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4 février 2016

Everest

Avant de se lancer, une petite préparation physique s'imposait. On a maté pas mal de films sur des montagnes plus basses. D'abord, le film de vacances de tonton Scefo sur l'ascension de la dune du Pylat, la plus haute dune d'Europe. Tranquille ! On a enchaîné avec La Sanction de Clint Eastwood. 3970m : un petit Clint, un Clint mineur. Puis nous avons revu le sublime documentaire de Werner Herzog, Gasherbrum, la montagne lumineuse, sur l'alpiniste Reinhold Messner, un habitué des sommets dépassant les 8000 mètres. Dans le genre, difficile de trouver mieux. Après ça, nous étions fin prêts pour le Everest de Baltasar Kormákur, que nous attendions de pied ferme, en tant qu'amateurs de films de montagne (rappelez-vous nos articles sur K2 et Face Nord). 




Comment parler d'Everest sans revenir, même brièvement, sur la promo assez osée menée tambour battant par les studios d'Universal. Nous faisons évidemment allusion à ce tremblement de terre au Népal au moment de la sortie du film. Une opération marketing assez catastrophique... Mais nous ne pouvons pas en vouloir au réalisateur, ce sont les studios qui ont organisé ça. N'ayons pas peur des mots, c'était une opération ratée. Notre éthique indiscutable de blogueur ciné nous permettra néanmoins de dissocier l'oeuvre de ce fait divers et de juger le film pour ce qu'il est : une belle merde.




Très vite, Batlasar Kormákur ne s'avère pas à la hauteur du projet. De l'Everest, nous ne saurons rien. Où est-il situé ? Comment est-il apparu ? Pourquoi a-t-il grandi si vite ? Pourquoi s'est-il arrêté à 8848 mètres ? Comment le grimper au mieux ? Quel est le pique-nique à conseiller pour le jour J ? Toutes ces questions resteront malheureusement sans réponse. Ce film ne s'adresse ni aux scientifiques ni aux curieux, simplement aux amateurs de daubes. C'est tout juste si les grimpeurs justifieront leur idée fixe, gravir le colosse, par un laconique "Parce qu'il est là !" prononcé dans un éclat de rire général. Édifiant ! Plus con, tu meurs.




Le film de Baltasar Kormákur est l'adaptation du récit Tragédie à l'Everest (Into Thin Air: Death from Above on the World's Roof - A Personal Account of the Mt. Everest Disaster) de Jon Krakauer, publié en novembre 1997. Rappel des faits : depuis le milieu des années 90, l'Everest est, comme ma sœur, la cible des assauts répétés de dizaines et dizaines de pseudo et simili grimpeurs qui rêvent d'ajouter leurs noms à la liste, de plus en plus longue, de ceux qui ont réussi l'exploit d'atteindre le toit du monde et d'y redescendre sain et sauf. Deux expéditions faisant fi du mauvais temps décident de tenter le coup au même moment. Leur destinée tragique refroidira les ardeurs des alpinistes et marquera la fin de cette période de folie commerciale autour du plus haut sommet du monde aux flancs jonchés de détritus. 




Une quinzaine de mecs, au moins, part à l'aventure, la fleur au fusil. Comme Baltasar Kormákur est bien incapable de créer des personnages attachants, il a cru bon de s'entourer d'une panoplie d'acteurs aux tronches plus ou moins bien connues, pensant bêtement que cela suffirait à emporter l'adhésion des spectateurs. Jason Clarke, déjà entr'aperçu dans des films de sinistre mémoire, est le fade leader du gang. C'est un alpiniste chevronné qui a déjà conquis la bête plus d'une fois mais dont l'altruisme le mènera à sa perte. Josh Brolin incarne, comme à son habitude, le gros connard pas fin venu du Texas. Avec sa grosse gueule enfarinée, on aura vite envie de le voir glisser et sortir du cadre à tout jamais. Il s'en tirera bien amoché, incapable de prendre sa femme dans ses bras, couvert de bobos. Sam Worthington endosse le rôle le plus ridicule : celui du mec toujours dans les environs, au pied de l'Everest, qui regarde, la main vissée sur le front, l'air inquiet, où en sont les autres, prêt à agir en cas de souci. On le préférait sans ses guiboles dans Avorton...




Parmi toute cette bande d'acteurs, un seul retire véritablement son épingle du jeu et repart grandi de cette triste expérience : Jake Gyllenhaal. Pourquoi ? Parce qu'il est le seul à avoir réellement effectué la montée, et cela se voit ! Acteur total, héritier direct de l'école Schatzberg, que l'on a déjà vu perdre tous ses kilos superflus et se raser le crâne pour d'autres rôles, Jake Gyllenhaal a insisté pour être filmé dans les conditions du réel. Il est d'ailleurs le seul à mater du bon côté sur l'affiche. Nous éprouvons presque du respect pour son personnage que nous sommes déçus de voir mourir lentement de froid. Quant aux femmes : Robin Wright et Keira Knightley se contentent d'attendre près du téléphone, des nouvelles de leurs maris, les yeux humides, la voix tremblante. Disons-le tout net : Everest obtiendrait un résultat négatif au fameux test de Bechdel-Wallace. 




