8 mai 2011

It's Kind of a Funny Story

Les films « indés » américains actuels, j'en ai ma claque et je l'ai déjà dit ici plus d'une fois. Rappelez-vous de la haine que j'ai pu déverser sur des saloperies comme Greenberg ou The Kids are all right. En général, ces films ont ma peau, mais je reste tout de même devant jusqu'au bout, comme paralysé par l'écœurement qu’ils provoquent chez moi et l’énervement qui bout en mon for intérieur. Je n'en peux plus des petits codes de ces films, du fait qu'ils se ressemblent tous comme deux gouttes de flotte et qu'ils soient quasi systématiquement acclamés par le pire de la critique. Pourtant, je continue à en regarder. Allez savoir pourquoi. Peut-être suis-je désespérément à la recherche d'un nouveau Sideways ou d'un nouveau Station Agent, deux de mes films de chevet, le "diptyque maudit" comme aime à l'appeler mon collègue Rémi auquel j'ai très tôt infligé ces deux classiques du cinoche indé, duo incontournable de ma modeste dvdthèque. Je me suis donc récemment envoyé It's Kind of a Funny Story, sans trop y croire. Et, contre toute attente, ce fut une agréable surprise.


Le rôle d'une vie pour le jeune autiste assis sur votre gauche

Soyons clairs : contrairement aux œuvres cultes d'Alexandre Payne et Thomas McCarthy, ce film est loin de rentrer dans le cercle pas si fermé que ça de mes all-time favorite. Mais je reconnais avoir passé un très bon moment à le regarder, sous le charme bien connu que peut dégager un film de cet acabit quand il est bien exécuté et, surtout, quand il est autre chose que le simple véhicule d'un acteur minable qui cherche à démontrer son talent dramatique dans une histoire chiante pleine de personnages insupportables couverts de problèmes merdiques et qui pensent pouvoir les régler en se regardant le nombril (c'est une allusion à Ben Stiller mais ça marche avec plein d'autres) ou en baisant comme des otaries.


Ci-dessus, on peut se rendre compte que Zach Galifianakis maîtrise réellement le ping-pong, son revers étant terriblement authentique. Par contre, l'autiste en face est mal barré. Si le revers est smashé, il n'a aucune chance.

Le personnage principal est ici un jeune ado dépressif et suicidaire qui choisit de se rendre de son propre chef dans un institut psychiatrique pour se refaire une santé, persuadé que sa place est là-bas. Le film est le récit de son séjour dans cet hôpital, où le jeune homme est amené à faire des rencontres qui lui ouvriront un peu les yeux et lui permettront de remonter la pente. Il croisera notamment la route d'un quadragénaire désespéré (Zach Galifianakis) et d'une charmante jeune fille de son âge également dépressive (Emma Roberts vue dans le déplorable Scre4m), deux individus qui auront un impact décisif sur sa perception des choses. Le premier de ces deux personnages offre effectivement à un acteur habituellement abonné aux rôles comiques l'occasion de prouver qu'il peut briller dans un autre registre. Et Zach Galifianakis y parvient tout à fait, je dirai même que sa présence est l'un des atouts majeurs de ce petit film sympatoche. Jusqu'alors, j’avais toujours vu ce comédien à la tronche d’ours mal luné dans des rôles de types gentiment débiles et allumés (Very Bad Trip), parfois même infréquentables (Date Limite, Dinner for Schmucks), sans qu'il parvienne jamais à me faire vraiment marrer. Il nous offre ici un très bon numéro d'acteur, bien plus subtil qu’à l’accoutumée, grâce à ce personnage assez singulier, dont l'humour pince-sans-rire lui va comme un gant, qu'il réussit à rendre crédible et attachant.


Trivia : ce plan du film est un plan volé de Zach Galifianakis en train de refuser de jouer dans Very Bad Trip 2 avant que son interlocuteur n'ajoute un 0 à son paycheck.

Avec sa galerie de personnages plus ou moins atteints mentalement et le lieu particulier dans lequel se déroule toute l'action du film, It's Kind of a Funny Story peut aisément rappeler Vol au-dessus d'un nid de coucou, dont il serait une sorte de version teens, allégée, garantie sans idée noire. On pourrait en effet quasiment qualifier le film de « feel good movie », étant donné le déroulement très optimiste de l’histoire. Le sort réservé au personnage principal est ainsi à mille lieues de celui que connaît le personnage inoubliable incarné par le génial Jack Nicholson dans le chef d’œuvre de Milos Forman. La similitude entre les deux films est donc finalement assez superficielle.


