25 janvier 2012

Les Marches du pouvoir

Ce film-là c'est typiquement celui que nous regardons chacun de notre côté, et chacun avec sa tchotcha (vu les acteurs en présence). Chacun se dit "je ne vais pas en parler à l'autre, sinon il ne le verra jamais", et puis une fois que l'autre l'a vu aussi, on se réunit pour en causer ensemble sur le blog, parce qu'en parler tout seul c'est pas jouable, ce serait trop laborieux, autant que le film. Ce film-là c'est la rencontre de deux beaux gosses, à l'image des deux auteurs de ce blog se retrouvant pour en causer. D'un côté Ryan Gosling, l'homme à tout faire de 2011 : garagiste dans Drive, psychopathe dans Love & Secrets, déménageur dans Blue Valentine, pigiste indé sur CE, blond platine, 90-60-90, mannequin Gillette, deuxième homme le plus sexy du Monde selon Esquire après Bradley Cooper aka Glue3, bref la totale. L'acteur a un parcours tout tracé, dans dix ans il aura son premier Oscar pour un film sur la trisomie, dans vingt ans il aura son premier rôle de manager d'équipe de baseball, dans trente ans il jouera en guest un macaque vieillard dans le 19ème épisode de La Planète des singes, dans quarante ans il passera pour la première fois derrière la caméra pour filmer un biopic lent sur Thom Yorke ou Neil Young et il ne finira pas son chef-d’œuvre parce qu'il crèvera entre temps.


The Driver s'est paumé dans un meeting politique et il se fait chier autant que nous

En face et aux manettes, George Clooney, le Obama blanc. Le seul homme qui a dû dire non à une journaliste latino qui en pleine interview filmée et pendant qu'il répondait à la question : "Alors vous avez joué dans Kung-Fu Panda 2, pas trop dur d'incarner un panda ?", lui a mimé une grosse pipe en poussant à intervalles réguliers l'intérieur de sa joue avec sa langue. Colin Farrell's way... Clooney a été obligé de dire non et de faire un mouliné avec les bras pour signifier "tout à l'heure" avant d'enchaîner sur la question suivante : "Alors ? Vous avez joué dans Cars 2, pas trop dur de doubler une bagnole ?". Clooney c'est l'homme qui a voulu être le Cary Grant des années 2000, mais son meilleur rôle reste celui de Monsieur Nespresso, dommage pour lui. Cet homme aux allures d'ambassadeur s'est octroyé le rôle du président démocrate dans The Ides of march, titre original, assez malin et tape-à-l'œil qui désigne en anglais le jour où Jules César s'est fait assassiner (vient du latin Idus Martii), sauf que c'est Ducon qui s'est collé à la traduction française et qui, après avoir suggéré "Les Idées de Mars", s'en est tenu à un plus terre-à-terre Les Marches du pouvoir.


Les deux sextoys humains de l'année sont contents d'eux, mais Dieu sait qu'il n'y a pas de quoi !

Qu'en est-il donc de ces Idées de Mars ? Un thriller politique de grand-père qui croit nous apprendre la vie et qui veut nous rencarder sur les coulisses du jeu politique où tout le monde est pourri et où c'est blanc bonnet, bonnet blanc. A d'autres Clooney, à d'autres... Comme toujours quand Clooney réalise, grooooooos problème de rythme à la clé. On suit le film parce qu'il n'est pas inintéressant et parce que les acteurs sont là, mais tout ça est terriblement mou du genou et les temps morts durent une heure et demi. Reste un script où Clooney, qui aime à faire des films à charge, semble faire part de ses désillusions politiques d'homme de 60 balais qui a paumé ses rêves d'adolescent et qui "en est revenu". Clooney ne votera peut-être pas Obama, dont il reprend les codes visuels de campagne, vu ce qu'il met dans la tronche du parti de son cœur avec cette histoire de blackmailing à tout-va. "Tous pourris" nous dit Clooney ! Ton film aussi !


Les Marches du pouvoir de George Clooney avec George Clooney, Ryan Gosling, Paul Giamatti et Philip Seymour Hoffman (2011)