Est-ce normal de rire à la mort de chacun des personnages ? Est-ce normal de ne strictement jamais ressentir le moindre frisson, le moindre risque, le moindre vertige ? Everest révèle toutes les limites du talent et des compétences de Baltasar Kormákur. Son film ne fait aucun effet. Aucune tension dramatique. Aucun suspense. Aucune émotion, une fois le sommet foulé du pied par quelques uns de ces crétins dont la passion nous paraît bien étrangère. Et ne comptez pas sur Kormákur pour rendre la montagne cinégénique. Il n'y a même pas de beaux paysages à regarder. Et quand débarque la tempête fatale, nous avons droit à des effets numériques d'une laideur peu commune, c'est une merde grisâtre et lisse qui envahit l'écran mollement. Everest est raté sur toute la ligne et vient seulement nous rappeler qu'à Hollywood, les cinéastes capables de torcher des films efficaces sont désormais de plus en plus rares... 


Everest de Baltasar Kormákur avec Jason Clarke, Jake Gyllenhaal, Keira Knightley, Robin Wright Penn, Sam Worthington et Josh Brolin (2015)

17 septembre 2015

Last Days of Summer

A la sortie de Young Adult, nous faisions un petit point autobiographique pour avouer que notre plus grand regret dans la vie est sans doute d'être au rendez-vous à chaque sortie d'un nouveau film signé Jason Reitman. Après avoir vu Labor Day puis Men, Women & Children à quelques jours d'intervalle, on se dit que la malédiction est tenace, que nous sommes condamnés, tels des Prométhée modernes, à vivre une vie jalonnée par l’œuvre de Jason Reitman. On se pose alors la question du libre arbitre. A quel point sommes-nous maîtres de notre propre destin ? Et surtout, tout bêtement, comment choisissons-nous les films qu'on regarde ?... Car pour rappel Jason Reitman est... comment le traiter d'enfant de salaud poliment, et alors que son père Evan Reitman (auteur de Jumeaux, avec De Vito et Schwarzy, mais aussi de SOS Fantômes 1 et 2) nous a quelques fois fait marrer ?




Jason Reitman nous l'a faite à l'envers une fois encore. Suite à l'échec commercial inattendu de Labor Day, l'homme est allé présenter ses excuses publiques auprès d'un parterre de commerçants ambulants sur le marché de St Aubin. Et pourtant ce mélo minable pour mamans, inoffensif et scolaire, est son meilleur film, d'assez loin. On vous conseille aussi de le mater d'assez loin, avec un petit bouquin à portée de main, la sono à fond, une immense baie vitrée face à vous, offrant le spectacle d'un grand paysage dans lequel se perdre, et le vieux chocolat chaud à l'ancienne, épais comme du cambouis, disposé sur la tablette non loin, qu'on peut attraper juste en tendant le bras, ainsi que les galettes bretonnes au beurre demi-sel qui fondent dans le lait sans se désagréger ni éponger toute la tasse en un seul voyage. Dans ces conditions-là, on peut sans doute passer un super moment devant Labor Day, ou d'ailleurs devant n'importe quel navet. C'est plutôt les traducteurs français qui auraient dû s'excuser, car le titre original, "Fête du travail", autrement dit "1er mai", est légèrement trahi par le titre "français" : Last Days of Summer, aka "Derniers jours d'août". 




L'affiche, qui entretient un amalgame pernicieux avec les Noces Rebelles de Sam Mendes, met en avant Kate Winslet, les mains plongées dans la farine, et, collé à son dos, Josh Brownie, préparant sans doute un sacré brolin. C'est un clin d’œil à la scène clé du film, largement commentée sur les réseaux sociaux, où Kate Winslet et le taulard qui lui redonne goût à la vie concrétisent la nouvelle famille qu'ils forment avec le larbin de Winslet, âgé de 14 ans, en se lançant dans une production industrielle de brownies. C'est un travail à la chaîne que nous dépeint Reitman, suivant les grands préceptes de John Ford et son fameux "fordisme", chacun a sa tâche, chacun se spécialise dans un artisanat, dans un savoir-faire, un geste. A sauver dans tout ça, une assez jolie scène où les personnages vont faire les courses en famille. Seul bémol, Josh Brolin n'est pas tout à fait tranquille, de par son passif d'ancien taulard : il a sa liste, il s'y tient, mais il zone dans les rayons sa casquette vissée sur le crâne pour passer incognito sous les caméras de surveillance, et il semble très très anxieux. Sans ce détail, cette scène serait vraiment une belle scène de courses.




