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2 février 2021

The Rental

On a permis à Dave Franco de réaliser un film. Il lui a été autorisé de porter à l'écran son propre scénario. Après un premier jet désastreux, Joe Swanberg, sombre énergumène chantre du mumblecore déjà croisé aux génériques d'autres pépites comme You're Next ou Drinking Buddies, a bien voulu l'épauler dans l'écriture du script. C'est qu'il ne pouvait pas faire ça tout seul. Depuis qu'il est tout petit, Dave Franco a besoin d'aide pour faire ses devoirs. Il lui faut quelqu'un sur le dos, pour le surveiller, le motiver, l'encourager, le soutenir. Il a connu une scolarité longue et difficile, mais il y est arrivé, "au talent", dit-il, avec son sourire de playboy et son air benêt qui feraient de lui l'acteur idéal pour un futur biopic de CR7, à condition d'apprendre à jouer au foot, ce qu'il ne fera jamais, car ça serait trop lui demander, il aime seulement pratiquer les sports individuels ou regarder les sports de combat, ceux qui lui permettent de "vider [sa] tête" et d'entretenir son "six-pack".


 
 
Une somme d'argent conséquente a été octroyée à Dave Franco pour qu'il puisse concrétiser son projet et mettre en scène cette triste histoire. Dave Franco a réuni sa compagne (Alison Brie) et quelques-uns de ses amis acteurs (Dan Stevens, Sheila Vand et Chunk) pour leur demander de bien vouloir y jouer. Ils ont accepté, par fidélité, par loyauté, par ignorance ou parce qu'ils n'avaient rien d'autre à faire. Le studio de production a gentiment mis au service de Dave Franco quelques techniciens compétents et, pendant un peu plus d'un mois, tout ce beau monde s'est affairé, s'est mis au travail, à un rythme assez tranquille, pour la réalisation de ce film. C'est ainsi qu'est né The Rental, le premier long métrage du petit frère de James Franco, un nuisible si infect qu'il est parvenu à se frayer un chemin dans nos salles de cinéma, au milieu du mois d'août d'une année maudite où le COVID a empêché tant d'autres œuvres d'être distribuées et vues dans les conditions qu'elles méritaient.



 
Dave Franco devait croire qu'il était facile de mettre en boîte un thriller horrifique efficace ; il nous démontre que c'est là l'apanage des seuls cinéastes doués et non des tocards de son espèce. Il devait penser qu'il serait aisé de se faire remarquer dès son premier fait d'arme derrière la caméra, d'être d'emblée considéré comme un réalisateur crédible, à suivre ; il se fourre le doigt dans l’œil et parvient même à ridiculiser tous ses piètres acteurs (c'est bien simple, celui qui s'en sort le mieux, le seul qui peut garder la tête haute, c'est Chunk, un adorable bulldog au temps d'apparition à l'écran hélas très frustrant). Dave Franco devait enfin s'imaginer que le succès allait être au rendez-vous grâce aux nombreuses qualités qu'il reconnaissait à son œuvre "affûtée comme une liane" (sic) ; il a vu son premier film, son bébé laid, se planter puis être téléchargé, vu à moitié et aussitôt supprimé par ces quelques curieux, amers et rancuniers, dont je fais tristement partie. 
 



The Rental accomplit la prouesse d'être au moins trois choses craignos à la fois. Une mauvaise sitcom infestée de trentenaires insupportables que l'on a rapidement envie d'étrangler et dont on se contrefout comme c'est pas permis des pénibles histoires de fesses. Un avorton de slasher tout à fait inutile, prévisible de bout en bout, qui nous réserve une seule pauvre idée de mise en scène (un effet de montage aussi brutal que l'intervention du tueur masqué, que je relève ici par simple grandeur d'âme). Et enfin, un ersatz d'émission de télé-réalité minable, avec sa bande de guignols filmée sous tous les angles, doté d’une scène de bain de minuit putride qui vient directement rendre hommage au plus grand moment de la première saison de Loft Story (indice : celle-ci implique également deux débiles, un jacuzzi et des hormones en ébullition). Vous l'aurez compris, tout ça fait de The Rental un sacré film de merde, y'a pas d'autres mots, et l'on souhaite très fort que la carrière de Dave Franco s'arrête tout net. 


The Rental de Dave Franco avec Dan Stevens, Alison Brie, Sheila Vand et Chunk (2020)

27 novembre 2016

True Story

True Story. Beau titre. Un intitulé lynchéen. En parlant de Lynch, l'autre jour ma tata jobarde, la femme de mon tonton Scefo, m'a conseillé d'aller voir "le dernier film social de Lynch sur le Pôle Emploi". Elle me sort ça à table, en plein repas dominical. J'étais comme un fou. D'habitude je me renseigne un peu sur les sorties ciné... Et ma tata jobarde me sort un scoop, elle me laisse carrément sur le cul entre le fromage et le dessert. J'étais surexcité, curieux à en crever de voir le nouveau film de Lynch, un vrai tournant dans sa carrière, un virage à 180° vers le cinéma sociétal réaliste engagé ! Con de tata... Lynch, Loach, à deux lettres et quelques neurones près, on y était... Bref. Revenons au film de Rupert Goold et à son magnifique titre. Les distributeurs français ont hésité à le traduire par Pur scénar, Gros script, Récit exact ou Beau film. Au final ils n'ont rien traduit du tout. Ils ne l'ont pas regardé non plus.


Un beau ticket de cinéma vendu pour True Story, en double programme avec Scream 4, pour 12$50, soit 11€80 les deux films, une affaire. Un(e) gros(se) veinard(e) a vu ce film sur écran géant, le 4 du mois de ??? 20?? On l'applaudit.

Comme dit l'adage, "vérité en-deçà des Pyrénées, mensonge au-delà". De quel côté est l'en-deça des Pyrénées ? Aucune idée... Cette histoire véridique, sur laquelle Rupert Goold a misé toute sa vie, c'est celle d'un type accusé à tort, qui passe des siècles en taule avant que le vrai meurtrier aille se dénoncer. Énorme. Enfin, pas sûr de bien résumer. La tagline est pas mal non plus : "Aurez-vous le courage d'y croire ?" D'où ma question : si le film était basé sur une histoire fausse, l'auraient-ils vendu en nous disant : "Aurez-vous le courage de ne pas y croire ?" Je reste sceptique face à cette accroche, de même que je suis mal à l'aise devant le travail de l'infographiste qui a superposé et mélangé les tronches de Jonah Hill et James Franco sur l'affiche. D'ailleurs c'est un film plein d'effets de fondu, des fondus au noir, des fondus au blanc, des fondus enchaînés, des fondus bourguignone. Ce serait un titre plus exact : Fondue. Je sais que pour certain(e)s les très sexy James Franco, Felicity Jones et Jonah Hill sont des arguments de vente massifs, mais je vous défie d'avoir le courage de mater cette merde, du moins jusqu'au bout. Un point positif quand même pour terminer, et parce que tout n'est pas à jeter : le dvd est disponible en 48h à la livraison sur certains sites.


