2 décembre 2010

Fais-moi plaisir !

Emmanuel Mouret m'a une fois de plus séduit ! Son film est une réussite et mon goût grandissant pour ce cinéaste n'est pas près d'être démenti. Mouret se renouvelle et signe un film drôle et léger après le plus solennel et dramatique mais néanmoins remarquable Un baiser s'il vous plaît. Avec Fais-moi plaisir ! il réalise une comédie dans le genre slapstick, qui emprunte largement à un certain Woody Allen bien révolu aujourd'hui et surtout au fameux Blake Edwards, et qui consiste à raconter les aventures inattendues d'un héros naïf qui se fourvoie dans une suite d'étourderies et de maladresses qui en appellent d'autres et le propulsent vers une avalanche d'ennuis et de dérapages. Mouret évite d'en faire trop, déroule son scénario avec un certain raffinement et, au final, accouche de beaucoup de scènes drôles. L'idée de se lancer dans ce genre de comédie est d'ailleurs d'autant plus judicieuse que le type de personnage réclamé par le genre correspond à ce que nous évoque physiquement Mouret, qui joue lui-même de mieux en mieux la comédie.



Le cinéaste-comédien Emmanuel Mouret, sosie officiel du clebs Droopy, continue avec joie à déployer sous nos yeux l'éventail de ses fantasmes, en faisant montre de talent. D'ailleurs "fantasme" n'est pas le bon mot. Il faudrait plutôt parler de rêveries érotiques. Mouret n'écrit pas avec son entre-jambes mais bien avec ses songes. Après Promène-toi donc tout nu !, son premier "long" métrage (50 minutes) en 1999, où une amie de son personnage lui suggère d'être sa fiancée pour une journée, pour lui prouver que toutes les filles sont les mêmes et l'aider se positionner par rapport à sa compagne ; Laissons Lucie faire, où il nous racontait l'histoire d'une jeune femme complexée par sa tardive virginité suppliant un garçon pourtant déjà marié (à Marie Gillain) d'être son premier partenaire sexuel ; après Changement d'adresse, qui narre l'histoire d'un homme tombant amoureux de la jeune et timide demoiselle à qui il donne des cours de trombone, avant de se voir proposer par une autre fille de bien vouloir être son colocataire dans un appartement dont la baignoire est au milieu du salon ; Après Un baiser s'il vous plaît, l'histoire d'un type en grande difficulté affective et sexuelle qui demande à sa meilleure amie (Virginie Ledoyen) de bien vouloir l'extirper de sa solitude en couchant avec lui, laquelle, après quelques hésitations, prend finalement goût à cette drôle de thérapie...



Après tout ça, Mouret met à nouveau en scène un certain nombre de ses douces fantasmagories érotiques : du mot écrit en douce aux inconnues dans les bars qui leur donne inéluctablement envie de coucher avec l'émetteur, à la maîtresse dont on découvre peu à peu qu'elle est la fille du président de la république, en passant par la soubrette contrainte de réparer une braguette à même le porteur du pantalon, sans oublier le groupe des quatre sœurs colocataires en nuisettes blanches, Mouret se fait plaisir ! Son film est drôle, intelligent, original et savoureux, et son auteur a trouvé un fidèle supporter en ma personne.

NB. Le film s'ouvre sur une danse des pieds de Mouret qui laisse songeur et qui révèle que le cinéaste a des panards très fins qui lui font apparemment un gros effet.


Fais-moi plaisir ! d'Emmanuel Mouret avec Emmanuel Mouret, Judith Godrèche et Deborah François (2009)