C'est le genre de scène qu'on regarde avec bonheur si on n'a pas fait les courses depuis un bail. La scène qu'on mate en faisant soi-même sa liste, et pour une fois on notera de changer l'ampoule grillée de l'entrée de notre T1, morte depuis un bail, et qui a fait dire à nos parents, lors de leur première visite de l'appart, le jour de l'état des lieux : "C'est cool, t'as donc une cave, t'es dans les bonnes conditions pour réussir ton année à l'université, pour tout péter à la fac, t'as un bon lieu de travail, ici". Mais aussi les sacs congélation ! Ces foutus sacs congélation qu'on oublie à chaque fois, et qui seraient bien utiles pour se débarrasser des plats qu'on a laissé pourrir sur notre comptoir américain, ainsi que du chat du voisin. On pense même à rajouter un ultime tiret sur la liste pour la petite touche légumineuse : le petit corbac (c'est comme ça qu'on appelle les cornichons) qui te sauve une tartine de pâté un peu fade et qui permet de respecter la règle des cinq ou six fruits et légumes par jour, vu que tu te fais cinq ou six corbacs par jour. Les petits aigre-doux de chez Amora, ils sont bons... Ils rappellent le goût du Big Mac, la grosse tranche de lard du Big Mac. Mieux, si y'a des Malossol au Liddl, ça te fait un repas complet. Quand on a appris que le corbac était une petite courgette, gros big up pour la courgette dans notre cœur (on savait pas que ça pouvait être si bon ! Pourquoi diable les faire vieillir ?). Bref, Jason Reitman a au moins le mérite de nous remplir le frigo.




A la fin du film le spectateur n'est pas malheureux que les amants se retrouvent. On se dit : "tant mieux pour eux", et c'est bien le signe que tout cela fonctionne à peu près. On aurait aimé consacrer le dernier paraphet à établir une relation de causalité entre ce film et deux autres longs métrages contemporains, issus du même pays (beaucoup de points communs donc), à savoir Joe et Mud. Mais en dehors du gamin obnubilé par une vieux taulard, très peu de rapports... Ça se passe l'été le plus souvent... On trouve un pistolet au moins dans chaque film, mais ça marche pour tous les autres films ricains... On va peut-être changer de paragraphe du coup. C'est une piste, vous nous voyez contents de l'ouvrir (nous sommes pionniers sur cette approche analytique du film), on est les premiers à nommer cette mouvance (peut-on parler de mouvance ?), à pointer du doigt ce phénomène, on sera ravis si on finit en note de bas de page à la fin DU mémoire de master 1 qui sera consacré à ce sujet en 2168, quand l'étudiant de base inscrit en fac de socio car refusé en fac de ciné suite à la mise en place d'un numerus closus impliqué par la réduction des budgets de l'université aura eu le recul suffisant pour se rendre compte de ce lien qu'on pointait déjà un siècle avant lui, presque deux siècles...




Le mea culpa de Jason Reitman, qui avait signé un film propre sur lui, mauvais mais appliqué, tel un cancre qui sue sur sa rédac de fin d'année pour dérocher enfin une note non-négative, ce mea culpa est d'autant plus triste et incompréhensible qu'il range automatiquement Jason Reitman dans la catégorie des fumiers pur jus. Défendre son film contre vents et marées ? Assumer un peu ce qu'on vient de chier ? Non... Pas quand on n'a pas de roustons... Autant directement chialer et lécher le sol devant quelques maraîchers qui n'ont rien demandé. Reitman ne doit pas être au courant que, dans l'histoire du ciné, une poignée de films sympas n'ont pas reçu l'accueil escompté et mérité. Exemple : Titanic, que l'on est à peine en train de remettre à sa place d'assez bon film. Idem pour Autant en emporte le vent qui, malgré un petit coup de pouce de l'Académie des Oscars, n'a pas marché, et qui finalement a eu droit à sa petite édition collector, puis à son bluray... Certains malins ont flairé un public potentiel pour ce truc, surfant sur la vague Obama pour sortir le film de l'oubli.




Après cet échec très mal vécu par Jason Reitman, qui affirme avoir passé une après-midi entière dans sa chambre, coupé du monde, la porte fermée à clé de l'extérieur, avec l'intégrale de Leonard Cohen en boucle sur son Itunes, le cinéaste avait à cœur d'enchaîner très très vite avec un sujet qui l'obsédait, à savoir le médium qui nous permet de suivre sa carrière de si près : internet. 


Last Days of Summer (Labor Day) de Jason Reitman avec Josh Brolin et Kate Winslet (2014) 

8 mars 2015

Inherent Vice

Si on regrette de ne pas avoir vu ce film "sous influence", on se mord encore plus les doigts de ne pas écrire sa critique en étant high in the sky. Après deux heures trente d'expérience extra-corporelle, Dieu sait qu'on a envie d'un petit remontant et de sauver sa soirée de toutes les façons possibles. Les trois pizzas recouvertes de roquette engrangées à la sortie du film ne suffisent pas à se remettre d'humeur. On y a pourtant cru, ticket de caisse faisant foi. Vice caché, le roman de Thomas Pynchon, acheté à prix d'or en format poche et entamé avec passion il y a quelques mois dans l'idée d'être au taquet à la sortie de l'adaptation, faisant foi et foutant les foies. Sauf que le livre nous était tombé des mains. Sauf que nous n'avons jamais été très forts pour comprendre les intrigues à plus de quatre personnages. Et sauf que Paul Thomas Anderson nous l'avait déjà faite à l'envers avec son dernier film, The Master.




