28 novembre 2010

The Reader

La dernière chose à dire sur ce film, c'est qu'il est incontournable pour tout(e) fan de Kate Winslet. Elle évolue pendant toute la première moitié du film, qui dure une heure. Et aussi dans la seconde moitié du film, qui dure également une heure. C'est un festoche Winslet. De face, de dos, de face à nouveau, de côté, de profil, allongée, accroupie, debout, assise, couchée, dans le bain, sur le pieu, sur la selle, à califourchon sur un gosse, et j'en passe et des meilleures, et affublée d'un terrible accent allemand (j'ouvre ici une parenthèse pour préciser que l'histoire se passe en Allemagne, mais, parce que c'est un film Américain, tout le casting est américain et prend l'accent allemand en parlant Anglais, sauf l'unique Allemand de l'équipe, le seul acteur célèbre outre-Rhin, j'ai nommé Bruno Ganz, qui parle anglais avec un accent british remarquable et qui sert de caution germanique au film, et quel acteur ! Il a quand même su nous faire kiffer Hitler pendant une heure et demi... Bref, c'est un film Américain situé en Allemagne où des acteurs américains déblatèrent en Anglais avec l'accent bavarois... J'arrête ici cette parenthèse déprimante), et je retourne à Winslet pour dire qu'avec quatre ou cinq scènes passées à chialer, un vocabulaire voulu trash, des séquences d'accouplement assez crues, et un rôle de Kapo nazie repentie, c'est réunir toutes les conditions i-dé-ales pour faire main basse sur l'Oscar de la meilleure actrice. Et ça n'a pas raté !




Le film est littéralement coupé en deux. On a droit à deux films en un. Le premier, qui dure donc une heure, c'est Kate Winslet dans le rôle d'une Allemande analphabète sans le rond qui se retape un petit lycéen au physique balbutiant. A la fin de cette première partie les deux amants cessent enfin de se fréquenter. Le second film, qui s'étend sur un peu plus de trois quarts d'heure, puisqu'il dure précisément une heure, c'est l'histoire de ce jeune amant devenu étudiant qui est désormais en fac de droit, dans le pénal, et qu'un professeur émérite (le fameux Bruno Ganz'ta rap) invite au tribunal pour assister au procès d'un groupe d'anciennes nazies jadis chargées de garder les détenues de certains camps et qui comparaissent l'une après l'autre car elles sont présumées responsables de la mort de plus de 300 juives. Au banc des accusées, Kate Wetslip.




A la fin du film (vous pouvez me remercier de vous en épargner la vision en asseyant mon énorme cul sur tout suspense, mais vous pouvez aussi arrêter de lire cet article à cet endroit), elle se laisse condamner à la prison à perpétuité à la place de ses anciennes camarades nazies en affirmant avoir elle-même donné certains ordres d'exécutions écrits, alors qu'elle est analphabète, assumant ce mensonge précisément pour cacher sa tare et garder le secret de cette incapacité à l'écriture qui lui fait honte. Au final, son ancien amant, qui a assisté à cette condamnation volontaire avec un walk-man sur les oreilles, est devenu un homme assez charmant incarné sans effort par Ralph Fiennes, ce comédien à la gueule d'ange des Carpates ! Notre avocat frais émoulu se rappelle soudain de la Kapo qui l'a dépucelé du haut et du bas et qui dépérit en taule depuis des lustres, et lui envoie en prison une collection de cassettes audio sur lesquelles il s'est consciencieusement enregistré en train de lire des livres, afin de permettre à son ex d'apprendre à écrire. Elle envoie de fait des tonnes de courriels à son ex-amant pusillanime qui ne lui répond que par de nouveaux enregistrements littéraires. Le jour où elle doit être enfin libérée, elle se pend, n'oubliant pas de léguer le peu de fric qu'elle possédait à l'unique juive rescapée des massacres nazis auxquels elle a assisté. Je viens de réaliser sous vos yeux ce que Stephen Daldry, le réalisateur de cet étouffant long métrage, n'a jamais pris le temps de faire : écrire le script.




La première moitié est aussi longue que morbide. La seconde est trop courte pour se mesurer à l'ampleur du sujet qu'elle prétend traiter. Le tout est non seulement assez pénible mais souvent très mauvais, en vérité mal fait. On dirait que Daldry essaie de causer aux uns dans un premier temps puis aux autres dans un second, en juxtaposant finalement deux films disjoints et aussi boiteux l'un que l'autre. Causer à tout le monde c'était déjà l'apanage de Sydney Pollack et d'Anthony Minghella après lui, qui ont tous deux produit ce film qui leur est dédié car ils sont tous les deux morts à quelques jours d'intervalle en le regardant.


The Reader de Stephen Daldry avec Kate Winslet et Ralph Fiennes (2008)