Nous avons donc droit à un nouveau Scream, plus de dix ans après la sortie du troisième opus qui était supposé avoir clôt la saga sans éclat. Une bonne idée motive-t-elle ce retour en fanfare ? Pas vraiment, puisque si Scream 2 suivait les soi-disant règles d'une suite et Scream 3 celles du "dernier acte d'une trilogie", celui-ci donne tout simplement l'occasion d'un remake du premier épisode, avec tout ce que cela implique. Il s'agit donc plutôt d'un retour aux sources : Scream 4 renoue avec le ton référentiel puis auto-référentiel des deux premiers opus et les procédés a priori bienvenus de mise en abyme qui font l'originalité de cette saga horrifique. Dès ses premières scènes d'introduction gigognes, qui apparaissent au bout du compte comme le moment le plus osé et le plus amusant du film, Scream 4 se présente comme la copie conforme des Stab, cette série de films d'horreur ridicules tirés des sinistres évènements survenus à Woodsboro dont le personnage campé par Neve Campbell est l'éternelle survivante. Scream 4 met ainsi le spectateur pointilleux dans une drôle de position dès cette introduction suicidaire...

Comment pourrait-on en effet dire du mal d'un film qui se moque à ce point de lui-même mais aussi de nous autres, ses propres spectateurs ? Peut-être en regrettant que Scream 4 se contente justement de n'être que cette auto-caricature pathétique, alors que, tout naïf que je suis, j'espérais que Wes Craven aille au-delà, et qu'il finisse enfin par surprendre véritablement. Hélas... Le bonhomme est coutumier du fait et ce n'est pas à 70 ans passés qu'il allait changer. Ce bon vieux Wesley Earl Craven a effectivement toujours démontré qu'il était un adepte de la mise en abyme. Cela pouvait notamment se voir dès le premier Freddy, où l'on avait parfois du mal à faire la distinction entre rêve et réalité, et le cinéaste allait plus loin dans l'ultime épisode de la saga originelle, celui qui porte justement pour titre dans sa version française Freddy sort de la nuit. Dans ce film sorti en 1994, le fameux croque-mitaine à la main droite acérée et au célèbre pull à rayures se montrait désireux de sortir de la fiction et choisissait pour cela de s'en prendre directement à son créateur, Wes Craven (dans son propre rôle donc), et à l'ensemble du casting du film original. Mais là encore, le film n'allait pas vraiment au bout de son intéressante idée de départ et, d’après mes souvenirs, finissait par répéter bêtement la même recette que les précédents opus. Hé bien c’est exactement la même chose qui arrive à ce quatrième Scream, où (ceux qui redoutent les spoilers, sautez la fin de ce paragraphe !) nous avons finalement droit au sempiternel duos de tueurs auxquels on ne croit pas une seconde et qui, lors d’un final lourdingue retombant comme un soufflé, nous expliquent le pourquoi et le comment d’un tel carnage. L’impression de déjà-vu était le risque d’un tel procédé, elle annule ici tout effet de surprise et, pire encore, ne manque pas de provoquer un agacement certain. Si, pour conclure le film, on avait simplement eu droit à un nouvel effet de mise en abyme jusqu’au-boutiste nous révélant cette fois-ci un Wes Craven au regard narquois, tranquillement installé sur son canapé face à sa téloche, mettant fin à son propre film via sa télécommande avant de s'en moquer ouvertement, j'aurais trouvé ça autrement plus réussi. La boucle aurait été bouclée, le film se terminant comme il a commencé. Et cela aurait été un joli pied-de-nez du cinéaste vieillissant adressé à son public et à sa propre filmographie. J'imagine malheureusement qu'un tel scénario est inimaginable dans un film destiné à s'emparer du box office et ne devant donc pas trop décontenancer son audience. Un public dont il ose pourtant se moquer allègrement...