Certes on n'a pas la lumière à tous les étages, même si on a bac +13 à tous les deux (vu qu'on a eu notre bac il y a 13 ans), et même si on mène notre vie sans l'aide d'un tuteur légal ou autre auxiliaire de vie scolaire. Mais ne rien piger à ce point ? Et dès la première seconde de film ? Dès le premier dialogue, dès le premier échange, on s'est regardé, figés côte à côte, l'oeil mort, puis on s'est foutu des petites baffes, on a fait quelques moulinets des bras, pris une gorgée d'eau recrachée aussitôt sur le siège de devant, bref, on s'est remis dans la course, comme après un but encaissé dès l'engageot sur une balle perdue, l'air de dire : "On se remet dedans, on n'y était pas, ça arrive, c'est pas la première fois, c'est pas la dernière, y'a de très grands films qui nous ont pris à rebrousse-poil, rappelle-toi Stalker... au début on savait pas... Y'a pas mort d'homme, balle au centre, on recommence tout depuis le début, on est parti du mauvais pied, tant qu'il n'y a pas la cloche tout est jouable, il nous reste 2h29 pour mordre dedans". Manque de bol c'était le premier but concédé d'une soirée noire, d'une rouste historique, d'un camouflet subi à domicile, sur tapis vert, après forfait, d'autant plus dur à vivre que cette déculottée sanctionnait une préparation physique et mentale dont on avait respecté toutes les étapes : on a vu tous les PTA, on a tenté le bouquin, on a fait fi des critiques négatives, on a placé toutes nos billes sur un dénommé Milou (qui se reconnaîtra, qu'on retrouvera), fan du film décomplexé prompt à jeter les innocents dans les salles ("allez-y les yeux fermés", voilà sa critique).




Que dire, du coup ? Faire le résumé ? Impossible. Parler de mise en scène ? Alors oui, Paul Thomas Anderson a officiellement bien ses deux bras. Son film n'agresse pas l'oeil, mais jamais ne l'accroche. On comptait toujours quelques fulgurances dans ses précédents films : les grenouilles de Magnolia, les ratons-laveurs de Punch Drunk Love, les anacondas de Boogie Nights, les chèvres de There Will be Blood, les dauphins de The Master, autant de moments d'anthologie qui ont marqué l'indiewood. Devant Inherent Vice, on cherche longtemps le moment de bravoure, on est à l'affût du moindre mouvement de caméra ou autre plan-séquence un peu frappant, on attend l'ellipse qui nous foutra sur le cul, on espère la lueur, mais en vain. Au lieu de ça, nous sommes demeurés plongés dans un ennui abyssal, aucune scène ne sort du lot, on est dans la mélasse d'un scénario volontairement brumeux comme une fumée de marijuana. 




Tous les efforts de Paul Thomas Anderson pour nous alpaguer, nous séduire, ne font que renforcer le sentiment d'arnaque, d'esbroufe, le mot est lâché, et ça nous fait mal d'employer ce mot pour PTA, mais il faut le dire, comme quand un bon pote a joué au con. Adapter Pynchon c'était déjà s'en foutre quelques uns dans la poche, s'étendre sur la période mythique de la fin des années 60, avec ses hippies, ses putes et sa ganja, n'en parlons pas. Mais que dire d'engager un casting de rêve, composé d'un acteur intouchable (on ne parle pas d'Omar Sy mais de Joaquin Phoenix), d'acteurs "cools" (Benicio del Toro, Josh Brolin, Reese Witherspoon, Owen Wilson), de quelques revenants (Eric Roberts, sœur de Julia Roberts, inoubliable dans Runaway Train ; Martin Donovan, acteur fétiche de Hal Hartley, notamment dans Trust me ; Martin Short, le héros de L'Aventure intérieure), de gros veaux humains (Maya Rudolph... qui nous dit qu'elle ne s'appelle pas plutôt Rudolph Maya ?) et autres guest-stars de rêve que seul PTA pouvait se payer (Joanna Newsom), sans oublier une bande originale aux petits oignons (faite de Jonny Greenwood, Neil Percifal Young, Buffalo Springfield, The Squires, Crazy Horse, Crosby Stills Nash & Young, etc.). Et, pour couronner le tout, une direction artistique survoltée, qui nous laisse une image des années 70 assez triste, entretenant tous les gros clichés et sûre de faire un tabac dans les couloirs de l'UFR de lettres de la fac du Mirail.




On se félicite d'être en mars... Finir l'année là-dessus aurait été trop moche. On nous dira qu'il faut avoir vu le film avec un gros oinj entre chaque main. On nous dira peut-être que ce n'était pas la peine, que le film parvient à nous mettre dans cet état-là avec son script en forme de sables mouvants. Mais si la drogue, le sexe et le rock'n'roll (avec Neil Young c'est plutôt du soft-rock quand même, ça reste gentil) créent cet effet-là, alors nous voulons bien devenir Bernard l’Hermite, de véritables pagures, renoncer à tout, et suivre le même régime que notre tonton Scefo, à qui on a greffé deux cœurs pour être sûr que son mode de vie lui permette de suivre l'Euro 2016 en France. En réalité il était victime d'un situs inversus, maladie congénitale dans laquelle les principaux viscères et organes sont inversés. Les chirurgiens port-de-boucains qui l'ont opéré, ayant ouvert son torse du mauvais côté pour lui faire une greffe, ont découvert une simple cavité dans laquelle ils ont décidé de tout de même balancer le cœur tout chaud extirpé à son berger allemand, qui venait de prendre une balle perdue lors d'une partie de chasse dans le Battelfield Earth qui leur sert de domicile. Bref, comme vous pouvez le voir, avec une famille pareille, on n'a pas besoin de se ruiner les méninges à blanc devant le dernier PTA. On est d'ailleurs les plus cartésiens de la famille, les seuls à ne pas croire aux théories du complot, parce qu'on ne connaît pas du tout les événements sur lesquels ils s'appuient. Nous sommes encore très étonnés (mais assez flattés) de l'immense marche républicaine qui s'est récemment mise en branle pour l'anniversaire de notre chien Baltasar Kormákur.


