30 mars 2011

The Damned United

Quand un collègue enrhumé m’a appris que Tobe Hooper avait enfin remporté l’Oscar du meilleur réalisateur, je n’en croyais pas mes oreilles et j’étais aux anges. Mais sachant bien que mon cinéaste fétiche n’avait rien sorti de notable depuis quelques années, je me demandais en quel honneur on avait bien pu lui offrir la statuette tant convoitée. Le récompensait-on bien justement pour l’ensemble de sa sublime carrière ? C’était la seule raison possible ! Une carrière sans temps morts, lancée sur des chapeaux de roue par le terrible Massacre à la Tronçonneuse et achevé par le démoniaque Mortuary en passant par l’inégalé Combustion Spontanée. C'était donc à mes yeux tout à fait mérité, la méritocratie prônée par nos dirigeants fonctionnait et je me sentais enfin bien dans ma peau. Hélas ! Je suis très vite redescendu de mon petit nuage en allumant iTélé. Il ne s'agissait pas de Tobe mais de son petit cousin cockney, Tom, dont le dernier film (Le Discours d’un Roi), avait tapé dans l’œil de l’Académie des Oscars. N'ayant pas du tout envie de voir ce film, j’ai logiquement choisi de visionner son précédent long-métrage, à savoir The Damned United, pour tout de même coller à l'actu !



Fait assez rare, ce film s’intéresse au petit monde du ballon rond, puisqu’on y suit les mésaventures du célèbre entraîneur anglais Brian Clough, un personnage haut en couleurs comme en raffolent les biopics hollywoodiens. Sauf que nous n’avons pas ici affaire à un véritable biopic puisque seule une petite tranche de la vie de ce personnage nous est contée en détails. Fort de ses succès avec le modeste club de Derby County, qu’il a brillamment fait remonter en première division, Brian Clough arrive tout triomphant et sûr de lui à la tête de l’équipe rivale de Leeds United. Bien que l’équipe de Leeds soit championne en titre de première division, Brian Clough est bien décidé à rompre avec les habitudes de son prédécesseur Don Revie, son ennemi juré, qui a simplement quitté son poste pour prendre les rênes de la sélection anglaise. L’exubérant Brian Clough estime en effet que Don Revie a récolté tous ses titres en trichant et en trainant le football dans la boue, faisant de lui un sport rugueux, hideux et profondément injuste.



Brian Clough est interprété par Michael Sheen, méconnaissable dans Unthinkable, et que j’ai donc cru découvrir dans ce film. J’hésite à penser que l’acteur offre une prestation impeccable ou qu’au contraire, il n’en est rien. Car il faut dire que pour se mettre dans la peau de son modèle, le comédien en fait des caisses et il a par exemple une façon assez extraordinaire d’insister sur chacun de ses mots, chacune de ses intonations. C’est brillamment fait, il faut l'avouer, et l’acteur captive souvent, justement à la façon d'un coach habité par la hargne et la victoire, dont le but serait de motiver ses troupes. Mais n’est-ce pas parfois un peu trop ? Je me pose tout de même la question. Une chose est sûre : Michael Sheen pourra agacer autant qu’il pourra séduire et convaincre l’assemblée. Sans doute à l’image de son personnage d’ailleurs, dont Tom Hooper parvient plutôt bien à cerner les failles et les faiblesses. C’est dans cette peinture de caractère que le cinéaste récemment salué par le tout Hollywood excelle. Je pense tout particulièrement à la scène où Brian Clough est enfin opposé, sur un plateau télé, à son ennemi Don Revie auquel il expose les raisons de son animosité et de sa rancœur. Apparait alors au grand jour l’absurdité de son attitude et tous les travers de sa personnalité, lors de ce qui est donc de loin la meilleure scène du film. Un film fait de retours en arrière réguliers, afin que l’on saisisse mieux les tenants et aboutissants de cette histoire et pour que l’on comprenne progressivement où veut en venir le cinéaste britannique. Ce dernier nous dépeint donc le portrait d’un homme totalement obsédé par l’envie de vengeance, par l’adversité débordante qu’il nourrit en lui, et véritablement aveuglé par son orgueil démesuré. The Damned United est aussi assez réussi quand il nous décrit les rapports très particuliers et passionnels entre Brian Clough et son fidèle adjoint, un gros type à la tronche d'ours mal luné.



Pour le reste, on ne peut pas vraiment dire que Tom Hooper se soit mouillé. Ainsi, il a par exemple tout simplement choisi de ne quasiment jamais filmer de matchs de football. Vous me direz : vaut peut-être mieux ça que mal le faire. Certes, mais c’est tout de même un peu regrettable pour les amateurs qui se réjouissaient d’enfin découvrir un bon film sur le foot. On aura seulement droit à de timides bribes de matchs et à des extraits d’archives télés... Largement insuffisant pour être plongé dans le jeu et pour sentir l’intensité d’un match. Ce n’est vraisemblablement pas l’objectif du cinéaste, mais c’est tout de même dommage. The Damned United demeure néanmoins un film sympathique, plaisant, fait avec une réelle application, porté par un acteur intenable et que je recommanderai aux plus curieux d’entre vous, en vous prévenant que c’est tout de même assez anecdotique et qu'il ne vous laissera sûrement pas un souvenir impérissable. Je comprends sans mal qu'en se saisissant d'un sujet plus sérieux, Tom Hooper ait réussi à récolter tant d'Oscars. Il n'en faut pas beaucoup plus pour y parvenir...


The Damned United de Tom Hooper avec Michael Sheen, Timothy Spall et Colm Meaney (2009)

11 commentaires:

  1. oh moi je l'ai bien aimé celui-ci^^

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  2. I would live in LOOOOOOOOVE united
    I could not believe in LOOOOOOOVE united
    I'm ready for this
    I'm happy for that
    FOR ALL
    THE PEOPLE OF THE WORLD !

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  3. J'avoue que ça fait pas envie...

    A quand un film sur Denisot quand il dirigeait le PSG (on dirait lui sur la première tof). Il paraît que Denisot est sorti avec Michael Owen. Véridique ?

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    1. C'est Owen qui avait conseillé Denisot de prendre Micoud à Lens. Pour le succès que tu connais. Que t'es le seul à connaître.

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  4. Très bon article. Il fait bien le tour de la question, de fond en comble, de long en large, il épanche toutes les questions qu'on serait susceptibles de se poser. Bravo !

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  5. Moi j'pourrais mater ça à l'aise, je crois.

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  6. Va te faire enculer avec ton film de merde, tu vas me traiter de malpoli maintenant ?

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