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25 janvier 2017

La La Land

L'année cinéma 2017 démarre sur les chapeaux de roues avec la sortie, dès le 25 janvier du premier mois de l'année, de La La Land, le très attendu second long métrage du jeune et prometteur Damien Chazelle. Ce cinéaste américain de lointaine origine française (de par son père), déjà auteur du remarqué et remarquable White Splash (parfois connu sous le titre BlackFish), trustera encore une fois les tops de fin d'année avec ce nouveau titre qui ravira les amateurs de musique, de danse, de jazz, de salsa ou, tout simplement, de bon cinéma. On tient là une oeuvre à la fraîcheur vivace et sincère, à la bonne humeur communicative et tombant à point nommé en cette ère glaciale de post-vérité. Nous sommes prêts à y laisser nos chemises respectives : on n'a pas fini d'en entendre parler...  




Ryan Gosling interprète ici Jazz Man, un trompettiste de jazz-salsa condamné à jouer les mêmes ritournelles dans des clubs miteux de Los Angeles, la "ville rose", pour rejoindre les deux bouts et arrondir des fins de mois plus que difficiles ou, comme il le dit en français dans le texte, "mettre des pâtes dans son eau". Son régime alimentaire se résume à quelques vertébrés victimes de collisions et autres asticots faisandés. Un beau jour, le jeune éphèbe à qui tout ne réussit pas croise la route de Mia Clarke (Emma Stone), une femme débonnaire aux dents qui rayent le parquet, prête à vendre son âme au Diable pour devenir actrice à Hollywood et enchaînant, en vain, les auditions. Le film de Damien Chazelle nous raconte, en musique s'il vous plaît, l'idylle terrible de ces deux roux rêveurs condamnés à cirer le parquet, auquel le destin réserve bien des surprises. Dès les premières minutes de ce "musical" revisité, le spectateur est invité à suivre ces deux personnages attachants à la trace, quitte à en avoir la tête qui tourne. Car il faut les suivre, les tourtereaux en rut, dans ce tour de manège qui ne prendra fin qu'aux mots "The End". 




Si, politiquement, l'année s'annonce particulièrement morose et tendue, elle est, cinématographiquement, lancée sous les meilleurs auspices grâce aux talents conjugués de Ryan Gosling, Emma Stone et de leur chef d'orchestre Damien Chazelle. Alors que l'on croyait dans le prophétique Jeff Nichols pour incarner le renouveau du cinéma américain, il semblerait que le messie s'appelle, non sans ironie, Damien. Avec son premier long métrage, le réalisateur avait su éveiller les consciences et défendre les cétacés en jouant carte sur table et en pointant beaucoup de doigts. Pour ce nouveau film, le new yorkais abandonne sa véhémence et sa chasuble de la CGT, il nous propose un grand bol d'air frais, une véritable soupe à la grimace, cuisinée aux petits oignons.




S'il souhaitait reproduire ce film à l'identique, 9 fois sur 10 il se louperait. La La Land (dont le titre se prononce "Lay Lay Land", pays d'Oncle Sam oblige) multiplie les grands moments de cinéma et nous laisse un peu KO, chancelants dans nos fauteuils de velours, dont l'humidité atteste que nous avons passé 100 minutes de folie douce. S'il osait déjà beaucoup dans White Splash, Chazelle abandonne ici le cheval à son harnais et parie davantage que la somme de toutes les mises engagées. On s'étonnera néanmoins de ces nombreux passages où des sous-titres chinois sont cachés par des sous-titres français, affichés par-dessus, avant de saisir le message de Chazelle. C'est encore un choix de mise en scène courageux et novateur, un pied-de-nez adressé au lecteur et un message sans concession sur notre village-monde à la communication si difficile et invasive... 