Inherent Vice de Paul Thomas Anderson avec Joaquin Phoenix, Josh Brolin, Benicio del Toro, Joanna Newsom, Katherine Waterston, Reese Witherspoon, Maya Rudolph, Owen Wilson, Eric Roberts, Martin Donovan et Martin Short (2015)

3 décembre 2014

Sin City : j'ai tué pour elle

Ce qui saute d'abord à la gorge quand on a comme moi l'idée profondément débile de se lancer dans ce deuxième volet de la saga Sin City, c'est la laideur permanente du film. Contrairement au premier opus, sorti en 2005, dont les images recelaient quelque relief, un grain un peu crade permettant aux personnages et aux lieux de s'incarner peu ou prou dans le noir et blanc de l'image (pour le peu de souvenirs qu'il m'en reste, car je n'avais déjà rien à secouer de ce genre de film, encore plus quand ils sont signés par le papa des innombrables Spy Kids), ici tous les plans sont lisses, plats, sans profondeur, on glisse dessus de même que la voix-off qui inonde constamment la bande-son pisse joyeusement dans un violon (voix-off qui du reste nous prend tous pour des fans de la première heure, dans la confidence, déblatérant des noms de personnages à tort et à travers et faisant référence à des événements du premier épisode dont on ignore tout et dont on se fout éperdument). L'impression est assez pénible — la faute à ce lissage de l'image et à des cadrages surexplicatifs souvent hideux, notamment quand le dénommé Marv est aidé par des adjuvants fantômas au début du film — de subir une triste scène cinématique de jeu vidéo sans fin, que l'on rêverait de zapper d'un "start/select" libérateur.




Et puis on finit par essayer de s'intéresser quand même à ce que ça raconte. Et on découvre un pur film de beauf, fasciné par les gros bras, les belles bagnoles, le poker et les putes, où tous les hommes sont de vrais mecs bourrus et cabossés, ultra violents mais dotés de cœurs gros comme ça, et où toutes les femmes sont des trainées. Encore faut-il accepter d'endurer les monologues narratifs et les dialogues débités par tous les acteurs mâles (Mickey Rourke et Josh Brolin en tête) avec la même voix d'outre-tombe rocailleuse, surjouée et ridicule, de vieux routiers cyniques et endurcis. Tous les personnages sont des frimeurs-nés, à commencer par celui qu'interprète le pourtant freluquet Joseph Gordon-Levitt, antonyme humain de la notion même de charisme. Ils friment quand ils parlent, quand ils marchent, quoi qu'ils fassent, filmés par un frimeur fini, Robert Rodriguez, qui se la joue comme jamais. Rodriguez, sur ce plan, ne vaut pas plus cher que son ami de toujours, Quentin Tarantino, dont la carrière se découpe, si l'on veut, en deux grandes parties, l'avant et l'après Kill Bill, et qui depuis ce dernier diptyque se confond, lui aussi, dans la vacuité et dans la pose, à l'image de son Django, bellâtre de l'ouest, esclave metro sexuel, vengeur classe mannequin, coquille vide en parure de mode, avec ses répliques de fanfaron qui donnent bizarrement envie de le torturer. Rodriguez et Tarantino, qui ont déjà collaboré maintes fois, par exemple sur Une nuit en enfer (le premier à la réalisation, le second au scénario) devraient co-réaliser leurs prochaines daubes, tant qu'à faire, tels Alain Souchon et Laurent Voulzy qui, après avoir travaillé et couché ensemble toute leur vie, viennent de réaliser un album en commun. A ce propos, peu de gens le savent mais au départ ils s'appelaient Alain Souchy et Laurent Voulzon.


