de la Dordogne à la façon de nos ancêtres trépanés dans des jeux de rôles à échelle humaine pris très au sérieux par ces tarés de première.
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Vincent Perez, égal à lui-même, lisse comme une couille, interprète un illustre pianiste en pleine rupture conjugale qui s'en retourne vivre un temps dans la maison maternelle afin de soutenir sa mère mourante et de renouer avec son frère, Jérémie Renier, particulièrement exaspérant dans son rôle de rôliste cinglé coiffé chaque matin à la Glue 3. A de rares instants la sauce prend et le décalage entre la réalité et l'univers parallèle des tchiplés, qui se prennent pour des hussards à grimper sans arrêt sur le toit, suscite une ambiance de très inquiétante étrangeté presque intéressante. Pas assez pour vraiment captiver (j'ai vu le film en 18 fois), juste assez pour intriguer (j'ai quand même relancé le film 17 fois, du coup).
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Ce long métrage ressemble un peu à son affiche donc, même si j'ai oublié pourquoi, mais il ressemble surtout à l'actrice Anne Marivin (révélée dans Bienvenue chez les Ch'tis), qui joue l'épouse et agente acariâtre du pianiste Vincent Perez. Le visage de cette comédienne est d'une dissymétrie fascinante, elle est à la limite d'être charmante tout en tutoyant la plus singulière laideur. Du même coup on a le désir de la regarder plus longtemps pour saisir le mystère de ce faciès si changeant d'une seconde à l'autre, comme victime d'un morphing permanent et capricieux, et concomitamment pour faire le point sur sa gueule de freak histoire de ne plus jamais avoir à y revenir. Idem pour le film de Denis Dercourt : on ira jusqu'au bout pour en être débarrassé à tout jamais. A la fin, le réalisateur amalgame les deux univers - réel et ludique - qui jusqu'ici ne faisaient que se télescoper, et à ce moment-là le film perd sa minuscule pointe d'intérêt pour aboutir à une bête histoire de vengeance, niaise pour ne pas dire douteuse. Donc globalement c'est pas un bon film.
Demain dès l'aube de Denis Dercourt avec Vincent Perez, Jérémie Renier et Anne Marivin (2009)
Demain dès l'aube de Denis Dercourt avec Vincent Perez, Jérémie Renier et Anne Marivin (2009)
Belle façon de commencer l'année. Une année que j'espère REMPLIE A RAS BORD d'articles ilaosé !
RépondreSupprimer"Jérémie Renier, particulièrement exaspérant dans son rôle de rôliste cinglé coiffé chaque matin à la Glue 3" :D
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