Le fils de Mary-Ann et de Christian Keyboard filme avec une bravoure et un sens du rythme peu communs, emporté par des acteurs en ébullition dont l'attirance physique réciproque ne fait plus aucun doute. Emma Stone, déjà brillante dans Harry Potter (dont La La Land peut être perçu comme une suite enchantée), sort enfin de l'ombre de ses aïeuls. La fille de Sharon et Oliver Stone n'a jamais paru aussi à l'aise devant une caméra. Elle s'impose comme la digne successeuse de Marylin Monroe, près d'un siècle après la disparition tragique de celle-ci (il était temps !). Un Oscar lui est désormais promis, et nous nous joindrons aux applaudissements nourris qui accompagneront son triomphe écrit d'avance. L'actrice sonne le glas des espoirs révolutionnaires, jugulés par ailleurs dans les autres grandes nations européennes. Elle laisse le pendu choisir sa corde et sa performance est à se damner.




Et que dire de Ryan Gosling ? Durant tout le film, on se demande qui fait quoi, et si ça n'est pas Ryan qui dirige Damien ou l'inverse ! L'acteur avait confié à une télé anglaise en septembre 2008 qu'il avait pris une taille de plus, une information capitale qui ne laisse pas de doute sur son pragmatisme d'homme de terrain. Dans ce rôle, Ryan Gosling est comme un swap dans l'eau. Petit à petit, le plus grand acteur de sa génération décroche la bourgeoise à son thé... sans épargner le manant ni le banquier. On peut hélas constater par intermittences que la peau trop parfaite, diaphane, immaculée, du sex-symbol surdoué a parfois posé de gros problèmes aux différents directeurs photos engagés sur le projet, incapables de le saisir à l'image. La star n'est pas toujours perceptible à l'écran, on ne la voit pas comme il faut. Scarlett Johansson posait le même problème avant son premier enfant. On devine aisément que Ryan Gosling a signé le contrat sans avoir lu toutes les mentions en-bas de page, au petit bonheur la chance, mais avec sa générosité légendaire, et son courage en bandoulière. Dans l'ombre du couple vedette, nous retrouvons l'inévitable J. K. Simmons (cocorico !), de nouveau appelé pour jouer un personnage dénué de cheveux. L'acteur, qui a également accepté un rôle muet, ne prend jamais la parole malgré toutes les fois où on l'y invite. Le résultat à l'image est étonnant. 




Festival sonore et pyrotechnique, vibrant hommage à l'âge d'or du cinéma hollywoodien, La La Land est un poème macabre, une oeuvre païenne qui, si elle ne descend pas la pente à vive allure, sait la remonter sans difficulté car son moteur est solide. Un film généreux et altruiste qui, contrairement à l'hôpital, ne se fout pas de la charité. Une date. Un rendez-vous.


La La Land de Damien Chazelle avec Ryan Gosling, Emma Stone et J. K. Simmons (2017)

14 avril 2014

Misery

Misery sort en 1990, année charnière entre les années 80 et les années 90. Normalement le type lambda qui venait ici pour apprendre des trucs, qui voulait lire une critique, qui voulait bouffer du ciné, il ferme la page illico presto après cette première phrase en forme de lapalissade morbide digne de notre prof de sciences nat' de Seconde qui répétait à qui mieux mieux : "Tu peux la foutre sous le microscope, si elle est morte c'est qu'elle est plus vivante" (à propos d'une grenouille décalottée), ou encore "Approche ta gueule d'amour je vais te refaire le portrait, si t'as zéro c'est que t'as pas assuré". Mais nous on assume et on enchaîne. En 1990 ça ne tourne pas rond pour James Caan, qui sort d'une décennie en dents de scie, bien loin des glorieuses années 70 où il avait collectionné quelques beaux rôles dans des classiques comme Rollerball, Un Pont trop loin, Le Parrain, Le Parrain II, The Gambler ou The Godfather. Désormais ridé, marqué par les années, lui qui avait conservé la même tête de bellâtre rital jusqu'à ses quarante balais bien tassés s'est complètement ramassé à l'approche de la cinquantaine, soit pile poil dans Misery. C'est dans cet état de décrépitude avancée que l'acteur dit "oui" à Rob Reiner, l'auteur entre autres de Stand By Me, qui vient alors lui proposer le rôle d'un écrivain à succès, un avorton du King himself (Stephen de son prénom, auteur évidemment du roman éponyme), qui finira victime de son succès, pris en otage par une fan dérangée incarnée par la terrifiante et bien-nommée Kathy Bates, qui pourrait bien ici incarner la mère du Norman Bates de Psychose dans une faille temporelle glaçante : outre le patronyme de l'actrice, on retrouve, dans l'entrée de la maison de la psychopathe, l'escalier du classique d'Hitchcock, et sous cet escalier la même cave, le tout teinté d'un bon nombre d'éléments, de scénario et de mise en scène, empruntés au génial Qu'est-il arrivé à Baby Jane ?, chef-d’œuvre de Robert Aldrich.