Sin City : J'ai tué pour elle de Robert Rodriguez et Frank Miller avec Eva Green, Josh Brolin, Jessica Alba, Mickey Rourke, Rosario Dawson, Joseph Gordon-Levitt et Bruce Willis (2014)

12 mai 2011

Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu

Il paraît que ce film de Woody Allen s'est fait démonter par la critique... Je ne comprends pas vraiment pourquoi. Surtout qu'il y a bien d'autres films sur lesquels se déchaîner... Alors évidemment, c'est pas un grand film, pas un chef d'œuvre ni rien de tel (j'ai presque envie de rappeler : "Ow, ça reste Woody Allen..."), mais ça se regarde avec plaisir, vraiment. Et je le préfère infiniment à la plupart des derniers films du cinéaste binoclard, notamment ceux qui font la part belle à Scarlett Johansson, à commencer par Match Point, qui avait reçu les louanges d'à peu près tout le monde alors que je ne le trouve pas bon du tout, sans causer du médiocre Scoop et surtout de Vicky Cristina Barcelona, qui me semblent infiniment plus mauvais. D'ailleurs, ce dernier, si on me forçait à le revoir, il me plomberaient complètement. Ce film vaut strictement que dalle ! C'est une carte postale de l'Espagne ultra-cliché. Enfin bref. Pour moi l'année 2010, celle de la sortie de Vous allez rencontrer un gros titre à rallonge de merde, est donc un bon "cru", comme il est de coutume de dire quand on cause du film annuel de Woody Allen. 
 
 
Sur votre droite, ce n'est pas un bel et sombre inconnu, c'est Anthony Hopkins, qui est tout de même célèbre en-deçà des Pyrénées.
 
Déjà, les acteurs ont tous l'air à leur place, légitimes et appropriés. On n'a pas le sentiment qu'ils sont là histoire de rajouter à leurs filmographies un petit Woody Allen, ce qui fait toujours bien dans le milieu. Non, là, même le gros Josh Brolin, que je n'aime pas beaucoup d'habitude, s'avère crédible et juste dans son rôle d'écrivain raté qui n'éprouve plus rien pour sa femme, Naomi Watts, elle aussi très bien. Puis Antonio Banderas est nickel dans son petit rôle de beau vieux (avec juste deux scènes payées des clopinettes, si j'étais une meuf il m'aurait à l'aise, en tant que mec aussi je le dégomme). Quant à l'inénarrable Sir Anthony Hopkins, l'acteur a peut-être le rôle le plus grossièrement écrit mais il lui donne une certaine épaisseur en étant assez remarquable, plutôt subtil dans son jeu, et c'est assez exceptionnel pour être souligné. L'actrice indienne Freida Pinto, qui était vulgaire et insupportable dans Slumdog Millionaire sous la caméra de l'infâme Danny Boyle, est ici d'une beauté rare. On comprend que Josh Brolin perde ses moyens face à elle et qu'il se mette à lui déblatérer ses pires astuces de routier.
 
 
"Tu vas faire un film avec Woody Allen"
 
Quant au film, plus généralement, il est mené à un rythme très soutenu et je ne me suis ennuyé qu'un quart d'heure, ce qui est pas mal avec un Woody Wood Allen récent. Il est assez léger, tantôt grave, mais c'est la légèreté qui l'emporte clairement, et c'est tant mieux, ça donne au film un charme désuet que n'avaient pas certains des derniers Allen, parfois un peu trop démonstratifs, moralisateurs, schématiques. Ici Woody Allen donne davantage l'impression de nous faire croquer un bout de la vie de plusieurs personnages et il nous quitte même en laissant certaines intrigues en suspens, ce qui n'est pas plus mal. C'est rarement surprenant, mais je me suis laissé aller dans son récit sans souci. Je peux peut-être comprendre que ceux qui préfèrent les Woody Allen focalisés sur un personnage principal cynique incarné par lui-même ou un alter ego (comme c'était le cas dans Whatever Works, qui m'avait bien plu aussi) puissent être déçus par ce film. Mais pas moi. Après je ne cache pas que j'ai passé une super soirée quand je suis allé voir ce film au ciné. J'étais avec mes beaux-parents qui sont déjà vraiment sympathiques et puis on a terminé la séance avec un repas pantagruélique dans une taverne bavaroise qui sert tripes sur tripes, tripoux à l'entrée, andouillette AAAAA en plat de résistance, boudin blanc en sorbet béchamel au dessert, le tout noyé dans la choucroute et le pinard bouchonné, bref, le pied ! Or il se peut qu'une soirée si géniale, doublée d'une digestion compliquée, ait quelque peu influencé mon appréciation du film en bois de Woody Allen.
 
 
Josh Brolin est un mateur.
 
Parce qu'en y repensant avec du recul, et quitte à passer pour un indécis en complète contradiction avec lui-même ou pour un schizo, il faut bien dire que l'histoire ne présente aucun intérêt. On a déjà vu et entendu ça un bon million de fois, ces personnages pathétiques qui en chient avec leurs sentiments et qui remettent en cause leur vie affective... Le vieillard qui a peur de vieillir, qui fait du sport et qui épouse une playmate bodybuildée ; l'écrivaillon raté en jogging Reebok qui tombe dingue de sa voisine d'en face, une indienne qui a pris son intégration ibérique à bras le corps en apprenant à jouer de la mandoline, prompte à éveiller un besoin d'adultère chez l'écrivain raté qui la reluque, lequel se fout dans la merde en pompant le manuscrit de son ami dans le coma ; on a aussi droit à la trentenaire fanée par sa vie de couple peu trépidante qui tombe amoureuse de son patron et qui est triste parce qu'elle voudrait avoir un premier enfant avant d'être grand-mère ; la vieille mamie un peu tarée et déboussolée par son divorce qui fait caguer tout le monde avec sa voyante attitrée... Personnellement j'en ai rien à faire de leurs histoires. C'est la même soupe que nous vomissent tous les derniers Woody Alien depuis pas loin de dix piges. Une galerie de portraits sans intérêt, un mixte de personnes bavardes comme pas deux et aux dialogues sans saveur, le tout filmé le plus platement possible par un fantôme des plateaux qui nous fait suer chaque année en ouverture du festival de Cannes avec son nouveau navet printanier. C'est du théâtre de boulevard sans qualité, basé sur des personnages caricaturaux. L'histoire est vaine, la morale finale est foireuse. T'as fini Allen ? 
 