True Story de Rupert Goold avec James Franco, Jonah Hill et Felicity Jones (2015)

12 octobre 2013

C'est la fin

Attention, Seth Rogen passe derrière la caméra ! Il est épaulé par son fidèle acolyte, Evan Goldberg, avec lequel il a déjà co-écrit le scénario de The Green Hornet. Autant dire que les deux hommes devraient se trouver en cabane pour ce grave délit commis en réunion, déjà sanctionné par des critiques assassines et des scores désastreux au box office. Mais il n'en est rien, ils sévissent encore ! Evan Goldberg est ce que l'on peut appeler un homme de l'ombre de la clique Apatow, il s'est confortablement installé dans la bande en signant le script de Superbad. Avec This is the End, Evan Goldberg et Seth Rogen débarquent avec la ferme intention de réaliser un film culte. Cette intention est tellement évidente qu'elle annihile rapidement l'air de ne pas y toucher, insouciant et un peu foufou, que le duo essaie de se donner. Pour faire bref, leur film se veut tellement cool que ça en devient très vite fatigant.


Il y a quelques années, ces acteurs nous paraissaient pourtant bien sympathiques. A part Seth Röntgen avec son physique et sa subtilité de sanglier trépané traqué par une meute de chiens de chasse audois. Faut pas se moquer du physique mais parfois certaines personnes dépassent à pieds-joints la frontière de l'animalité.

Seth Rogen accueille donc son vieux pote Jay Baruchel à Los Angeles. Tous deux se rendent à la pendaison de crémaillère de James Franco, où d'autres acteurs et quelques starlettes en vogue les attendent. Mais cette giga teuf est soudainement interrompue par l'Apocalypse qui élimine la plupart d'entre eux et condamne le petite groupe restant à vivre en autarcie, dans la baraque de James Franco, avec une réserve de vivres très limitée. Le long métrage de Rogen et Goldberg se présente donc comme une sorte de parodie des films de fin du monde, il met en scène une ribambelle d'acteurs dans leurs propres rôles, ou plutôt dans une version fictive d'eux-mêmes, amenés à devoir cohabiter. Avec ce point de départ qui se veut "énorme" et original, tout comme il permet de réunir un "casting de dingue" (je reprends les termes du dossier de presse), les auteurs veulent déjà s'attirer la sympathie de leur audience. Il faut rester cool, avant tout. Les effets spéciaux sont carrément hideux pendant ladite Apocalypse ? Pas grave, c'est trop cool aussi !


Derrière Michael Cera, qui pose le cul en bombe avec l'intention de subir un assaut anal, on peut distinguer Tony Parker et Vincent Lagaf', plutôt intéressés par le postérieur de la créature blonde au centre de l'image (qui n'est autre que Katy Perry). Anecdotique, au fond à droite Frédéric Beigbeder discute avec Adèle Exarchopoulos, histoire de rameuter un public soi-disant "plus exigeant"...

Si tout cela était drôle, ça ne me poserait aucun problème, ou en tout cas beaucoup moins. Hélas, ce film condense tout ce qu'il y a de pire dans l'humour Apatow, avec son déluge de références indigestes qui sont autant de coups de coude dans les côtes du spectateur, et sa galerie de personnages trépanés dont on est supposé trouver trop mignon le côté encore enfant. Devant tout ça, on a simplement la triste impression de contempler un petit groupe rigoler en vase clos, une petite bande de potes s'amuser entre eux et se regarder le nombril. On imagine que le tournage a été, pour tout le monde, une sacrée partie de plaisir, des vraies vacances, pleines de rigolades et de moments de déconne. On se dit qu'ils ont dû bien s'amuser. Entre eux, toujours, bien que tout cela transparaisse fort peu à l'écran. On a en effet affaire à une farce qui n'amuse pas grand monde en dehors de ses propres auteurs, un peu de la même façon que I'm still here, la pochade ridicule de Casey Affleck et Joaquin Phoenix, mais en pire, car cela concerne cette fois-ci beaucoup plus de monde, et tous ont l'air de trouver ça génial. Malgré la soi-disant amitié qu'elle essaye de nous vendre, la bande d'acteurs ne dégage aucune alchimie particulière. Aucun "personnage" ne fait la différence. Seul Danny McBride se fait parfois remarquer, et encore... Tous sont abaissés au niveau de médiocrité de Seth Rogen, que son physique ingrat et sa voix insupportable auraient dû condamner à des rôles de second plan dans des films minables. Cet homme aurait dû se contenter de humer le fabuleux pet de John C. Reilly dans Step Brothers...


C'est après les désistements successifs de Daniel Radcliffe, Mila Kunis et Nabilla que Seth Rogen s'est tourné vers Emma Watson, la hit girl prognathe du tout Hollywood, pour ce rôle en or de 2 minutes. Vous retrouvez tous ces gens dans le dernier clip d'Arcade Fire !

Ce film idiot m'a notamment été insupportable parce que Seth Rogen et sa bande jouent sur l'attente du public, voire l'étrange besoin pour certains, de les voir dans leurs propres "rôles", c'est-à-dire, en réalité, celui que chacun veut bien se donner. Le film est un vaste programme de séduction, mené avec une connivence détestable par ses auteurs et acteurs, où chacun vise, de force, à rendre définitivement familière l'image qui est construite de lui-même et qui, bien entendu, correspond exactement à celle fantasmée par le public, à savoir celle d'une bande de potes, méga cools, un peu fêlés et complètement perchés, mais avant tout méga cools et cultivant les mêmes références que ledit public, dans un dédale de clins d’œil abominables. Avec ses guest stars en pagaille qui ont l'air de faire des pieds et des mains pour quelques secondes devant l'objectif, This is the End laisse une impression désagréable. On sent qu'il s'agit avant tout d'une triste entreprise nauséabonde où chacun a d'abord visé à peaufiner son image, dans un esprit "donnant-donnant" assez pénible. Rihanna, tout comme Michael Cera, Emma Watson, Channing Tatum ou les Backstreet Boys, doivent en ressortir encore plus cool qu'il n'y sont entrés. C'est la fin des haricots !


