
Nos deux héros sont incarnés par l’inévitable Denzel Washington, qui doit donc entretenir la même relation avec Tony que Russell Crowe avec son frère Ridley, et Chris Pine de Kellog's. Le premier, le beau Denzel, se retrouve à nouveau dans la peau du type tout à fait ordinaire, s’étant levé du mauvais pied, mais condamné à se comporter comme un héros. Il nous livre sa performance habituelle, en totale roue libre, à l’image du train, pâle vedette métallique de ce long-métrage. Denzel est donc épaulé par Chris Pine, un blondinet, minet insipide au nom d'acteur porno et que l’on pourrait aisément confondre avec Paul Walker (le bellâtre sans relief notamment aperçu au volant d’un twingo en compagnie de Vin Diesel dans Fast & Furious) et peut-être aussi avec des milliers d’autres comédiens américains à la tronche carrée recouverte d’une barbe de trois jours, et au regard bleu clair, qui plaisent inévitablement aux minettes sans le sous ni de sens commun. Parce qu'il est quand même sacrément moisi avec son unique expression faciale de beau gosse de supermarché hard discount :
Ces deux acteurs ne forment pas un duo très attachant ni original, même s’il faut avouer qu’une ou deux fois, Denzel Washington parvient tout de même à nous faire décrocher un petit sourire. Surtout quand il dit à Chris Pine "Je sais pas connard, j'étais au lycée !" au moment où celui-ci lui demande s'il sait comment arrêter ce train lancé à toute allure sur de pauvre innocents et s'il se rappelle comment c'était le Viet-Nam. Comme dans tous ces films, au départ, les deux hommes se méprisent gentiment, le jeune ne montrant au mieux que de la condescendance envers le vieux cheminot fatigué, le vieux se rendant compte qu'il a de nouveau face à lui un psychopathe fan de vitesse voulant profiter de la renommée du métier de cheminot pour "se faire des meufs". Puis ces deux personnages antagonistes sont amenés à mieux se connaître et finissent par s’apprécier. Bref, là encore, Tony Scott fait dans le Déjà-vu. Unstoppable s'enfonce dans la médiocrité quand il essaie de nous dépeindre les vies de ces deux personnages principaux. L’un est fâché avec sa femme, l’autre l’a déjà perdue et est en froid avec ses deux filles… Malheureusement, c'est tellement mauvais qu'on s'en fout royal ! De plus, Unstoppable se targue de s’inspirer de faits réels. En effet, il semblerait qu’une compagnie ferroviaire américaine soit au moins aussi douée que notre chère SNCF et qu’elle ait réellement été capable de perdre le contrôle d’un train ultra dangereux, un accident dont vous trouverez tous les détails sur wikipédia. Mais étant donné le traitement qu’en fait Tony Scott, ça semble complètement surréaliste et idiot de voir apparaître ce petit encart au début du film, et on y croit pas une seconde quand, à la fin, quelques lignes viennent nous informer de ce que sont devenus les différents protagonistes ("Franck a diverti sa solitude en recueillant un chien sur un quai de gare, Will a quitté sa femme et s'est découvert une attirance suspecte pour les hommes bien membrés, nos deux héros sont restés amis et vont parfois partager une bière en se remémorant leurs diverses péripéties"). Entre temps, il y a eu tant d’explosions, et deux hommes qui se sont comportés d’une telle façon, comme des héros si malins et astucieux, que l’on y croit pas du tout…
Avec son gros pitch en bois mort massif, Unstoppable est donc un assez mauvais film d’action, anéanti par un réalisateur sans aucune autre inspiration que ses tics de mise en scène de parkinsonien, nous fatiguant drôlement à tourner sans arrêt sa caméra autour de ses acteurs pour tenter d’insuffler en vain un semblant d’intensité. Il se permet en plus de répéter à l’identique certains plans de son train traversant les paysages, agrémenté d’effets visuels forts laids. En matant tout ça d’un seul œil, je me disais que Tony Scott devait de cette façon essayer sans talent de masquer sous un voile pudique la minceur étonnante de son budget. Mais j’avais tout faux. Le film a coûté 100 millions de dollars !
A vrai dire, regarder Unstoppable m’a seulement donné envie de vous en dire du mal, ce que je viens donc de faire, et surtout de rappeler à quel point ce film n’arrive pas à la cheville de Runaway Train, autre long-métrage dont la vedette est un train sans conducteur lancé à toute vitesse, et dont je pensais vous avoir déjà parlé…
Unstoppable de Tony Scott avec Denzel Washington, Chris Pine et Rosario Dawson (2010)