Gros plan sur Kathy Bates, même s'il n'y a pas besoin de s'avancer beaucoup pour l'avoir plein cadre (un vaste plan d'ensemble paysager suffira). L'actrice menait jusque là une carrière discrète, cantonnée aux rôles de serveuses dans les troquets ou de bouchères sur les marchés, la faute à un physique hors des clous hollywoodiens mais filmable. Elle aurait tout à fait sa place dans un Jeunet, dans le rôle de la tante bouchère de Pinon dans Delicatessen ou de la tata charcutière de Mathilde aime Manec dans Un Long dimanche de fiançailles. L'actrice porte littéralement le film de Reiner (à ne pas confondre avec Resnais, même si ça se prononce pareil) sur son dos rond et rivalise de charisme avec un James Caan alité, endormi et privé de ses doigts de pieds. Tour à tour délurée, impatiente, admirative, polie, déchaînée, adorable ou allumée, Kathy Bates, au zénith de son poids et de ses capacités, offre un petit abécédaire de la fan psychopathe crédible quoiqu'excessive. On lui doit l'un des très rares rôles de femmes sociopathes faisant véritablement froid dans le dos, à une époque où ce type de personnage était limité aux femmes fatales dans le genre de Sharon Stone dans Basic Instinct (1992). D'ailleurs Rob Reiner, en tant que fat-fetish à la recherche de son propre reflet et souffrant d'un complexe œdipien vis-à-vis de sa mère garçon-bouchère, précog en outre halluciné de Verhoeven, a voulu tourner un plan furtif mais frontal sur un croisé-décroisé des cuisseaux généreux de Kathy Bates préfigurant celui, inoubliable, de Sharon Stone, face à Michael Douglas, deux ans plus tard. En filmant sans détour cet antre de la folie, le cinéaste voulait nous offrir une vue obscène sur le ticket non pas de métro mais d'avion ou de TGV de son actrice, et ainsi traumatiser James Caan et toute une génération de dvdévores ayant cru bon de s'offrir la version longue du film, le "Director's uncut" d'un Rob Reiner audacieux qui, évidemment, coupa quand même la scène au montage dans la version tout public.




Même si le huis-clos du film perd de son efficacité, de son intensité et de son effet de surprise après soixante visions, et bien qu'il ait pris un fameux coup de vieux, à l'image de son acteur principal, Misery reste pour nous une source d'inspiration au quotidien. Hélas nous nous projetons dans le rôle du séquestré de service, que nous ne connaissons que trop bien. Deux astuces trouvées par le malicieux James Caan nous ont notamment permis à l'un et à l'autre de raccourcir quelques journées qui s'annonçaient longues et un peu moroses. Nous voulons bien entendu parler de ces matins où nos femmes respectives nous attachent au lit parce qu'on a "merdé" (sic.). On se rappelle alors James Caan ouvrant discrètement son matelas avec une fourchette afin d'y planquer les cachetons distribués par Kathy Bates pour l'endormir et faire de son estomac une usine à gaz de schiste. Ce tricks nous a sans doute évité des nuits de folie. De la même façon, nous sommes souvent amenés à passer nos journées cloîtrés dans un placard à balais, à compter les moutons, enfermés par nos épouses qui nous reprochent généralement d'avoir zappé, d'avoir changé de chaîne à un moment de la soirée, sans concertation. Dans ce cas de figure, le souvenir du même James Caan se rappelle à nous, qui trouvait son salut dans une épingle à cheveux propice au crochetage des serrures. Cette méthode de l'épingle à cheveux, une fois libéré, nous ouvre bien d'autres portes mais nous préférons nous en tenir là et vous laisser croire que nous ne sommes que deux victimes façon James Caan, et pas des dégénérés à la Kathy Bates. Ce maudit film et ses deux personnages ennemis résument toute notre putain de vie.