C'est la fin d'Evan Goldberg et Seth Rogen avec Seth Rogen, Jay Baruchel, James Franco, Danny McBride, Jonah Hill et Craig Robinson (2013)

13 avril 2013

Howl

On se disait, en matant cette affiche pourrie, qu'Adolf Hitler, qui a flingué la mode de la so-called "Hitler's moustache", aussi appelée "Hitlerstache", "1/3 moustache", ou, plus pragmatique, "le timbre poste à mokos", aurait dû aussi s'affubler de lunettes à grosses montures noires, d'un bonnet phrygien en mohair des années 70 et d'un trenchoat gris bleuté à carreaux. Ça nous aurait drôlement foutu la paix. Imaginez Hitler avec les lunettes d'Audrey Pulvar, il aurait eu l'air vraiment con mais au moins on n'aurait pas à les endurer à chaque apparition de l'épouvantail du paf...


Howl de Rob Epstein et Jeffrey Friedman avec James Franco (2012)

31 mars 2013

Le Monde fantastique d'Oz

Le Monde fantastique d'Oz est un film pour enfants. Mais des enfants qui seraient d'accord pour se faire chier comme des rats morts pendant plus de 2 heures. Bâti sur une histoire d'une simplicité confondante pour que, justement, le jeune public auquel il est destiné puisse le suivre sans problème, ce film moribond et très laid est porté à bout de bras par James Franco. Or, l'acteur dispose ici du charisme d'un poulet de batterie et de petits bras de T-rex dont la fonction n'était sûrement pas de porter des objets lourds. Ce n'est pas ce genre d'acteur de troisième zone qui peut faire sortir le film de son carcan insipide et froid. Médiocre prestidigitateur sur Terre, James Franco arrive par enchantement dans le pays d'Oz, où il se fait passer pour le Magicien qui, selon la prophétie, doit bouter la méchante sorcière (Rachel Weisz) pour faire à nouveau régner le bonheur. Belle perspective.




De son côté, cette méchante sorcière cache son jeu et sème la terreur tandis que MC Solaar récolte le tempo. Elle est à la tête d'une redoutable troupe de babouins volants armée jusqu'aux dents. Et alors que ces sales bêtes causent panique et désolation, James Franco se laisse attendrir par la détresse des si gentils habitants d'Oz et par les formes "généreuses" de Michelle Williams (preuve qu'il doit s'acheter de nouvelles lentilles de contact). Sentant que ses seules qualités physiques ne lui permettront pas de conclure, il décide d'arrêter d'être un pleutre et de prendre les choses en main. Grâce à sa passion pour Thomas Edison et Alfred Nobel, il arrive à fabriquer tout un tas de petits gadgets inoffensifs mais fort impressionnants (feux d'artifice, bâtons de dynamite et illusions d'optique). En effet, à cause d'une promesse débile faite à Michelle Williams en échange d'un contact rapproché avec ses tétons, James Franco s'est interdit de buter ses ennemis, il peut simplement leur foutre les jetons (référence appuyée à Terminator 2). Cela concerne aussi les féroces babouins volants qui, de leur côté, n'éprouvent aucune sorte de pitié pour qui que ce soit et tuent à tour de bras. Pensez-y : des centaines de babouins volants, avec leurs gros culs rouges et leurs dents acérées. Ils sont l'un des fléaux visuels de ce film hideux.




James Franco, qui jusque-là passait pour un escroc à la petite semaine, sort donc le grand jeu et démontre une bonté d'âme qu'on ne lui soupçonnait pas... Grâce à son stratagème "son et lumière" digne des plus grands spectacles du Puy du Fou, il parviendra à faire fuir la méchante sorcière ("jusqu'à ce qu'elle revienne", précise-t-il, dans le but d'annoncer une éventuelle suite à ce film en contreplaqué) et à rétablir la joie et la paix dans le monde fantastique d'Oz. D'un point de vue personnel, il s'emballe Michelle Williams, et c'est tout ce qui semble compter pour lui. De notre point de vue, c'est une catastrophe. Et les autres acteurs ne sauvent pas les meubles. Michelle Williams, par exemple, incarne une gentille sorcière, toute de blanc vêtue, maquillée à la truelle pour être rajeunie de 20 ans : c'est très laid, on dirait Loana immortalisée par un paparazzi manchot suite à une nouvelle tentative de suicide, mais ça semble fortement plaire à James Franco. Rachel Weisz et Mila Kunis, quant à elles, campent deux soeurs probablement pas du même père ni de la même mère, sans aucun panache. Elles complètent le fade trio de sorcières que l'on peut croiser dans le monde d'Oz. Sam Raimi, le réalisateur de cette saloperie qui a laissé tout son talent dans un magasin Prix-Bas en 1992, essaie un temps de nous faire douter de l'identité de la sorcière méchante, mais même un enfant de 4 ans avec de la merde dans les yeux aura tôt fait de deviner qu'il s'agit de Rachel Weisz.




Les rares satisfactions de ce désastre sont quelques seconds rôles joués par des acteurs vétérans, comme par exemple le rôle de Knuck, un nain black grincheux et agressif, joué par le trop rare Tony Cox (l'inoubliable Shonté dans Fous d'Irène). En fait, il n'y a que lui. Un nain black caustique est donc l'unique highlight de ce blockbuster au budget dépassant les 250 millions de dollars. Sam Raimi, considéré comme un réalisateur de la A-list, l'homme qui peut lever tout l'argent qu'il veut pour faire un film intimiste ou ambitieux et en avoir l'entier contrôle artistique, poursuit donc sa mutation complète en une enflure XXL. 


Le Monde fantastique d'Oz de Sam Raimi avec James Franco, Rachel Weisz, Michelle Williams, Mila Kunis et Tony Cox (2013)

16 novembre 2011

La Planète des singes : les origines

Dire qu'on a failli aller le voir au cinéma... Tout ça à cause d'un tas de critiques assez élogieuses sur le web, qui ne manquaient jamais de dire que c'était un blockbuster terrible par rapport à ses concurrents, un blockbuster si terrible qu'il en faisait oublier l'original. Croyez-nous, nous ne nous sommes jamais autant rappelé du film de Franklin J. Schaffner, et jamais avec autant d'amour, que devant cette saloperie qui prétend en raconter les origines et qui fait passer le remake de Tim Burton pour un chef-d’œuvre. Pas mal de gens se sont extasiés sur ce film et on a bien du mal à le comprendre. On nous en a même parlé sur notre facebook... Fait assez rare qui plus est, vu qu'il ne s'agissait pas de nos contacts cinéphiles mais de vieilles connaissances de primaire, par exemple une meuf qui pose sans arrêt avec son clebs sur les photos, un chien de merde qui mesure trois pommes et qu'elle a pourtant appelé "Kolosse". Son statut facebook, qui annonçait : "La Planète des singes : origines est une tuerie", dénotait un peu de ses statuts habituels racontant comment Kolosse lui avait chié dans ses pantoufles ou comment il avait chié dans le lave-linge et ainsi de suite.



