10 novembre 2010

Greenberg

L'affiche n'est pas truquée : c'est bel et bien un gros dog allemand dans le coin en bas à droite de l'encadré du titre, aux côtés des trois autres seconds rôles qui entourent la starlette Ben Stiller* dans ce film démoniaque qui vient littéralement de me "tenir en otage" pendant toute une soirée en solitaire dont j'aurai hélas bien du mal à me remettre. Parce qu'il faut savoir que, dans ce film, Ben Stiller, qui a un rôle à contre-emploi taillé sur mesures (il joue un énorme connard dépressif et torturé, égoïste et imbuvable, une merde humaine à l'état pur comme le ciné indé ricain en regorge -finalement, il se joue himself), eh bien Ben Stiller passe ici le plus clair de son temps à nous l'obscurcir en tentant de sauver un clebs dont il doit assurer la garde pendant l'été (et auquel il doit également construire une niche digne de ce nom, mais ça c'est plutôt une intrigue secondaire de ce film, tout comme la garde de la baraque qui va avec). C'est le pitch que je ferai de ce film. Quand 85% d'un long-métrage se joue entre un clebs à moitié mort et 12 personnes affairées autour de lui pour le soigner, je considère que c'est grosso modo le pitch.


Un plan véritablement poignant comme ce film en regorge...

Évidemment, ça n'est pas tout : dans le même temps, Ben Stiller s'enfonce dans sa connerie en se comportant comme un chien, lui aussi, notamment vis-à-vis d'une blonde quelconque (Greta Gerwig) dont le simili-cinéaste est visiblement fasciné par le profil en dents de scie. Pour choquer un peu, on nous montre même Ben Stiller pratiquer sur elle un cuni lingus dès le premier rencard, sans trop prévenir, après avoir tout juste échangé un premier bécot. "Hurted people hurt people" est la réplique-clé du film, la seule qui fait se taire la zik quand elle est prononcée, plusieurs fois de suite, par deux acteurs visiblement ravis de dégueuler des dialogues d'une telle profondeur. Parce que la zik est évidemment omniprésente, tout comme l'ensemble des clichés très chers à ce genre de films indépendants américains, à gerber. Et pas n'importe quelle zik, c'est James Murphy aka LSD Soundsystem qui s'y est collé, avec aussi des cameos de Gainsbourg, Galaxie 500, Karen Dalton, que des trucs "méga cools" qui attestent des goûts supers du réalisateur à travers son personnage principal minable. Y'a même Ben Stiller qui prépare une mixtape à cette meuf pour rattraper son cuni lingus un peu trop précipité, et en faisant une screencaps de son itunes ma parole on peut voir de quoi cette compil' est faite et on serait prêts à se l'arracher !


Ben Stiller ne va pas jusqu'à lui faire un artwork de son cru à la Stanley Donwood, par peur de passer pour un malade...

Le pire, c'est que je l'ai maté connement, parce que c'était lui ou moi, Greenberg ou ma pomme, parce que l'un de nous devait y passer. Voir ce film était comme l'une de ces épreuves inutiles que l'on s'impose sans raison pour se dire qu'on est tout de même courageux bien qu'ultra cons. Je finis pas mes boîtes de Coco Pops mais je m'oblige à aller au bout de ces films, allez comprendre. Je suis une daube. Hélas, je ne m'attendais pas du tout à ce que ce film à la con me fasse un terrible coup de Trafalgar à la toute fin, vu que de fin, justement, il n'y en avait pas. Mon .avi abandonne le film en cours de route, comme le vieux clébard qu'il est. Je l'avais senti venir pourtant, je matais le film avec le compte à rebours affiché sur l'écran depuis la 14ème minute, et plus ça approchait de la fin, plus je me disais qu'elle devait être méga abrupte pour que le temps restant soit crédible. Cette fin prématurée était à la fois une délivrance et un vrai coup de pute. Je m'étais juré d'aller au bout, juré ! Et voilà que je quitte un Ben Stiller en chaussettes, encore pendu au téléphone, essayant une dernière fois de rattraper toutes ses saloperies.


Le cinéaste a flashé sur Greta Gerwig et nous sommes les malheureux témoins de ce triste coup de foudre...

Ce film est réalisé par un avorton de Wes Anderon nommé Noah Baumbach déjà coupable du terrible Les Berkman se Séparent, où l'on se souvient seulement d'une scène de tennis de table sauvage où Jeff Daniels impressionnait la galerie. Greenberg a été co-écrit par lui-même et sa femme, Jennifer Jason Leigh, qui n'a donc pas fini de nous dégueuler son mal-être sur écran géant suite à la mort tragique de son père Vic Morrow et le procès qu'elle ne gagnera jamais contre le vieux John Landis. Son infâme trouvaille "hurted people hurt people" n'est rien d'autre que sa ligne de conduite, sa marche à suivre coûte que coûte. C'est réussi. Leur film m'a fait du mal, il m'a déjà rendu méga con alors que y'avait pas besoin.



*Comme vous l'avez remarqué, il y a bien une gueule de chien sur l'affiche, or, vous avez aussi pu voir qu'on y trouve tous les noms des connards d'acteurs, mais pas celui du clebs. Pourtant, c'est bien lui la pierre angulaire du film, et à ce propos, les maîtres de ce chien ont intenté un procès à la 20th Century Fox. Suite à une longue bataille judiciaire qui fit l'objet d'un court reportage dans 30 Millions de Sacs à Merde, nous verrons bel et bien le nom du berger boche sur les futures jaquettes du dvd. Il répond au doux nom de Gdansk.


Greenberg de Noah Baumbach avec Ben Stiller, Greta Gerwig et Jennifer Jason Leigh (2010)

3 commentaires:

  1. Ultra fameux article !

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  2. C'est Noah Baumbach pas Bauchman....

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  3. Je tenais à attirer, par mon commentaire, l'attention sur ce film et donc son interprète principal (pas le dogue allemand, Benêt Stiller) et son réalisateur, bientôt de nouveau réunis pour à nouveau trainer le cinéma dans la boue avec While we're Young, traduit en français par Couple Therapy.
    Noah Baumbach, il a l'air gentil avec ses cheveux rebelles, son regard oblique et son casque sony négligemment posé autour de son cou de poulet (cf photo imdb) mais méfiez-vous, comme on dit dans le bouquin sur Jack l'Éventreur que je lis actuellement, "un serial killer a toujours l'air de monsieur tout le monde et s'appelle souvent Noah Baumbach ou Jack Akran".

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