Misery de Rob Reiner avec James Caan et Kathy Bates (1990)

25 mai 2013

Broken Flowers

Jarmusch ! Le ciné-rockeur, comme ils disent. C'est toujours super difficile de commencer la critique d'un film de Jarmusch. Peut-être qu'on pourrait s'y risquer en parlant de la façon dont Jarmusch commence lui-même le processus de création d'une œuvre ? Feuille blanche oblige. Le petit café qui va bien. Les clopes au bec. L'attirail normal pour le réalisateur de Coffee and cigarettes. Et surtout du gros son, du bon gros son psyché d'extrême-orient, ou à la limite du Ry Cooder épaulé par Ali Farka Touré. Le genre de truc qui t'envoie dans les vapes dès les premiers décibels. Le tout dans une ambiance brumeuse, à cause des clopes et des joints. Jarmusch invente entouré de ses animaux de compagnie dans le pire des cas (des iguanodons en général, dont Iggy Pop himself, l'iguanodon humain larvant sur sa méridienne), ou de tout un tas de mecs prêts pour le sauna, dans le meilleur cas de figure. Voilà le contexte dans lequel Jim Jarmusch crache ses idées sur une feuille. Une fois le premier jet lancé, il appelle un de ses acteurs fétiches, et y'en a quand même une paire qui gravitent autour de la galaxie Jarmusch, de Isaach de Bankolé à Tilda Swinton en passant par Roberto Benigni, Tom Waits, et surtout, l'astre noir de l'univers jarmuschien : Bill Murray. C'est lui que Jarmusch a appelé pour Broken Flowers, en pensant bien que le rôle d'un gros queutard eurasien sexagénaire n'irait pas des masses à Swinton, magré sa tronche de vieux mec. Quand il l'a appelé, Jarmusch a dit à Murray : "C'est ton histoire. Je l'ai écrite pour toi. Ok c'est court mais avec de la musique thaï ça fera un long métrage. Ça fera un long !". C'est aussi ce qu'il avait dit à chaque acteur fétiche mis en vedette dans les sketches de Coffee and cigarettes, sauf que cette fois-là ça avait donné une chiée de courts métrages que le cinéaste avait collés cul-à-cul pour quand même en faire un long.


Bill Murray hésite à s'envoyer sa super ex-girlfriend, aka Sharon Stone en personne, ou la fille mineure de sa super (s)ex-girlfriend, qui est peut-être aussi la sienne !

La biographie de Murray par Jarmusch ça donne l'histoire d'un célibataire endurci largué par sa dernière conquête (Julie Delpy), qui reçoit une lettre anonyme d'une ancienne petite amie lui annonçant qu'il a un fils de 19 ans et que ce dernier s'apprête à le rejoindre. Notre homme fouille dans sa mémoire et passe en revue tout son tableau de chasse féminin long comme le bras à l'aide un voisin informaticien, donc thaï, qui fait les comptes et lui passe des disques de ragga pour le détendre, tout en lui rabachant : "Je peux pas trop t'aider sur ce coup-là mais je te passe mes meilleurs vinyles". C'est ce voisin bienveillant, également fan de Columbo, qui, constatant l'état léthargique de son vieil ami, le motive à mener l'enquête. Ainsi Murray retourne sur ses traces de sperme et se lance dans une sorte de road movie nostalgique, bercé par une zique tout droit venue de Putuccēri. Il va retrouver, en vrac, tous les profils de la femme de cinquante ans. Sharon Stone incarne la femme cougar, divorcée mais épanouie, célibataire mais en feu, qui s'habille comme sa fille de 18 ans et qui vit pour le vit. Jessica Lange, avec sa méta-gueule qui fait office de clin d’œil aux heures de gloire de la filmographie de Murray, puisqu'elle est un copié-collé de Vigo, le Seigneur des Carpates, dans SOS Fantômes 2, incarne une gouine médiumnique gaga de clebs. La dénommée Frances Conroy prête ses traits fatigués à une caricature de la femme au foyer désespérée, en pleine crise de la soixantaine, dépressive à souhait et haïssant en silence son mari beauf et toute sa vie bien réglée, rangée au millimètre près. Puis enfin, Tilda Swinton, dans le premier rôle féminin de sa carrière, interprète la femme qui a le plus mal tourné puisqu'elle est vit dans une caravane entourée de gens au ban de la société. C'est le rôle qu'elle tient dans strictement tous ses films, même dans Narnia : The Golden Compass, et ça la fout mal. Bref, autant de scènes mi-figue mi-raisin malgré le talent de Jarmusch et qui, avec un autre acteur que Bill Murray, seraient un parfait supplice.