C'est ce genre de clebs tout petit et avec le museau défoncé. Rupert Wyatt, qui a réalisé ce prequel, aurait dû faire un film sur Kolosse. Ce chien a sensiblement le même parcours que César, le singe qui sert de héros au long métrage. Dans la vraie vie, des scientifiques se sont amusés à défoncer le nez de cette race de chien grâce à des techniques génétiques pour les rendre plus mignons, mais sans maîtriser les conséquences de leurs travaux : résultat, à part à quelques illuminés ces chiens ne plaisent à personne, ils sont trop laids, et plus affreux encore ils ont le cœur qui bat si vite qu'ils ont une durée de vie très limitée. Il leur est même interdit de jouer, de s'amuser, car en trente secondes ils sont à deux doigts de clamser. On le sait parce qu'un tonton a ramené un de ces chiens chez nous et on l'a rendu fou pour jouer mais on a vite déchanté quand on a pigé au bout d'une minute qu'il était aux portes de la mort. On l'a constaté avec le sourire aux lèvres quand même, mais même ce sourire-là s'est volatilisé quand le maître du chien, Tonton Scefo, nous a regardé avec les gros yeux et en faisant non d'un mouvement balancier de l'index. Autre coïncidence, qui finit de relier cette race de chien au film, c'est que cet oncle est sans arrêt qualifié par sa propre sœur de "vieille guenon", or il ressemble lui-même comme deux gouttes d'eau à sa sœur, en à peine plus bronzé.



Putain d'anecdote qui prend trop de place ! Pour revenir au film, qu'y trouve-t-on ? James Franco, qui n'est pas crédible une seconde en chercheur à blouse blanche. Les producteurs auraient dû choisir l'acteur de la mini-série merdique Bref, qui quant à lui se paye le luxe d'avoir une véritable tronche de con de rat de labo. Aux côtés de el caudillo Franco, l'inévitable Andy Serkis, qui chaque jour remercie le ciel d'avoir signé ce contrat avec Weta Digital, vu que ça lui permet de jouer les premiers rôles malgré sa tronche de balais à récurer les chiottes. Nous le tenons pour responsable officiel de ce merdier de film, ce film qui nous raconte une histoire à pioncer debout. James Franco tente de guérir la maladie d'Alzheimer avec des singes. Plus tard on comprend pourquoi il s'intéresse à ce mal, c'est parce que son propre paternel en est atteint. Comme dans tous les films de merde de ce type, il faut que le héros ait un proche touché par une maladie pour s'intéresser à son remède. Passons sur ce détail qui est certes agaçant mais qui n'est rien par rapport à la connerie globale qui se déploie dans l’œuvre. Ce remède donc, qui guérit le papa du héros en une nuit, rend aussi les singes beaucoup plus malins, à commencer par le dénommé César. Qui est-il ? C'est le fils d'une chimpanzée qui avait reçu les médicaments censés réparer les failles cognitives dans le cervelet, médocs préparés par Franco. Avant de mourir abattue par un agent de sécurité un peu flippé, cette femelle chimpanzé était enceinte et avait chié un marmot dans sa cage, mais ça, les scientifiques du labo qui passaient leurs journées à lui examiner le trou de balle ne s'en étaient pas rendu compte. Énième gage de débilité de ce scénario ridicule. Laissons de côté la question du script, qui est un bloc-note rempli de merde voué à se foutre de notre gueule au maximum. Laissons ça pour causer un peu de la tronche du film. Combien de fois avons-nous lu que ce film est magnifique, que les effets spéciaux y sont sublimes, le singe plus vrai que nature, et compagnie. Putain on n'a pas tous les mêmes mirettes. C'est d'une laideur sans nom et à ceux qui ont clamé qu'il a fallu attendre 2011 pour qu'un tel prodige visuel soit rendu possible, nous répondons gaiement qu'en ce qui nous concerne on aurait bien patienté encore un bail.



Comment s'esbaudir devant ces longues séquences où l'animatronics simiiforme saute de branches en branches pendant des plombes, avec la caméra qui tourne dans tous les sens pour le mater faire ses acrobaties comme s'il s'agissait d'un truc extraordinaire alors que des tas de documentaristes perchés ont déjà filmé des tas de primates faisant la même chose... Dans une scène particulièrement fumée, par la grâce de quelques pirouettes simiesques, cinq ans passent et notre ami le singe gagne un sweat shirt quetchua et un jean levis entre deux branches, il finit tout en haut d'un séquoia, en admiration devant le pont de San Francisco, et tout cela en se grattant les couilles (non, car tout le film se veut très réaliste mais on n'aperçoit pas une grosse paire de burnes de macaque, n'espérez pas davantage admirer un cul rouge de babouin, un gorille qui mange ses mokos ou deux bonobos qui s'enculent, le réalisme a ses limites dans ce film, les limites d'un dessin animé Pixar)... Pour défendre ce type d'effets spéciaux immondes, on nous sort souvent l'argument du passage au mp3, de la compression vidéo qui perd la qualité de la projection cinéma et rend les moindres défauts plus voyants, y compris sur dvd. A cet argument nous répondrons comme tonton Jack Scefo quand il récupère son chien maboule qu'on a essayé de faire crever, avec les larmes aux yeux et un doigt essuie-glace.


La Planète des singes : les origines de Rupert Wyatt avec James Franco, Freida Pinto et Andy Serkis (2011)

3 octobre 2011

The Green Hornet

Quand, en 2011, la star féminine de ton film c'est Cameron Diaz, révélée en 1995 dans The Mask, c'est que t'es un gros fumier.

Quand, en 2011, la "bonnasse" de ton film c'est Cameron Diaz, c'est que t'es un gros enfoiré.

Quand, toujours en 2011, le héros de ton film de super-héros c'est Seth Rogen, t'es au 36ème dessous.

Quand l'affiche de ton film, en 2011, elle ressemble à la saloperie ci-à gauche, t'es une raclure de bidet.

