15 janvier 2012

Mission : Impossible - Protocole Fantôme

On dit très souvent à propos de ce nouveau Mission Impossible qu'il s'agit du meilleur film de la série. Alors oui, certes, trêve de suspense, je suis entièrement d'accord, ce quatrième volet est clairement au-dessus des autres. Mais est-ce que ça veut vraiment dire quelque chose ? A mon sens, non, du tout ! Qualitativement parlant, la franchise Mission Impossible est davantage à rapprocher des Fast & Furious que des Die Hard, Indiana Jones ou autres Armes Fatales. Cette franchise n'est pas du tout fondée sur un ou deux bons films, non, elle est seulement le véhicule d'une méga-star toute puissante, j'ai nommé Tom Cruise, qui semble adorer plus que tout autre chose que l'on fasse de lui l'égal d'un demi-dieu aux capacités physiques et cognitives proprement outstanding !


L'acteur assure ses propres cascades !

Je fais donc partie de ceux qui ont cru contempler la Mort droit dans les yeux pendant toute la durée du premier volet signé Brian De Palma. Heureusement que je n'avais pas d'objets contondants à portée de main... Quant au numéro 2, que dire ? A moins d'adorer les fientes de colombes et les pirouettes en motocycles, il faut vraiment ne pas être très regardant sur la marchandise pour se satisfaire d'un spectacle si proche du néant. Une mascarade imbuvable mise en boîte par un John Woo littéralement pris en otage, qui conserve encore aujourd'hui sur sa tempe l'empreinte du fusil à canon scié de Tom Cruise, la vedette tyrannique, particulièrement déchaînée dans ce misérable opus. Plus récemment, le M:I-III (prononcer "M two pownts aïe slash aïe aïe aïe" par ses nombreux détracteurs) de JJ Abrams a tenté de relancer la saga en l'orientant davantage vers le thriller hard-boiled, dans un festival de scènes d'action sans queue ni tête durant lesquelles Cruise sue sang et eaux et rebondit sur des bagnoles en CGI pour sauver Michelle Monaghan. Michelle Monaghan ! Pas terrible la girlfriend de Dieu... Si j'étais lui, elle aurait une toute autre tronche, croyez-moi ! Mais revenons donc à ce quatrième épisode...


A part quand il s'agit de cascades risquées.

M:I-4. Mission deux points Impossible petit tiret quatre. Blague à part : je n'ai jamais compris ce choix typographique. Quand je lis "M:I-4", ça débouche forcément sur un dialogue intérieur inextricable avec moi-même, de quoi me pourrir une après-midi : "Alors cette mission, dis m'en un peu plus ? - Non cherche pas, elle est impossible. - Alors à quoi bon, tocard ? Et on soustrait quatre, c'est ça ? Mais quatre quoi ? Et soustrait à quoi ? - Laisse pisser... - Mais pourquoi ? Pourquoi ?". C'est un smiley peut-être ? Ou plusieurs smileys ? C'est un smiley, c'est ça ? Ou bien, la mission est impossible mais moins quatre, ce qui fait qu'elle est tout de même plus facilement réalisable qu'une mission impossible à laquelle on aurait seulement soustrait deux ou trois. Si mon raisonnement se tient, plus on avancera dans la saga, plus les missions seront possibles. La seule mission réellement impossible était donc celle du film de Gérald de Palma, qui s'intitulait simplement Mission : Impossible. Mais c'est une théorie qui ne me convainc pas totalement, car la bête logique hollywoodienne irait plutôt dans l'autre sens. Bigger, louder, stronger. La théorie du smiley me semble plus crédible. Un smiley très bizarrement coiffé, avec un bec de lièvre... Je ne sais, je ne sais, mais ça me fait du bien d'en parler.


Visez un peu son oreille ! Un clin d’œil à Ratatouille ?

Mission Impossible 4
(laissons de côté la ponctuation) est un honnête blockbuster. Un gros film d'action à l'ancienne, préférant les vraies cascades aux CGI à tout-va et parsemé de quelques scènes très efficaces (celles à Moscou et Dubaï). Ce film aura même le don de vous scotcher à votre fauteuil à plus d'une reprises si vous êtes une personne encore impressionnable et, surtout, si vous n'êtes pas définitivement las des acrobaties de la vedette d'1m50, car une chose est claire : en cas d'allergie à Tom Cruise, passez votre chemin ! L'acteur à la carrière chancelante misait gros sur ce film et il fait strictement tout pour se mettre en valeur dans la peau de ce surhomme à l'intelligence infaillible et au courage hors-norme, un héros comme on en voit plus beaucoup. Cela pourrait être seulement ridicule si l'acteur n'avait pas ce charme particulier et désormais si familier qui opère plus ou moins selon le public visé et s'il ne savait pas su bien s'entourer. Plus que dans tous les autres épisodes de la saga, l'équipe de choc est ici assez mise en avant et fonctionne plutôt bien. Pour une fois, le très british Simon Pegg apporte quelques petites touches d'humour assez bienvenues. C'est même la première fois que cet acteur m'est sympathique, lui que je trouve d'ordinaire si pégeux. Jeremy Renner a lui bien du mal à exister aux côtés de Cruise et Pegg : il est le faire-valoir du premier et la marionnette impuissante du second. L'athlétique et féline Paula Patton apporte quant à elle un atout charme non-négligeable à l'ensemble, tout particulièrement visible lors d'une scène où elle apparaît dans une robe moulante et très échancrée qui laisse peu de place à l'imagination. D'un autre côté, le capital foncier imposant de Léa Seydoux, soit la foule présente en permanence à son balcon, est à peine exploité, et l'actrice française ne ressort pas spécialement grandie de cette escapade hollywoodienne.


"Cacher ma gaule..."

On ressort de ce long divertissement assez rassasié. On regrettera toutefois que le dernier tiers du film soit nettement en-deçà. Au lieu de finir en apothéose, le spectacle donne ainsi l'impression de s'essouffler quelque peu. On regrettera aussi que le grand vilain soit campé par un acteur sans aucun charisme et que ses motivations soient vraiment ridicules (comme c'est d'ailleurs une habitude dans ce genre de films, et tout particulièrement dans ces films de super-héros auxquels MI4 ressemble à s'y méprendre étant donné la nature surhumaine de son imposant héros). Quant à la "patte" Brad Bird, j'ai pour ma part bien eu du mal à la déceler, à part peut-être lors du générique, assez plaisant et tout droit sorti des studios Pixar. Mais ne vous y trompez pas : MI4 reste avant tout un produit manufacturé et taillé sur mesure pour la gloire de sa star infatigable et omniprésente. Rien ne dépasse, tout est calculé au micromètre, pour un usage unique et, ma foi, plutôt satisfaisant. Succès critique et public assuré en ces temps de disette de grands spectacles hollywoodiens. Pari réussi pour la star. Un cinquième volet ne devrait pas tarder à voir le jour.


Mission : Impossible - Protocole Fantôme de Brad Bird avec Tom Cruise, Paula Patton, Simon Pegg et Jeremy Renner (2011)