

Lemming fait partie de ces films qui ont un titre tapageur pour pas grand chose, comme Cloverfield, Kaboom, Mammuth ou Synecdoche New-York. C'est typiquement le genre de film que Moll a mis en boîte avant de se demander comment l'appeler. Alors que le titre Harry un ami qui vous veut du bien lui était apparu comme une évidence, Lemming tarda à monter au cerveau du réalisateur. En fait ça désigne à la fois l'animal que Gainsbourg retrouve dans la cuvette de ses chiottes après le passage éclair de Rampling aux cabinets, et le jeu préféré du cinéaste sur Nintendo DS. Dominik Moll l'a prouvé, il est intarissable sur le gameplay de Lemming ou sur celui de Worms, quant à moi j'ai un pote qui est incollable sur Moll. Les autres réalisateurs préférés de mon ami sont Douglas Sirk, Frank Borzage (qu'il prononce comme il faut quitte à ne pas se faire comprendre en soirée : "Borzégui"), Kubrick, Bergman, Hitchcock ou Bong Joon-Ho, et contre toute attente il place Dominik Moll au même niveau. Pour lui c'est les Rois Mages. Tout réal dont le blaze finit par "ick" a une chance de lui plaire : Kubrick, Sirk, Moll Dominik et il s'est même forcé à aimer The Tree of Life de Malick. Il m'avait vraiment vendu Lemming, mais c'est aussi parce qu'il a des billes dans le projet : c'est lui qui a fait l'affiche, matez-la en grand format et rendez-vous compte qu'il n'est pas fan des mirettes de Rampling. Si vous souhaitez rencontrer cet ami, rendez-vous entre le 1er et le 5 juillet au festival de ciné de La Rochelle, il y est chaque année, il a ses petites habitudes, vous le trouverez en tongs à la terrasse d'un café en train de manger une saucisse enrobée dans de la salade, c'est son plat préféré, celui qui lui permet de tenir bon tout le long de ses marathons cinoche.

Pour revenir au film, on n'a pas tenu plus d'une demi heure assis devant. J'ai du mal à être captivé par des films dont l'action se déroule dans des décors surréalistes comme des maisons de banlieue high-tech dessinées par des architectes illuminés, avec un mobilier ultra moderne estampillé Philippe Stark. Quant à la dimension "conflit de famille" à coup de dégâts des eaux, j'avoue avoir eu ma dose avec ma propre belle-mère, qui s'est servie de l'unique manuscrit de mon mémoire de fin d'année presque finalisé pour lessiver sa baignoire. Je vois qu'on n'a rien dit de Charlotte Gainsbourg, premier rôle du film, et je crois qu'on en sort grandis. Ne pas l'insulter relève du prodige, vu que c'est une merde.
Lemming de Dominik Moll avec Charlotte Rampling, Charlotte Gainsbourg, André Dussolier et Laurent Lucas (2005)