Quand, en 2011, le caméo de ton film n'est autre que James Franco, t'es une sous-merde.

Quand, en 2011, tu sors un film de super-héros "buddy-movie décalé" qui prend en dérision le genre, c'est que t'es un gros retardé de 30 ans.

Et c'est ce triste sire de Michel Gondry qui, en 2011, a été invité à donner des leçons de cinéma à tout Cannes ? C'est lui qui est acclamé comme un nid à idées hors pair par toute la critique ? Let me laugh ! Make me feel bad ! Touch me when I come closer !


The Green Hornet de Michel Gondry avec Seth Rogen, Cameron Diaz et Christoph Walz (2011)

28 septembre 2011

Spider-Man

Dans le cadre de notre dossier spécial super-héros, nous avons demandé à l'insaisissable Arnaud, du super-blog Donc Acte !, de traiter le film de son choix, avec sa plume légendaire. Il n'a pas fait ça à moitié puisqu'il s'est emparé à bras-le-corps du cas Spider-Man ! Voici donc le premier volet d'une série d'articles signés par notre très cher confrère :

Réalisateur des trois Evil Dead, de Darkman, de Mort sur le grill et de Mort ou vif, Sam Raimi, qui ne s'était jamais coiffé de sa vie, a sorti le costard pour faire propre sur les tournages des trois Spider-Man. Il voulait être pris en compte par les executives des studios Marvel et Sony pour faire partie de la promotion des films. Auparavant, Sam Raimi était un boucher du cinématographe. Il traînait sur les plateaux en t-shirt, baskets et jean, taché de sang des pieds à la tête ; il aurait pu être confondu avec Ed Gein si ses frères (Ted et Ivan) ne lui avaient pas rappelé qu'il avait une famille à charge (eux) et qu'il valait mieux faire des films gores que planquer des cadavres de femmes sous son lit. Fan de comics, de télé, et déjanté, Sam a mis l'horreur au goût de Tex Avery dans une série de films excités exposant tripes, sueur et cris gutturaux. Sa caméra manquait de peu d'éborgner les acteurs et se perdait souvent toute seule en forêt sur une moto lors d'une pause pipi d'un de ses frangins qui la conduisait. Sam traitait avec passion des thèmes de l'isolement, de forces spirituelles néfastes, d'aliénation poussant au massacre, de découpage de bien-aimées, de sexe avec la nature, de duels en lunettes noires, de Liam Neeson recouvert de bandages, de Bruce Campbell en frimeur se vantant de ses mérites de tueur de démons au supermarché où il travaille et de népotisme. Mais, Sam avait des ambitions. Il voulait filmer Spider-Man ou quelque chose comme ça.



Depuis le milieu des 1990's, Sam a donc tourné trois œuvres pour des spectateurs sains d'esprit et produit deux séries télévisées pour se laver de son infamie des 1980's. Ainsi naquirent un film de base-ball avec Kevin Costner (qui reste 2h15 sur un monticule pour nous expliquer en flash-back comment il est arrivé là depuis le banc de touche), Xena, Hercule, The Gift et Un Plan simple. Ayant prouvé qu'il était bankable et capable de faire croire que Keanu Reeves avait des talents d'acteur, Sam a été choisi par Sony à qui il a donné son nom complet Samuel Marshall Raimi pour signer la trilogie Spider-Man.

David Koaaaap, le boy de Spielby, son go-to-guy (son type chez qui aller), qui lui fait le ménage, sort les enfants, signe les papiers de divorce, fait le tri dans les idées pourries du grabataire tonton et détruit Indiana Jones au passage a été drafté pour signer le script d'un premier opus bancal. Kirsten Dunst, pour son parfait minois de fille d'à côté qu'on rêve tous d'avoir, Vern Schillinger de la série OZ, pour son expérience de l'autoritarisme, et Willem Dafoe pour son sourire plein de dents de cannibale, sont de la partie. Il ne manquait qu'une paire de faux adolescents ayant été adolescent ou ayant joué un adolescent : Tobey Maguire allait nous imprimer sur pellicule sa sale tronche de merde (son expressif air de niais écarquillant ses yeux mouillés, souriant pour dévoiler son énorme pif au bout tout rond, laissant ses oreilles remplir les bordures du cadre cinémascope, traînant sa voix pénible et plaintive, rentrant la tête dans les épaules et ces dernières dans le corps, se tenant les bras longés contre son buste comme s'il prenait trop d'espace) et fut choisi pour incarner l'homme-araignée entre deux longs métrages tournés avec des chevaux ; quant à James Franco, il n'avait rien de mieux à faire. Alvin Sargent a signé un impeccable second script grâce à un superbe vilain, nommé Doc Ock (Alfred Molina) pour les intimes. Sam s'est chargé avec son tâcheron de grand frangin impérialiste Ivan le terrible Raimi et Alvin Sargent de plomber la série avec un troisième opus budgété pour des gosses qui n'en ont pas redemandé depuis.



Le premier opus traite du cas de Spidy de superbe façon. Il est opposé au bouffon vert. Les films de super-héros ont besoin d'un super-vilain ; la qualité de l'ouvrage en dépend. Dans Spider-Man, Spider-Man est évidement la superstar. Son évolution est réussie (faut-il supporter le faciès de Maguire). L'emphase est totale envers Parker. Malheureusement, la schizophrénie de Osborn est sacrifiée aux convenances du calendrier de l'homme araignée. Sur la première demi-heure, les traitements alternant les parcours de l'adolescent studieux et du scientifique poussé à bout se valent jusqu'à ce que l'évolution de Peter Parker soit privilégiée. Le bouffon vert reste alors en attente, comme s'il attendait que Spider-Man soit à la hauteur pour l'affronter. Une profonde bêtise et de nombreuses incohérences s'ensuivent :