 
"Non, je déconne pas, j'ai beau avoir 76 ans, je reste vigoureux. Là je la tiens avec ma main gauche parce qu'elle tremble toute seule. Mais je te démontre comment je dois la tenir au repos avec ma main droite pour ne pas me pisser dessus..."
 
Et si le film a quelque chose de "sympathique", s'il se laisse mater sans broncher (ce qui n'est certainement pas un gage de qualité), c'est uniquement parce qu'il est rythmé et qu'il semble enjoué, n'empêche que c'est jamais drôle ni subtil, et c'est pas un plan séquence de cinq minutes avec des acteurs qui s'engueulent dans le champ en nous rappelant toutes leurs années de labeur à l'Actor's Studio qui va sauver ce naufrage. On est en droit d'attendre mieux de Woody Allen (tous ses derniers films sont ratés si on y repense) que ce navet bourré de clichés et de facilités, comme la voix-off bien pratique pour s'éviter de mettre joliment en place le récit de ce qui n'est qu'un film choral de plus. C'est nul. Des derniers Woody Allen j'ai largement préféré Vicky Christina Barcelona (qui était complètement naze) !
 
 
Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu de Woody Allen avec Naomi Watts, Josh Brolin, Anthony Hopkins et Antonio Banderas (2010)

22 février 2011

True Grit

Bien que peu client du cinéma des frères Coen et malgré ma répugnance avérée pour la plupart de leurs films (plus mitigée en ce qui concerne leur précédent opus, A serious man), j'étais curieux de découvrir leur premier western. L'histoire se déroule en 1870, juste après la guerre de Sécession, sur l'ultime frontière de l'Ouest américain. Mattie Ross, une jeune fille de 14 ans, veut venger la mort de son père. Pour retrouver son assassin, elle fait appel au cabochard Marshall Cogburn et à un original Texas Ranger. True Grit est le remake d'un film d'Henry Hathaway sorti en 1969, 100 dollars pour un shérif, avec John Wayne dans le rôle principal (repris aujourd'hui par Jeff Bridges), qui remporta pour sa prestation le premier et seul Oscar de sa longue carrière (que ne lui reprendra pas aujourd'hui son successeur). Jeff Bridges reprend le rôle de Wayne au même âge : 61 piges derrière la cravate et autant d'enfants sans père disséminés dans le pays. Les frères Coen se défendent cependant d'avoir signé un pur remake du film d'Hathaway et préfèrent dire qu'ils ont réalisé une "nouvelle adaptation" du roman de Charles Portis. Ils ont en tout cas fièrement et courageusement signé leur attestation d'originalité en plaçant le bandeau sur l'œil droit de Jeff Bridges alors qu'il recouvrait l'œil gauche de John Wayne dans le film original... On n'ira pas les contrarier. Le film ne donne pas vraiment envie d'en savoir davantage sur ses origines, et c'est dommage car le classique d'Hathaway était quant à lui tout à fait digne d'intérêt. Il faut dire que l'histoire telle qu'elle nous est présentée par les Coen ne fait pas bien rêver, et que la mise en scène ne vient jamais rehausser sa portée. Le classicisme (mais il faudrait plutôt parler ici d'une sorte de gentil académisme) de la réalisation des Coen s'inscrirait presque dans le sillon du cinéma d'Henry Hathaway, parent pauvre de John Ford tout de même beaucoup plus doué que nos contemporains siamois. Hathaway a réalisé plus d'une soixantaine de films entre 1932 et 1974, cumulant parfois entre deux et quatre réalisations dans la même année en bon travailleur acharné. A tourner un film sans importance par an, les Coen deviennent quant à eux des faiseurs peu inspirés.



Rien à dire sur la mise en scène transparente donc. Certes les acteurs sont plutôt sympathiques à suivre, même s'ils incarnent de purs clichés vivants (et en dépit du regret que l'on éprouve à l'idée que la petite Hailee Steinfeld sera l'Hilary Swank de demain), mais ça ne suffit décidément pas. Car il n'y a pas grand chose à se mettre sous la dent avec cette histoire ultra conventionnelle, portée par des protagonistes volontairement stéréotypés, que le film met quarante minutes à nous présenter alors que nous les connaissions absolument par cœur avant même de les découvrir à l'image, uniquement grâce au descriptions faites par les personnages secondaires avant leur apparition. Aucune envie non plus d'interpréter les pauvres rouages de ce récit, de dire la dualité du personnage de Cogburn, rustre alcoolique, à la fois héros et raté, tueur de sang froid sans scrupules ni parole et père de substitution au grand cœur. Pas de temps à perdre non plus en palabres au sujet de cette héroïne qui est une enfant surdouée avide de vengeance, bien décidée à rendre justice elle-même, et que le sort punira tout de même de cette basse velléité de châtiment. Pas davantage besoin de s'étendre sur l'inénarrable peinture de la fin d'une époque et de la disparition d'un certain type de cow-boys solitaires bourrés à craquer de "vrai cran" (ce qui aurait dû devenir le titre français), mais qui nous foutent littéralement à cran...