Emma aux gros Roberts...

Alors certes It's Kind of a Funny Story possède bel et bien toutes les manies habituelles du petit cinéma indépendant américain actuel. On y trouve notamment des références musicales extrêmement appuyées et même une bande-originale clairement conçue pour plaire au public visé, faite de morceaux qu'il saura reconnaître sans mal. En outre, le film est parasité par des petits effets de mise en scène assez lourds mais heureusement peu envahissants, par une voix off trop présente et pas toujours utile, et peut-être par un trop plein de bons sentiments à la fin. Mais malgré cela, le film fonctionne, et ce, y compris assez miraculeusement lors de moments très périlleux et osés comme la reprise fantaisiste d'Under Pressure, le tube de Queen featuring David Bowie. Ce petit film m’a donc vraiment plu. La jeune Emma Roberts, qui parvient avec charme à contrôler son terrible strabisme du début à la fin, peut donc déjà se targuer d'avoir dans sa maigre filmographie de débutante un meilleur film que tous ceux qui composent la carrière de son imbuvable tante Julia, a.k.a. "la jument". Quoique y'a Hook. Il est cool Hook. Enfin, toutes proportions gardées.


It's Kind of a Funny Story de Ryan Fleck et Anna Boden avec Keir Gilchrist, Zach Galifianakis, Emma Roberts, Zoë Kravitz et Aasif Mandvi (2011)

19 commentaires:

  1. Merci Félix pour ce Under Pressure.

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  2. Par contre j'ai toujours trouvé ça bizarre qu'il se trimbale toujours un bout de son pied de micro.

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  3. Merci :)
    Je pensais mettre un lien pour la version studio avec Bowie ; mais quand je suis tombé sur cette vidéo, je n'ai pas hésité une seconde.

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  4. Un autre film sympa et récent, qui m'a emballé mais sans plus, et se passant aussi dans un hôpital psychiatrique, c'est The Ward. Coïncidence ? Je crois aux coïncidences !

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  5. Le passage de la salle de concert d'hôpital, au stade de queen rempli de fans, m'a au tout début fait penser à un goof du monteur, tellement ce moment était périlleux. Mais le réalisateur se rattrape bien, tel un satrape. Et on finit par y croire !

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  6. Ouais ça passe bien, c'est quasi miraculeux. Mais c'est aussi parce qu'à ce moment là du film, on est déjà "conquis" normalement, par les persos surtout.

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  7. ON VEUT PLUS D'UN ARTICLE TOUS LES DEUX JOURS ! OW !

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  8. Enfin un film qui ne se fait pas tailler en 4 en 3 secondes. Je vais me le procurer de ce pas!

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  9. T'as qu'à en écrire aussi le Poulpe ! :)

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  10. @L'accro au dvd : Oh on en écrit de plus en plus souvent des positives pourtant. :-O

    J'espère que le film te plaira aussi. :)

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  11. Dejà avec une replique comme "I heard you tried to rape a penguin at a zoo", le film peut pas être mauvais.

    Vous n'avez pas mentionné la fille de Lenny Kravitz qui joue plutot pas mal aussi.

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  12. Apres visionnage c'est vrai que la comparaison avec Vol au dessus d'un nid de coucou est inevitable. En tous cas, une bonne petite decouverte. Merci à vous.

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  13. Content que cela t'ait plu. :)

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  14. huuuummm vous oubliez Erin Brokovitch, Ocean Eleven, etc.....

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  15. Zach Galifianakis est vraiment génial dans ce film !

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  16. Non non, je n'ai pas oublié les deux films de Soderbergh, au contraire.

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  17. Je rappelle car ça n'est pas dit dans la critique que le couple Ryan Fleck et Anna Boden ont réalisé deux autres films excellents que je vous suggère chaudement. C'est toujours très bon ce qu'ils font!

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    1. De Fleck & Boden, je me rends compte que j'ai déjà vu Half Nelson, qui était pas mal oui. Je n'ai pas vu l'autre par contre. :)

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