Bill Murray porte beau quand il quitte son jogging Quetchua.

Quand Tilda Swinton voit arriver Murray, sa réaction est de lui casser la gueule. Ce qui m'a valu un petit quiproquo savoureux puisque j'ai vu le film en compagnie d'une jeune fille tout de noir vêtue et qui n'avait pas plus de couleurs dans sa vie que sur ses habits. Quand on est sortis de la projection-test (célibataire au beau fixe, j'appelle "projection-test" toute sortie ciné avec une personne de l'autre sexe, sorties qui s'avèrent en général être de véritables crash-tests), ma compagne du soir ne sifflait pas mot, comme d'habitude en fait, puis 3 kilomètres plus loin, elle a fini par murmurer : "Tu sais ça m'est arrivé aussi". Tout de go, et heureux que la discussion soit lancée, le silence enfin rompu, je lui ai hurlé : "Ah, moi aussi je me suis fait péter la gueule par une ex..." Et elle m'a juste répondu : "Non moi j'ai juste jamais connu mon fumier de papa". Pour essayer de rattraper la situation tout en la fuyant, j'ai eu un réflexe que je ne m'explique toujours pas aujourd'hui. J'ai pivoté sur moi-même et je me suis mis à marcher à reculons, à côté de la fille, pour éviter son regard peut-être ? Pourtant j'avais encore plus de risques d'attirer son attention ou d'entrer dans son champ de vision mais ça m'a paru la meilleure chose à faire à ce moment-là. Concernant le film, je n'ai pas osé en reparler depuis...


Broker Flowers de Jim Jarmusch avec Bill Murray, Sharon Stone, Tilda Swinton et Julie Delpy (2005)

1 décembre 2010

I, Robot

Il faut parler de ce film qui change de blaze dans chaque pays sauf en France. En Allemagne, on a droit au savoureux "Ich, Robot", en Espagne "Yo, Robot", en Italie "Io, Robot", en Afrikaans "Ek, Robot" donc rectifions le tir, et causons ensemble de « Je, robot ». Quel drôle de titre…

Nous autres les hommes, nous sommes assez naïfs pour croire que nous sommes les seuls capables d’adorer un film médiocre pour la seule existence d’une scène qui marque nos esprits par la présence d’une pure meuf filmée par un détraqué. Mais c’est une erreur que de placer nos amies les femmes au-dessus de ces considérations de bas étage. En effet j’étais ce week-end à une soirée lezbdo, spéciale gouines, et nous en sommes arrivés à causer cinoche et à débattre des dernières sorties ciné. Elles en allaient chacune son tour de leurs films les plus bandants : Carrie au bal du diable, Eyes wide shut, Out of Africa, Sliver mais encore 8 femmes de Francis Ozon. En gros, toute la filmographie de Sharon Stone. Oui car les lezbdos sont les pires des gars. Et puis la conversation a dérapé sur Je, robot. En effet, quand on se retrouve face à un mastodonte, un animal, de foire, à mettre en cage, tel que Will Smith, on se rassemble : lezbdo, homos, gays, « straight forward », tout le monde se retrouve pour triquer à l’unisson sur le torse velouté et chocolaté de Will Smith. I, Robot, cinquième minute, minute 5, le monde entier chope le barreau, Will Smith est sous la douche en pantacourt, dans une baignoire, le ventre mis en relief par un dirlo photo tout acquis à sa cause. L’émotion suintait des yeux de ce tas de lezbdos, gouines jusqu’au bout des ongles, tandis qu’elles évoquaient cette scène orchestrée par le marabout Will Smith, ces quelques minutes suffisamment marquantes pour que « Je, robot » devienne un bon film.

