26 février 2011

Never let me go

Never let me go est le nouveau film de Mark Romanek, un réalisateur américain peu prolifique et plus connu pour ses nombreux clips remarqués (dont Closer de Nine Inch Nails). C’est à lui que l’on doit Photo Obsession, un sympathique thriller où un Robin Williams transfiguré, aux abois et plus inquiétant que jamais, incarnait un psychopathe accro du polaroid qui s’en prenait à une petite famille trop tranquille. Ayant apprécié ce film, j’étais curieux de découvrir le nouveau rejeton de Romanek qui s’est cette fois-ci attaqué à l’adaptation d’un bouquin dystopique de Kazuo Ishiguro apparemment très apprécié, sorti en 2005 dans son pays et un peu plus tard en France sous le titre Auprès de moi toujours. J’avais également envie de voir ce film du fait de son pitch mystérieux. L’histoire démarre dans l’Angleterre des années 50, nous suivons trois enfants d’un pensionnat où, dès leur plus jeune âge, nous leur apprenons qu’ils sont de simples clones avec une espérance de vie très limitée puisque leur existence est seulement destinée à donner des organes à l'ensemble de la population dans le cadre d'une organisation gouvernementale.


L'un de mes cousins issus de germain est le sosie parfait d'Andrew Garfield, sauf qu'il a presque 50 piges, travaille chez Bouygues et a appelé sa fille Sebulba

Le film est découpé en trois parties, comme le livre j’imagine. La première se déroule donc pendant l’enfance de ces trois personnages ; la seconde, durant la fin de leur adolescence et leur passage à l'âge adulte. La troisième et dernière partie correspond à celle à partir de laquelle notre trio est enfin séparé, et où chacun devient soit un « accompagnateur » soit un « donneur ». Un « donneur », je présume que vous aurez deviné ce que c’est, inutile de vous faire un dessin... Quant à un « accompagnateur », c’est quelqu’un d’un peu privilégié qui peut vivre légèrement plus longtemps parce qu’il a été choisi pour aider les donneurs à être « utiles » jusqu’au bout, en leur permettant d’effectuer le nombre maximal de dons tout en les accompagnant dans leur souffrance passive et jusqu’à leur mort inévitable. Glauque de chez glauque, tout ça, en effet… Mais le film est pourtant intriguant dans le sens où il est d’une certaine légèreté et n'est pas spécialement plombant malgré l’histoire très cafardeuse qu’il nous raconte. Il se laisse facilement regarder, tout intrigués que nous sommes face à ces destins tragiques qui nous sont décrits en détails et face à ce monde injuste qui nous est quant à lui dépeint tout en zones d’ombres, de façon très partielle. Devant le film, on n’a donc aucun mal à croire que le bouquin de base doit être intéressant et sans doute très chouette. Mais pour ce qui est du film à proprement parler, c’est plus difficile à dire… S’il n’est pas mauvais, il manque à l'évidence quelque chose. Il y a déjà un manque de rythme évident, mais il y a d'autres choses que je ne saurai étrangement pas précisément décrire qui font de ce film une légère déception ; et si on regarde tout ça sans jamais souffrir, on a tout de même bien du mal à véritablement se passionner pour ce qui se déroule à l’écran, et notamment pour la romance contrariée assez lourdingue qui nous est contée.


Les jeunes ont le droit de se balader dans la campagne anglaise à condition de porter des bottes

En réalité, s’il y a bien une chose qui brille tout particulièrement dans ce film, c’est son actrice principale : Carey Mulligan. Certes, je la trouve plutôt jolie, mais ça n’est pas là où je veux en venir et je tenterai pour une fois d'être un peu plus original que ça, car ça n’est pas seulement son charme singulier, aussi discret qu'éclatant, qui est tout à fait frappant dans Never let me go. L’actrice apparaît ici parfaitement choisie. Il y a quelque chose d’assez fascinant qui se dégage de son visage sans âge, à la fois presque enfantin et proche de la vieillarde typiquement anglaise. Elle est idéale dans ce rôle où, à moins de trente piges, elle semble avoir connu toutes les peines du monde, et être déjà, de fait, à la fin de sa vie. La jeune actrice anglaise porte littéralement le film sur ses frêles épaules, alors qu'elle n'est pourtant que la troisième étoile d'un casting de choix, puisque l'on trouve à ses côté Keira Knightley, qu'on ne présente plus, et Andrew Garfield, au sommet de sa gloire naissante depuis son rôle dans The Social Network et futur Spider-Man. Si ces derniers ne font pas tache et sont également très bien choisis, ils sont quelque peu éclipsés par Carey Mulligan. C'est bel et bien elle qui nous captive et nous permet de suivre ce film de bout en bout. De là à dire qu'elle tient même auprès du spectateur son rôle d'accompagnateur, il n'y a qu'un pas... Un film finalement assez peu mémorable, dont la plus belle idée réside dans le regard intense et doux, désespéré et innocent, de son actrice principale pour qui l'avenir, contrairement à son personnage, s'annonce des plus radieux.


Never let me go de Mark Romanek avec Carey Mulligan, Andrew Garfield et Keira Knightley (2011)