18 août 2011

A bout portant / Pour elle

Il y a quelques années, Fred Cavayé vivait en Cité U et occupait son maigre temps libre à écrire des scénarios. Il s’octroyait parfois le plaisir d’aller au cinéma pour voir les derniers John McTiernan ou Michael Mann, des films qu’il regardait avec des étoiles plein les yeux, des rêves plein la tête. Aujourd’hui, Fred Cavayé est le cinéaste français qu’Hollywood nous envie le plus. Deux films l’ont fait exploser :  Pour elle et A bout portant, deux thrillers sans temps mort ou des pauvres types sans histoire se retrouvent dans la merde du jour au lendemain et doivent sauver leurs bonnes femmes si peu dégourdies en un temps record. Des tag-lines similaires fendaient les affiches de ces deux films : « Il a 72 heures pour sauver celle qu’il aime et la sortir de cabane ! » pour le premier, « Il a 3 heures et des brouettes pour retrouver sa femme et lui faire la peau ! » pour le second. En ce qui me concerne, quand je lance un film de Fred Cavayé, je lui donne un gros quart d’heure pour me choper. Si Pour elle avait réussi à me captiver du début à la fin, réalisant là une vraie prouesse, ce n’est pas le cas de son dernier rejeton, qui m’a très tôt perdu.




Il faut dire que dans Pour elle, on suivait Vincent Lindon en train d’échafauder un plan machiavélique pour extirper Diane Kruger de prison. Un Vincent Lindon égal à lui-même, capable de sauver n’importe quel film par sa seule présence, le regard fou, les tics survoltés et le front hyperactif. Dans A bout portant, le héros n’est autre que Gilles Lellouche. "Gilles Lellouche", "héros"… voilà des mots que je ne pensais pas devoir associer un jour. Et pourtant, Fred Cavayé a osé. L’acteur n’a cependant pas grand-chose à se reprocher, il fait de son mieux, avec ce que la Nature, dans un malheureux hasard, lui a donné : un profil d’aigle inélégant, une voix de beauf trop familière, une piètre allure générale, le dos toujours un peu voûté, le cou en avant, le regard vide et stupide. Cette piteuse panoplie ne fait pas de son personnage quelqu'un que l'on veut voir réussir et vaincre. Mais si le film n’est pas parvenu à me captiver, ce n’est pas spécialement sa faute. Je me suis simplement retrouvé face à l’impossibilité de me passionner pour cette histoire de flics ripoux et magouilleurs, très loin de la simplicité et donc de l’efficacité du pitch de Pour elle, qui passe désormais pour une vraie réussite dans le genre.




Qui plus est, j’ai très tôt repéré que le gros souci venait de Gérard Lanvin, qui campe donc le gros méchant tirant toutes les ficelles. J’ai vite compris que le comédien était dans un rôle de sale con inhabituel vu qu’il ne décroche jamais les mâchoires et parle toujours de sa voix la plus grave, sans jamais articuler. L’acteur a peut-être pris du plaisir à jouer un méchant de façon si grossière, mais pour nous autres spectateurs, c’est un bien triste spectacle qui s’offre à nous. A part ça, les personnages ne font que se courir après, se menacer, se tirer dessus, viser à côté, à court de munitions se tabasser et finissent souvent par se tabasser et s'invectiver en rappelant le peu de temps qu'il reste avant la fin du film ; un film qui, de mon côté, m'a paru bien long. Ces individus nerveux ne peuvent jamais se faire confiance et doivent toujours s'assurer que l'un a les mains vides quand l'autre fait mine de s'approcher. C'est un climat d'incertitude et de haine assez usant, pesant, d'autant plus quand on est, au quotidien, assez travaillé et miné par un avenir très flou, par la sale tronche de notre président, par des relations pas toujours faciles avec un animal domestique et par le triste état du monde en général. Las et abattu, j’ai vite décroché d'A bout portant. Des fois, on a pas envie de voir des gens passer leur temps à se foutre sur la gueule. 