  1. La schizophrénie du bouffon vert aurait pu donner lieu à des attaques plus violentes et imprévisibles. Cette psychose aurait pu créer une formation intéressante lors d'un combat pour un Spider-Man encore tendre.
  2. Le bouffon vert tente pitoyablement de corrompre Peter en se la jouant cool et fun sur un toit de New York. Ils ont apparemment élevé les cochons ensemble. Bouffy raconte à Spidy que les peuples brûlent leurs idoles. C'est son seul argument. Bouffy compte sur la peur d'un vaillant héros pour le faire tomber. C'est pas brillant. Bouffon vert est le pauvre pendant de Jekyll & Hyde façon combinaison verte mouleboule dont le masque tient sur un haut de fauteuil et il est le versant couillon du riche scientifique qui l'a vu naître.
  3. Pour représenter sa folie, Willem Dafoe parle à un fauteuil. Même Abel Ferrara, David Cronenberg, Alan Parker et Lars von Trier ne lui ont pas demandé chose aussi étrange en tant qu'acteur.
  4. D'où sort Bouffy dans le building en feu ? Comment savait-il que Spidy passerait par là ?
  5. Le repas de Thanksgiving est une farce : Peter, nerd qui passe son temps le nez dans les bouquins, annoncé futur prodige en science, ne comprend pas la réaction d'Osborn quand il voit la coupure sur son bras. Réaction qui dévoile pourtant totalement l'identité de Bouffy à Spidy... mais, heureusement pour Bouffy/Osborn/Dafoe, il faut que sa tante soit attaquée pour que Parker comprenne que le bouffon vert connait son identité, même s'il ne fait pas le raccord neuronal pour soupçonner Osborn d'être le méchant.
  6. La fin : Bouffy tient une nacelle remplie d'enfants dans une main et Mary-Jane Watson dans l'autre. Il propose un choix idiot pour corrompre Spidy en comptant sur l'échec de sauvetage d'un des deux partis lâchés qu'il tient à deux mètres de distance l'un de l'autre. Là où Nolan dans The Dark Knight mettait Batman face à un tel choix (Harvey Dent et l'ex de Bruce Wayne), le joker avait l'intelligence de mettre quelques kilomètres entre les deux points où ils étaient retenus captifs. Spidy, qui tire des toiles d'araignée de ses poignets, sauve donc les enfants et son amour secret.

Ce premier opus manque cruellement d'un bon méchant. Dans Spider-Man 2 l'équipe du film a travaillé à l'élaboration d'un sublime vilain, comme nous le verrons dans un prochain article !


Spider-Man de Sam Raimi avec Tobey Maguire, Kirsten Dunst et Willem Dafoe (2002)

22 juillet 2011

Wrecked

Le plot : un homme (Adrien Brody) se réveille très amoché dans une voiture accidentée, tombée au beau milieu d’une forêt dans une région escarpée (sans doute les Rocheuses). Jambes coincées, sans souvenir de l’accident ni de son identité, cet homme va devoir s’extirper de la bagnole pour avoir une chance de survivre...

127 heures, Buried, Frozen... Il y a un petit paquet de films de ce genre qui sortent en ce moment. Des films dont les scénarios se limitent à un pitch minimaliste, comme autant d’histoires de survies impossibles qui sont à la fois autant de défis que s’imposent des cinéastes qui n’ont pas froid aux yeux. Des films qui, avec leurs scénars très limités, viennent forcément titiller la curiosité des cinéphiles intrépides, dont je crois faire partie puisque j'ai vu les trois longs métrages cités. Dans 127 heures, Danny Boyle nous dépeignait en split-screens la petite semaine d’emmerdes de James Franco, coincé sous un rocher, condamné à boire son pipi et à se manger le bras pour s’en tirer. Dans Frozen, du jeune réalisateur Adam Green, nous nous retrouvions perchés dans le vide, sur un télésiège tombé en panne, en compagnie de trois jeunes individus ayant eu la sale idée de faire du ski et de s’attaquer à une piste noire, à minuit, la veille d’un jour férié ! Deux d’entre eux, les deux mecs, finissaient dévorés par des loups après avoir tenté le grand saut, tandis que la meuf s'en sortait grâce à son gros cul, non sans quelques gerçures. L'an passé, Buried avait fait le buzz grâce à la petitesse du cercueil en bois dans lequel Ryan Reynolds et nous autres spectateurs passions tout le film. A part ça : quelques coups de fil dénonçant l’inefficacité du service-clients Orange, un serpent concupiscent trainant dans le futal de l'acteur, et... c'est tout, à l’ouest, rien de nouveau dans ce thriller très laborieux ! Essential Killing pourrait presque être rapproché de ces films, mais ça serait vraiment ne pas faire hommage à l’œuvre puissante et inspirée de Jerzy Skolimowski !



Ces films donnent souvent l’occasion pour un acteur de se risquer à une prestation difficile et extrême, avec la promesse d’occuper seul l’écran pendant la quasi totalité du long-métrage. C'est tout à fait le cas dans Wrecked et Adrien Brody s’en tire plutôt bien, il n’y a rien à lui reprocher. Après, on pourra toujours passer des heures à débattre autour du "cas Brody", à essayer de comprendre les choix de carrière de cet acteur au profil unique qui n'en fait qu'à sa tête depuis sa consécration précoce grâce à son rôle dans Le Pianiste de Polanski. L’homme doit être un déconneur, il doit aimer les films de genre, pas prise de tête. L'explication doit être aussi simple que ça. Adrien Brody est un peu la version masculine d’Hilary Swank, également consacrée pour sa prestation dans Million Dollar Baby et qui depuis aligne les obscurs thrillers sans le sou, assez peu aidée, il est vrai, par sa tronche de mec. Il est aussi la version soft de Nicolas Cage, les coups d’éclat en moins. En bref, c’est un acteur fascinant.



Mais que dire de Wrecked ? Le film n’est pas si mauvais, c’est même sans doute mieux que Buried, qui avait pourtant eu le bonheur de connaître une sortie en fanfare, en étant globalement salué par la critique et le public. Ici, le réalisateur se tient à son idée et colle à son concept jusqu’au bout avec, il me semble, plus de rigueur que Rodrigo Cortés. On passe véritablement tout le film à la place d’Adrien Brody et le réalisateur met un point d’honneur à respecter le point de vue de son personnage, sans jamais nous montrer davantage ni s’écarter de sa ligne imposée. Grâce à cela, Wrecked se regarde, assez mollement, mais se regarde néanmoins sans faillir. Michael Greenspan parvient à rythmer son film et à répartir les éléments clés de son récit de façon telle que l’on reste devant notre écran à suivre cette petite histoire, avec un brin d’intérêt. L’envie d’en connaître le fin mot est toujours un peu plus forte que celle d’y mettre fin prématurément, mais ça se joue toujours à pas grand chose.



A part ça, on a droit à presque toutes les situations incontournables de ces films de survie. Adrien Brody est ainsi consécutivement amené à manger des fourmis rouges et à se ruer sur une flaque d’eau pour se sustenter, à se raconter des vannes tout seul pour passer le temps, à se faire pipi dessus pour se réchauffer, et surtout, à avoir de sacrées hallucinations qui l'aident ou le ralentissent dans ses efforts. Pas grand-chose de neuf, donc, et le dernier secret du film, lié à l’identité du personnage principal, a le défaut de nous être dévoilé de façon assez grossière via un flash-back final un peu facile. Mais malgré cette dernière fausse note et sa vacuité globale, Wrecked n’est pas la daube tant redoutée. J'éprouve de la sympathie pour Brody.