Au-delà du fait que le choix des acteurs fait sens (en autres, la charmante Emma Roberts et le hideux Rory Culkin apparaissent particulièrement bien choisis pour camper ces deux individus cherchant désespérément à se faire un prénom, la première étant la nièce de Julia Roberts et le second le frérot de Macaulay), la chose la plus intéressante de Scream 4 est clairement ce sado-masochisme étrange dont il fait preuve. Il aime se tirer une balle dans le pied en se foutant des Stab dont il est pourtant la réplique exacte ; et, dans le même temps, il se moque de son public de jeunes gens plus ou moins abrutis. Bien qu'il s'aventure plus souvent que ces prédécesseurs dans la parodie pure, Scream 4 n’est en réalité rien d’autre qu’un slasher de plus, peut-être plus efficace que la moyenne (ce qui n’est pas véritablement un compliment), mais finalement pas beaucoup plus malin. Un film justement destiné à ce jeune public dont il épingle les travers, sans réelle méchanceté toutefois : ces gros accros aux réseaux sociaux, toujours scotchés à leurs écrans de portables ou d'ordinateurs, qui s’envoient des films comme Windows lance en douce des programmes inutiles, en fond de tâche, sans réellement les mater, y trouvant par exemple autant de prétextes pour des jeux à boire. C'est une démarche pour le moins cynique et contradictoire qui ne grandit pas spécialement le film de Wes Craven, mais qui lui donne paradoxalement une certaine singularité... Malgré ses défauts, j'imagine que Scream 4 satisfera sans aucun mal les moins regardants, dont les personnages à l'écran sont des reflets. D'où l'assurance d'une suite prochaine, en cas de bons résultats au box-office. Et donc Scream 5 (ou 5cream, pour anticiper), serait alors le remake de Scream 2 et son ou ses tueurs y suivraient les règles communes aux remakes de suite ? Ouais... Pas obligé non plus de le tourner, Wes.
Je ne peux écrire une critique de ce film sans réserver quelques lignes à l'actrice Courteney Cox, que l’on pourrait sans forcer son imagination renommer Courteney Botox. Je vais vous faire une confession de derrière les fagots : ado, je faisais partie de cette petite minorité de téléspectateurs de Friends qui disaient préférer Monica à Rachel. Mais c’était sincère : elle était alors l'incarnation de mon idéal féminin, je préférais la brune aux yeux bleus que la bombe H aux tétons aux aguets. Maintenant je kiffe les deux, je dégommerais même Chandler. Mais je m'écarte du sujet. Mes premières navigations sur internet avaient souvent pour but de zieuter quelques photos d’elle et je le reconnais sans honte (quoique...). Dans Scream 4, je ne sais pas si c’est pour correspondre à son personnage de vieille garce aux dents qui rayent le parquet qu’elle a choisi de ressembler à un sac plastique Leclerc géant, mais j’en doute fortement ! Je crois plutôt que l’on assiste au spectacle tragique et bien connu d’une actrice qui a été très belle et qui, dans la peur de vieillir (et, d'après elle, de s'enlaidir), en vient à commettre l’irréparable. Emmanuelle Béart Syndrome ! Courteney Cocks semble à présent venir d’une autre planète. Et là encore, ça n’est pas du tout compliment, il ne faut pas l’interpréter dans le sens « une telle beauté vient d’ailleurs ». Non, bien au contraire. Ce serait plutôt un extra-terrestre dans le genre de ceux qu'on doit éjecter dans l'espace par le sas d'aération pour pas qu’il nous bouffe tout cru. A un moment du film, son personnage en vient à porter le fameux masque du tueur pour passer incognito. Hé bien sachez que c’est à ce moment précis que l’actrice fout le moins les j’tons et que sa tronche correspond le plus à celle d’une femme de son âge lambda. Dans Scream 4, c'est la nouvelle tronche de Cox qui m'a le plus captivé, ça, et l’œil gauche bizarroïde d'Emma Roberts. Ça fait toujours un petit pincement au cœur quand on constate d'un seul coup la dégringolade terrible d'une idole passée, et je vous prie de bien vouloir m’excuser d’avoir dû vous en parler…
Scream 4 avec Neve Campbell, Emma Roberts, David Arquette, Courteney Cox, Rory Culkin et Hayden Pannetiere (2011)