Pour elle avait eu le bonheur d’être remaké par Paul Haggis et Russell Crowe via le film Les Trois prochains jours. Il paraît que lorsque Fred Cavayé a appris la nouvelle, il n’y a pas cru. Il se serait exclamé « Russell Crowe, le Russell Crowe de Point Break ? Non mais arrêtez les conneries, c’est de la folie douce, c’est un rêve de gosse qui se matérialise ! J’avais 8 ans quand j’ai écrit cette histoire à la con, dans ma Cité U à Nanterre-les-olives, et voilà que le grand Russell Crowe va l’incarner ?! Anything for She, a dream come true, sans blague ?! Je n’en reviens pas ! ». Après en être revenu, Fred Cavayé aurait plus tard ajouté « Quand j’ai vu mon nom accolé à celui de Russell Crowe sur le net, j’ai inséré mon doigt dans mon ventilo pour m’assurer que je ne rêvais pas. J’ai perdu un doigt. J’en reviens juste toujours pas ! » A bout portant, renommé Point Blank par des distributeurs internationaux visiblement bien peu soucieux que ce titre soit déjà pris mille fois, passera-t-il à son tour à la moulinette hollywoodienne ? On peut l’imaginer. Moi je vois déjà Shia LaBoeuf à la place de Gilles Lellouche, courir dans tous les sens, tout étonné de ne pas voir des twingos se transformer en Lego ! Et j'imagine bien Bob Duvall dans le rôle du flic véreux sans scrupule.


Pour elle de Fred Cavayé avec Vincent Lindon et Diane Kruger (2008)
A bout portant de Fred Cavayé avec Gilles Lellouche, Roshdy Zem et Gérard Lanvin (2011)

14 commentaires:

  1. Y a Elenea "La piel de tu cuerpo" Agnagna dans ce movie !

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  2. Joe "dunno" G.18 août, 2011 12:15

    C'est Elena "La piel de tu mierda" Amayamaya qui joue la fameuse "épouse" ?

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  3. C'est vrai :)
    Elle a justement le rôle de la femme de Lellouche qui se fout dans la merde. Elle est enceinte et son accent est chaud à supporter...

    T'as kiffé "Anything for She" ? C'est pour toi ce genre de trucs. :)

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  4. Je pige pas, je crois l'avoir déjà dit, le blaze "Roshdy Zem". C'est quoi ça? J'ai l'impression qu'on peut mettre l'espace où on veut, son blaze est toujours le même. Roch Dizem, Ro Ch'Dizem, Roschiz Hemme, R. O. S., Rachid Sème, Mezyd Hsor, Melzut Ozil, Plateforme offshore dit Zem, Or chie Zem, Orgie Zeme, Alain Mèche, ...

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  5. Oui c'est elle, tout comme c'est elle sur l'image ci-dessous :
    http://www.imagebam.com/image/bb146f143472707

    Mais on la voit très peu, et quand on la voit, elle se tient le bide en chialant dans des couloirs sombre et humides, car elle est détenue par les "gros méchants".

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  6. Voilà un film par lequel je n'étais pas du tout intéressé.

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  7. Tu me fous dans la merde avec tes liens not safe for work :(

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  8. @Arnaud : je peux le comprends !

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  9. Pareil, tu me fous dans la merde moi aussi. Maintenant je vais surement avoir un entretien avec le responsable informatique et le dirlo du labo dès qu'il sera rentré de vacances. Je vais perdre mon emploi par ta faute et je vais être obligé d'aller squatter chez toi.

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  10. impitoyables avec gilles lelouche!! lol

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  11. J'aurais bien aimé que Diane Kruger reste en prison cette connasse !

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  12. Gilles Le Louche, je le vois bien à la place du mec décrit par Félix dans la critique d'À armes égales, en bon petit mari soumis. Ca lui irai comme un gant, ce genre de rôle.

    Gondebaud.

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