Wrecked de Michael Greenspan avec Adrien Brody (2011)

15 janvier 2011

127 Heures

Hier soir, 3h du mat’. « Houla Rholala Gaga Lalala Houla Houlala Brouhaha Skunchacha». Les lyrics endiablées de la brillante Lady Gaga font vibrer mon portable qui me signale que j’ai tout simplement reçu un nouvel SMS. Le premier depuis 2011. « Bonne Anné ! ». Expéditeur : NDE. NDE, ça signifie « Near Death Experience ». C’est sous ce nom-là que j’ai enregistré Aron Ralston dans mon répertoire téléphonique et c’est comme ça que je le surnomme, les rares fois où l’on se croise. Oui, vous avez bien lu : Aron Ralston, le Aron Edgard Samassa Lou Ralston de ce film. Je le connais par l’intermédiaire du Tank, dont je vous ai déjà dit quelques mots, et qui est un bon pote à lui. Ils ont un peu la même philosophie de vie. Ils en ont vu des vertes et des pas mûres. Ils sont plusieurs fois rentrés dans le fameux tunnel, celui menant vers l’au-delà, pour mieux rebrousser chemin, et croquer à nouveau à pleine dents dans leurs chiennes de vie. Ces types-là, ce sont pour moi des exemples, des modèles, des héros. Des hommes qui méritent toutes les médailles du monde. Un monde qui les ignore et leur préfère les Bono et autres starlettes de pacotilles, singeant de semer la paix pour mieux récolter les dollars. Aron Ralston est un héros, un vrai, et son aimable texto m’a rappelé que l’une des anecdotes de son chemin de croix venait d’être mise en image par le dénommé Danny Boyle.



Cette histoire, je la connaissais par cœur, Aron me l’avait déjà racontée autour d’une canette de Fink-Brö et de quelques animaux morts, lors d’un road trip. Le road trip, littéralement : excursion sur route, c’est cette nouvelle pratique à quatre roues motrices tout droit venue d'outre-atlantique que l’on peut d’une certaine façon rapprocher d’une autre tradition initialement américaine : l'enterrement de vie de garçon. Sauf que dans le road trip, il est hélas moins fréquent qu'on retrouve des strip-teaseuses, et les hommes sont en général plus proche du divorce que du mariage. Le véritable road trip consiste à tester ses capacités à survivre en milieu hostile. Il s’agit tout simplement de se munir d'une bande de potes, de quelques boissons, d'un équipement de campeur, de quelques armes à feu, d'un bon 4x4 et de se diriger vers des endroits isolés, à la recherche de la tranquillité, d'un certain retour aux sources, tout en adressant un grand "NON" à toute sorte de féminité. Il s'agit souvent de resserrer les liens d'amitiés purement masculins, basés sur l'entraide, la complicité, la pêche, l'humour huileux, l'esprit de compétition et la loyauté. Les discussions sont alors souvent ponctuées par des remarques situées en dessous de la ceinture, par des avis plein de virilité et des conseils avisés, en vue de sauver des couples en perte de vitesse. Intrigué par ce nouveau phénomène de mode, j’avais donc déjà été convié par mes deux potes Tank et NDE (que je prononce Ned, car c’est quand même plus commode) à les suivre dans leur propre road trip, méticuleusement organisé par leurs soins, de la sortie du garage jusqu'au séquoia géant où on a fini notre parcours et qui gardera à jamais la trace du pare buffle de notre 4x4.



C’est donc lors d’un des rares temps morts de ce road trip, pendant que nous dégustions un petit marsupial cuit au feu de camp et que le Tank dormait les yeux grands ouverts à quelques pas de nous, que NDE s’est approché de moi, a posé son seul bras valide autour de mon cou, et m’a raconté cette histoire, celle-là même qu’il a reproduit sur papier, dans son roman intitulé Between a Rock and a Hard Place, quelques années plus tard, pour financer ses excursions. Ce livre, où NDE a choisit de ne pas tout dire dans le simple but d’être accepté par une maison d’édition, c’est mon bouquin de chevet, et tout le monde ne peut pas se targuer d’avoir son livre préféré, de son auteur favori, dédicacé par le sang de ce dernier. Tout ça pour dire, vous l’aurez compris, que je connais cette histoire sur le bout des doigts. Et même si je ne l’avais pas lue et relue dans sa version « tout public », je la connaitrais tout aussi bien étant donné qu’on a tendance à se rappeler des choses qui nous sont chuchotées par la voix diabolique d’un homme au visage brûlé. Vous aurez donc deviné que c’est avec une certaine appréhension que j’ai lancé le dernier film de Danny Boyle sitôt après la lecture du SMS de celui que je considère comme mon co-mentor. Peut-être la même appréhension que celle que peut ressentir un nostalgique du 3ème Reich avant de regarder Das Untergang.



Le début du film m’a plutôt emballé, je dois l’avouer. Et pourtant, je ne suis pas le premier fan de Danny Boyle. Mais il y a quelque chose, dans le style si exubérant de ce cinéaste camé, qui me rappelait immédiatement mon si cher ami Aron. Ses écrans divisés en plusieurs bandes, ces images qui se succèdent à toute allure, cette BO entraînante lancée à plein volume, ce rythme effréné, bientôt coupé dans son élan, tous ces éléments faisaient que je m’y retrouvais complètement. J’étais « dedans » et très rassuré de voir que ce film était bien parti pour rendre adroitement hommage à NDE. Ce dernier est d’ailleurs incarné avec énergie par le jeune acteur James Franco, au physique plus quelconque que lui, mais peut-être plus au goût de la majorité. NDE se voit notamment débarrassé de son bec de lièvre et de son « troisième œil », celui qui est apparu sur son omoplate gauche pendant son escapade au Népal, où il a manqué plusieurs fois d’être gobé tout cru par un cougar le prenant en traître. Miracle de la nature, ce troisième œil, dit-il, a dû pousser là pour lui « rappeler de chécker » ce qui se trame dans son dos. A présent, il y est condamné : Aron a une vision circulaire, couvrant un angle incroyable, qu’on ne peut pas s’imaginer, tout comme on peut difficilement se mettre à la place de nos amis araignées. Les trois bandes d’images, procédé usé jusqu’à la corde par notre ami Danny Boyle, est d’ailleurs peut-être un clin d’œil discret mais malin adressé à son personnage principal, que lui seul et ses intimes reconnaîtront. Aron se voit également enrichi de la partie droite de son cuir chevelu, celle-là même qu’il avait pourtant perdue des années avant la date à laquelle est supposée se dérouler l’action du film, lors d’une soirée trop arrosée et tout simplement passée trop près d’une bougie. Bon, pour faire court, NDE est un véritable freak, à peine humain, qui prend ici les traits d’un éphèbe. Ô magie d’Hollywood, quand tu t’attaques à l’un des mes proches, je suis mal placé pour t’en vouloir !