En vérité, avant de voir le film et même après, au-delà du problème des manques artistiques ou scénaristiques, on pouvait et on peut légitimement se demander si le nouveau bébé des frères Webster Webster et Coen (retrouvant le Jeff Bridges de leur meilleure comédie The Big Lebowski), est une potacherie bourrée de cet humour noir qui leur est cher, ou s'il s'agit au contraire pour eux (tout en renouant avec le Josh Brolin du beaucoup plus sérieux No country for old men), de réaliser un film réflexif prompt à interroger un genre vieux comme le monde et son état en 2011. Réponse : ils n'ont pas choisi. Ils ont fait un peu de tout ça, sans amalgamer les tons ni les genres. On a donc droit à des scènes de comédie qui ne font jamais rire, juxtaposées à des séquences plus sérieuses où l'on s'ennuie franchement tout autant. Les gags, comme les personnages, les situations, les événements, bref comme pratiquement tout dans le film, sont prévisibles, attendus, et chaque étape du long métrage se déroule comme prévu, sans surprise, sans finesse, sans intéresser tant soit peu le spectateur, bras croisés et mine défaite devant ce sobre spectacle. On va d'un bout à l'autre des deux heures que dure le film sans maugréer mais sans jamais au grand jamais être passionné. On est là devant un western plat et déjà vu cent fois et on se demande quel est le but de ces cinéastes tant aimés du grand public, quel est leur sujet profond ou leur projet véritable. Au fond, à quoi bon ? On ne retient qu'une scène, et encore en faisant un effort surhumain pour la graver en soi, celle du pendu que la jeune fille doit aller décrocher de sa branche à une dizaine de mètres du sol. Le gag final de cette scène ne fait pas rire, mais l'image de ce corps pendu si loin au-dessus du sol est étonnante, originale. Pour le reste c'est du western convenu qui n'a d'autre recul qu'un humour nul et d'autre ambition qu'une suite de facilités sans nom.



Voir ce film au cinéma, en avant-première et dans une salle comble, m'a appris qu'il vaudrait parfois mieux rester chez soi. Je devrais éviter d'aller voir sur grand écran ces œuvres de cinéastes adulés par un public nombreux, qui se rend dans les multiplexes en état d'extase, absolument acquis à la cause de réalisateurs qu'il admire religieusement, mu par une volonté inconditionnelle de rire à cet humour noir dont on leur a dit qu'il était de toute façon irrésistible. Entendre la salle éclater de rire devant telle scène éculée et médiocre qui présente l'héroïne agacée de partager le lit d'une vieille femme qui ronfle peut pousser le spectateur non-averti à décompenser dans son fauteuil. Idem devant telle autre séquence, absolument pas comique et peu vraisemblablement tournée à cet effet, qui décrit le racisme anti-indien de l'époque avec un natif bâillonné avant d'avoir eu le temps de s'exprimer à la foule venue le voir pendre, séquence qui annonce l'exclusion des indiens de ce film pourtant voué à parcourir leur territoire devenu no man's land, et qui symbolise leur disparition déjà d'un pays où ils étaient d'office relégués au plus petit commerce de macchabées. Même problème devant cette déferlante de violence où des doigts sont tranchés et une tête fusillée... Ah ah ah. Remarquez je les envie presque, eux qui s'esclaffent et se pissent dessus à la moindre scène ambigüe, dans le doute. Pour ma part je suis resté muet face à un film pas vraiment mauvais mais sacrément décevant.

Nota bene : Après avoir écrit cette critique, je me suis attaqué à l'original par Henry Hathaway : 100 Dollars pour un shérif, que j'ai beaucoup plus apprécié.


True grit de Joel et Ethan Coen avec Jeff Bridges, Matt Damon, Hailee Steinfeld, Josh Brolin et Bary Pepper (2011)

11 février 2008

No Country for Old Men

Félix a eu des entrées gratuites suite à un concours sur DvdRama, on a donc pu aller le voir en avant-première à l'UGC, en présence de Javier Bardem et Josh Brolin. Le film existe bel et bien, c'est confirmé. Et à la fin on pouvait poser des questions aux deux acteurs. Alors j'ai levé le doigt et j'ai juste dit à Javier Bardem "je suis javier de vous rencontrer". Puis Félix a aussi levé le doigt et a déclaré tout haut à Josh Brownie qu'il adorait ses gateaux. Mais par contre sur le film, rien à dire, il est bel et bien là, on peut le voir, il est dans la boîte.

No country for old men des Frères Coen avec Javier Bardem, Tommy Lee Jones et Josh Brolin (2008)