Darren Aronofksy, avant de devenir le metteur en scène adulé de tous les lycéens, était mieux connu dans le petit village français où il a grandi sous le sobriquet, finalement assez répandu dans le sud de la France, de "Fadalin du village". Quand il passait dans la rue, les commerçants le montraient du doigt en disant : "Tiens voilà Darren, le fada de Pologne". Beaucoup de témoignages racontent qu'il était bien connu, jusqu'à l'âge de 16 ou 17 ans, pour se promener dans tout le village en se tenant les testicules de la main. Darren, c'était donc le couillon, le taré des familles, l'idiot du village, le déficient congénital. On entendait souvent "ah il est brave Darren", sur un ton condescendant signifiant "il est un peu con mais il n'est pas méchant". Les gens ignoraient qu'en secret, tout débile mental qu'il était, Darren commençait à écrire des histoires.
Et puis après cette enfance, et cette adolescence, passées à se tenir les couilles sous les sifflets des passants en vagabondant de rue en rue, Darren, contre toute attente, s'est inscrit à la fac, et si je sais tout ça si bien c'est que j'ai rencontré Darren Aronofsky en première année de Droit : nous nous retrouvions souvent à la BU pour y faire nos commentaires d'arrêt, mais avant tout pour étudier les courbes des étudiantes. En cours il faisait preuve d'un sérieux à toute épreuve et je dois bien avouer avoir un peu abusé de ses qualités, car c'était toujours lui qui faisait la plus grande partie du boulot. J'ai appris à ce moment-là qu'il était d'origine polonaise et avait été adopté par Claude et Cécile Aronofsky. Ces derniers sont ensuite morts dans un accident de voiture, en voulant éviter un cheval qui traversait la route, alors que Darren n'avait que 5 ans. Il a donc très tôt rejoint ses grand-parents dans la région de Manosque, qui l'ont quitté à leur tour lors d'une promenade équestre où un cheval à été soudainement pris de spasmes, les a fait chuter et les a ensuite piétinés. Darren avait alors 7 ans et, heureusement pour lui, il était encore trop jeune pour réaliser tout ce qui lui arrivait, et donc pour être frappé de plein fouet par le malheur qui frappait sa famille, littéralement cernée par les chevaux. Ensuite, Darren a voué une haine tenace (mais logique) à ces animaux. La dernière fois que nous nous sommes vus c'était juste avant son départ pour les États-Unis, lors du jour de l'an 1993, où il a passé sa soirée à massacrer des chevaux sous mes yeux, profitant du laisser-aller de braves éleveurs qui, pour une fois, ne passaient pas leur soirée dans leur étable.
À plus de 23 ans, Darren s'en est donc allé vivre au pays de l'Oncle Sam, où sa profonde bizarrerie est passée pour une simple originalité, un tic étonnant consistant notamment à se tenir régulièrement les bourses devant les gens. Là-bas il a pu se tailler une réputation de "drôle de mec", tout près d'Hollywood, jusqu'à ce qu'un jour un producteur amusé par son atroce étrangeté accepte de produire les merdes qu'il avait notées dans ses carnets. Nous avons eu droit à Pi, sorti en grandes pompes au festival de Cannes, narrant l'histoire d'une pie voleuse, un banal film de piaf qui a fait son petit succès. Puis nous avons subi Requiem for a dream, un pamphlet filmé contre toute la civilisation moderne qui aura ravi tous les lycéens du monde. Et enfin nous voila rendus, The fountain, le film définitif sur tout ce qui est fontaines, jardins publics, chutes d'eau et autres eaux gazeuses.
The Fountain raconte le combat, à travers les âges, d'un certain Monsieur Creo pour sauver son cheval qu'il aime. Espagne, XVIe siècle : Le torreador Tomasso Lasso Creo part en quête de la légendaire Fountaine de jouvence qui pourra offrir l'immortalité à son canasson nommé Torro. De nos jours : Un dentiste/visagiste nommé Tommy Kreo cherche désespérément le traitement capable de guérir la peste équine qui ronge son cheval, nommé Tom Creo. Au XXVIe siècle : Thomas K2000Créneau, un astronaute, voyage à travers l'espace à califourchon sur son cheval cosmique Tom Clio, en quête d'une potentielle jument cosmique qui pourrait en s'accouplant avec son destrier perpétrer la race des chevaux cosmiques, et ainsi il prend conscience des mystères de la vie de chien qu'il mène à dos de cheval depuis les siècles des siècles.
Les trois histoires convergent vers une seule et même vérité, quand les Thom Creo des trois époques - le torreador, le chirurgien buccodentaire et le cavalier des étoiles - parviennent enfin à trouver la paix face à la vie, l'amour, la mort et la renaissance, noyés par une marre de semence hippique, ce qui vous l'aurez compris sans vous en réjouir implique qu'on ait droit par trois fois à ce cumshot équestre final.
En tout cas autant vous dire que je n'ai pas été surpris de voir des dizaines de chevaux au casting du film le plus personnel de mon vieux pote Darren. Il a une vraie history of violence avec la race chevaline. Cependant on sent bien qu'il a tâché dans ce film de vaincre sa haine du cheval et de l'apprivoiser à son rythme, même si, au final, et par trois fois, le canasson finit toujours par ridiculiser l'homme et l'emporter par un bukkake de tous les diables. J'espère que ce film l'aura au moins aidé à tourner la page des chevaux. D'après un fax que j'ai récemment reçu, il semblerait que Darren soit désormais à la recherche de ses véritables parents, et j'ai justement peur que cette quête au cœur de la taïga polonaise le détourne de sa si brillante carrière à Los Angeles.
The Fountain de Darren Aronofsky avec Hugh Jackman et Rachel Weisz (2006)
C'est l'un des rares film qui a agit comme une staphylocoque chez moi : au fur et à mesure du visionage de cette merde, j'ai eu de plus en plus mal au crâne. A la fin du film je suis parti m'aliter pendant 4 jours avec 39 de fièvre. Le médecin qui est venu m'examiner a failli me couper la jambe gauche.
RépondreSupprimerCa faisait longtemps que je n'avais pas pleuré de rire, merci !
RépondreSupprimerWhat a movie ?! I loved it :)
RépondreSupprimer