Revenons sur le film, que j’ai entamé avec appétit. Ces effets de style insupportables, si chers à Danny Boyle, je les trouvais donc très à propos, bienvenus, convenant parfaitement à ce personnage hors norme dont il retrace la mésaventure. Le cinéaste britannique prend du plaisir à filmer les paysages magnifiques des gorges de l’Utah dans lesquels Aron avait choisi de se perdre, et ça se voit, il nous fait croquer. Il nous gratifie de quelques plans très graphiques, très agréables à l’œil, et sur lesquels la compagnie Microsoft ne cracherait pas pour en faire les fonds d’écran du prochain Windows. Auréolé de son oscar du meilleur réalisateur grâce à l’infâme Slumdog Millionnaire, Danny Boyle est clairement au sommet de son art. J’étais curieux de savoir comment il gèrerait ce qui devait être le cœur du film : les 127 heures annoncées par le titre. 127 heures passées au fond d’un canyon, coincé entre un rocher et une falaise, le bras d’Aron complètement écrasé, bloquant son corps, condamné à rester debout.



Au départ, Boyle s’en tire bien. Ou plutôt devrais-je dire : James Franco s’en tire bien, car l’acteur y est pour beaucoup, c’est un véritable festival. Seul à l’écran, il parvient à capter l’attention, et j’ai même un instant cru voir cette lumière si particulière qui anime en permanence le regard de mon véritable Aron. Ce léger scintillement irrégulier, qui doit en réalité être présent dans tous les yeux des personnes qui ont déjà trop longtemps maté la grande Faucheuse en face. J’ai été bluffé. Je ne sais pas si c’est encore un secret de l’Actor’s Studio, ni quel régime s’est imposé James Franco pour le rôle, mais c’est très fort et je dis un grand « bravo ».



Le film continue donc à se regarder avec un certain plaisir. Les détails les moins craspecs de l’aventure d’Aron nous sont montrés. Les autres pas, et je préfère les garder pour moi, par respect pour cet ami qui m’est si cher. Nous avons donc droit à Aron buvant sa pisse, s’inventant des rêves érotiques bon enfant pour passer le temps, profitant de son quart d’heure de soleil quotidien, se confessant devant son caméscope, rêvant du jerricane de Coca-Cola laissé dans son 4x4, se remémorant sa famille avec émotion, etc. Tout ça, Aron me l’avait mieux raconté, avec son vocabulaire très pauvre et son parlé si riche, mais je reconnais qu’il ne m’a pas été désagréable de le voir à l’écran, même si ça n’était pas tout à fait à la hauteur.



Dans un premier temps très bien amenées, ces séquences de flash-back sont ensuite dynamitées par la grande lubie de Danny Boyle qui consiste, comme évoqué précédemment, à diviser son écran en autant d’images et à nous faire encore subir ces effets lourdingues qui finissent forcément par énerver. Nous avons ainsi droit à un quart d’heure assez abominable, survenant au deux tiers du film, qui vient abîmer un long-métrage qui jusque-là se tenait bien. Il faut croire que Danny Boyle a mal choisi son titre, car si à travers lui il met en avant le fait que notre héros a été capable de survivre six jours et cinq nuits au fond d’un canyon, il ne rend qu’encore plus frappant le fait qu’il est lui-même infoutu de convenablement remplir 1h30 de bobine avec une histoire pareille. Triste constat.



La fin du film, après qu’on ait assisté au découpage de bras d’Aron (celui-ci est rendu plus douloureux à voir qu’à entendre, à cause encore une fois de l’insistance de notre britannique excité), est largement édulcorée. Le happy end à l’américaine a remplacé la dure réalité. Car sachez bien que lorsque mon pote Aron est sorti de son trou, tout ensanglanté, un moignon à la place de son avant-bras droit et une mine de mort-vivant, les promeneurs ne l’ont pas accueilli à bras ouverts. Non, loin de là. Ces cons-là lui ont surtout jeté des cailloux, pensant avoir affaire au célèbre Big Foot ou à un sous-homme qu’il fallait éliminer en vitesse. J’espère seulement qu’Aron ne verra jamais cette fin, il risque de mal l’encaisser… Malgré cela, et pour dire plus rapidement ce que j’ai pensé de 127 Heures, je conclurai en affirmant qu’il s’agit tout de même du meilleur film de Danny Boyle (je déteste tous les autres). Et si ce dernier n’était pas retombé dans ses travers, ce film aurait pu être encore plus réussi.

Je n’ai aucune nouvelle de Aron depuis son texto, auquel j’avais assez simplement répondu « Bonne Année à toi ! Quoi de neuf ? » (nos rapports sont simples, simples mais profonds). En envoyant cela, je savais bien que je n’aurai peut-être jamais de réponse. Peut-être suivrai-je bientôt une de ces aventures sur grand écran ? Le Tank m’a confié qu’il préparait un nouveau livre, sobrement intitulé A Surviving Story. Pour la nouvelle année, le Tank aussi a eu de ses nouvelles. Il a reçu une carte postale de Somalie, où il y avait seulement noté en lettres majuscules, d’une écriture tremblotante fendant la carte en diagonale : « L’ENDROIT LE PLUS DANGEUREUX DU MON ». Les deux dernières lettres manquantes ne laissent rien envisager de bon au Tank, bien connu pour avoir le nez creux, mais de mon côté, je suis persuadé qu’il s’agit d’une petite facétie de ce bon vieux NDE. Et je n’ai à présent qu’une hâte, c’est que soit adapté le célèbre road trip qu’il avait entreprit durant l'été 2005, soit deux ans après celui revu et corrigé par Danny Boyle, deux ans plus tard et un bras en moins ; celui où il fut obligé de noyer son propre frère pour utiliser son corps inerte comme un radeau afin de ressortir indemne d'un torrent de boue, entouré de gros crocos... Tétanisant !


127 Heures de Danny Boyle avec James Franco (2011)