Un petit close-up...

Quelques mots sur Alex Proyas, le premier homme, en excluant bon nombre de joueurs de foot, qui m’a fait lâcher une larme quand j’ai appris qu’il n’était pas français. Je connais un Proyas dans le Quercy. Du coup je pensais qu’Alex Proyas était français. Je pensais le connaître...


I, Robot d’Alex Proyas avec Will Smith (2003)

23 septembre 2009

La Fille de Monaco / Sliver

Believe it or not : La fille de Monac' c'est le Sliver français. Première phrase de cette double critique, j'annonce la couleur. Sliver c'est ce film repère du cinéma Hollywoodien du milieu des années 90, avec un Tom Berenger à peine sorti de "rehab", un Alec Baldwin tâchant bec et ongles de se faire un prénom au sein de la seconde plus grande famille du cinéma après celle des Lumière, et surtout, surtout, une Sharon Stone dont le seul nom en tête d'affiche suffisait à faire dresser les foules. Même les malheureux qui n'auront eu internet qu'en 2005, à une époque où Mariah Carey et Christina Aguilera étaient les nouvelles coqueluches des gros fumistes, même ceux-là auront tapé le nom de cette star sur Google Image. La beauté de ce casting faisait de Sliver un petit bonheur d'analyse filmique, trop souvent rencardé au triste rang de porno tout public ou de thriller érotique façon Hollywood Nights.


Côté côte d'azur, la star est une miss météo à l'élocution problématique quand il s'agit d'en faire sortir des dialogues intelligibles. Je me contenterai quant à moi d'évoquer l'affreux cas de ce film, remake non-reconnu et moribond d'un doublon américain qui forçait le respect. Côté clients, les deux pôles opposés : l'avocat chétif, grisonnant, baveux et plein aux as ; l'agent de sécurité bronzé, sportif et analphabète doté d'abdos dodus. C'est ainsi que le fessier rebondi et travaillé en salle de muscu d'un Baldwin motivé à mort pour "faire la diff" avec son frère est troqué contre le goût surdopé du verbe d'un Pat' Luchini sous viagra. Par ailleurs un Roshdy Zem souffreteux a manifestement bien du mal à nous faire tirer un trait sur le Tom Berenger de Platoon.


Rien, jamais rien ni personne ne nous fera oublier cette scène où, en plein restaurant, Sharon Stone se retrouvait sans culotte et invitait Alec Baldwin à chatouiller son fort intérieur du bout des pompes avant d'y enfiler sa gambas jusqu'à la garde dans un plan séquence de tous les diables, sommet du cinéma horrifique, totalement traumatisant. Jamais rien ni personne ne nous fera oublier cette scène où Baldwin copule avec Sharon Stone contre un des piliers de son vaste appartement, instantané de l'Histoire du cinématographe où Philip Noyce parvint littéralement à "faire pleurer la pierre" tandis qu'un gros pilier de béton chialait à l'image dans le dos d'une actrice survoltée trop occupée à marabouter son partenaire de jeu, ce diable de Baldwin, dans la position dite du "crabe".


La Fille de Monaco d'Anne Fontaine avec Fabrice Luchini, Roshdy Zem et Louise Bourgoin (2008)
Sliver de Phillip Noyce avec Sharon Stone et Alec Baldwin (1993)

10 mai 2009

King Of California

L'histoire de ce film c'est celle d'un père divorcé qui s'occupe de sa fille pendant les vacances et qui est obsédé par l'idée de retrouver un vieux trésor caché. Il n'a de pensées que pour son trésor et en délaisse un peu sa fille, adolescente en pleine découverte de son corps et de sa personnalité cachée elle aussi, bien plus profond qu'un trésor espagnol ou viking, mais bien moins difficile à cerner. Le véritable trésor de ce père c'est sa fille ma parole.

Après avoir fait ses premières armes à l'affiche d'Un Roi à New-York de Chaplin en 1957, après avoir imprimé son profil aquilin sur l'affiche du Prince de New-York de Sidney Lumet en 1982, après avoir pourri l'affiche d'Un Prince à New-York de John Landis en 1988, après avoir immortalisé de son nom et de son faciès de chérubin l'affiche du Roi de New-York d'Abel Ferrara en 1990, et après avoir donné sa voix à Muphasa dans Le Roi Lion de Walter Disney en 1992, Michael Douglas touche à la maturité et prend un vol vers la côte ouest en interprétant le premier rôle de King Of California.

Dans ce film, rien à voir, sinon Mickey Douglas. L'acteur sauve à peu près les meubles à lui tout seul, coiffé comme l'as de Pique, barbu tel un prof de philo Limouxin, camé jusqu'aux bouts des cheveux comme Julien Lepers, avec 19 de tension et sous perf de morphine permanente. D'ailleurs le seul film dans lequel on lui ait retiré sa perfusion de tranquillisants équestres, c'est le Chute Libre du pilote de Formule 1 Joël Schumacher, qui au départ voulait juste narrer la chute de sa bagnole dans un précipice qui lui donna sa soif de vitesse légendaire et sa fameuse "raie sur le côté". Comme le sextuple champion du monde de rallye ne pouvait pas être à la fois devant et derrière la caméra, il a pris l'acteur qui lui ressemblait le plus, à savoir Mika Douglas. Le film commence donc par une scène en bagnole qui devait se terminer au bord du gouffre. Au lieu de ça, embouteillage d'adrénaline dans les veines de Michael et bouchon de cocaïne dans les muqueuses de Douglas, et le film a pris un tout autre tournant, alors dicté par l'humeur fracassante de l'acteur aux zéro oscars, tandis que Micka Doggy-Dog s'est armé jusqu'aux dents avant de foutre San Francisco à genoux. Le film Chute Libre a été accusé d'être une œuvre fachisante, et l'acteur a réglé le débat en déclarant qu'il était clairement un gros facho.



Micky Douggy-Bag, fils de Kirk Douglas et Liz Taylor, est un des plus grands comédiens Outre-Atlantique. Franchement sous-estimé, nettement sous-employé, Mike Doug est un bâton de dynamite entouré de bidons de gazoline sur un plateau de tournage. Après Basic Instinct, où l'acteur n'a pas eu un gros travail d'introspection à faire pour laisser jaillir sur la toile ses instincts basiques à la vue de la croupe de Sharon Stone alors au top de ses formes, l'actrice à la toison d'or dira de lui "Dougy suait littéralement du sperme en me croisant le matin". Paul Verhoeven, lui-même considéré dans la profession comme un barge, lui qu'on surnomme "Le fou volant", ou encore "Le fou du volant" en hommage à toute sa famille qui a cramé dans un tonneau un poil prémédité, le réalisateur Hollandais seul ayant attaché sa ceinture pour se débarrasser en douce de ses proches avant son départ concerté au pays de la liberté, Paul Vehroeven, menacé d'incarcération à son prochain pas sur le sol Néerlandais pourtant réputé laxiste, a donc dit de Mikey 3D (pour Douglas, Dick et Drugs) qu'il était le seul acteur au monde à lui donner "des frissons". Ce à quoi Douglas répondra : "Je lui donne des frissons mais il ne m'a jamais rappelé ce con".


King Of California de Michael Cahill avec Michael Douglas et Evan Rachel Wood (2007)